Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blog #2- Lucie Dauphinais - Le Ministre devait-il démissionner ?

Le Ministre devait-il démissionner ?

 

Cette question n’est plus d’actualité puisque nous connaissons la réponse, le Ministre de l’environnement et du développement durable  a remis sa démission à la Première ministre.

Mais devait-il le faire ?

Au cours des journées qui ont précédé la décision du Ministre, de nombreuses questions agitaient  la presse écrite, les lignes ouvertes et les débats télévisuels. Devions-nous considérer la gravité ou la nature  des offenses ?  Le délai écoulé depuis la commission des actes avait-il absout le Ministre ? les actes avaient-ils été révélés au Premier ministre ? Et finalement  avait-il le droit à l’erreur ?

À titre de citoyenne, ma réflexion portait surtout sur le droit à l’erreur. En effet,  il me semblait peu probable que la Première ministre n’ait pas été mise au courant des faits reprochés et j’en concluais qu’elle avait donc passé au-dessus des «fautes»  de son député en le nommant à cette haute fonction.  

L’erreur dans notre société

Avoir omis de compléter son rapport annuel d’impôts, ne pas avoir respecté les termes d’un contrat civil en négligeant de payer son loyer, avoir commis une infraction de haute vitesse sont des manquements au cadre législatif, des erreurs.  Notre société,  par ses nombreuses règles parfois rigides et contraignantes,  nous place continuellement devant le choix suivant : on respecte ou on contrevient. À titre de citoyen, nous possédons notre libre arbitre qui nous pousse à opter soit pour le respect intégral des règles, soit pour une certaine forme de désobéissance civile ou parfois vers de l’étourderie un peu anodine à la limite de la marge.  La négligence dans le traitement de nos obligations face à l’état, le non-respect de l’une ou l’autre des milles et une dispositions qui entourent la vie en société sont-ils  des actes si répréhensibles qu’il place l’être humain en état de disgrâce à occuper une fonction au sein de l’État ?

Le droit à l’erreur peut-il être envisagé et le «pardon» de la société peut-il s’appliquer ? Il me semble important de spécifier à ce moment  que je ne fais pas référence  à des actes criminels graves, à des crimes contre la personne ou à la fraude et l’abus de confiance.  Je parle d’actes sommaires,  issus du cadre règlementaire de notre État, le Code de la sécurité routière, la Loi sur l’impôt, le Code civil du Québec.  

Cette réflexion m’amène aussi à penser aux très nombreuses jeunes personnes qui se sont engagées au cours du printemps dernier dans un processus de revendications et de manifestations. Il y aura des condamnations qui resteront ancrées dans les profils de ces gens comme un lourd fardeau. Le passé affectera l’avenir. Et dire que parfois, cette justice s'est exercée par une représentante de l’ordre au matricule à 3 chiffres qui est beaucoup plus près de la bête que de l’être humain. Tout cela nous laisse un goût amer et un sentiment d’injustice.

Je reviens au ministre démissionnaire. Il était un homme engagé au service de la collectivité, prêt à défendre les dossiers en matière de protection de l’environnement afin de placer le Québec au premier plan des réformes et ce, dans le contexte ou le gouvernement fédéral conservateur fait reculer à grands pas, les acquis de notre société. La démission de cet homme prive certainement le Québec d’un individu qui aurait pu faire une différence, c’est bien dommage.  

Mais alors pourquoi devait-il démissionner ? Est-ce  l’accumulation des erreurs qui doit être pris en compte, faut-il penser qu’une erreur ça va, deux pourrait passer encore,  mais que  3 ou 4  actes répréhensibles sont de nature à déconsidérer notre système ?  De plus, au sein de toute cette controverse, la crédibilité de la première ministre était aussi affectée.

À titre d’étudiante à l’école d’administration publique et forte des enseignements et de la nouvelle compréhension de notre institution notamment par le regard éclairé d’un enseignement,  je comprends mieux dorénavant les principes fondamentaux de notre société de droit. Sous ce nouvel éclairage, il ne fait pas de doute que le ministre devait démissionner.

La responsabilité ministérielle et l’imputabilité des actes. C’est en fonction de ces principes fondamentaux que le ministre ne pouvait demeurer à son poste.

La responsabilité ministérielle comporte l’obligation de répondre au parlement des actes de son ministère. Le ministre doit expliquer les situations et il doit  trouver les solutions appropriées. Il doit rendre des comptes à l’assemblée, défendre ses actions et celles de son ministère. Il doit appliquer les règles et s’assurer de les faire respecter, et pour y arriver il doit donc être au dessus de tout. La  crédibilité d’un ministre ne doit pas être entachée par des actes répréhensibles même s’ils ont été commis depuis de nombreuses années.  La fonction ministérielle et la commission d’infraction sont des éléments qui ne peuvent cohabiter.  

Le ministre doit conserver sa crédibilité et son intégrité personnelle intacte, à l’abri des reproches afin d’exercer ses pouvoirs et son influence au sein du gouvernement.

La confiance de la population dans la classe politique est essentielle, c’est pourquoi notre ministre a démissionné,  c’est ainsi.

À la lumière de toutes ces considérations, le ministre doit donc être au dessus de toutes erreurs et de toutes fautes. S’il ne peut présenter un parcours sans délit, il doit renoncer à sa fonction.  Cette affirmation amène cependant une autre question : Pouvons-nous croire au parcours sans faute de nos représentants publics ?  Y-a-t-il encore des femmes et des hommes  qui renoncent à leur vie privée pour la consacrer à l’État et qui ont un parcours sans faute ? Il faut y croire et redonner à cette fonction ses lettres de noblesse. Il faut faire abstraction des nombreux cas de corruption dans la fonction publique, de démissions de maires de banlieue. Notre système repose sur l’intégrité de nos dirigeants et nous pouvons compter sur eux.

 

Lucie Dauphinais

Commentaires

  • Nous voilà avec un bon blog de Luçie à lire et triturer.
    Déjà l'effort mérite d'être souligné. En administration publique trop peu de personnes prennent la parole publique sur
    des sujets qui touchent toute la collectivité.
    Un même commentaire ...non moins méritoire Lucie

Les commentaires sont fermés.