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Blog#2 Analphabétisme au Québec: un phénomène plus que préoccupant!

Au Québec, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans depuis 1962. Force est de constater que malgré cela, l’analphabétisme persiste. En effet, selon une étude récente du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), près de 19% des Québécois peuvent être considérés comme analphabètes et plus de 30% éprouvent de grandes difficultés de lecture. D’après les données recueillies, 1 Québécois sur 5 serait totalement analphabète et  près d’un Québécois sur 2 serait analphabète dit fonctionnel. La différence étant qu’un analphabète est une personne qui est peu ou pas en mesure de lire un texte et de lui donner un sens alors que l’analphabète fonctionnel va plus ou moins parvenir à lire un texte et ce même s’il va éprouver des difficultés pour le décoder et le comprendre entièrement. A titre d’exemple, la personne analphabète fonctionnelle aura du mal à comprendre un article de journal, un manuel d’instruction ou encore une offre d’emploi. Dans un cas comme dans l’autre, les chiffres sont plus qu’alarmants! Il est impensable de penser qu’une société industrialisée et développée telle que le Québec présente un taux d’alphabétisation aussi peu élevé. Le Québec fait réellement figure de mauvais élève en matière d’alphabétisation surtout en comparaison des pays scandinaves dont 66% de la population atteint au moins le niveau 3 c’est-à-dire le niveau établi comme suffisant pour naviguer aisément dans la vie de tous les jours.
La situation est d’autant plus inquiétante dans la mesure où le profil des analphabètes se rajeunit avec le temps. On observe que les jeunes sont de en plus en plus touchés par l’analphabétisme. Ainsi d’après Statistique Canada, près de 40% des 26-46 ans ne disposent pas d’acquis satisfaisants en lecture et en lecture pour bien fonctionner dans la société lettrée d’aujourd’hui. Les observateurs soulignent que de plus en plus de jeunes ont fréquenté l’école mais possèdent à peine un niveau de secondaire 5.

Qu’est-ce qui explique un si fort taux d’analphabétisme?

D’après la Fondation pour l’alphabétisation, les causes de l’analphabétisme sont multiples et sont souvent inter-reliées. Parmi les causes fréquentes d’un faible taux de littératie chez les adultes, on retrouve bien sûr l’échec et le décrochage scolaire. Il faut savoir que le taux de décrochage au Québec varie entre 25 et 30% et coûte près d’un demi-million de dollars par décrocheur. Par ailleurs, l’analphabétisme peut être causé par une faible scolarisation des parents, par l’existence de troubles d’apprentissage tels que la dyslexie mais aussi par le fait d’évoluer dans un milieu défavorisé ou encore l’absence de livres à la maison. L’analphabétisme est donc intrinsèquement lié à la pauvreté et à la précarité. En fait, il y a une dynamique de cercle vicieux entre les deux dans la mesure où l’analphabétisme crée la pauvreté et la pauvreté va à son tour engendrer l’analphabétisme. Outre la précarité, l’analphabétisme entraîne de nombreuses conséquences néfastes à la fois sur le plan individuel et au niveau de la société dans son ensemble.

 

Les effets pervers de l’analphabétisme

Sur le plan individuel, l’analphabétisme limite très fortement l’accès à l’information essentielle et nuit à la compréhension de celle-ci. Plus grave encore, dans un contexte où les exigences du marché du travail sont de plus en plus élevées, les personnes analphabètes rencontrent de sérieuses difficultés à se trouver un emploi. Pour bon nombre de ces personnes, rechercher un emploi sur un moteur de recherche, rédiger un CV, remplir des formulaires ou encore lire les indications de rue pour se rendre à une entrevue nécessitent des efforts considérables. Difficile alors, compte tenu de ces lacunes de décrocher un emploi stimulant et bien payé. En effet, étant donné leur faible niveau d’études et de compétences, les personnes analphabètes fonctionnelles ou non doivent souvent se contenter d’emplois précaires, peu stables et rémunérés au salaire minimum.
Par ailleurs, le fait d’être analphabète peut constituer un handicap de taille sur la santé. Selon la fondation de l’alphabétisation, les personnes analphabètes sont plus enclines à faire un mauvais usage des médicaments qui leur sont prescrits puisqu’elles ont du mal à bien comprendre les consignes données pour se soigner correctement.

