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Proftrudel2 - Page 62

  • Devenir un employeur de choix, un défi à relever pour le système de santé

    Selon les plus récentes données démographique, le nombre de personnes en âge de travailler commencera à décroitre à partir de 2013.  C’est donc dire qu’il deviendra de plus en plus difficile de combler les départs à la retraite, laissant des emplois disponibles.  Ce débalancement engendrera des répercussions importantes sur le système de santé.  En effet, la demande de service dans le secteur des services augmentera considérablement.  La santé et les services sociaux font partie des quatre domaines de compétences qui connaitront, d’ici 2018, un rythme de croissance de leur effectif plus élevé que celui de l’emploi total, en particulier pour les emplois de niveaux technique et de soutien (source : Emploi Québec). 

    Le calcul est relativement simple : départ à la retraite = embauche et recrutement.  Pour garder l’équilibre dans cette opération, le système doit procéder à de profonds changements et réussir un véritable tour de force : attirer les jeunes dans les emplois du secteur de la santé et surtout, retenir la main d’œuvre en place. 

    Nouvelle génération, autres valeurs…

    Nous le vivons déjà, l’arrivée de la nouvelle génération de travailleur (les « Y ») engendre des frictions avec les travailleurs plus âgées, notamment ceux de la génération « X ».  En effet, le concept de permanence, le travail acharné, la définition de son identité personnelle par le travail…  Ces valeurs ne collent plus à celles de la nouvelle génération, qui recherche bien sûr un emploi stimulant et des possibilités d’avancement, mais jamais au détriment de leur vie personnelle, sociale et familiale.  L’organisation du travail devra être repensée en conséquence, en s’appuyant sur les besoins des travailleurs.  S’il est vrai qu’il est plus facile de gérer des employés qui ont des horaires fixes, cela ne convient pas nécessairement aux travailleurs.  Des horaires plus flexibles et la possibilité de travailler à partir du domicile devront inévitablement faire partie des solutions à envisager, sans quoi l’attraction et la rétention de personnel en souffrira.  La gestion du personnel comporte inévitablement des difficultés et selon moi de deux maux il faut choisir le moindre.  Je considère donc qu’il est préférable de devoir jongler avec des horaires variés et ainsi maintenir au travail des employés heureux que d’être au prises avec un problème de roulement de personnel trop élevé.  

    L’attraction…

    La situation actuelle est difficile, la pression est grande et le personnel est épuisé.  De toute évidence, cela n’a rien d’attrayant pour un jeune.  Et les médias en rajoutent en faisant constamment ressortir les failles du système public et dressant jour après jour le sombre portrait des travailleurs et de leurs conditions.  Qu’à cela ne tienne!  Le système est tout à fait capable de répliquer et il est plus que temps qu’il ne le fasse, en projetant une image positive et attrayante du secteur.  Une campagne de charme doit selon moi être amorcée, en visant  particulièrement les domaines techniques.  À cet effet, la publicité pour la campagne de recrutement des forces armées canadiennes est particulièrement inspirante, avec un message fort : « combattez la peur, la détresse et le chaos ».  Voilà une image forte, qui arrive à faire ressortir les pires difficultés en véritables défis.  Si l’armée arrive à attirer ainsi de nouvelles recrues, je ne vois pas pourquoi le secteur de la santé ne pourrait pas réussir.  Alors pourquoi ne pas s’inspirer de ce type de campagne pour attirer les jeunes vers les emplois du secteur de la santé, en leur proposant un travail stimulant dans des milieux offrant des possibilités et des opportunités aussi nombreuses que variées?  Travailler dans un milieu en constant changement et avoir la possibilité d’innover: voilà le genre défis que recherche la nouvelle génération. 

    La rétention…

    Non seulement faut-il attirer la nouvelle main-d’œuvre, il faut la garder.  La rétention du personnel s’avère donc un aspect incontournable.  Il faut axer la gestion sur le développement de carrière, identifier rapidement les employés qui présentent un potentiel prometteur et miser sur eux, en leur proposant un plan de formation et des responsabilités adaptées à leurs compétences.  Ce n’est pas parce que les échelles salariales sont fixées à l’avance que de la reconnaissance ne peut pas être faite.  Le système public ayant ses limites financières, il faudra faire preuve de créativité et trouver des moyens de faire de la reconnaissance non pécuniaire afin de consolider le sentiment d’appartenance des employés.   La rétention doit également concerner le personnel plus âgé.  Les programmes de retraite progressive et les congés de rétention doivent être maintenus, on doit trouver des solutions afin de maintenir à l’emploi les employés le plus longtemps possible.  Leur expertise est précieuse et on doit leur faire valoir ce point.    

    Le transfert des compétences…

    S’il y a une chose que la main-d’œuvre plus âgée possède et sur laquelle les plus jeunes ne peuvent rivaliser, c’est l’expérience.  Les gestionnaires doivent tout faire pour maximiser le transfert des connaissances et des compétences.  Cela doit être planifié le plus tôt possible puisqu’il est évident qu’après les départs à la retraite, il sera trop tard.  Il existe actuellement des programmes de relève des cadres qui sont assez efficaces pour préparer les futurs gestionnaires du réseau.  Cependant, ce type de programme n’existe pas pour les autres employés et le transfert de la compétence se fait souvent « sur le tas ».  Pourtant, leur savoir-faire est précieux.  Alors pourquoi ne pas instaurer un programme reconnaissance pour la transmission des compétences?  Pour les plus jeunes, le  bénéfice est évident.  Pour ceux qui transmettent leurs connaissances, ce type de programme permettrait de leur donner un deuxième souffle, de les valoriser et renforcer le sentiment qu’ils sont essentiels pour assurer la continuité des soins. 

    Lorsqu’on y pense, le système public de santé dispose d’une solide base pour attirer la nouvelle main-d’œuvre : un environnement dynamique, des défis stimulants, des emplois valorisant à plusieurs niveaux et dans des milieux variés.  Ce ne sera certainement pas chose facile, mais je suis convaincue qu’une profonde réorganisation du travail, doublée de mesures efficaces d’attraction et de rétention du personnel engendreront des améliorations notables.  Le système public nous appartient, que nous soyons gestionnaires, travailleurs ou bénéficiaires.  À nous d’en faire un employeur qui nous ressemble, un employeur de choix.

  • L'évolution des Droits de la femme au Québec

    "Les femmes ont plus de courage qu'on ne croît." (Voltaire) 

    Les Filles du Roy sont arrivées entre 1663 et 1673 en Nouvelle-France. Elles avaient été sélectionnées une à une par les religieuses et elles étaient en bonne santé. Vingt ans après leur arrivée, elles avaient fait tripler la population. Envoyées par Louis XIV à la demande de Jean Talon, ces filles avaient en moyenne 24 ans. Elles venaient pour la plupart de l'Hôpital général de Paris, un hospice où étaient gardés les pauvres et les enfants abandonnés. Elles débarquaient avec une dot du roi de 50 à 100 livres et, six mois plus tard, étaient généralement mariées. Entre leur arrivée à Québec et leur mariage, les Filles du Roy sont placées sous la protection de religieuses, de veuves ou de familles. Elles sont logées et nourries. À cette époque, on recherche des femmes robustes pour le travail de la terre et procréer. 

    En 1790, Nicolas de Condorcet, mathématicien-philosophe-politicien français, en prenant la défense des Droits des femmes, s’était prononcé pour le vote féminin.

    En 1791, en raison de sa formulation, l’Acte constitutionnel du Canada confère aux femmes 

    propriétaires non mariées ou veuves du Bas-Canada le droit de vote. 

    En 1834, les parlementaires du Bas-Canada ainsi que les Patriotes, sous la gouverne de Louis-Joseph Papineau, expriment clairement leur intention de retirer le droit de vote aux femmes.

    En juin 1917, Camille Belleville décide de quitter la France pour le Québec après avoir perdu mari et enfants dans la guerre. Elle embarque au port de Saint-Valéry sana argent et de façon clandestine. Elle songe au pays de ses rêves le ventre vide et se dit : "Ce serait un pays où il n’y aurait jamais de guerre et où les habitants vivraient en sécurité dans la joie et la bonne humeur ; les femmes auraient les même droits que les hommes, les paysages resplendiraient toute l’année aussi bien en hiver avec les monts enneigés et les lacs gelés, qu’en été avec les champs fleuris dégageant une délicieuse odeur. Les hommes seraient solidaires entre eux et envers les étrangers."Elle travaille par la suite dans une manufacture dont les conditions de travail sont insoutenables surtout pour les femmes qui sont exploitées. Elle décide de les rassembler pour lutter contre cette injustice mais la Direction lui fait comprendre très vite qu'elle risque de perdre son emploi. Le 24 mai 1918, toutes les Canadiennes de plus de 21 ans obtiennent le droit de vote au fédéral en reconnaissance de leur participation à l'effort de guerre. camille n'a plus qu'un but : contribuer au développement du droit de vote pour les femmes au Québec et assurer l’égalité entre les sexes. Elle ramasse ses choses et se dirige vers son nouvel avenir sans savoir vraiment où aller. Elle quitte la manufacture pour se consacrer à la vie politique. Elle rencontre, dans un parc d’un quartier huppé, une femme qui parle du droit de vote des femmes à une de ses camarades. Ne pouvant s’écarter d’une si importante conversation, elle leur dit : "Toutes les femmes doivent être respectées et acceptées en tant qu’être humain et non en tant que chose. Nous avons droit à l’égalité dans cette société. " La providence l'avait guidée vers une féministe, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie. Elle rejoint le Mouvement des Suffragettes.

    Le 30 mars 1918, Henri Bourrassa mentionne dans le Devoir, journal dont il est le fondateur :

    "Le parlement, a dit un vieux juriste anglais, peut tout faire, sauf changer une femme en homme, un homme en femme. Or, c'est précisément cette impossibilité que les partisans du suffrage féminin ont entrepris d'exécuter. La différence des sexes entraîne la différence des fonctions sexuelles; et la différence des fonctions sexuelles crée la différence des fonctions sociales."1

     

    En 1919, les femmes obtiendront le droit d'éligibilité et le Québec adopte la loi du salaire minimum des femmes. Le 15 juillet 1919, le pape Benoît XV se prononce pour le vote des femmes.

    Ce sont, Marie Gérin-Lajoie, Idola St-Jean et Thérèse Casgrain, entre autres, qui ont commencé à faire des pressions à l'Assemblée législative du Québec dans les années 1920. À partir de 1922, un projet de loi sur le suffrage féminin sera présenté. Les projets de loi étaient présentés par des députés masculins sympathiques à la cause féminine pour le droit de vote dont le député Marchand (Union Libérale). L'opposition était vive au projet, le clergé également. Pour l'église, les femmes devaient avant tout s'occuper de leur foyer. Maurice Duplessis, ne fût guère plus disposé à laisser voter les femmes aux élections québécoises lors de son premier mandat. C'est grâce au gouvernement libéral d'Abélard Godbout que les femmes obtiennent le droit de vote. Et ce fût Maurice Duplessis qui en profitera le premier lors de son élection pour son second mandat, étant donné que c'était la première fois que les femmes allaient voter.

    En 1929, arrêt de la Cour suprême suite à une recommandation du Conseil privé à Londres pour accorder à la femme canadienne le statut de « personne juridique ».

    En 1931, la loi autorise les femmes mariées à garder leur salaire et à disposer des biens "réservés". Avant cet amendement au Code civil, le mari était libre de disposer du salaire de son épouse comme il l’entendait, et pouvait même, ainsi que l’observe le Collectif Clio (1992: 351), «demander au gérant de banque de lui remettre les économies de son épouse ».

    En 1932, les femmes mariées en séparation de biens et qui sont propriétaires ou signent un bail (critères censitaires) obtiennent le droit de vote à Montréal.

    En 1934, les femmes mariées obtiennent le droit d'avoir un compte en banque.

    Le premier ministre Taschereau a été opposé au suffrage féminin jusqu'à la fin de son mandat, en 1936. 

    En 1937, création de la Première organisation syndicale dans l'industrie du vêtement à l’instigation de l’Américaine Rose Pesotta qui avait été dépêchée par l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames pour organiser les midinettes. En avril, la grève implique plus de 5 000 ouvrières 

    « et devient la plus grande grève de femmes de 

    l’histoire de Montréal. Yvette Charpentier y participe activement aux côtés de Léa Roback, alors responsable du service d’éducation du syndicat »

    2

     

     

     « Première à défier la fameuse « loi du cadenas », cette grève durera vingt-cinq jours, malgré les menaces 

    de déportation proférées à l’endroit des responsables syndicaux. La reconnaissance du syndicat est finalement obtenue et un premier contrat de travail sera signé, octroyant aux ouvrières une semaine de 44 heures et un salaire moyen de 16,00 $ »

    3

     

     

     

    En 1939, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale entraîne une mobilisation massive des femmes au sein de la population active. Soudainement, les gouvernements font la promotion de leur capacité à exercer tous les métiers et des formations intensives en mécanique, en soudure et en électricité leur sont offertes.

