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Blog 2:Stéphanie Bélisle-L'implication citoyenne en politique, une utopie en 2012 ?

L'implication citoyenne en politique, une utopie en 2012 ?

Depuis une dizaine d’années, je suis activement impliquée en politique provinciale et fédérale en tant que bénévole pour des associations politiques régionales. Lors de la campagne électorale municipale de 2009, j’ai rencontré environ 55 % des électeurs d’un district puisque j’accompagnais, dans ses opérations de porte-à-porte, une amie qui briguait un poste de conseillère municipale.

 

D’une campagne électorale à l’autre, je suis à même de constater le faible intérêt de la population face à la politique, et ce, quel que soit le palier de gouvernement. Les statistiques des trois dernières campagnes électorales démontrent un intérêt très mitigé de la part de la population : provinciales du 4 septembre 2012 : 74,6 %, fédérales du 2 mai 2011 : 61,1 %, municipales du 9 novembre 2009 : 40 %.[1] Le pourcentage de participation lors de la dernière élection provinciale était particulièrement élevé en raison d’une grogne populaire surtout concentrée dans la grande région de Montréal phénomène mieux connu sous le nom Printemps érable et qui a été fortement médiatisée. Quant aux élections municipales, bien que cette forme corresponde au système participatif le plus près de la population, il semble qu’au contraire, il s’agisse de celle qui les laisse le plus indifférents. Souhaitons que la controverse contribuera cette fois encore à inciter les gens à se présenter aux urnes lors des élections municipales de novembre 2013.

 

À quoi sert cet investissement de temps et d’énergie ?

Malgré un emploi du temps très chargé, je ne manque pas une chance de m’impliquer. L’implication citoyenne est possible encore aujourd’hui si on a envie d’y investir du temps et de l’énergie. Suite à chaque bilan de campagne électorale, je remets en question mon engagement. Pourquoi y investir autant de temps et d’énergie alors que la majorité des électeurs n’ont que faire de la politique. Cependant, mon implication prend tout son sens avec l’affirmation suivante : « l’appauvrissement de la politique ou son enrichissement dépend de ce que chaque génération en fait »2. Si je ne le fais pas, qui le fera. Je ne me fais pas d’illusion, par contre, j’ai une voix et j’aime à penser qu’elle puisse être écoutée.

 

L’américain James S. Fishkin disait « La politique, c’est cet aspect des relations humaines qui permet les désaccords, les débats, les interruptions, clarifications, confrontations et négociations, et qui, par ce processus d’échanges et de conversations, construit le compromis et le consensus qui permettent aux humains d’agir».[2]  Cette affirmation est tout à fait juste. Cependant, bien que les gens aiment partager leur opinion sur les plates-formes des médias sociaux, débattre de sujets chauds et être écoutés, ils jugent non utile d’aller exercer leur droit de vote. Comment mobiliser et d’intéresser les électeurs face aux processus électoraux et à la politique?

 

En tant qu’étudiante à la maîtrise en administration publique, je me questionne quant aux liens possibles entre notre état de droit, nos fondements constitutionnels et les habitudes de consommation des électeurs. On ne fait pas de la politique en 2012

comme nous le faisions en 1980. Le poids des médias de masse, la force des médias sociaux, notre consommation de l’information et son importance dans la vie quotidienne des gens sont-ils toutes des raisons qui nous éloignent des urnes. À vouloir trop parler de politique diluons-nous le message? Tuons-nous l’intérêt du grand public et cultivons-nous l’ironie des électeurs face à ce système basé sur la gestion participative et notre système démocratique?

 

Je faisais référence à notre rythme de vie et à notre participation à la vie politique. En fait, je crois fermement que l’instrument de démocratie actuel est désuet. Comment se fait-il en qu’en 2012, le commerce électronique est sans cesse croissant alors que le vote par Internet ne soit pas permis ? Comment se fait-il que les assemblées de cuisine avec les candidats n’ont plus lieu ? Nous devons rapidement moderniser nos institutions afin d’intéresser la population âgée de moins de 45 ans au processus décisionnel qui passe par notre système politique.

 

Un article de Jean-Herman Guay paru le 16 avril 2011 dans le journal La Presse titrait : Membership : les partis politiques devront innover.[3] Les partis politiques font face à quatre grandes difficultés : le membership connait un déclin depuis 30 ans, les membres sont relativement âgés (plus de 50 ans en moyenne), l’adhésion est souvent liée à une course à la direction d’un parti et les membres des partis sont insatisfaits du pouvoir qu’ils ont.

