#1 JacintheLagarde ??- Un gouvernement vite en affaire ou bien orchestré?
À peine vingt-quatre heures après la nomination des ministres et l’annonce de la composition de son conseil des ministres, la première ministre Pauline Marois a notamment annoncé l’annulation de la hausse des droits de scolarité et la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 soit deux promesses électorales. Quelques jours plus tard, le gouvernement annonça que le financement de l’abolition de la taxe santé, une autre promesse électorale, passerait par la création de nouveaux taux d’imposition pour ceux qui gagnent plus de 130 000 $, et ce, de façon rétroactive au mois de janvier 2012.
Des annonces improvisées, précipitées, irréfléchies ou des annonces bien orchestrées et planifiées! La question se pose.
À partir de mon regard néophyte de la politique, le gouvernement semble s’être jeté dans les annonces trop rapidement, mais pour qu’elle raison?
Est-ce le fait que le temps n’est pas une ressource dont dispose le gouvernement? Selon certains analystes politiques, le statut minoritaire du Parti Québécois (PQ) fait en sorte qu’il ne sera au pouvoir qu’au plus 24 mois. Donc très peu de temps pour réaliser les promesses électorales et surtout très peu de temps pour se faire valoir et démontrer aux Québécois pourquoi le PQ devrait être réélu aux prochaines élections.
Une autre raison plausible est que les annonces ont été faites ainsi afin de transférer le fardeau de la non-réalisation des actions annoncées sur les partis dans l’opposition notamment le Parti libéral du Québec (PLQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ)! Ceci pourrait excuser le bilan du gouvernement péquiste lors des prochaines élections!
Je ne suis pas très politisée, ni très habile en stratégie politique ou en communication, mais à titre de simple citoyenne j’avoue que j’ai été laissé assez perplexe devant la situation de notre gouvernement dans le dernier mois. Je me suis demandée, comment un gouvernement minoritaire pouvait agir ainsi notamment en lien avec les principes de légitimité et de représentativité des citoyens.
Je n’ai pas l’intention de me positionner sur les différentes annonces, mais bien de soulever mes questionnements sur leur raison d’être et leur légitimité.
Lors des élections du 4 septembre, les citoyens se sont prononcés pour un gouvernement minoritaire. En guise de rappel, 54 députés du PQ, 50 députés du PLQ, 19 députés de la CAQ et 2 députés de Québec solidaire ont été élus pour siéger à l’Assemblée nationale. La répartition des votes a fait en sorte que le PQ à récolté 31,95 % des votes, le PLQ 31,20 % et la CAQ 27,05 %. Au lendemain des élections, on pouvait lire dans les journaux et entendre à la radio que le gouvernement minoritaire allait devoir partager le pouvoir avec deux autres partis et que les citoyens du Québec s’étaient prononcés en plaçant son gouvernement sous observation.
Pour moi, ceci signifiait que le gouvernement allait devoir agir de façon réfléchie, stratégique et dans le respect des attentes et préoccupations des citoyens. J’y voyais notamment l’opportunité d’avoir un gouvernement à l’écoute des citoyens et qui les représenterait, un changement par rapport au gouvernement précédent. Quelle surprise de voir des annonces importantes dans un si court délai, surtout d’un gouvernement minoritaire qui se doit de conserver la confiance de l’Assemblée nationale et de respecter le vœu de l’électorat, quelques règles fondamentales à la base même de notre constitution.
Revenons aux impacts des annonces faites par le gouvernement dans les jours suivant la mise en place de ce dernier. Je me suis questionnée sur l’agissement du gouvernement dans sa situation minoritaire et sur la façon dont il allait gouverner en considérant qu’un des principes fondamentaux de l’administration publique est que « tout doit être approuvé » et que cette approbation passe par l’Assemblée nationale.
Est-ce que le contexte minoritaire a été pris en considération quand le gouvernement a annoncé la fermeture de la centrale nucléaire ou la hausse des impôts rétroactivement? L’approbation de nouvelles lois ou les amendements de celles existantes doivent passer par le vote à l’Assemblée nationale. Comment y arriver dans une situation minoritaire qui nécessite l’appui de députés qui siègent dans l’opposition.
Il me semble que des discussions et l’identification de propositions appuyées par une majorité (pour que ce soit voté de façon favorable à l’Assemblée nationale) auraient démontré de l’écoute, de l’ouverture. Il y a, à ce jour, une certaine incohérence entre les actions et les propos tenus par la première ministre lors de son allocution à l'occasion de la présentation du nouveau Conseil lorsqu’elle a dit que le changement passerait par la voie de l'écoute, du dialogue et de l'action.
Voici un exemple de cette incohérence entre le principe d’approbation et de la gouvernance dans un contexte minoritaire. Pour donner suite à l’annonce initiale de l’abolition de la taxe santé, madame Marois aurait eu a déposer un décret pour abolir la taxe et demander des amendements à la Loi sur l’impôt et le revenu. Le gouvernement a vite réalisé que ça ne se ferait pas comme lettre à la poste. Après quelques jours de réflexion monsieur Nicolas Marceau, ministre des finances, en réponse aux moyens de financement de l’abolition de la taxe santé, a tenu les propos suivant : « On ne peut aller de l’avant sans arriver à un compromis, une entente avec les autres partis, alors on va agir en conséquences ». Finalement, le gouvernement a décidé de ne pas abolir la taxe santé, mais plutôt rendre la taxe progressive à compter de 2013. Le gouvernement a vite réalisé qu’il ne pouvait gouverner et ainsi faire approuver ses actions sans le soutien de députés de l’opposition donc il devait trouver des terrains d’entente.
Il va sans dire que le premier mois du mandat du nouveau gouvernement a été pour le moins étonnant. Plusieurs annonces controversées font en sorte que les prochains mois seront certainement intéressants. Pour quelqu’un de néophyte comme moi à l’égard de la politique…il y a de quoi à piquer davantage mon intérêt.
Une blogueuse qui écoutera certainement la présentation du discours inaugural de la première ministre Pauline Marois le 31 octobre prochain.
Jacinthe Lagarde
Références:
www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201209/25/01-4577346-impots-retroactifs-nicolas-marceau-cherche-un-compromis.php
www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201209/19/01-4575655-discours-integral-de-pauline-marois.php
www.ledevoir.com/quebec-2012-resultats
www.electionsquebec.qc.ca
www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/10/10/009-marceau-taxe-sante.shtml
Michaud et all., Secrets d'États?, chapitres 1 et 4