    Les québécoises obtiennent le droit de vote aux élections provinciales le 25 avril 1940, les dernières canadiennes à pouvoir exercer ce droit, sous le gouvernement libéral d’Adélard Godbout, ainsi que le droit d'éligibilité au provincial.

    Pour la première fois, des femmes, Jessie Kathleen Fisher et Elizabeth Monk, siègent au Conseil municipal de la ville de Montréal. La Charte de la ville sera amendée en 1941 pour donner à toutes les femmes le droit de vote et d’éligibilité.

     

     

     

    En 1942, les femmes peuvent devenir commissaires scolaires au Québec.

     

     

    En 1945, grâce à la campagne dirigée par Thérèse Casgrain, les allocations familiales seront versées aux mères, alors que la décision initiale dans le cas du Québec prévoyait, à l’insistance du clergé et d’une partie de l’élite nationaliste, que celles-ci soient versées aux pères afin de ne pas enfreindre ses droits à titre de 

    «chef de famille » 

    au sein des couples mariés en communauté de biens. En fait, c’est la découverte d’une astuce juridique qui permettra de faire céder l’opposition. En l’occurrence, on évoque le principe que 

    «d’après le Code civil la femme mariée a un mandat tacite, appelé mandat domestique, pour acheter ce qui est nécessaire aux besoins courants du ménage et donc, sur ce principe, elle peut encaisser l’allocation familiale. On modifie les plaques d’imprimerie déjà moulées au nom du père, et, un mois plus tard que les autres Canadiennes, les femmes du Québec reçoivent enfin leurs allocations familiales »4


    La même année en décembre, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie décède suivit l'année suivante de Camille Belleville venue de France.

     

     

    En octobre 1960, Fernande Saint-Martin, Directrice en chef du nouveau Magazine Châtelaine, écrivait : "Les beaux-arts et la politique, l'éducation, la science ou les problèmes sociaux ne sont plus aujourd'hui une chasse gardée du sexe fort ; il est bon aussi que "l'honnête femme" ait des "lumières sur tout" puisque son sort et celui de ses enfants sont liés au destin du monde."5

     

     

     

    En août 1961, Claire Kirkland-Casgrain, présidente de la Fédération des femmes libérales du Québec, devient la première femme députée à l'Assemblée législative du Québec suite au décès du député de Jacques-Cartier. Claire Kirkland-Casgrain, fille du Dr Kirkland, était la candidate libérale. Onze mois plus tard, lors des élections générales, elle obtient une nouvelle victoire avec une majorité record de plus de 50 000 voix. Après l'élection de 1962, elle est assermentée ministre sans portefeuille dans le cabinet de Jean Lesage. En 1964, elle est nommée ministre des Transports et des Communications dans le même cabinet. Ce fût la seule femme à siéger au Parlement du Québec de 1961 à 1973. Elle défend les causes féminines. Elle présente le projet de loi 16, adopté par le Parlement en 1964, qui met fin à l'incapacité juridique de la femme mariée. Elle soumet également le projet de loi no 63, à l'origine de la création du Conseil du statut de la femme, le 6 juillet 1973. Elle quitte la vie politique en 1973 à la suite de sa nomination à titre de juge de la cour provinciale.

    En 1971, les femmes peuvent devenir jurées au Québec suite aux pressions exercées, le 1er mars, par « l’action des jurées » des femmes membres de la cellule «X Action Choc » du FLF dans le cadre du procès de Paul Rose.

    En 1973, création du Conseil du statut de la femme par le gouvernement du Québec pour répondre aux pressions du mouvement des femmes. Laurette Champigny Robillard en sera la première présidente.

    En 1974, Une première femme, Claire L’Heureux-Dubé, est nommée juge à la Cour supérieure. Elle sera également la première femme à être nommée à la Cour d’appel du Québec (1979) et à la Cour suprême du Canada (1987).

    En 1975, c'est l'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne par le gouvernement du Québec de Robert Bourrassa (Libéral) qui interdit toute forme de discrimination, dont la discrimination en emploi et introduit le principe du «salaire égal pour un travail équivalent ». L’article 47 établit également que les époux ont les mêmes droits, obligations et responsabilités.

    En 1978, c'est la nomination pour la première fois au Québec d'une ministre d'État à la Condition féminine, Lise Payette sous le gouvernement de René Levesque, suivi de la création d'un Secrétariat à la Condition féminine.

    En 1980, proclamation de la loi 89 qui établit l'égalité entre les époux dans la gestion des biens de la famille et pour l'éducation des enfants : les femmes gardent leur nom au mariage, peuvent choisir leur lieu de résidence, sont conjointement responsables des dettes durant le mariage. La loi permet dorénavant la transmission du nom de la mère aux enfants.

    En 1982, adoption de la Charte canadienne des droits et libertés qui garantit l’égalité des hommes et des femmes, sous le gouvernement de Pierre Elliott-Trudeau (Libéral).

    En 1985, la loi fédérale C-31 modifie la Loi sur les Indiens pour réparer l’injustice historique faite aux femmes indiennes et permettre aux femmes indiennes ayant épousé un non Indien de recouvrer leur statut, sous le gouvernement de Brian Mulroney (Progressiste-Conservateur).

    En 1986, la Chambre des communes adopte la Loi sur l’équité en matière d’emploi qui oblige les sociétés d’État fédérales et les entreprises régies par le Code canadien du travail de plus de 100 salariés-es à mettre en œuvre l’équité en matière d’emploi, sous le même gouvernement de Brian Mulroney.

    En 1996, adoption de la Loi sur l’équité salariale par l’Assemblée nationale, sous le gouvernement de Jean Chrétien (Libéral).

    Les femmes ont contribué au développement de la Belle Province à travers les siècles et continuent de nos jours. Elles sont un facteur clé pour le développement économique et la croissance démographique.

     

    Principales sources :

    1 Henri BOURASSA, "Le droit de voter - La lutte des sexes - Laisserons-nous avilir nos femmes?, dans Le Devoir, 30 mars 1918, p.1 - http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/quebechistory/docs/LevotedesfemmesduQuebec-Bourassa2.html

    2 (Lévesque, Andrée, Ces femmes qui ont bâti Montréal, Remue-ménage, p. 230).

    3 (Demczuk, Irène, Ces femmes qui ont bâti Montréal, Remue-ménage, 1994, p. 229).

    4 Histoire des femmes au Québec, Coll. Clio, 1992, p. 89-392

    Éditorial du premier magazine Châtelaine de Fernande Saint-Martin

  • Pile ou Face?

     

    Cette semaine, un jeune québécois de 23 ans a fait les manchettes pour avoir conquis le titre de champion des Séries mondiales de poker.

     

    Les résultats de l’enquête sur la prévalence des jeux de hasard et d’argent (JHA) au Québec ont été rendus publics au même moment.  Les chercheures Sylvia Kairouz et Louise Nadeau ont démontré que 70% des québécois se sont adonnées aux JHA et près de 41000 sont des joueurs pathologiques [1].

     

    Le portrait du jeu au Québec, dévoilé par cette enquête, donne un message clair à l’État : prudence.

     

    Le jeu peut s’installer insidieusement dans la vie : achat de billets de loterie, soirée bingo, sortie au casino.  Le gain rapide, l’excitation suscitée, l’espoir de se refaire, le désir d’instantanéité (je veux tout, tout de suite) peuvent faire passer le jeu de simple divertissement à véritable enfer.

     

    Loto-Québec lancera d’ici Noël sa version de jeux en ligne, canalisant ainsi l’offre de jeux et réduisant l’accès (ou l’intérêt à fréquenter) les quelques 2000 sites illégaux auxquels peuvent accéder les québécois.  Son objectif?  Optimiser les retombées économiques pour en faire profiter l’ensemble de la collectivité, en proposant une offre légale, compétitive et sécuritaire [2].

     

    L’industrie du jeu est en pleine expansion, le contexte de consommation en évolution et Loto-Québec veut diversifier l’offre de ses produits en s’implantant dans un nouvel environnement : la plateforme informatique.  A-t-il cependant évalué objectivement les impacts?

    D’accord, il est préférable que le gouvernement gère le jeu plutôt que ce soit des groupes criminalisés, surtout que « le jeu en ligne représente un potentiel de revenus annuels de 50 à 80 millions $ pour l’État » [3].  Cependant, des dangers peuvent être associés à ces activités : proximité du jeu (maison, travail), anonymat, continuité du jeu, etc.  Une facilité de jouer, un environnement où le jeu est accessible partout, à toute heure de la journée.  Un marché à taille exponentielle.  Où seront les repères pouvant rattacher à la réalité?  Évaporés, dilapidés comme les fortunes investies par les joueurs.

     

    Loto-Québec agit-il vraiment en bon père de famille?  Faire des affaires lucratives aux dépends des citoyens fragiles?  L’intégrité et la conscience de la Société d’État sont-elles hors de tout doute?    Les effets du jeu sont nombreux et trop souvent pervers.  Miser sur le jeu responsable où les règles sont établies, les mesures de prévention et de contrôle rigoureuses, sera-t-il suffisant?  Quels seront à long terme les impacts sur notre société?

    Avions-nous réellement mesuré les coûts reliés aux traitements en soins de santé des fumeurs lorsque la législation prévoyait une taxe de vente sur les cigarettes?  Qu’en sera-t-il des retombées du jeu sur les dépenses qu’engagera l’État dans le décrochage scolaire, l’éclatement des familles, les dépendances associées (consommation abusive d’alcool ou de drogues), la prévention du suicide?

     

    L’argent ne tombe pas du ciel et est rarement le fruit du hasard.  La prévention des problèmes reliés au jeu devrait être la priorité du gouvernement.  Néanmoins, accorder la possibilité  des jeux en ligne, supervisés et contrôlés par Loto-Québec, devra permettre à la société québécoise de bénéficier de réductions d’impôts, d’investir par le biais des commandites au soutien des arts et de la culture et à faire de la prévention et de l’intervention auprès des joueurs compulsifs plutôt que d’enrichir tous les casino.com.

     

    Il ne faut pas que l’industrie du jeu virtuel devienne un système d’exploitation en ligne.

     

    Que la fête commence, sous surveillance!  Téléchargez…

     

     

    Nadia Chouinard

    ENP 7505 (lundi soir)

     

     

    [1]Résultats de l’enquête :

    http//now.concordia.ca/for-media/docs/Rapport_detape_ENHJEU-QUEBEC-9-novembre-2010.pdf

     

    [2]http://lotoquebec.com/corporatif/nav/a-propos-de-loto-quebec/que-fait-loto-quebec/jeu-en-ligne

     

    [3]http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201011/12/01-4342284-un-pari-a-gagner.php

  • Les Coops de Santé et cliniques exécutives; cliniques médicales ou boutiques de soins de santé à vendre?

     

    Au Québec l’accès gratuit à des soins de santé pour tous est une loi. Or, comment expliquer les Coopératives de santé, où pour être traité il faut payer un frais d’adhésion. Ou, pire encore les cliniques exécutives, couvertes par la RAMQ, qui offrent des accès plus privilégiés moyennant un coût annuel. Je suis directrice d’une clinique médicale et nous avons le statut de Groupe de Médecine Familiale (GMF).  Ce modèle est très bien structuré et très efficace pour répondre aux besoins de la population.  Grâce à des subventions gouvernementales, nous avons accès à des infirmières et autres ressources qui permettent aux médecins d’être plus efficaces.  

    Toutefois, le problème des frais de loyer persiste. Les médecins du Québec reçoivent une rémunération qui inclut 30 % pour payer les frais de loyer. Croyez-vous, que comme gestionnaire nous pouvons exiger ce pourcentage? Les médecins ont un pouvoir de négociation démesuré du à leur rareté. Les cliniques médicales, pour survivre, doivent développer des activités commerciales secondaires. Évidemment, le Collège des médecins surveille ces activités afin d’éviter les conflits d’intérêts. Le Collège n’agit que s’il y a des plaintes, mais, qui fait les plaintes? Quelques journalistes qui relèvent des situations douteuses, qui d’autres?

