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#1 François C.-La Com. Charbonneau

 

‟ Quel ambitieux mandat que celui de la commission Charbonneau! Découvrir les stratagèmes qui sont à l’origine de la collusion et de la corruption dans les contrats de construction relevant du secteur public, les liens avec la mafia ainsi qu’avec le monde politique de façon à expliquer les politiques requises pour contrer un cancer à multiples facettes…”  Valère Audy, La voix de l’Est, La Presse.ca/24 mai 2012

Après les demandes répétées de l’opposition et du public, le gouvernement Charest met sur pied une commission d’enquête quelques mois avant de déclencher des élections.

Outre le fait que le premier ministre ait attendu si longtemps avant de mettre en branle ce processus d’enquête indépendant, ce qui a donné lieu a beaucoup d’interprétation de la part des médias et du public quant à l’intégrité du premier ministre et de son gouvernement. Il a toutefois mis de l’avant un processus connu, une commission d’enquête, prouvant l’indépendance du Législatif, de l’exécutif et du judiciaire.

‟La juge France Charbonneau a précisé, dans sa déclaration d’ouverture, l’étendue de son mandat et les règles qu’elle compte appliquer dans la conduite des audiences et recherches de sa commission. Une instance, a-t-elle tenu à le rappeler, qui est impartiale et indépendante, qui n’a aucune préoccupation politique…” Valère Audy, La voix de l’Est, La Presse.ca/24 mai 2012

Le premier ministre, l’exécutif, donne un mandat d’ordre judiciaire à la juge Charbonneau a titre de commissaire visant à faire la lumière sur des présomptions de collusion et de corruption qui planent sur le gouvernement et ses organismes ainsi que sur le financement des partis.

Certes, le mandat d’indépendance donné à la juge Charbonneau est limité à démystifier les procédures amorales quant à l’octroi de contrats par les différents ministères et municipalités sous l’influence entre autre de la mafia et d’autres groupes d’influence, de relever les irrégularités dans le financement des partis politiques et de mettre en lumière toutes autres actions qu’elle jugera douteuse dans le cadre de son enquête.  La juge Charbonneau devra rédiger un laborieux rapport qu’elle devra déposer au gouvernement qui devra rendre public les résultats de l’enquête. Elle devra recommander des procédures judiciaires et des poursuites à entreprendre, le judiciaire, afin que l’état puisse faire respecter la loi, le législatif.

Toute l’importance de préserver l’indépendance entre ces trois pouvoirs se dessine clairement dans ce cas étant donné que c’est le premier ministre qui nomme la personne qui enquêtera, entre autre, sur son gouvernement, sur les organismes et les procédures dont il est responsable. Il ne serait pas très louable de choisir une personne qui est redevable envers le premier ministre ou envers le parti politique au pouvoir et de donner l’impression d’impartialité devant l’opinion publique tandis qu’en réalité les dés seraient pipés d’avance.

Le principe d’indépendance évoqué dans ce cas permet à la juge Charbonneau de faire toute la lumière sur l’utilisation des fonds publics dans les différents contrats octroyés par l’état sans laisser prétendre qu’elle pourrait protéger quelque parti que ce soit. Elle a le devoir de dénoncer les procédures frauduleuses voir criminelles qu’elle aura su exhumer dans le tortueux stratagème mafieux qui fait de l’ombre  aux chantiers québécois. Elle a également le pouvoir de recommander à la couronne ou au ministère de la justice de faire comparaître devant la cour les personnes physiques ou morales qui ne se seraient pas soumis aux lois.

Cette mécanique de transparence permettra à l’état québécois, sous les recommandations de la juge Charbonneau, de se protéger d’avantage contre la collusion et la corruption en proposant de légiférer d’avantage les procédures d’octroi de contrats gouvernementaux et assurément augmenter l’imputabilité des acteurs qui interviennent à tous les niveaux dans la gestion de ceux-ci. Tous les organismes gouvernementaux, les ministères et municipalités devront réajuster, suite à ces recommandations les procédures d’attribution de contrat et s’assurer que les gestionnaires et professionnels ayant à jouer un rôle allant de la composition des devis jusqu’à l’acceptation finale du chantier en passant par la gestion et l’inspection en cours de celui-ci, enfin que tous les acteurs à tous les niveaux aient patte blanche.      

