Blog2: Kifouani Mboungou Guy Urbain, Problème du Personnel de santé au Congo
La situation sanitaire du Congo est caractérisée par des taux de morbidité et de mortalité particulièrement élevés. En effet, le profil épidémiologique est dominé par les maladies infectieuses et parasitaires. A côté de ce tableau préoccupant, l’on note également des faibles performances et d’importants dysfonctionnements du système de santé. Ces problèmes qui affectent à la fois l’état de santé de la population et le système de santé nécessitent des personnels de santé compétents et en nombre suffisant. Malheureusement, l’absence d’une stratégie de développement des ressources humaines pour la santé constitue un handicap majeur pour la résolution des problèmes sus évoqués. Par ailleurs, la suspension des recrutements dans la fonction publique pendant près de vingt ans a engendré la baisse des effectifs du personnel ainsi que leur rendement avec des conséquences considérables sur l’organisation et le fonctionnement des services de santé.
Le développement économique et social d’un pays est assujetti à la bonne santé de sa population. C’est dans cette optique que l’article 12 du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît à toute personne le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mental, et oriente les états sur les mesures à prendre pour garantir ce droit. Ainsi, au niveau international, plusieurs conventions avaient été adoptées toutes garantissant le droit à la santé, et au Congo, le Droit a la santé est reconnu dans la constitution du 20 janvier 2002 a l'article 30 qui stipule: l'État est le garant de la santé publique.
Actuellement, la République du Congo connaît un grave problème de disparité concernant la répartition du personnels de santé; le deux grande villes c'est a dire Brazzaville et Pointe-Noire détiennent a eux deux près de 76% du personnels de santé. Cette disparité est a l'origine d’inégalités par catégories professionnelles. C’est ainsi que sept (7) départements ne comptaient aucun pharmacien en 2008, et quatre (4) ne disposaient ni de dentiste, ni d’un technicien supérieur de laboratoire. En effet, la production des personnels de santé est effectuée par une faculté des sciences de santé et cinq école paramédicale avec un éventail varié de formation et de filières. Un noyau de compétences pédagogiques y est disponible. Des efforts de formation continue sont réalisés en faveur des encadreurs. Faute d’admission des candidats, la production des diplômés à la Faculté ne se fait pas de façon continue dans les filières de santé et sciences infirmières. Le personnel enseignant est insuffisant. Un important besoin en matériel, équipements pédagogiques et locaux demeure non satisfait. Le problème de la maintenance des équipements et des infrastructures se pose également. En outre, les programmes des enseignements sont quelque peu déconnectés des orientations des politique santé publique.Dans les écoles paramédicales, on constate une insuffisance en infrastructures. Celles qui existent sont vétustes et peu entretenues. Les effectifs sont pléthoriques. On note en moyenne 94,6 élèves par classe. Les conditions d’admission sont mal définies. Ces écoles se caractérisent par leurs sous équipements en matériel didactique/ pédagogique. On compte environ 1 poste d’apprentissage au laboratoire pour 57 élèves. Une multiplicité de filières de formation est ouverte sans texte juridique de la tutelle ni réelle concertation avec le Ministère en charge de la santé. Les programmes de formation sont caducs. Enfin, il faut noter que plusieurs administrations s’impliquent dans la gestion des ressources humaines pour la santé: la Fonction Publique a la mission de recruter et de mettre à la disposition du ministère utilisateur (la santé). Le ministère des finances quant à lui, a la mission de verser le salaire. L’enseignement technique et professionnel plus l’enseignement supérieur ont mission de former. Il faut noter cependant qu’il n’existe aucun cadre de concertation entre ces différents départements. La Commission des ressources humaines n’est plus fonctionnelle depuis plusieurs années. Tous ces maux mettent en évidence que le manque de cohésion entre les ministères est le réel problème qui mine la santé publique congolaise.
Pour terminer, il est important de signaler que la réussite d'une politique de santé nécessite les personnels compétents pour biens la mené a bout. Ainsi, avant de mettre en place une politique de santé publique, il est important de commencer par mettre en place une stratégie de développement de ressources humaines de santé disponible.