    J’ai fait une plainte parce qu’une clinique  annonçait, dans le journal l’Actualité Médical, des loyers de 5 % taxes incluses. Suite à ma plainte, le Collège a fait enquête et m’a répondu que le tout était réglementaire, aucun minimum n’est stipulé pourvu que la clinique et le médecin aient une entente signée. Cette entente ne doit pas inclure des redevances au médecin. C’est, je vous le dis, une vraie blague ce charabia de règles.

    Faisons un petit exercice comptable. Si un médecin gagne 200 000 $ dans cette clinique, c'est-à-dire un temps plein, il paiera un loyer, avant taxes, de moins de 9000 $/année.  Le travaille généré par trois (3) médecins exige, au moins, une secrétaire (12 $/h à 40hres semaine) à temps plein et au moins 1500pi (20 $/pi2) carrés. Vous comprendrez qu’une secrétaire médicale à 12 $ de l’heure, ça n’existe pas. Il faudra se contenter d’une personne qui ne possède pas d’expérience mais, qui a un bon sens du devoir et un grand désir de travailler. Aussi, vous l’aurez saisi, un local à 20 $ du pied carré sera, disons sans luxure. Le local et la secrétaire coûtent plus de 55 000 $ par année et les revenus de location sont de 9000 $x3médecins, soit 27 000 $ par année. Nous sommes donc, à moins 28 000 $. Vous comprenez que la clinique ne pourra pas offrir de chariot pour des chirurgies mineures, que la clinique ne se sera pas équipée pour les cas de blessures et corps étrangers dans les yeux, elle ne pourra pas traiter les brûlures ou les intoxications... La clinique n’aura pas le personnel nécessaire pour évaluer les situations urgentes. Et, comble de l’absurde, cette clinique n’aura certainement pas un chariot d’urgence, incluant un défibrillateur (4000 $) indispensable lors des arrêts cardiaques ou lorsqu’un patient a une réaction allergique ou autre. Finalement, il est à prévoir que le patient de cette clinique sera très mal servi et souvent dirigé vers les hôpitaux. A moins  qu’un produit médical quelconque lui soit  proposé directement ou subtilement pour combler la perte financière!  

    Si, le collège statuait et que le ministère règlementait un loyer de 30 %, plusieurs problèmes seraient réglés. Déjà dans notre exemple, la clinique aurait un revenu de plus de 180 000 $. Avec des normes de fonctionnement obligatoires comme chariot d’urgence, plateau de chirurgie et une infirmière, une bonne partie des problèmes de gestion de la première ligne serait réglée. Les cliniques médicales ne seraient plus des boutiques de ventes de produits de santé et les patients seraient traités sur place pour la majorité des consultations.

    Les Coopératives, les cliniques privées et tous les produits commerciaux que l’on retrouve dans les cliniques sont des passages obligés pour la survie des cliniques. Il faut que le gouvernement passe une loi sur les frais de bureau obligatoire, et ce sera un bon début!

     

     

    Nathalie Quesnel, ca                                                                                                      

    Étudiante à la maitrise à L'Enap    

    ENP-7328                                                                                             

     

     

     

  • L'eau au Québec

    L'eau au Québec: une illusion d'abondance ou une source d’enrichissement pour le Québec

    Toutes les industries qui ont prospéré au Québec se sont abreuvées abondamment et gratuitement aux sources d'eau disponible en quantité sur le territoire. Mais, même s'il n'y a pas de pénurie à l'horizon, l'abondance d'eau au Québec est-elle une illusion?

    Déjà, des villes ont depuis quelques années  des problèmes d'approvisionnement en eau potable à cause de la prolifération des cyanobactéries ou tout simplement par l’effet grandissant du réchauffement de la planète.

     La dernière année démontre bien cette croissance par l’avenue d’un hiver 2009-2010 sec et chaud suivi d’un printemps et d’un été ou la canicule à perduré sur plusieurs jours. Plusieurs municipalités ont été forcées de prendre des mesures extraordinaires pour réduire la consommation de leurs citoyens au cours du dernier été. Le ministère des ressources naturelle à même intervenue et mis de l’avant des travaux extraordinaires sur un tronçon de la rivière des Mlles îles pour assurer l’alimentation en eau de centaine de millier de  citoyen qui s’abreuve sur cette source.

    La disponibilité de l'eau au Québec n'a jamais été un problème. Jusqu’a maintenant! Le Québec à toujours été reconnue pour sont immense pouvoir hydraulique. La pierre angulaire de notre économie passe inévitablement par l’eau de la création de nos villes à l’élaboration de notre réseau hydro-électrique. Il y en a de l’eau, mais combien exactement? Personne ne peut répondre à cette question. On connaît les eaux de surface mais en ce qui concerne les eaux souterraines, il y a énormément de recherche à faire. Très peu de spécialistes osent avancer des hypothèses sur la quantité des réserves et sur la régénération de ces dernières.

    Les embouteilleurs d'eau du Québec, qu'on accuse souvent de piller gratuitement les réserves d'eau, affirment prélever une infime partie de la ressource.

    «On prélève 8 centièmes de 1% du volume total d'eau souterraine captée au Québec chaque année», affirme Daniel Colpron, président de l'entreprise qui embouteille l'eau Amaro.

    Sur son site, l'Association cite des chiffres du ministère de l'Environnement qui estime les réserves d'eau souterraine à 200 000 milliards de litres. «Il s'agit d'une évaluation très très très sommaire faite il y a environ 20 ans, dit Normand Boulianne, porte-parole du ministère. En fait, on connaît peu de choses sur les réserves d'eau souterraine, on vient de commencer à en faire l'évaluation».

    Bref, personne ne sait exactement combien il y a d'eau au Québec. Tout ce qu'on sait avec certitude, c'est qu'on n'en a jamais manqué. Tout le monde fait comme si les réserves étaient illimitées et l'eau continue d'être gratuite pour la grande majorité des entreprises.

     

    Les Grand consommateurs

    Les entreprises qui embouteillent de l'eau, dont les plus importantes sont des multinationales, ont des permis qui leur permettent de capter 1 million de mètres cube d'eau souterraine par jour. Les entreprises des pâtes et papier, de loin les plus grandes consommatrices au Québec, utilisent chaque année près de 600 millions de mètres cube d'eau puisée dans les cours d'eau de la province.

    La brasserie Labatt, à elle seul pompe entre 3 et 5 millions de mètres cube par année pour brasser sa bière et laver ses bouteilles vides. Je tien à vous rappeler que Molson, Coke et Pepsi génère également une consommation astronomique. L'eau a beau être un bien public, cependant les données précises sur la consommation totale d'eau par industrie sont inexistantes ou alors tenues confidentielles pour des raisons de concurrence, comme sur le territoire de la ville de Montréal. Le ministère de l'Environnement du Québec estime que la consommation de tous les résidents du Québec est égale à 1712 millions de mètres cube par année, et celles de l'industrie à 996 millions de mètres cube par année, sans compter les usines installées à Montréal.

    La majorité de ces grands utilisateurs d'eau au Québec ne paient rien ou presque rien pour l'accès à la ressource. À Montréal, par exemple, l'eau est tarifée pour une quinzaine d'entreprises et certaines d'entre elles doivent payer des redevances sur les eaux usées qu'elles rejettent dans le fleuve. La tarification de l'eau rapporte 31 millions à la ville, qui doit investir entre 300 et 500 millions par année dans la production, le traitement et l'entretien de son réseau d'aqueduc. Pour pouvoir gérer l'eau, il faut d'abord pouvoir la mesurer. Pendant que les gouvernements tentent d'organiser la gestion de l'eau, des entreprises profitent du vide actuel.

      

    L’eau est-elle une source d’enrichissement pour le Québec?

    L’exportation d’eau douce à grande échelle constituerait une idée créatrice de richesse pour le Québec et le Canada. À l’heure où l’eau se fait rare dans plusieurs parties du monde, son développement économique suscite pourtant de l’opposition. Tandis que certains craignent une exploitation abusive, voire l’assèchement de nos ressources hydriques, l’auteur, Marcel Boyer, vice-président et économiste en chef de l’Institut économique de Montréal (IEDM), dans un Cahier de recherche publié par l’Institut, estime qu’il est urgent de s’intéresser sérieusement à la valorisation de notre or bleu. Il soutient que «le développement et la mise en marché de cette expertise nécessitent un plan stratégique afin de permettre au Québec de devenir un chef de file dans la gestion de l’eau. Le succès de ces marchés repose sur la capacité du gouvernement d’établir des droits d’utilisation de l’eau bien définis, transférables et incitatifs à la conservation de la ressource».

     Conclusion

    Le Canada possède la plus grande réserve d’eau douce du monde, soit 8% du stock mondial. Quant au Québec, il possède sur son territoire 3% de l’eau douce du globe, soit 13 fois plus d’eau douce renouvelable par habitant qu’aux États-Unis. Le Québec n’utilise que 0,5% de son eau douce renouvelable disponible, comparativement à 18,9% aux États-Unis. Une utilisation adéquate de ces ressources renouvelables n’aurait pas d’impact sur la réserve d’eau du Québec.

    La quantité d’eau que nous pourrions exporter, sans mettre en danger l’environnement, permettrait de remplir près de 300 000 stades olympiques par an. Selon le ministère de l’Environnement, si le Québec fournissait à lui seul toute la production mondiale d’eau en bouteille – 154 milliards de litres en 2004, cela représenterait 1% des précipitations qui rechargent les nappes d’eau souterraines des zones habitées du Québec. Pourtant, 97% de la recharge naturelle des zones habitées n’est pas utilisée et se déverse donc dans les fleuves puis dans l’océan.

    La valeur commerciale de l’eau et la rentabilité des investissements dans les infrastructures nécessaires à cette commercialisation seront ultimement déterminées par le coût de dessalement de l’eau de mer qu’on évalue actuellement à 0,65 $/m3. Le dessalement est une technologie polluante et coûteuse en énergie mais elle représente à terme la solution de rechange la plus probable à l’importation sur de longues distances.

    Différents scénarios d’exportation d’eau font apparaître des possibilités de revenus beaucoup plus importants que ceux provenant de l’exportation d’énergie. Si le Québec exportait 10% de ses 1000 milliards de m3 d’eau douce renouvelable par an à un prix égal au coût actuel de dessalement de l’eau de mer, soit 0,65 $/m3, et si le gouvernement percevait 10% de cette somme en redevances, cela générerait des revenus de 6,5 milliards $ par an pour le gouvernement, soit 5 fois plus que le dividende versé par Hydro-Québec.

    Il est grandement temps que nos gouvernements intervienne au niveau de la légiférassions de cette ressource et pourquoi pas  la nationalisation de cette richesse essentielle à la vie. L’eau est mon avis une ressource qui surclasse le pétrole et mon dernier passage à la station service me rappelle  que cette ressource est loin d’être vendue à bon marché par les magna du pétrole qui nous livre leur ressource à gros prix.

    Il est à mon avis également clair qui faut connaître l’état de nos réserve d’eau douce pour nous permettre de gérer cette ressource de manière à permettre à cette dernière de ce régénérer. Il est primordial d’agir immédiatement pour garantir cette ressource inestimable aux générations futures.

     

     

    Erick Harnois, ENAP cours 7505

     

  • Mourir dans la Dignité

    Le droit fondamental

     

     

    Mourir dans la dignité devrait être une question simple qui suscite une réponse claire, simple et logique.

     

    Cependant cette affirmation éveille beaucoup d’interrogations et de questionnement. Ce type de décision qu’elle soit personnelle ou en regard à un être chère ne sera vraisemblablement jamais facile.

     

    Je suis convaincu que dans une telle situation, non abstenant la décision, elle entrainera de sérieuse confrontation au sein de la famille immédiate et même auprès d’amis. D’ailleurs je suis convaincu que ce type de décision changera a tout jamais une vie puisqu’elle entrainera des frictions irréparables au sein de l’entourage immédiat.

     

    Dès la naissance nous acceptons le fait que la mort est inévitable. Ce qui est moins acceptable est le fait que la souffrance nous dirige inévitablement vers une mort qui souvent nous soustrait de notre dignité. La souffrance est toujours associée à une maladie grave reconnue. Des lors, pour une raison ou une autre nous sommes contraint à prendre des décisions considérées radicales que ce soit pour préserver la vie ou pour mettre un terme a la souffrance que nous ne pouvons humainement supporter.

     

    Plusieurs facteurs viennent influencer notre décision ou notre prise de position, comme par exemple, la recherche, un traitement ou un médicament expérimental. Il existe toujours l’espoir, la chance, la foie, etc. Avoir l’opportunité de vivre quelques années de plus peut être pour certain un vœu qui n’a pas de prix. Cette affirmation est souvent partager par les proches tant et aussi longtemps que la souffrance extrême ne viennent entacher cet image d’espoir et de longévité.