En parallèle avec les actions de la commission Charbonneau, il y a les enquêtes de l’unité anticorruption (UPAC), unité de la Sureté du Québec (SQ), qui remplit un mandat d’enquête sur le terrain. L’unité anticorruption fait des perquisitions et ratisse le terrain afin de trouver des preuves qui permettront de pouvoir porter des accusations criminelles.  

Toutes ces actions ordonnées par l’ancien premier ministre Jean Charest sont la suite logique du dépôt du rapport de Jacques Duchesneau sur la collusion et la corruption au Québec.  

Bref, voici un exemple d’actualité qui illustre les trois pouvoirs d’origine constitutionnel dans un état de droit tel que le nôtre : le législatif, l’exécutif et le judiciaire.

Références : Michaud et al. Chapitre 6 et 9

Francois Lefebvre

principes et enjeux de l'administration publique

Commentaires

  • Francois.. le connaisseur va nous éclairer ! Prof

  • Dans mon énoncé, je donne mon opinion sur ma compréhention mécanique de l'organisation de la commision d'enquête. Je désire y souligner le rôle qu'a pu jouer l'exécutif, celui que joue le judiciaire et celui que jouera le législatif suite aux recommandations de madame la juge Charbonneau.

    J'ai écris ce texte avec certitude, celle de comprendre les liens entre ces trois grands pouvoirs. Je dois toutefois vous avouer avec humilité que de jour en jour en écoutant les déclarations de la commission, que c'est une immense machine. Il serait fort prétentieux de ma part de prétendre pouvoir en deviner les aboutissants.

  • À table pour approfondir mes dires

    C'est le gouvernement qui nomme le commissaire en vertu de la loi sur les commissions d'enquête du Québec. Il est nommé afin de conduire une enquête indépendante portant sur quelques objets ayant trait au bon gouvernement.

    Une commission d'enquête ne constitue toutefois pas un procès civil ou criminel. Il constitue une enquête menée par le commissaire et ses procureurs afin de faire la lumière sur un point précis ou sur une série d'événements.

    Le commissaire tirera des conclusions suite aux audiences et enquêtes et émettra son opinion et ses recommandations. Conformément à la loi, le commissaire préparera un rapport du résultat de l'enquête à l'attention du gouvernement dans lequel il émettra les recommandations de changements qu'il juge nécessaire.... (voir suite)

  • Je désire démontrer que le judiciaire est indépendant de l'exécutif dans son analyse, ses conclusion et ses recommandations.

    Le gouvernement devra composer avec les conclusions et recommandations du commaissaire. Il devra mettre les conclusions de l'enquête à la disposition du public. Le gouvernement n'est toutefois pas tenu d'adopter ces recommandations, il n'est pas lié sur le plan juridique. Mais il faut tout de même observer que le gouvernement a une certaine obligation morale d'action. La non observance des recommandations du commissaire peut avoir une incidence importante sur la politique publique.

    sources: www.archives.gov.on.ca
    www.cepnj.gouv.qc.ca

  • En réponse à votre blogue,

    Effectivement, la Comission d'enquête sur l'industrie de la construction, aussi dite Commission Charbonneau, est un bel exemple de séparation de pouvoirs entre le politique et l'administratif. Nous en sommes au tout début de l'enquête. Les prochains mois nous permettront de saisir comment ces deux premiers niveaux de pouvoirs vont interagir par le Rapport officiel et les recommandations qui seront émis à la fin de cet importante Commission.

    Il est important de noter que les pouvoirs de l'administratif et du bureaucratique (aussi dits techniques) seront interpelés dans la mise en place de mesures correctrices, selon les prochaines recommandations du Rapport de la Commission Charbonneau.

    Actuellement, si vous observez bien les jeux de pouvoirs, les révélations sur la collusion et la corruption émergent au niveau bureaucratique, alors que les niveaux politiques et administratifs tentent de se protéger. Ces deux niveaux nient leurs participation ou connaissance de la collusion ou de la corruption. Le niveau politique ne se rend rarement imputable des situations de mauvaise gestion dans les administrations publiques.

    Cependant, nous comprenons tous que la collusion et la corruption étaient bien connus depuis le début des années 2000, par l'ensemble des intervenants aux niveaux politique, administratif et bureaucratique. Plus les travaux de la commission se dérouleront, et plus nous comprendrons le rôle des niveaux politiques et administratifs, qui sont actuellement inséparables dans nos modèles d'administration publiques.

