Les pays scandinaves demeurent le sujet de diverses analyses académiques concernant leurs réussites dans le domaine des programmes sociaux. Leurs succès au sein de la social-démocratie leur permet d'être des chefs file et des exemples à suivre. Plus près de chez nous, divers académiciens se sont tournés vers l’analyse du Québec en comparaison ces pays dits du Nord, ceux-ci qualifiés de modèles, car ils ont déjà prouvé leur succès en matière de social-démocratie. L’ouvrage Social-démocratie 2.0, de Stéphane Paquin et Pier-Luc Lévesque, recensent plusieurs thèmes et spécialistes de comparaison des politiques québécoises par rapport à celles des pays scandinaves. Parmi les enjeux sociaux et économiques abordés à chacun des chapitres, Manon Tremblay dans le chapitre 14, compare la question sur la représentation féminine au Québec par rapport à celle des pays scandinaves. Dans son texte les femmes et la représentation parlementaire, l’auteure analyse la présence féminine au sein des pays du Nord, comparent ces derniers aux données québécoises et constate que la représentation féminine du Québec est moins impressionnante que celle de ses homologues. À travers ce constat, son texte aborde les éléments qui expliquent les différences liées à la représentation féminine au Québec, malgré les similitudes qu’il possède avec ces pays scandinaves.
À travers son analyse comparative, l’auteure confirme que ce qui différencie la performance du Québec de celle des ses homologues scandinaves, s’exprime à travers des facteurs culturels, socio-économiques et politiques. D’abord, l’aspect culturel couvre le rôle de la femme au sein de la société, des traditions et de la religion. La comparaison démontre que l’aspect culturel ne semble pas très différent entre le Québec et les pays scandinaves. En effet, possédant tous les deux une tradition égalitariste par rapport aux genres, ce point de vue n’explique pas l’avancement moins impressionnant du Québec quant à la féminisation de son parlement.
Au point de vue religieux, il y a un constat qui exprime que le protestantisme a offert moins de résistance pour l’accès des femmes à la sphère politique. Tandis qu’au Québec, l’omniprésence du catholicisme a marqué les mémoires par sa rigidité quant aux rôles des femmes et à leur place au sein de la société. Manon Tremblay exprime que, la religion a été séparée de l’État depuis un moment maintenant, elle n’influence donc pas énormément la féminisation des parlements québécois. Toutefois, il serait tout de même pertinent d’étudier la question des effets de la révolution tranquille sur l’évolution des québécoises en politique. Les facteurs culturels semblent eux-aussi peu féconds pour expliquer l’accès au vote aux québécoises en 1940, soit 20 ans après leurs homologues scandinaves. L’auteure conclue que, la culture égalitariste chez les uns et le cantonnement religieux auprès des autres n’exprime pas totalement les différences entre les deux pays.
Sur le plan socioéconomique, les années 1960-1970 ont été significatives à l’entrée des femmes de façon massive sur le marché du travail. Le contexte d’après-guerre, les mesures de politiques sociales et l’expansion de l’État providence ont permis aux femmes de participer au marché de l’emploi et du même coup à la participation législative. Toutefois, l’auteure propose une nuance quant au lien entre les politiques sociales et la participation législatives. En effet, dans le cas du Québec cette hypothèse de corrélation reste à démontrer. Ainsi, l’analyse démontre que les facteurs économiques demeurent peu prometteurs pour l’explication des proportions des femmes parlementaires au sein des pays scandinaves et au Québec. Si l’analyse socioéconomique se résume en fonction de la richesse et de la qualité de vie, qui permet aux femmes d’accéder à la sphère politique. Les pays nordiques et le Québec représentent de fortes similitudes. Toutefois, dans le cas du Québec ces composantes ne sont pas transmises à la représentation parlementaire féminine.
Pour ce qui est des facteurs politiques, étant donné que plusieurs théoriciens affirment que les faibles taux de féminisation des parlements témoignent d’un déficit démocratique, mais aussi d’un obstacle à la participation politique des femmes. Plusieurs établissent une corrélation entre l’obtention précoce du droit de vote pour les femmes et la féminisation considérable des parlements. Toutefois, il existe peu de cas que l’on peut comparer afin de constater un lien de cause à effet.
Le mode de scrutin, le système de partis, les partis politiques et les mobilisations des mouvements féministes sur le terrain électoral sont des composantes institutionnelles permettant la compréhension de la féminisation des parlements. Ainsi, un consensus s’est établi au sein des études, affirmant les modes de scrutins proportionnels contribuent à l’accès des femmes aux fonctions législatives. Ces modes de scrutin impliquent peu de circonscriptions à un seul siège, offrant ainsi une plus grande féminisation des parlements. Le mode de scrutin proportionnel influence la nature des listes électorales, le seuil de représentation et la diversité de la base électorale. De plus, les parlements où plusieurs partis sont représentés affichent des taux de féminisations plus élevés contrairement aux parlements où domine le bipartisme. On constate donc plusieurs lacunes rencontrées par les québécoises, étant donné que le système électoral québécois est majoritaire et uninominal, il rend l’accès à la fonction législative plus complexe.
L’imposition des quotas est aussi une composante ayant favorisé la féminisation des parlements des pays du Nord, notamment en Islande. Toutefois, la nature des pressions subies par les partis afin d’adopter les quotas ne semble pas applicable au Québec, à cause de l’échec du parti féministe canadien.
La comparaison de la représentation parlementaire des femmes au Québec et au sein des pays scandinave a révélé des similitudes, mais aussi plusieurs divergences. Une de ces divergences étant le taux de féminisation du parlement québécois, par rapport à ses homologues scandinaves. À travers le cadre culturel, socioéconomique et politique. L’auteure conclue que c’est le facteur politique qui explique réellement les différences de féminisation du parlement québécois. Elle propose donc une réflexion quant à la réforme du mode de scrutin au Québec, afin d’accroître la proportion des femmes à l’assemblée Nationale du Québec.
Par Louiza Boussad,
Blogue #1
Référence :
PAQUIN, Stéphane et Pier-Luc LÉVESQUE(2014). Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves, Presses de l’Université de Montréal, 370 p.