     

    Plusieurs facteurs peuvent influencer la décision d’un ou plusieurs membres de la famille. Encore là, plusieurs questions se posent lorsque confronté a ce type de décision. Qui est la famille ? Une question simple qui peut devenir très complexe avec la tendance de famille reconstituée. Lorsqu’aucun accord n’est possible en famille, qui devra trancher? Les intérêts du malade sont ils vraiment considérés ou est-ce qu’il y a des intérêts personnels qui motivent un choix? Est-ce une prise de décision purement économique? Bien d’autres questions me viennent à l’esprit et je les anticipe avec beaucoup d’anxiété.

     

    Je souhaite que l’État, le gouvernement, qui a pris la décision d’aborder une question aussi délicate et importante, pour une société, va poursuivre ses travaux pour en arriver a un processus qui en quelque sorte va contribuer à alléger ce fardeau décisionnel. Il est clair que d’aborder un sujet aussi délicat que MOURIR DANS LA DIGNITÉ va provoquer un débat politique selon les options retenues.

     

    Je crois qu’il est essentiel que l’État statu et implante des lignes directives qui tiennent compte des droits de la personne concerné et du pouvoir de la famille aux prises avec une telle décision. L’État ne peut satisfaire tous le monde mais doit intervenir pour le bien du

    concerné, de la famille et de la collectivité. Après tout l’État c’est déjà porter à la rescousse des droits de la personne pour l’inclure dans une charte législative.

     

    Cette Charte peut être bénéfique non seulement pour les individus en bonne santé mais également pour ceux aux prises avec des problèmes de santé grave et irréversible. Dans ces cas ou la souffrance prime sur le bien être d’une personne et affecte leur dignité, le choix de vivre ou de mourir n’est-il pas un droit qui mérite d’être protéger par une législation; qui érige des règles claires afin de leur permettre d’exhausser leurs dernières volontés? Elle mérite sûrement d’être étudiée et débattue.

     

    Le Code Civil du Québec prévoit certaines dispositions qui se limitent au droit de refuser des soins. Cette disposition avait comme objectif premier, protéger les personnes œuvrant dans le domaine de la santé. En plus, l’État s’était engagé à produire des soins à tous les citoyens. Ce qui est très responsable. Cependant, rien n’est prévu pour les personnes souffrantes qui veulent mourir dans la dignité.

     

    Pour ma part, je ne suis pas d’accord avec le suicide assisté mais j’ai une certaine ouverture pour l’euthanasie. Je crois qu’il est important de recueillir toutes les opinions, les différents points de vue et toute l’information disponible sur le sujet.

     

    Je suis certains que les experts sur le sujet, que ce soit en matière de santé, de droit, des services sociaux, se sont souvent penché sur la question afin d’en évaluer toutes les possibilités et les conséquences d’une telle décision.

     

    Je souhaite que l’État nous revienne sur le sujet avant de prendre une décision finale. Je crois qu’il est important d’assimiler tout ce qui à été recueillie et ce que l’État en pense.

     

    De plus, les scénarios proposés ou envisagés par le gouvernement peuvent, une fois de plus, susciter de nouvelles idées et/ou préoccupations.

     

    Je termine en vous identifiants certaines inquiétudes et suggestions:

     

    * Il ne faudrait pas banaliser l’euthanasie

    * Il ne faudrait pas minimiser la recherche médicale mais plutôt en guise de confiance envers le public y injecter plus d’argent de façon progressive

    * Une décision testamentaire ne devrait pas être considérer

    * Je crois qu’il est important de déterminer qui peut prendre la décision (définition de famille et/ou personne désigné ayant droit)

    * Déterminer des critères stricts d’admissibilités pour l’euthanasie

    * Créer un comité ad hoc (au moins 2 personnes de la famille, le médecin traitant et un médecin indépendant apte à évaluer les critères d’admissibilités)

    * Mise sur pied d’un comité spécial pour évaluer et approuver toute décision apporter par le comité ad hoc. (Nommé par le Cabinet du Ministre)

    * Le Québec devrait être divisé en région pour éviter que les comités spécial puissent approuver tous les dossiers – éviter la lenteur bureaucratique

    * Toutes modifications de la législation ou des critères doit faire l’objet d’approbation par le Conseil des Ministres et par l’Assemblée Nationale.

    * L’âge de la personne est un facteur important (ex : mineur)

    * Tenir compte de la capacité de décider pour soi-même ou pour autrui, état de santé physique ou psychologique – mécanisme de rechange si besoin

    * La ou les motivations des personnes impliqués

     

    Je salue le courage de l’État qui s’engage sur un sujet aussi sensible et controversé que la mort. Cette initiative va éviter toute forme éventuelle d’abus. Conséquemment cela va permettre d’alléger la décision et apaiser certaines frictions au sein des proches qui ont à vivre avec une telle décision. Mais qu’en pensent les diverses religions?

     

    Enlever la vie n’est jamais sans conséquence.

     

    Jean Durand

    ENP 7500

    Principes et enjeux de l’administration publique

    Jeudi matin 

  • Pénurie d’infirmières : qu’en est-il réellement et comment en venir à bout?

    Y a-t-il trop de cadres dans le réseau de santé du Québec ? Pourquoi a-t-on de la difficulté à y recruter le nombre nécessaire d’infirmières ? En fait, je crois qu’on peut relier ces deux questions en avançant l’hypothèse que si l’on embauche trop de cadres dans le réseau de santé du Québec, c’est en partie en raison de la pénurie d’infirmières. En effet, d’aucuns affirment que les effets négatifs de la rareté d’infirmières seraient probablement compensés, du moins en partie, par l’embauche de cadres effectuant des tâches à caractère clinico-administratif autrefois confiées au personnel infirmier. Cela permettrait au personnel clinique de se concentrer uniquement et entièrement sur leurs fonctions cliniques. Ceci dit, jusqu'à quel point la hausse sensible du nombre de cadres dans notre réseau de santé depuis quelques années pourrait être attribuable à la pénurie d’infirmières ? Difficile, bien sûr, de répondre spontanément à cette question… mais quel beau sujet de recherche ! Quoi qu’il en soit, la polémique entourant le nombre trop élevé de cadres dans le réseau, polémique reprise il y a quelques semaines par le Dr. Gaétan Barrette, constitue l’une des conséquences d’une problématique que nul n’oserait nier : le Québec doit composer depuis quelques années avec une pénurie d’infirmières. Qui plus est, il s’agit d’une tendance lourde puisque l’écart entre l’offre et la demande d’infirmières croît continuellement. Mais au-delà de ce fait généralement reconnu de tous, j’aimerais savoir ce qu’il en est exactement. D’abord, peut-on chiffrer la pénurie d’infirmières ?  Ensuite, cette pénurie est-elle généralisée dans tout le réseau de santé ou plutôt limitée à certaines régions du Québec ? Finalement, est-elle concentrée dans certains secteurs cliniques bien précis? Je crois qu’il importe d’obtenir réponse à ces questions puisque cela nous aidera à nuancer notre opinion par rapport à la question suivante : comment venir à bout de manière durable de la pénurie d’infirmières au Québec ?

     

    1- À combien se chiffre la pénurie d’infirmières au Québec?

     

    Selon les calculs du Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec[1], le recrutement nécessaire pour résorber complètement la pénurie d’infirmières se chiffrait à 1807 infirmières au 31 mars 2007.  On comptait alors 65 573 infirmières exerçant la profession au Québec en 2007. On peut donc estimer que le ratio « infirmières en pénurie versus infirmières actives » était d’environ 2.75% au Québec en 2007. D’autre part, certains chercheurs avancent que les chiffres du Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec surévaluent la pénurie d’infirmières. En effet, selon Laberge et Montmarquette[2], il suffirait « simplement » que toutes les infirmières actives du Québec travaillent le même nombre d’heures par année que leurs consœurs ontariennes (ce qui implique également le même nombre de journées de vacances et le même taux d’absentéisme qu’en Ontario) pour que le nombre d’infirmières à embaucher pour éliminer la pénurie passe de 1807 à 1277 au 31 mars 2007. Notre ratio  « infirmières en pénurie / infirmières actives » diminuerait alors à 1.95%. Conclusion : peu importe les méthodes de calculs utilisées, le taux de pénurie d’infirmières au Québec tournerait actuellement autour de 2 à 3%.

     

    2- La pénurie est-elle généralisée dans tout le réseau de santé ou plutôt limitée à certaines régions du Québec ?

     

    Toujours selon le Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec, les régions les plus touchées par le manque d’effectifs infirmiers en 2007 étaient Montréal (671 infirmières), la Montérégie (210), la Capitale-Nationale (142) et la Mauricie (108). Toutefois, le portrait diffère si l’on utilise notre ratio « infirmières en pénurie / infirmières actives » : le Nord-du-Québec (7.31%), la Maurice (4.54%), la Côte-Nord (4.44%) et la Gaspésie (4.11%) étaient les régions les plus durement touchées par la pénurie en 2007. À l’opposée, la Capitale-Nationale (1.61%), l’Estrie (1.75%), le Saguenay-Lac-St-Jean (1.77%) et Chaudière-Appalaches (1.77%) étaient les régions qui s’en tiraient le mieux pour combler les postes vacants d’infirmières.  Par ailleurs, les régions à proximité de Montréal (Montréal, Laval, Lanaudière, Laurentides et Montérégie) affichaient des taux se situant aux alentours de la moyenne du Québec de 2 à 3%.

     

    Pour ce qui est de la situation par établissement de santé, le Québec comptait en 2007 une dizaine d’hôpitaux où la pénurie estimée était de quarante infirmières ou plus. Sans surprise, les cinq hôpitaux en tête de liste étaient situés à Montréal : le CHUM (121 infirmières), le CUSM (96), l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (66), le CHU Ste-Justine (65) et l’Hôpital général juif (53). On voit ici la relation positive évidente entre la taille d’un établissement et le nombre d’infirmières qui y sont en pénurie.

     

    3- La pénurie est-elle limitée à certains secteurs cliniques ?

     

    Il est faux de croire que le manque d’infirmières dans notre réseau de santé est un phénomène qui touche également tous les secteurs cliniques. Selon l’OIIQ[3], cinq domaines de pratique en particulier sont touchés par la pénurie d’effectifs en soins infirmiers, soient les soins critiques, les soins de première ligne dans la communauté, la santé mentale, les soins périopératoires ainsi que la prévention des infections.

     

    Selon les données du 31 mars 2007, 22 224 infirmières exerçaient leur profession ce jour-là dans l’un de ces cinq secteurs, soit environ 30% des effectifs infirmiers totaux du Québec. Des raisons démographiques expliquent pourquoi ces secteurs sont plus affectés par la pénurie. Dans les domaines des soins de première ligne dans la communauté, de la santé mentale et des soins périopératoires, la moyenne d’âge des infirmières qui exercent la profession dépasse celle de l’ensemble des infirmières du Québec. Inversement, pour les soins critiques, la pénurie serait la conséquence d’un rajeunissement du personnel infirmier. Le défi à court terme pour ce domaine de pratique consistera à intégrer et à améliorer la rétention de cette main d’œuvre plus jeune que la moyenne québécoise, sans quoi il sera ardu de combler les postes disponibles. Finalement, on explique la pénurie d’infirmières spécialisées en prévention des infections par le fait qu’il s’agit d’un domaine qui occupe maintenant une place hautement prioritaire dans le système de santé québécois suite aux événements des dernières années tels que ceux liés au SRAS, au C. difficile ou à l’épisode de pandémie d’influenza H1N1.  

     

    En conclusion : Comment venir à bout de manière durable de la pénurie d’infirmières au Québec ?

     

    Je crois bien sûr que l’amélioration des conditions de travail de nos infirmières inciterait les jeunes à se tourner vers cette profession et limiterait le nombre d’infirmières qui, à bout de souffle, quittent le réseau de santé. Par contre, je ne pense pas que la solution réside simplement en des salaires plus élevés, en de meilleurs avantages sociaux ou en une hausse du nombre de journées de vacances annuelles. Il faut chercher les remèdes ailleurs.

                                  

    Premièrement, il semble exister une énorme différence entre la théorie enseignée au collège ou à l’université et la réalité des unités de soins. Un nombre très élevé d’étudiantes abandonnent leur programme d’étude avant d’obtenir leur diplôme ou délaissent la profession d’infirmière lors des premières années de pratique. Pour éliminer l’effet surprise de la « vraie vie », je pense qu’on doit mettre l’accent sur l’encadrement des nouvelles infirmières dans leur milieu de travail. Ces dernières se sentent souvent abandonnées, laissées à elles-mêmes dans leur nouvel environnement. Le recours systématique au mantorat permet d’éliminer ce sentiment d’abandon.