    La séparation des pouvoirs devrait faire partie des futures recommandations de la Commission Charbonneau.

    Merci de l'opportunité,

    Alain Cazavant, ing., M.Sc.A.

  • La grande désillusion et la Commission Charbonneau
    J’aimerais ajouter quelques commentaires à l’article très d’actualité de mon collègue François.
    Oui, la commission Charbonneau en est une qui pourra apporter des réponses au problème de plus en plus évident dans l’attribution et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction.
    Il faut néanmoins garder à l’esprit les limitations de cette commission d’enquête liées à son rôle même.
    En effet, cette commission a été créée en vertu de la « Loi sur les commissions d’enquête ». Elle a donc été formée en premier lieu pour établir des faits, face à la désillusion ou au scepticisme ressentis par la population, face à la pression de l’opinion publique qui la réclamait avec une ardeur accrue. À cet effet, elle proposera des recommandations pour faire face aux situations problématiques étudiées. Elle vise donc à rétablir la confiance du public dans les institutions visées par l’enquête et l’ensemble de l’appareil de l’État, à travers le statut indépendant de ses commissaires, la transparence et la publicité des audiences, qui est un principe de justice fondamentale.
    La commission n’a donc pas de « pouvoir judiciaire ». Les commissaires, juges ou anciens juges, agissent comme enquêteurs, avec pour mandat additionnel de proposer des solutions de nature à améliorer le système gouvernemental. Ses pouvoirs s’étendront encore avec le dépôt du projet de loi 75, « Loi portant sur certains pouvoirs d’inspection et de saisies. » Elle aura donc la possibilité, sur autorisation judiciaire, de pénétrer dans un lieu pour y rechercher et y saisir un objet ou des documents pertinents.
    Par ailleurs, une limitation essentielle de la commission d’enquête est le fait qu’aucun témoignage devant la commission ne peut être invoqué contre le témoin assigné à comparaître dans une poursuite en vertu d’une loi, exception faite des cas de parjure. Les témoins jouissent donc de l’immunité tant dans les procédures criminelles et pénales que dans les procédures civiles, subséquemment à leur témoignage.
    D’autre part, bien que les coûts aient déjà dépassé la barre du 5,5 million, l’État n’est même pas tenu de prendre en considération les résultats et les recommandations émises par la commission.
    Dans ce contexte, quel sera le résultat? Les contribuables verront-ils le critère de l’imputabilité s’affirmer? Y aura-t-il reddition de comptes au sens large du terme? Les témoignages à la commission aideront-ils les autres structures (Opération Marteau et UPAC) à recueillir d’autres preuves nécessaires afin de retracer les divers accusés? La ligne confidentielle sans frais créée dans le but d’obtenir des informations et des témoignages se montrera-t-elle utile? Les dénonciateurs franchiront-ils le pas? Le système judiciaire prendra-t-il le relais de la commission et comment? Les coupables seront-ils punis? La crédibilité de l’État pourra-t-elle être rétablie?
    Beaucoup de questions auxquelles des réponses sont attenduesééé
    À chaque nouveau témoignage, on a l’impression d’assister à un film époustouflant… La population a de plus en plus la perception que c’est juste la pointe de l’iceberg, que l’ « institution » de la corruption et de la collusion est bien ancrée à tous les niveaux de l’administration, notamment dans le secteur municipal et les organismes publics.
    Même si les preuves restent à être étayées par la Commission et les autres structures concernées (ex : UPAC), l’évidence ne peut être niée. M. Lino Zambito n’a pas inventé tout ça… Malgré ses détracteurs qui le traitent de « menteur » et mettent en doute sa crédibilité, le truquage des contrats municipaux semble bien et bien exister …
    Le 19 octobre, M. Jacques Duchesneau, l’homme à l’origine de cette commission avec le fameux « Rapport Duscheneau », déclarait à la presse que « le Québec a besoin d’une « médecine de cheval » pour régler les problèmes de corruption »…
    En effet, faute de pouvoir juger les complices de ce réseau, il faut que l’État puisse mettre à exécution des moyens et mesures propres à dissuader de futurs acteurs et à réaliser un redressement et des changements concrets de la situation existante. Des réformes « musclées » sont de mise, selon M. Duchesneau.
    Des pistes sont déjà évoquées :
