#1 -Saturnin-Mauvaise Gouvernance en Rép. Centrafricaine: ex. l’ENERCA .
La République Centrafricaine (RCA) est un pays enclavé, situé au centre de l’Afrique qui a été les théâtres de nombreux coups d’Etat et mutineries depuis son indépendance en 1960. Malgré les ressources naturelles abondantes (bois, diamants uranium, or, pétrole) et une population proportionnellement peu nombreuse (4,4 millions d’habitants), la RCA occupait la 179ème place sur 182 dans l’indice de développement humain en 2009. La RCA est considérée comme un état post-conflit en situation de fragilité.
J’écris ce bloque sur le problème de la mauvaise gouvernance démocratique en RCA qui a conduit le pays depuis son indépendance jusqu'à ce jour dans des conflits politico-militaires qui a beaucoup jouer sur le développement du pays et de ses abondantes ressources naturelles. En dépit des richesses naturelles et de ces nombreuses crises, les dirigeants de ce pays n’arrivent pas aproprement gérer et planifier son développement en matière d’énergie électrique et de sa distribution. Cette situation par conséquent ne permet pas à la population de bénéficier de ses ressources naturelles dont le pays regorge. Un des principaux obstacles au développement socio-économique de la RCA est qu’il manque aux dirigeants la vision d’accroître les capacités nationales en matière de planification, de gestion ponctuelle et de l’évaluation des actions visant une gestion durable de l’énergie. Depuis une décennie, plus de 1.500,000 habitants de la ville de Bangui (capitale de la RCA) et de ses environs vivent des délestages; allant de 10 heures par jour àplus de 10 jours, pour certains quartiers défavorisés, sans l’électricité ni eau potable. Cette situation paralyse l’avancement de l’économie de la RCA plus particulièrement les petites et moyennes entreprises. Au point de vue sociale, l’électricité et l’eau potable sont devenues des denrées de luxe ce qui provoque une révolte au milieu de la population qui en retour proteste dans les rues, par des barrages routiers, pour réclamer l’électricité et l’eau potable.
Un des problèmes majeurs de la mauvaise gouvernance en RCA, est la situation critique de l’énergie électrique et de sa distribution à la population. Initialement, le résultat des analyses de la situation a démontré que les turbines électriques (Boali 1, Boali 2), situe a 100 km de la capitale Bangui, étaient obsolètes et mal entretenues. La décision était donc d’obtenir un financement de l’extérieur pour la construction d’une nouvelle turbine, Boali 3.
Cependant, la problématique de l´énergie en RCA n´est pas seulement liée á l´achat de cette turbine de Boali 3 mais a 3 points importants. Premièrement, il est question d’un manque de volonté affichée et d’un manque de politique de continuation de gestion des affaires publiques en matière énergétique. La société d’énergie Centrafricaine (ENERCA) a toujours été très politisée au point que même si on place le meilleur directeur général, ce dernier ne pourra rien faire. Cette société est tribalisée du Ministère, en passant par la Direction Générale et le Conseil d´Administration, jusqu´au planton et la majorité du personnel.
Deuxièmement, la production de Boali (1, 2 et même 3) n´est pas rentable á long terme pour la ville de Bangui parce que le transport du courant entre Boali et Bangui apporte un rendement très faible, qui est lié á des pertes thermiques. La vétusté des installations et matériels non adaptés aux environnements depuis les années 50 d´une part et la croissance continue de la population de Bangui contribue à ce taux faible rentabilité.
Le troisième et dernier point de la problématique de l’énergie en RCA, est la consommation en électricité très faible. En effet, 99% des abonnés sont des ménages connectés en moyenne tension pour des besoins principaux d’éclairage la nuit et d’alimentation des appareils électroménagers de première nécessité. La proportion des industries, grands consommateurs sur la durée et en puissance, susceptible d’honorer des factures conséquentes, n’est que de 1%. En plus de cela, l’ENERCA semple être inefficace incapable d’adapter une stratégie commerciale en vue d’augmenter le nombre d’abonnés (seuls 3% de la population ont accès à l’électricité).
Pour que la RCA puisse commencer à résoudre le problème d’électricité en matière de la gouvernance, il faudrait une prise de conscience, une bonne volonté politique des dirigeants politiques sur la bonne gouvernance, et une bonne gestion des biens publiques. Il faut aussi mettre des hommes qualifié pour gérer. De plus, la privatisation de la direction commerciale de l’ENERCA, c'est-à-dire, déléguer sa gérance à des sociétés privées peut entrainer plus de rigueur. Ces sociétés vont pouvoir elles-mêmes gérer leurs abonnés. Les activités de la Direction Générale se limiteront donc à la planification, à la production et à la distribution de l’électricité. L´ENERCA pourrait alors gérer exceptionnellement que les abonnés du centre ville de Bangui. (Pour énergie en RCA c’est seulement la ville de Bangui ? Dans ce cas il faut recentrer votre sujet) Il a été aussi suggéré qu’un projet de construction a court terme d´une Mini-Centrale, d´une capacité allant jusqu’a 100 MW en amont du fleuve Oubangui vers le quartier Ouango-Bangui, devrait permettre une autonomie en énergie pour la ville de Bangui et pourrait aussi alimenter certaines villes de la République Démocratique du Congo (villes de Zongo et Guéména). Cette nouvelle technologie (l’hydro-électricité n’est pas une nouvelle technologie, c’est juste un plan secours ou une addition à la capacité d’énergie en RCA) permettra la production d’énergie là ou le fleuve ne tari pas, comme c´est le cas du fleuve Oubangui. Cette nouvelle méthode de production d´énergie, éliminerai l’option de la chute.
A ce jour, la cause essentielle du problème d’électricité et de sa distribution en RCA est due à la mauvaise gouvernance qui se traduit par des délestages continue dans un pays ou la pauvreté gagne du terrain. La résolution de ce problème repose en grande partie sur un changement radical des mentalités et d’une prise de conscience des dirigeants, vis-à-vis de la gestion des ressources électriques, afin de commencer à enclencher le processus du développement socio-économique en RCA.
Saturnin Yadama-Gbebry
Références
http://www.africatime.com/centrafrique/nouvelle.asp?no_nouvelle=606166&no_categorie=
http://journaldebangui.com/article.php?aid=1374
Commentaires
Vous avez bien mis le doigt sur le bobo concernant le secteur d'électricité en Centrafrique, mon pays d'origine. Pourtant bénie des dieux avec une pluviométrie abondante sur la plus grande partie du territoire national, la Centrafrique ne devrait pas connaitre ce retard alarmant en ce qui concerne son développement économique. Mais comme vous avez bien souligné, Remy Trudel, c'est la mal gouvernance qui en est la principale cause. Ce mal est provoqué en grande partie par la corruption, le favoritisme ou clientélisme et par-dessus tout l'impunité enracinée dans la mentalité des leaders. Comme ce sont des proches et amis qui sont à la tête des postes de leadership, ceux-ci font tout pour empêcher la justice de fonctionner normalement. Et les médias nationaux, qui devraient aller à la recherche de la vérité lorsqu'il se présente une situation, ont tendance à mettre tout dans le même sac. Ils voient la politique partout. Cela permet aux gens qui nuisent au développement du pays d'éviter une poursuite civile ou criminelle pour détournements de fonds publics, pour ne citer que ce cas-lâ. On attend de voir si les nouvelles mesures du gouvernement Touadera III qui exigent aux ministres de rendre compte de leurs actes directement à la population par le biais des médias ne va pas accoucher d'une souris.
L'État de droit c'est pour ta patrie aussi...
Prof