     

    Aussi, le climat de travail est également un facteur qui influence grandement le taux de rétention des infirmières. Les hôpitaux qui veulent attirer et retenir des infirmières en nombre suffisant doivent leur permettre d’évoluer dans un milieu de travail stimulant et valorisant. Pour y arriver, il faut, par exemple, mettre à la disposition des infirmières un programme de formation continue, des locaux propres, de l’équipement médical adéquat, etc. Par-dessus tout, on doit s’assurer de la qualité des relations humaines, que ce soit avec les médecins, les gestionnaires ou l’ensemble du personnel clinique. Bref, il faut tout mettre en œuvre pour que les infirmières comprennent qu’elles ne sont pas considérées simplement comme du personnel de soutien aux soins. Démontrons-leur tout le respect qu’elles méritent !

     

    Finalement, et contrairement à l’étude de Laberge et Montmarquette évoquée précédemment, je ne suis pas d’avis que l’adoption de règles qui viseraient à hausser le nombre d’heures travaillées par nos infirmières entraînerait une baisse de la pénurie. Au contraire, cela découragerait encore plus la pratique de la profession d’infirmière. En fait, les heures supplémentaires obligatoires sont un non sens, autant du point de vue de la valorisation de la pratique infirmière que de la sécurité des soins prodigués. À long terme, il faudrait que le recours au temps supplémentaire obligatoire devienne une mesure d’exception plutôt qu’une pratique établie pour palier au manque de personnel.

     

    JFM

    ENP-7328, jeudi PM,  automne 2010

    Enjeux contemporains de gestion dans les organisations

    des services de santé et de services sociaux



    [1] Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec. (2008). Calcul de la pénurie d’infirmières par établissement au 31 mars 2007. Québec : Gouvernement du Québec.

    [2] Mathieu Laberge et Claude Montmarquette. (2009). Portrait des conditions de pratique et de la pénurie des effectifs infirmiers au Québec. Centre universitaire de recherche en analyse des organisations.

    [3] Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. (2007). Une nouvelle approche de planification des effectifs infirmiers : des choix à faire de toute urgence!

  • collaboration interprofessionnelle utopie ou réalité? Une histoire vécue!

     

    Au cours de mes 22 années de pratique dans le réseau de la santé et des services sociaux, j'ai vu et surtout vécu beaucoup de mutation du système de la santé et des services sociaux. Plusieurs de ces mutations, se sont produits par nécessité : soit d’économie ou d’optimisation du service. Malheureusement, à plusieurs reprises, ces changements n’ont pas améliorés la prestation des services et encore moins la rétention du personnel.

    Avec cette pénurie de personnel, toutes catégories confondues, que le système vit depuis plusieurs années, il est devenu difficile voire impossible de garder les mêmes pratiques pour prodiguer les soins aux patients. En 2007, la crise était tellement intense au CHUM que nous devions couper plusieurs salles de chirurgies quotidiennement car il manquait trop de personnel. C'est pourquoi mes deux collègues et moi; chefs des blocs opératoires du CHUM,  avons décidé de revoir le rôle des intervenants dans les blocs opératoires...Nous tenions à avoir la bonne personne à la bonne place, au bon moment et qui fait la bonne chose.

    Nous avons donc fait table rase de nos habitudes de pratiques et nous sommes questionné sur le qui fait quoi et le pourquoi. La main d'œuvre principale dans les blocs opératoires est les infirmières. Pour faire fonctionner une salle d'opération pendant 8 heures, il en faut 3. Nous avons décortiqué les tâches des infirmières au bloc et nous sommes demandés s'il n'y avait pas d'autres professionnelles qui pouvaient exécuter certaines de ces tâches. Il s'est avéré qu'après notre recherche, les infirmières-auxiliaires pouvaient exécuter beaucoup des mêmes activités que les infirmières, et ce depuis la promulgation de la loi 90. La loi 90 a élargie le rôle de certains professionnels comme les infirmières-auxiliaires et les infirmières. Fin 2007, nous avons élaboré et débuté un projet pilote pour tester si la collaboration infirmière/infirmière-auxiliaire était faisable, utile et surtout viable dans les blocs opératoires. La réintroduction, en 2003, des infirmières-auxiliaires ne s’étaient pas faite sans heurt. Leur retour dans les blocs opératoires s’est fait en service interne seulement, ce qui enlevait cette pratique aux infirmières. Le service externe étant réservé aux infirmières depuis la nuit des temps mais la pratique en interne leur devenait plus difficile (c’est le rôle d’interne qui a le plus de gratification des chirurgiens). Il va sans dire que les infirmières étaient en complet désaccord avec cette ingérence des infirmières-auxiliaires dans leur champ de pratique. Nous avons dû leur expliquer les raisons et en démontrer les bienfaits. Ce projet-pilote, qui ouvrait le service externe aux infirmières-auxiliaires, nous a apporté certaines problématiques qui nous ont permis d’identifier de d’apporter des correctifs afin que cette collaboration soit fonctionnelle, sécuritaire et qu'elle respecte les limites des champs de pratique réciproque. Les résultats ont été des plus que concluants, malgré tout nous ayons dû défendre notre projet auprès d'instance telles que la direction générale du CHUM, la FMSQ (Fédération des Médecins Spécialistes du Québec), l'OIIQ (Ordre des Infirmières et Infirmiers du Québec), l'OIIAQ (Ordre des Infirmières et Infirmiers-Auxiliaires du Québec) et la CIISOQ (Corporation des Infirmières et Infirmiers en salle d'Opération du Québec). Toutes ces instances à l'exception de la CIISOQ n'ont pu que se rallier à notre démarche. Depuis ce temps, nous avons refait nos devoirs et sommes arrivés à des possibilités de partage des tâches et d’une dynamique de travail en dyade entre les infirmières et les infirmières-auxiliaires. Pour ce qui est de l'OIIQ, de l'OIIAQ, de la FMSQ, ils nous suivent de près! Car nous allons beaucoup plus loin que n’importe quelle organisation dans la révision et le partage des tâches entre les professionnelles des blocs opératoires. La CIISOQ, quant à elle, refuse toujours d'intégrer les infirmières-auxiliaires dans ses rangs, pourtant sa raison d'être est de s'assurer d'une transmission d'informations, des connaissances pour que les infirmières des blocs opératoires donnent des soins sécuritaires aux patients. Il est important de noter qu'il s'agit d'une association volontaire (pour les infirmières de bloc) et qui a bon an mal an environ un peu plus de 200 membres sur une possibilité de 1600 infirmières (nombre décroissant depuis plusieurs années). Plutôt que de s’ouvrir au partage des tâches et de légitimer cette collaboration interprofessionnelle, elle s’entête à promouvoir le rôle essentiel des infirmières en salle d’opération. Chose que nous n’avons jamais remis en doute dans toute notre démarche.

    Donc, depuis septembre 2009, les infirmières-auxiliaires pratiquent dans les blocs du CHUM en service interne et en service externe. Elles détiennent 30% des postes des blocs opératoires. Grâce à cette collaboration entre les infirmières et les infirmières-auxiliaires, nous n'avons plus de pénurie sur 2 des 3 sites et ce n'est qu'une question de mois pour que nous puissions fonctionner à plein (soit 28 salles de chirurgies quotidiennement). Les infirmières ne sont plus épuisées comme auparavant, elles font du temps supplémentaire volontaire (pas de temps supplémentaires obligatoires), elles ne font pratiquement plus de soirs ni de nuits, etc. Je suis sûr que si vous leur demandiez de revenir en arrière, elles vous diraient non...car maintenant elles peuvent se concentrer sur leurs tâches, compter sur de l'aide et assurer de rendre des soins sécuritaires aux patients. Il a beaucoup moins de tension interprofessionnelle avec les autres catégories de professionnels œuvrant dans les blocs opératoires car chacun peut procéder à son travail en sachant que l'équipe est là toute entière! Donc la collaboration interprofessionnelle et le partage des tâches c'est faisable, utile et viable mais pour que cela fonctionne, il faut que les acteurs connaissent les limites de leurs champs de pratique et qu'is soient à l'aise au sein de celle-ci. Notre travail nous a permis de trouver une nouvelle manière de faire, d’assurer un service de qualité et sécuritaire à la population tout en favorisant la rétention du personnel et une meilleure qualité de vie au travail. Que demander de plus?

     

    Éric Tétreault

    ENP-7328

  • Canada ou tiers-monde?

    Et bien, j’aurai tout vu. Allez faire un tour à la pharmacie la plus proche de chez vous : il y a bien des chances que vous ne trouverez plus de pénicilline. HEIN? Pas de marque originale, ni d’ersatz ou de générique. C’est «back order» en bon français. Oui, comme au tiers-monde, pas d’accès à cet antibiotique de base. Une pharmacienne bien avisée m’a conseillé de me faire des provisions si je pouvais en trouver car elle n’en a plus depuis un mois et n’en recevra pas avant mars 2011! Je dois avouer que l’idée m’a tenté de me faire un mini stock de réserve puisque j’ai un enfant qui doit prendre une dose prophylactique (en prévention) deux fois par jour pour au moins la prochaine année…

                On dit que quand les États-Unis toussent, le Canada attrape le virus pas longtemps après. La légende urbaine du sur-approvisionnement de médicament des américains dans la perspective de l’établissement de leur régime de santé public devient réelle. Et ce, même si M. Obama s’est fait administrer une gifle royale aux partielles la semaine dernière…

                Mon expérience vécue est mineure. Un antibiotique «de base» non-disponible… Que faire quand il s’agira des médicaments d’exception, déjà diffusés au compte-gouttes? Que faire quand des personnes âgées ou celles avec des troubles cardiaques ne pourront plus accéder à leur prescription de Coumadin? (Il n’y a pas de plan B avec ce médicament en passant, comme pour bien d’autres) Est-ce que l’ensemble de la population est informée et saura composer avec cette nouvelle pénurie?

    Imaginez un peu la nouvelle perte de temps pour les médecins et les pharmaciens ainsi que la surcharge pour les infirmières et les labos du réseau… À chaque prescription «back order», on rappelle le médecin qui sera sans doute disponible pour planifier un nouveau traitement et ordonner de nouveaux tests; chaque médicament peut interagir avec les autres prescrits… on doit contrôler les bilans sanguins… Enfin, quelle anxiété pour ces patients qui sont souvent stabilisé par la chimie inaccessible de ces comprimés? Et l’approvisionnement des régions?

    Et tout cela car nos belles compagnies pharmaceutiques nord-américaines ont décidé d’écouler leurs stocks plus vite chez Oncle Sam? Pour le profit immédiat? */$%?& de belle conscience sociale pour des compagnies dont les sites web vantent leurs implications à collaborer avec les réseaux de santé… leur vision d’être plus que des producteurs de médicaments… Ils doivent bien rire dans leur barbe… d’autant plus qu’ils viennent de rabrouer notre duo Bolduc-Charest quant à leurs idées de sabrer les coûts…

    Vivre dans notre pays industrialisé vient avec la notion de capitalisme. Malheureusement pour notre réseau de la santé, une nouvelle tuile est en train de s’abattre sur ses membres et ses clients. Je ne suis pas du genre à m’énerver et à créer des propagandes sur des «légendes urbaines». Mais celle-ci semble particulièrement inquiétante et son impact pourrait être majeur.

    Doit-on espérer un retour des républicains? (J’ironise…) Doit-on espérer une solution miraculeuse de notre duo dynamique cité précédemment? Refuse-t-on de diffuser l’information pour éviter la panique? (Peut-être anticipée à ce stade) Doit-on espérer un ajustement rapide de la production des compagnies pharmaceutiques?

    Je suis en général du type optimiste, «tout va s’arranger»; cependant, cette fâcheuse perte de temps vendredi dernier (7 pharmacies pour trouver la pénicilline requise- une chance que je suis sur l’île de Montréal!) me préoccupe. Probablement pas assez puisque je n’ai finalement pas décidé d’acheter le reste du stock disponible chez le pharmacien. En fait, je ne m’inquiète pas vraiment pour ma famille immédiate, tout le monde est en santé heureusement. Cependant, je me fais le choix d’écrire ce blog par souci pour la population en général et pour les impacts qu’il pourrait en découler.