 

En fait, mon expérience m’amène à ajouter que les gens ne veulent pas s’afficher pour un parti de peur d’être jugés. En 2011, sur la scène provinciale le membership des deux grands partis politiques totalisait environ 165 000 membres soit environ 3 % des électeurs. Les partis font des pieds et des mains pour redéfinir les méthodes de souscription et les événements de collecte de fonds.

 

Nos institutions ont un très gros travail de réflexion à faire sur ses attentes et ses besoins. Les hommes et des femmes ont un besoin d’association qui diffère aujourd’hui de ceux d’il y a 20 ans. Ils souhaitent avoir des repères en lien avec leur environnement immédiat qu’il soit sportif ou culturel. L’intérêt, le plaisir et l’aspect ludique semblent primer. Enfin, les défis seront grands au cours des prochaines années afin de mobiliser les citoyens aux réels enjeux de l’administration publique et de la politique.

 



[1] Guay, Jean-Herman, Journal La Presse 16 avril 2011. Membership : les partis politiques devront innover.


[2] Directeur général des élections du Québec. Chapitre 7 – Tableau synoptique des élections générales au Québec de 1867 à 2012.

[3] Larocque, André. Chapitre 10, Secret d’État p. 220 (James S. Fishkin, The Voice of the People : Public Opinion and Democracy, p. 150)

Commentaires

  • Merci d'avoir touché cette question sensible qui semble aller de soi pour une citoyenne aussi bien averti qu'éclairée que toi Stéphanie. Cette attitude de certaines personnes pose la question duale entre la subjectivité et la montée de l'individualisme irresponsable ponctué par divers addictions. Les bases de l'interactivité dans les médiats sociaux ont été inventé par des gens responsable même comme les exploitants me semblent autant inconscients que certains jeunes usager. Le manque de culture politique et l'embarra de certains y sont interpelés aussi.

    Tu oublie tous simplement de penser à ceux qui n'auraient pas participé à ces élections sans ton action bénévole.

    Pas perdre espoirs! C'est un autre pan de l'opinion publique surtout pour ceux qui ne mesurent pas l'importance de participer: pendant que certains se demandent comment ils peuvent donner un maximum de votes à leurs partisans idéologiques pour améliorer leur sort et rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour garantir les avancées actuelles, les autres sont résigner pour diverses raisons (crédibles ou pas). En contexte de fraude massive je comprendrais leur résignation mais c'est quant même pas le cas toute proportion gardée. Même si C'est pour voter des Mafieux j'irais voter le moins pire. Je pense que quelque soit la raison, un bon citoyens doit participer aux choix des dirigeants. Pour moi ne pas voté c'est irresponsable surtout avec tout le tapage médiatique et les efforts des bénévoles.C'est toujours mieux de participer au choix de sa société, à plus forte raison dans un pays démocratique; elle n'est pas acquis partout.
    Simon P

  • Bonsoir Stéphanie,

    Dans le passé, je me suis souvent présenté devant des conseils municipaux afin de faire valoir mes attentes et mes points de vue sur les services dispensés. J'ai remarqué qu'il y a très peu de citoyens qui se présentent aux conseils. Quand les gens y viennent, c'est bien plus pour ''chialer'' sur les besoins spécifiques et particuliers, que pour les besoins plus généraux de la communauté. Ce n'est pas fait pour tout le monde que de se présenter publiquement devant un conseil municipal. Cela demande beaucoup d'entregent, de volonté et de disponibilité.

    En fait, je trouve dans ton exposé des idées intéressantes comme le conseil municipal électronique et modernisé. Devons nous vraiment avoir des séances de conseil municipal afin de faire valoir nos besoins. Il est vrai que les médias électroniques sont encore très peu utilisés. Il faut penser aux différences d'habiletés d'une génération à l'autre. Je me souviens de mes parents qui avaient de la difficulté de programmer leur enregistreur vidéo, et maintenant ma génération qui ont de la difficulté avec les médias électroniques (Facebook, Tweeter, Linkedin, Skype). La présence d'une personne pour expliciter son point de vue, peut être mieux compris par le non verbal (non électronique). Je suis d'avis que l'on tarde beaucoup à instroduire les médias électroniques dans les municipalités d'aujourd'hui.

    Au plaisir,

    Alain C.

  • Nous voilà avec un bon blog de Stéphanie à lire et triturer.
    Déjà l'effort mérite d'être souligné. En administration publique trop peu de personnes prennent la parole publique sur
    des sujets qui touchent toute la collectivité.
    Un même commentaire ...non moins méritoire Stéphanie

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