Sur le plan de la société, l’analphabétisme peut provoquer des dommages non négligeables sur la disponibilité de la main-d’œuvre d’une part et sur le taux d’engagement et de participation citoyenne. Dans le premier cas de figure, l’analphabétisme engendre une relative pénurie de main-d’œuvre, plusieurs postes demeurent vacants car ils exigent des compétences dont les personnes analphabètes ne disposent pas. En ce qui a trait à la participation citoyenne, beaucoup de personnes analphabètes se trouvent dans l’incapacité de voter puisqu’elles se trouvent dans l’incapacité de déchiffrer les programmes politiques proposés.

Quelles pistes de solutions sont à envisager?

Afin d’éviter que le problème ne continue de s’aggraver, il importe que le gouvernement soit un peu plus proactif. Il ne suffit plus d’agir sur le décrochage scolaire bien que les mesures mises en œuvre se révèlent efficaces. Il importe de traiter le problème à la source et d’établir des moyens d’actions dès la petite école notamment par l’apprentissage de la lecture. Pour aller plus loin il est nécessaire de lever le tabou sur la question de l’analphabétisme et de sensibiliser les Québécois sur cette problématique vivement préoccupante. A mon sens, il est important que l’on change notre regard, notre perception sur les personnes analphabètes. Il faut concevoir que ce sont loin d’être de « bons à rien » et il faut tenter de les comprendre au lieu de les juger. Avant tout il faut tâcher d’aider ces personnes, sans pour autant tomber dan la commisération, pour lesquelles la vie quotidienne représente parfois un vrai parcours du combattant.

Ineza Sine Roberta

Références

Fondation pour l’alphabétisation. Causes et conséquence de l’analphabétisme. En ligne (consulté le 8avril 2015). https://www.fondationalphabetisation.org/fondation/analphabetisme-les-causes/consequences-lanalphabetisme/

Radio-Canada. Émission Dimanche Magazine. « L’analphabétisme persiste au Québec » En ligne (consulté le 8 avril 2015) 

http://ici.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2012-2013/chronique.asp?idChronique=293318

Roulot-Ganzmann, Hélène. « L’analphabétisme au Québec : un fléau pour toute la société ». En ligne (consulté le 8avril 2015). http://www.ledevoir.com/societe/education/330606/l-analphabetisme-au-quebec-un-fleau-pour-toute-la-societe

 

Office national du Film. Essai Web « Des maux illisibles ». En ligne (visionné le 8 avril 2015). http://analphabetisme.onf.ca/#/analphabetisme

Commentaires

  • En effet, pour un pays industrialisé comme le notre, ces statistiques sont plus qu'inquietantes. L'une des solutions proposées (introduire la lecture des le bas age) me parait pertinente. Mais comment la mettre en oeuvre? Il faudrait aussi considérer la formation des enseignants, la qualité et les conditions d'enseignement dans les écoles. À mon avis c'est là que tout se passe!

  • C'est vrai qu'il y a des efforts à faire en matière de formation des enseignants au regard des piètres résultats de certains au test de certification de français. Voir cet article paru dans la Presse récemment http://www.lapresse.ca/actualites/education/200909/21/01-904151-mieux-aider-les-futurs-profs-qui-ont-des-lacunes-en-francais.php
    Cela étant dit l'importance de la lecture semble de mise à mon humble avis, l'idéal serait de donner le goût de lire aux enfants dès la maternelle ou du moins amener à s'y intéresser. Je reconnais que ce n'est pas une mince affaire!

  • Tout un drame pour une société moderne . Ce phénomène est toujours aussi par ailleurs une facteur de...pauvreté !

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