     

    Frédérick Boulé

    ENP-7328

  • La Loi 115: principes et enjeux de l'administration publique vs l'identité culturelle

    Ce thème regroupe tellement d’éléments, par où commencer?  L’affaiblissement de la Loi 101?  Les modifications apportées à la Charte des droits par la loi 103? Les plus fortunés qui pourront s’acheter une éducation anglophone?  L’utilisation de la «procédure législative d’exception » pour faciliter l’adoption d’un projet de loi linguistique? À ce propos, il me semble que les enjeux de l’administration publique sont de taille.  Rappelons donc que le 19 octobre dernier, le gouvernement du Québec a légalisé l’accès à l’école anglaise pour les francophones et allophones. 

    Pouvoir parler français en Amérique du Nord est une richesse.  Originaire du Saguenay, région presqu’unilingue française, j’ai été confrontée pour la première fois à l’anglais comme langue d’usage qu’à mon arrivée à Montréal. Même à l’UQAC, pendant les trois années où j’y ai étudié, les professeurs n’osaient pas nous remettre des textes ou documents en anglais.  Pourquoi? Parce que personne ne l’aurait accepté. Tous auraient crié à l’injustice.   Quant à moi, j’avoue que ça faisait bien mon affaire… Je disais donc, à mon arrivée à Montréal, à l’âge de 22 ans et mon baccalauréat sous le bras, je débutai ma maîtrise à l’Université de Montréal.  Quelle ne fût pas ma surprise d’avoir à lire des livres entiers en anglais.  Je me suis prêtée à l’exercice, car je n’avais pas vraiment le choix.  D’ailleurs, pour les autres étudiants, cela semblait normal. Je pourrais donc être de ceux qui se sentent amoindri devant la «contrainte» anglaise, qui pourrait privilégier l’immersion anglaise dès le jeune âge pour mes propres enfants pour qu’ils ne subissent pas le même affront.  Mais c’est loin d’être le cas. En fait, je suis très fière aujourd’hui d’avoir surmonté cette « lacune».  Je me sens privilégiée de pouvoir me débrouiller en anglais comme une grande majorité de québécois ouverts sur le monde.  D’ailleurs, la mondialisation nous amène inévitablement à vouloir développer des moyens pour entrer en contact et développer des liens avec des individus vivant dans d’autres pays que le nôtre et l’anglais devient un outil fort utile dans ces cas.

    D’une part, c’est donc avec mon expérience personnelle et celle de nombreuses personnes provenant de régions éloignées de Montréal que je m’appuie pour affirmer qu’un jeune adulte peut, s’il en fait le choix, apprendre l’anglais : en voyageant, en s’inscrivant dans des cours d’immersion, etc..

    Je ne crois donc pas qu’il soit essentiel qu’un enfant d’âge scolaire soit immergé dans un milieu d’apprentissage de langue anglaise pour développer une aisance à parler anglais. Je crois même qu’il s’agit d’une grave erreur : le fait d’offrir un environnement unilingue anglais à de jeunes francophones à l’école primaire et secondaire a comme effet pervers que l’apprentissage de sa langue première s’en voit affecté.  De toute façon, le système d’éducation québécois offre une base d’apprentissage de l’anglais.  Par la suite, il en revient à chacun d’entre nous de s’investir dans une activité d’immersion, si tel est notre besoin.  Et il est toujours temps de le faire lors de camps d’été d’immersion  ou avec un stage à l’étranger.  Lorsqu’on est d’âge à aller au CEGEP et à l’université, partir quelques mois suffit pour «attraper» l’anglais pour de bon.  Tout cela sans avoir nui à notre apprentissage du français.

    D’autre part, le fait que l’utilisation du bâillon par gouvernement ait été nécessaire pour faire adopter le projet de loi sur les écoles passerelles démontre bien à quel point la question linguistique demeure controversée et provoque des débats au Québec.   Or, avec notre situation de « gaulois résistants », 5 000 000 de francophones dans une mer d’anglophones tant canadiens qu’américains, fait en sorte que l’administration publique DOIT se faire le chien de garde de la langue française. Il s’agit de notre identité culturelle, ce qui nous distingue des autres en Amérique du Nord.

    Questionné sur cette façon de faire, le gouvernement invoquait l’urgence d’agir en raison du vide juridique causé par l’invalidation de la loi 104.  Pourquoi alors avoir attendu 8 mois avant de déposer ce projet de Loi?  Pourquoi ne pas l’avoir fait plutôt? Il semble que le gouvernement ait planifié d’utiliser cette stratégie pour arriver à l’adoption de cette loi.  La question à se poser est : à qui profite ce projet de loi?  Fort probablement aux électeurs du PLQ (…), à  ceux qui désirent que leurs progénitures baignent dans un environnement scolaire anglophone.  Pourquoi et à quel prix?  Est-ce que ce choix individuel doit primer sur l’avenir du français au Québec?

    « …L’avancement de la francisation va dépendre essentiellement

    de la volonté politique du gouvernement au pouvoir. »

    Jacques Parizeau (La souveraineté du Québec, 2009)

    Actuellement, la simple protection de la langue française ne constitue pas une volonté politique du gouvernement en place.  Dans notre état de droit, est-ce que l’utilisation du bâillon sur un sujet aussi primordial pour notre société est acceptable, démocratiquement parlant? Si nous ajoutons à cela le fait qu’au Québec, le processus politique implique fréquemment un volet de consultation publique, en ce qui concerne le français, le gouvernement a choisi de ne pas entendre ni l’opposition  en suspendant les règles de procédures parlementaires, ni les simples citoyens.   Tout ceci pour faire adopter un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité au Québec.  La ligne de parti du gouvernement était donc l’adoption de cette loi sans opposition.  En ce sens, est-ce que les députés représentent réellement leurs concitoyens? Ne font-ils pas seulement suivre les idées mises de l’avant par leur parti? D’aller vers leurs objectifs électoralistes? Le principe de  solidarité ministérielle est-elle un frein à l’expression des idées minoritaires et des dissidences?  Sans aucun doute. 

    Ajoutons à tout ceci le fait que l’application de cette loi se fera par des fonctionnaires qui auront comme mandat d’évaluer le parcours de chacun des étudiants qui voudront s’en prévaloir.  Certains diront qu’il ne s’agira que de quelques cas.  D’autres disent que de nombreux fonctionnaires devront être mis à contribution. Alors que la presse d’aujourd’hui fait encore la manchette avec les pauvres résultats des étudiants québécois aux tests de français (Journal de Montréal, 2 novembre 2010), le gouvernement choisit avec cette histoire d’écoles passerelles d’investir dans l’ajout de fonctionnaires pour évaluer les candidatures de francophones et allophones pour leur intégration dans les écoles anglaises non-subventionnées plutôt que d’ajouter des ressources pour améliorer les cours de français dans les écoles francophones du Québec.

    “Notre langue n’a pas de prix, la Loi 101 n’est pas à vendre! »

    (Coalition contre la Loi 103)

     

    Cindy Lapointe

    Maîtrise ENAP - Jeudi AM

  • Les Coops de santé: être membre ou ne pas l’être telle est la question!

    Les dernières semaines ont été riches en information autour des Coopératives de santé, des cliniques VIP ou exécutives, tant dans les médias écrits, comme La Presse et Le Devoir, que télévisés, notamment le reportage à l’émission La Facture    du 21 septembre. Les histoires relatées par les journalistes tournent, pour la plupart, autour de « l’obligation » du patient à devenir membre de la coopérative santé, donc à payer une part sociale et une contribution annuelle, afin d’avoir accès aux services médicaux. Dans les cliniques VIP ou exécutives, la formule est un peu différente, mais la procédure est identique : une batterie de tests à subir et bien sûr à payer avant de voir le médecin (tests soi-disant soutenant le diagnostic du médecin). Ce qui est remarquable c’est ce sentiment d’obligation ressenti par les gens à devenir membre ainsi que leur désir, et surtout besoin, d’avoir accès à un médecin. Les responsables des Coops de santé de même que la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec affirment que les gens ne sont absolument pas obligés de devenir membres pour accéder aux services médicaux tout en faisant état des avantages d’être membre comme l’accès à des services de nutritionniste, de psychologue, etc. Ils expliquent aussi que la structure en coopérative permet d’assumer les frais administratifs, comme le secrétariat, de même que des loyers à bon prix pour les professionnels y œuvrant.

     

    Premièrement, j’avoue mon agacement lorsque des gens estiment que ces « structures » se situent dans une zone grise. La zone n’est pas grise et ma foi j’aurais tendance à croire que les politiciens le savent mieux que personne, entre autres mieux que monsieur et madame tout le monde. Les lois sont claires sur ce sujet, à commencer par la Loi canadienne sur la santé (LCS) qui repose sur cinq grands principes, notamment celui de l’accessibilité. Ce dernier stipule que l’accès ne peut être restreint directement ou indirectement par des frais modérateurs, une surfacturation ou d’autres moyens (discrimination fondée sur l’âge, l’état de santé, ou la situation financière). Dans le cas qui nous occupe, ce principe n’est pas respecté; les liens entre le paiement et l’accessibilité ont été mis en évidence tant dans le reportage de la Facture que dans l’article de La Presse. Pour sa part, la Loi de l’assurance maladie (LAM) est elle aussi on ne peut plus claire. Elle précise à l’article 22 alinéa 4 qu’un professionnel soumis à l’application de l’entente, entendre ici rémunéré par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), ne peut exiger ou recevoir pour un service assuré que la rémunération prévue à l’entente. De plus alinéa 9 du même article dit qu’il est interdit d’exiger ou de recevoir toute forme de paiement d’une personne assurée pour un service assuré rendu par un professionnel soumis à l’application d’une entente. Ainsi, il ne peut y avoir d’aucune manière un lien entre une rétribution financière ou autre donnée par les patients aux médecins, en échange de service, si ce dernier est rémunéré par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

    Comme le dit si bien Madame Marie-Claude Prémont, professeure de droit de la santé à l’ÉNAP, dans son entrevue à Pierre Graig, journaliste à l’émission la Facture: « Si ont veut changer les grands principes du système de santé, il faut le faire démocratiquement, pas par la bande, par des astuces, de façon détournée ou en niant la réalité ». En résumé, faisons les changements dans les règles de l’art, si c’est ce que l’on souhaite comme société, en modifiant le cadre législatif le régissant plutôt qu’en fermant les yeux.

    Deuxièmement, si les gens étaient informés que l’accès aux services médicaux n’est pas lié au fait d’être membre, croyez-vous que le membership serait suffisant pour maintenir la structure administrative des Coops de santé? La réponse est probablement non! Car si tel était le cas, il m’apparaît plausible de penser que la plupart des Coops de santé se verraient dans l’incapacité, faute de moyens financiers, de soutenir la partie administrative et locative pour les médecins et professionnels en place.

    Troisièmement, les frais inhérents aux cabinets privés (loyers, administration) semblent être problématiques puisque les médecins sont de plus en plus nombreux à choisir la structure coopérative. Il est possible que les médecins estiment désormais trop coûteux de faire vivre un cabinet privé, et ce, malgré le 30 % additionnel prévu dans la rémunération pour les actes réalisés en cabinet. Toutefois, la solution à ce problème ne doit pas résider dans la constitution de Coops de santé qui, par l’intermédiaire de part sociale et de contribution annuelle payées par les patients, permettent aux médecins de diminuer leurs frais de cabinet et ainsi d’augmenter leur rémunération. Je trouve tout à fait inadéquat que la facture soit refilée aux membres des Coops de santé. Il faut une solution plus large négociée entre le Ministère et les fédérations médicales.

    Cela dit, les situations mises en lumière, tant dans les Coops de santé que les clinques VIP ou exécutives au cours des dernières semaines, sont grandement liées à la pénurie d’omnipraticiens. Cette dernière favorise la surenchère et nous fait entrée dans une logique de marché régie par l’offre et la demande, où les occasions d’affaires sont grandes compte tenu de la rareté des ressources. Je crois que si le Québec comptait le nombre de médecins par population de certains pays, entre autres d’Amérique du Sud, ces situations seraient pratiquement inexistantes puisque les ressources médicales y sont abondantes. Malheureusement, cet aspect du problème ne peut être réglé à court terme, même si les facultés forment depuis quelques années plus de médecins.

     

    En résumé, si on souhaite conserver les principes régissant le système de santé actuel, assurons-nous qu’ils soient respectés sinon modifions le cadre législatif en conséquence. Adressons et réglons le problème de rémunération en cabinet privé enfin, continuons de faire connaître le modèle de pratique en Groupe de médecine de famille (GMF) qui répond au besoin de soutien des omnipraticiens par la collaboration avec le personnel infirmier et technique.