    - plafonnement à 100$ des dons aux partis politiques, mais aussi au niveau des partis politiques municipaux.
    - Plafonnement plus rigide des dépenses électorales
    - Élargissement des pouvoirs des vérificateurs généraux
    D’autres mesures pourraient être envisagées :
    - Les mutations- rotations systématiques des employées-cadres aux postes sensibles ou stratégiques… Est-ce normal pour un haut fonctionnaire de garder le même poste au même endroit pendant toute sa carrière? M. Surprenant, l’ancien ingénieur de la Ville de Montréal, a eu amplement le temps d’établir ses contacts et de se conforter dans sa position. En plus, M. Gilles Surprenant, après sa retraite, a travaillé pour des firmes de génie qui décrochaient des contrats avec la Ville. Et personne n'a sourcillé…
    - Resserrer les critères de sélection aux postes clé (directeur généraux, acquisitions…) et y ajouter des critères d’éthique, comme on le fait pour les juges. Réussir des concours et avoir de l’expérience ne devraient pas être des conditions suffisantes pour être nommé à un tel poste. Il devrait y avoir une enquête de « sécurité » : vérification des antécédents judiciaires, critères d’éthique…
    - Étude plus exhaustive relativement aux entrepreneurs qui soumissionnent (à travers la RBQ (Régie du Bâtiment du Québec) et la CCQ (commission de la Construction du Québec))
    - Réglementation plus serrée et contraignante relativement à l’attribution des contrats
    - Pourquoi ne pas imiter la CTQ (Commission des Transports du Québec) dans l’attribution des nouveaux permis de taxi, sans toutefois trop alourdir le système ? Les noms des futurs propriétaires de permis sont publiés pendant 3 mois avant l’octroi, afin de permettre à toute personne de s’y opposer si elle a connaissance de faits essentiels. Cela pourrait être fait en maintenant le caractère confidentiel de la dénonciation.
    - Les maires, bien qu’élus, devraient aussi faire face à des réglementations plus serrées : l’État devrait pouvoir les mettre à l’écart (s’ils ne le font pas d’eux-mêmes), sans solde il va de soi, comme on l’a fait dans le cas du vice-président de Loto-Québec, M. Pierre Bibeau, le temps de l’enquête. Jacques Duchesneau, qui dirigeait l'Unité anti collusion, avait démissionné lorsque TVA avait révélé des anomalies dans le financement de sa campagne à la mairie de Montréal en 1998. Le Directeur général des élections l'avait blanchi et il avait réintégré son unité.
    - …
    Cette commission aura au moins eu la vertu d’une prise de conscience de la population et de mettre à nu des faits essentiels que la société soupçonnait déjà depuis quelques années. Par ailleurs, elle démontre malheureusement les lacunes liées à la base essentielle de l’administration publique selon laquelle « tout doit être approuvé » « tout doit être nommément autorisé »... Là encore, elle fera en sorte que les autorités concernées prendront les mesures nécessaires afin de combler les déficiences observées.
    Elle arrivera sûrement à des conclusions et des recommandations pratiques (peut-être même un projet de loi?) afin de mieux réguler et contrôler les procédures et méthodes utilisées.
    Le retrait du maire de Laval M. Vaillancourt est-il un de ses résultats collatéraux de la commission? Peut-être.
    On a hâte de connaître les résultats de l’enquête et les opérations menées par l’UPAC et l’Opération Marteau, en espérant fortement que, dans notre État de droit, les coupables seront punis, et que l’argent mal utilisé sera restitué…
    En attendant, il est essentiel que des mesures de transition soient prises, notamment en s’assurant que l’octroi de gros contrats urgents soit fait selon des critères très serrés et contrôlés, et qu’on mette sur la glace tous les autres en attendant.

    Références
    Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, 2012. « Fonctionnement de la commission d’enquête »En ligne ˂ceic.gouv.qc.ca˃. Consulté le 25 octobre 2012.

    Lise Millette. 2012. « Corruption : le Québec a besoin d’une « médecine de cheval ». La Presse. En ligne. 19 octobre 2012. ˂http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201210/19/01-4585088-corruption-le-quebec-a-besoin-dune-medecine-de-cheval-dit-duchesneau.php˃ Consulté le 19 octobre 2012.

    Michèle Ouimet. 2012. « Le corrupteur et le corrompu ». La Presse. En ligne. 19 octobre 2012. ˂http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/michele-ouimet/201210/19/01-4584903-le-corrupteur-et-le-corrompu.php˃ Consulté le 19 octobre 2012.

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