     

    RG

  • Mourir dans la dignité

    Mourir dans la dignité

    Actuellement au Québec il y a une consultation générale sur la question : «Mourir dans la dignité» qui suscite plusieurs réactions tant favorables que défavorables à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Ce questionnement de plus en plus insistant de la part de la population, de plusieurs Fédérations de médecins et d’associations a amené notre gouvernement à mettre sur pied cette consultation générale. Est-ce le rôle de notre gouvernement d’intervenir? Je ne peux qu’être favorable à l’implication de notre gouvernement face à cette épineuse question relative au droit de mourir. C’est un débat de société et notre société est gouvernée par un État de droit ou communément appelé principe de primauté du droit dont les institutions du législatif, de l’exécutif et du judiciaire en constituent son fondement. De plus, cet État de droit permet aux lois : 1- d’être connues (publiques), 2- personne ne peut y échapper, 3- elles doivent s’appliquer réellement et 4- la transgression de la loi doit entraîner des sanctions. (Source : Perspective Monde : État de droit)  

    Mort, suicide, douleur émotive et physique, souffrance, acharnement, fin de la vie… de sa vie. Voilà des mots qui font frémir la plupart d’entre nous. Plusieurs personnes évitent consciemment de discuter de la mort et même d’y songer. Ce n’est pas pour eux, c’est pour les autres. Cependant, il y a une certitude au moment même de notre naissance, c’est celle de notre mort. Pour certains, ce sera une mort naturelle, un accident, mais pour d’autres se sera la résultante d’une longue et douloureuse maladie. Je suis également persuadé que chacun de nous a déjà réfléchi sur sa mort. Nous souhaitons tous mourir de vieillesse durant notre sommeil sans avoir connu les souffrances de la maladie. Mais la vie n’est pas un film. Nous ne sommes pas le scénariste de ce film, mais bien l’acteur. La fin n’est pas écrite à l’avance et certaines personnes subiront les foudres de maladies graves ou dégénératives qui diminueront leur qualité de vie.

    Je crois que nous avons tous le droit de mourir dans la dignité. D’ailleurs les articles 1 et 4 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec stipule que : Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne, qu’il possède également la personnalité juridique et que toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation.

    Mon questionnement face à l’euthanasie et au suicide assisté m’amène à prendre position en faveur de l’euthanasie mais contre le suicide-assisté. Je considère qu’il y a une différence énorme entre ces deux actions. La définition de l’euthanasie que l’on retrouve à l’intérieur du document de consultation sur la question «Mourir dans la dignité» est la suivante : «Acte qui consiste à provoquer intentionnellement la mort d’autrui pour mettre fin à ses souffrances» alors que celle du suicide assisté est : «Fait d’aider quelqu’un à se donner volontairement la mort en lui fournissant les moyens de se suicider ou de l’information sur la façon de procéder, ou les deux». Je suis contre le suicide assisté, car je considère que cet acte amènera des débordements dans son interprétation. Comment justifier ou prouver qu’un individu s’est suicidé suite à de l’information reçue sur la façon de procéder. Serait-il probable que cet individu soit victime d’un homicide et que l’on veuille camoufler cet acte. Selon moi, il serait difficile d’encadrer ce type d’action. Par contre, je suis en faveur de l’euthanasie, mais à  plusieurs conditions. Nous vivons dans un État de droit qui permet à notre système d’établir des lois strictes pour tous. Cet acte, qu’est l’euthanasie doit nécessairement être encadré par des équipes multidisciplinaires qui auront pour tâches d’évaluer les demandes. Malgré le fait que chaque cas est différent, les demandes devront répondre à certains critères qui se retrouvent dans le document de consultation «Mourir dans la dignité». En voici quelques exemples : la personne souffre d’une maladie grave et incurable, elle est informée et elle fait sa demande librement, elle fait une demande écrite, les médecins ont un rôle à jouer, allant de la prescription de médicaments létaux jusqu’à leur administration. Les personnes aidantes ou possédant un mandat en cas d’inaptitude pour leurs proches devront également être soumis à des critères très strictes. 

    Par cette commission spéciale de l’assemblée nationale du Québec sur la question de «Mourir dans la dignité», nous nous questionnons sur l’euthanasie et le suicide assisté. Actuellement, dans nos hôpitaux et dans nos centres de soins de longue durée, n’est-ce pas une forme d’euthanasie déguisée que l’on pratique sur les patients en phase terminale! L’aspect médical a laissé place à l’apaisement de la douleur par l’administration de morphine. Puis l’augmentation de cette substance à forte dose amène inévitablement à la mort. N’est-ce pas un exemple d’euthanasie?  

    De plus, je suis en droit de me poser les questions suivantes : est-ce que les personnes ayant vécu de près la souffrance d’un être cher avant sa mort sont plus susceptibles de considérer l’euthanasie ou le suicide assisté comme un acte de compassion ou de solidarité humaine? Est-ce utopique de penser que le fait de vivre dans un pays développé dont les conditions de vie sont excellentes, dont la recherche et l’avancement médical sont importants nous amène à espérer trouver des remèdes pour chacune des maladies incurables? Est-ce que la religion joue un grand rôle dans l’opinion des gens face à l’euthanasie ou le suicide assisté? Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais je veux simplement amener les lecteurs à réfléchir également aux facteurs qui guident notre opinion et nos décisions face au libre choix de mourir. 

    Avant de terminer, j’aimerais partager les douze dernières années de vie d’une tante. Au cours de l’année 1995, elle consulte un médecin pour ses pertes de mémoire. Quelques semaines plus tard, le verdict tombe : Alzheimer. Au cours des dernières années de sa vie, elle est devenue aveugle, ne pouvait plus marcher et se nourrir seule. En 2002, elle est admise dans un centre de traitement de longue durée. Pendant les cinq dernières années de sa vie, elle semblait n’avoir plus conscience de la réalité. Lors de nos visites, elle n’avait plus aucune réaction. Son corps était présent, mais son «moi» ne semblais plus exister. Son existence se limitait à son lit et à sa chaise. Elle était déplacée, bien entendu par un aide-soignant. Pour ses proches, elle ne souffrait probablement pas, mais ils étaient tous d’accord qu’elle n’avait plus de qualité de vie et que sa dignité humaine était bafouée.       

    Finalement, une personne atteinte d’une maladie grave sans possibilité de guérison, ni d’apaisement de la douleur ou atteinte d’une maladie dégénérative a le droit de choisir le moment de sa mort. Elle a le droit à sa dignité et c’est son choix.

    Stéphane Castilloux

    Étudiant à la Maîtrise

    ÉNAP

  • Pour ou contre: Nos impôts servent à financer la procréation assistée?

    Par Anouk Racette

    ENP-7505 (cours du mardi 18h- session automne 2010)

    En août 2010, le ministre Bolduc annonce le lancement de son programme pour financer la procréation assistée dans le régime centralisé de l’assurance maladie.  Le programme comprend le remboursement des activités médicales, des médicaments liés à l’insémination artificielle et trois (3) cycles de fécondation in vitro.  Ce programme prend ses racines dans la loi sur les activités cliniques et de recherche en matière de procréation assistée et les deux (2)  règlements encadrant ces services.

     

    L’objectif avoué de ce programme est de réglementer afin de mettre en place de meilleures pratiques et de diminuer le nombre de grossesse à bébé multiple.  Ces dernières entraînant, au Québec, des frais importants dus à l’hospitalisation, les soins postnataux et l’invalidité à long terme des bébés de petits poids imputables à ces grossesses.  En effet, 50% des grossesses in vitro aboutisse à des grossesses à bébé multiple.  En Suède, un programme similaire a permis de réduire les grossesses multiples à 5%.  Dans les 25 pays qui ont adopté des programmes similaires, force est de constater que ce genre de programme semble efficace.

     

    La mise en place de ce programme est clairement un choix politique et social.  À aucun endroit dans la charte canadienne des droits et libertés, ou dans la charte québécoise, on ne retrouve une référence au droit à avoir des enfants mais au Québec les enfants sont une valeur,  à défaut d’être constitutionnelle, disons sociale. Ce programme a pu voir le jour car le gouvernement a accepté de reconnaître l’infertilité comme une maladie (comme l’avait déjà fait l’OMS en 2006).  Des milliers de couple québécois veulent des enfants mais sont incapables de se reproduire. Devant ce constat, et les manifestations en faveur de l’intervention de l’état, l’état est intervenu.

     

    En adoptant ce programme, le gouvernement prend une position ferme pour la natalité au Québec (cette mesure s’inscrit dans la lignée des programmes tels que le congé parental depuis janvier 2006, les garderies à 5$ en 1997 puis 7$, …).  Bien que le choix d’avoir des enfants est un choix personnel, les groupes d’intérêt ont prôné que si plusieurs personnes avaient le même problème (au Québec 1 personne sur 8 soufrerait d’infertilité) et que le gouvernement pouvait agir, en vertu du principe d’équité, le gouvernement peut légiférer pour aider ce groupe dans leur demande, voir s’assurer que les soins fournis à travers la province soient harmonisés et ce, à des coûts comparables.  D’autre part, dans un état où la population veut un meilleur équilibre, ou partage des richesses, il n’est pas surprenant que le gouvernement intervienne dans des sphères traditionnellement sous juridiction du privé.

     

    Comme toute décision en administration publique elle est soumise à la critique de la population.  Dans notre état de droit tous ont la « liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication » d’où les pages noircies par la passion que cette décision a soulevée.

     

    Les opposants à cette législation s’appuieront sur deux principes de base soit la capacité, ou l’incapacité, de l’état à payer et le caractère universel de la législation déposée.  La majorité des citoyens ne peuvent être contre une mesure de santé publique, tant pour les mères que pour les enfants à venir mais, ne peut-on pas simplement réglementer sans financer?  L’état québécois a de ressources limitées, des besoins grandissants dans les CHSLD, dans les urgences pour ne nommer que ces deux derniers.  Pourquoi ne pas s’occuper des québécois existants plutôt que d’en ajouter?  Ce programme coûtera 25 millions la première année et jusqu’à 80 millions à terme en 2012.

     

    D’autre part, pourquoi appliquer universellement ce programme? Certains citoyens ont les moyens de payer, ils pourraient payer.  D’autres veulent des enfants mais ne vivent pas selon les conditions naturelles pour se reproduire.  Pourquoi l’état devrait-il payer pour les gais, les femmes monoparentales ou les femmes qui sont à la porte de la ménopause?  Les couples composés d’individus de 18 à 40 ans, seraient plus susceptibles d’être concernée par la “maladie” de l’infertilité.  D’autre part, en lien avec les quotas, une sélection restrictive diminuerait probablement les listes d’attente qui seront inévitables avec l’arrivée de ce programme.

     

    À l’opposé, les partisans défendront que ces nouveaux enfants, provenant de toutes les classes sociales, fourniront 1400 nouveaux contribuables.  Ils considèrent l’importance du besoin humain basé sur des principes sociaux à défaut de légaux.  Ils considèrent que le financement diminue le stress, la frustration, la dépression, les malaises physiques ainsi que le déséquilibre des individus et des couples qui entament une démarche pour enfanter mais qui vivent la déception entraînée par l’échec du plan de vie.  Sans s’opposer au concept de la capacité de l’état à payer, ces derniers diront qu’il faut continuer d’investir dans les enfants au Québec si on veut ralentir la tendance de notre courbe démographique inversée. D’autre part, ils rappellent que des quotas sont imposés pour chaque année contrôlant les coûts associés à ce programme.

     

    Sur la base des éléments mentionnés précédemment, je suis obligée d’admettre que ce programme n’augure pas une rentabilité financière digne d’une grande entreprise même si, d’après les prévisions, les économies en soins périnataux devraient compenser les coûts du programme.  Heureusement pour le Québec, les décisions en administration publique ne sont pas essentiellement prises en fonction de la rentabilité et du profit.  L’administration publique se préoccupe des intérêts de la société et des générations futures. 

     

    En contre partie, les dépenses doivent être approuvées et conformes aux ententes préétablies.  Le ministre de la santé est imputable des dépenses de ce programme. Les dépenses associées à ce programme deviennent des dépenses actives avec des objectifs sociaux pour remédier aux inégalités, pour soutenir tous les québécois qui veulent des enfants.  D’autre part, la réponse à la préoccupation en lien avec l’universalité trouve son fondement en partie dans les principes de la Loi Canadienne sur la santé.  En effet, en plus de la gestion publique, de l’intégralité, de l’accessibilité et de la transférabilité, le régime québécois, pour être subventionné, doit également être universel.  Ce principe peut être contesté mais, dans les faits, il est incontournable s’il n’y a pas de contre-indication médicale.  D’autre part, la charte québécoise des droits et libertés garantie l’égalité.  Bien qu’elle ne soit pas constitutionnelle (contrairement à la charte canadienne), elle fait partie des lois constituantes de l’état québécois. 

     

    Finalement, je conclurai en rappelant que l’administration publique est au-delà de la science, il comprend une part artistique.  Lorsqu’il y  a des besoins qui émergent et que l’état a la volonté d’aller dans une direction, de répondre à ce besoin, l’état peut innover en se basant sur différents modèles. 

     

  • PAS ENCORE ASSEZ DE « SUPERS INFIRMIÈRES » DANS LE SYSTÈME DE SANTÉ QUÉBÉCOIS : ANALYSE À PARTIR DES PRINCIPES ET ENJEUX DE L’ADMINISTRATION PUBIQUE

     

     PAS ENCORE ASSEZ DE « SUPERS INFIRMIÈRES » DANS LE SYSTÈME DE SANTÉ QUÉBÉCOIS : ANALYSE À PARTIR DES PRINCIPES ET ENJEUX DE L’ADMINISTRATION PUBIQUE

     

    Quels enjeux de l’Administration Publique (A.P.) interviennent dans l’implantation de « supers infirmières » ou infirmières praticiennes spécialisées (IPS) dans le système de santé québécois? L’analyse en cinq points :

    -          les principes fondamentaux du système public de santé et services sociaux au Canada;

    -          le caractère « public » du système de santé québécois;

    -          la composition complexe de l’A.P.;

    -          les relations entre le politique et l’administratif;

    -          les processus budgétaires.

     

    Les IPS aident à rencontrer de façon plus efficace un des principes fondamentaux de la « Loi canadienne sur la santé » : l’accessibilité. Ce principe fait référence à « l’accès raisonnable aux services hospitaliers et médicaux médicalement nécessaires pour les personnes assurées […] ». Dans différentes régions du Québec, on se rend compte que la notion de délai raisonnable est très élastique… Alors pourquoi n’avons-nous pas encore d’IPS?

    Une chose que je retiendrai de ce cours de Principes et enjeux de l’Administration Publique est que « TOUT DOIT Y ÊTRE APPROUVÉ…» (Trudel, 2010).

    Cependant, accomplir cela est extrêmement complexe dans le secteur public à cause de la multiplicité des parties prenantes. Dans le cas des IPS, le législatif a joué son rôle en adaptant les lois régissant le champ de pratique de cette nouvelle catégorie de professionnels (article 36 du projet de loi 90 sur le code des professions dans le domaine de la santé). L’exécutif s’attarde, depuis au moins 5 ans maintenant à trouver les moyens de financer leur formation et leur arrivée dans le système de santé.  Il doit en plus gérer les intérêts (ou le manque d’intérêt) de différents groupes impliqués (OIIQ, Collège de Médecins, différentes universités, etc.) Tout cela est un exercice exhaustif et complexe relié au fait que l’A.P. doit tenir compte de divers organismes influençant distinctement l’exécutif.

    Même si, en théorie, les fonctionnaires de l’État ne sont pas toujours tenus « d’obéir » à leurs supérieurs de l’Exécutif, en pratique, cela est parfois difficile à croire. Le technocrate est souvent un expert dans son domaine et c’est par sa compétence qu’il exerce son autorité (Trudel, 2010). Par exemple, même si de par son évaluation d’expert, ce dernier est convaincu de l’importance de l’intégration des IPS au système de santé, il ne peut que conseiller les acteurs politiques et attendant que ces derniers lui donnent le feu vert. En ce sens, les fonctionnaires de l’État sont tenus « d’obéir » à leurs supérieurs de l’exécutif. Cet assujettissement ralenti considérablement le dossier des IPS. Mme Desrosiers, présidente de l’Ordre de Infirmières et Infirmiers du Québec (OIIQ) illustre mes propos :

    «Tout le monde convient pourtant que l'IPS est une solution importante aux problèmes que connaît la première ligne, fait valoir Mme Desrosiers. Partout où elles exercent, [ces infirmières] font une différence notable sur les délais d'attente et sur l'accès aux soins de santé.» Selon les projections du ministère de la Santé, 500 IPS permettraient à près d'un demi-million de personnes d'avoir accès à des services de première ligne. » (Le Devoir, mars 2010)

    Si le gouvernement a reçu l’avis de poids de ses technocrates, où bloque-t-il encore? Une  fois de plus, selon Mme Desrosiers : « Le problème des IPS est en effet double. Non seulement Québec [le gouvernement] ne finance pas leur formation, mais il tarde à financer des postes pour les accueillir » (Le Devoir, mars 2010). Donc il serait adéquat de dire que le budget et les finances publique est un contrepoids considérable dans le dossier des IPS.

     

    En somme, il est dommage que le travail des administrateurs du système de santé québécois ne puisse pas user d’un atout supplémentaire, d’efficacité prouvée dans d’autres systèmes de santé canadiens, pour régler le problème criant d’amélioration de l’efficacité d’accès aux soins de santé. L’A.P. possède les compétences pour la phase de renseignement et la mise en place de politiques publiques. Le travail des technocrates et bureaucrates est déterminé par la rigueur et  la neutralité qu’ils mettent dans l’accomplissement de ces fonctions. Les politiciens doivent tenter d’arrimer les différentes composantes et les différentes parties prenantes pour arriver à une solution convenable. Cette façon de faire est légitime au régime démocratique d’un État de droit. Mais il serait pertinent de s’intéresser aux conséquences de l’inertie quelle engendre dans le système public. Devrait-on redéfinir l’interdépendance de l’administration et du politique?

    En attendant, plusieurs malades attendent dans les urgences du Québec.

     

     Moi

    SOURCES

     

    -          http://www.ledevoir.com/societe/sante/285130/superinfirmieres-rien-ne-va-plus

    -          http://www.ledevoir.com/societe/sante/285130/superinfirmieres-rien-ne-va-plus

    -          Notes de cours du cours Principes et enjeux de l’Administration Publique, par M. Rémy TRUDEL, ENAP, automne 2010.

     

     

  • Les mesures d'équité à l'embauche pour les minorités visibles

    Par Elsa Mouana - ENP7505 - Mardi soir 

      Le gouvernement fédéral a adopté la Loi sur l’équité en matière d’emploi en 1986. Presque une décennie plus tard, elle a été remplacée par la nouvelle Loi sur l’équité en matière d’emploi de 1995 visant à :

    • corriger les désavantages subis, dans le domaine de l’emploi, par les quatre groupes désignés, soit les Autochtones, les femmes, les personnes handicapées et les membres des minorités visibles;
    • appliquer le principe selon lequel l’équité en matière d’emploi requiert, outre un traitement identique des personnes, des mesures spéciales et des aménagements adaptés aux différences. 

      En 2000, le gouvernement du Québec a enchaîné le pas en mettant sur pied la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics. À ce sujet et selon le ministère des ressources humaines et du développement social du Canada, certains progrès ont été accomplis entre 1987 et 2000 en ce qui concerne l’équité à l’embauche pour les minorités visibles :

     « En 1999, les minorités visibles ont obtenu 10,7% de l’embauche, comparativement à leur taux de disponibilité de 10,3% et 14,1% des promotions, comparativement à leur taux de représentation de 10,5%. En 1987, elles avaient bénéficié de 4,8% de l’embauche et de 7,3% des promotions. [1] »

       L’aspect qui nous préoccupe plus particulièrement est celui des mesures d’équité à l’embauche, spécifiquement auprès des personnes issues des communautés culturelles, puisqu’il s’agit d’une étape cruciale pour réussir l’accès à l’emploi. D’ailleurs, dès 1975, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec condamnait à l’article 10 toute discrimination fondée sur la race, la couleur (…) et les articles 16, 18 et 18.1 réfèrent à l’embauche et à certaines étapes du processus telles que : la réception, la classification et le traitement d’une demande d’emploi (a. 18) ainsi qu’à l’information demandée dans un formulaire d’emploi ou lors d’une entrevue. On peut donc facilement comprendre pourquoi ces étapes font l’objet d’une attention particulière chez la plupart des employeurs soucieux de se conformer aux lois et d’être et de demeurer des employeurs équitables.

       En 1997, dans une étude de la fonction publique, intitulée Les minorités visibles et la fonction publique du Canada, le sociologue ontarien John Samuels démontrait que les groupes de minorités visibles étaient confrontés à de nombreux obstacles lors du processus de recrutement. Il met en évidence certains aspects du système de dotation qui constituent une barrière pour les candidats des minorités visibles lors du processus d'embauche. Il parle notamment des méthodes d'embauche inflexibles, des processus « manipulées en faveur de candidats présélectionnes », des préjuges « culturels » lors du processus de sélection et de la déresponsabilisation dans le processus d’équité en matière d'emploi. Il conclue que le taux d'embauche des minorités visibles au gouvernement fédéral était inférieur à celui des entreprises privées.

      Une étude datant de janvier 2004, réalisée par la Direction de la population et de la recherche au Ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration, a mis en lumière les difficultés éprouvées par les immigrants pour trouver du travail dont une attitude négative par rapport au fait d’être immigrant pour 21 % des répondants ou relative à l’origine pour 19 %. Par ailleurs, 40 % des répondants originaires de l’Afrique hors Maghreb ont expérimenté, lors de leurs démarches de recherche d’emploi, des difficultés liées à leur origine ou au fait d’être immigrants, une proportion deux fois supérieure à la moyenne de l’ensemble des répondants.

      Récemment, la publication des chiffres du dernier recensement par Statistique Canada est venue relancer le débat et tout particulièrement au sein de la communauté maghrébine. En effet, alors que le Québec affiche un taux de chômage de 7 %, celui-ci grimpe à près de 28 % chez les immigrants maghrébins, 20 % pour les personnes issues d’Afrique noire et à 17,8 % pour la communauté haïtienne. Les recherches de nature qualitative comme quantitative semblent donc refléter la réalité dont on peut être observateur au quotidien, celle de la discrimination en matière d’emplois, bien souvent basée sur une peur de la différence car incomprise.

      Parmi les programmes mises en place par la fonction publique canadienne, on compte le Programme fédéral de soutien aux organismes volontaires (1978) conçu pour l’industrie privée et qui a été étendu un an plus tard (1979) aux entreprises publiques et aux organismes ayant une relation d'affaires avec le gouvernement. En 1983, ce programme était entièrement établi dans tous les ministères de la fonction publique. La même année, la juge Rosalie Abella met sur pied une commission d'enquête pour analyser la problématique de l'égalité des chances en emploi. En novembre 1984, dans son rapport nommé Égalité en matière d'emploi, la juge Abella note que « l’équité en matière d'emploi est une stratégie conçue pour effacer les effet actuels et résiduels des actes de discrimination et pour rendre équitable la concurrence pour les possibilités d'emploi pour ceux et celles qui ont été arbitrairement exclus ».

      Par ailleurs, la Commission de la fonction publique (CFP) du Canada s’est vue attribuée la responsabilité de créer un système de nomination impartial et exempt d’obstacles afin d’assurer la prise de mesure d’adaptation pour les personnes participant à un processus de nomination. De fait, « la Loi canadienne sur les droits de la personnes établit, en partie, le principe de l’égalité des chances et elle interdit les pratiques d’emploi discriminatoires fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur de la peau (…). » Ainsi, « elle décrit les obligations juridiques par rapport à l’obligation de prendre des mesures d’adaptation – jusqu’au point d’une contrainte excessive et elle autorise l’établissement de programmes spéciaux pour réduire les désavantages.[2] »

      Une autre initiative de la CFP fut son partenariat avec le Groupe de travail sur la participation des minorités visibles dans la fonction publique fédérale. Cette association a permis l’élaboration d’un plan d’action intitulé Faire place au changement. En effet, depuis l’approbation de ce dernier par le Gouvernement du Canada en 2000, la CFP a contribué au recrutement à la fonction publique fédérale de plus de 4 000 personnes issues des groupes de minorités visibles. Avant l’accomplissement de celui-ci, les nominations des membres de minorités visibles à la fonction publique s’établissaient à 6,4 %. En 2000-2001, ce pourcentage s’est fixé à 8,3 % alors qu’en 2001-2002, l’on comptait 10,3 % de minorités visibles dans la fonction publique fédérale.

      Toutefois, même si la CFP a identifié des pratiques exemplaires dès l’an 2000, elle a rapidement réexaminé la gestion des pouvoirs de recrutement et de dotation en matière d’équité en emploi dans la fonction publique au début de l’année 2003. Elle a soulevé, entre autres :

    §      un manque de souplesse pour répondre aux changements démographiques dans la société canadienne et aux initiatives comme Faire place au changement ;

    §      la nécessité d’une interprétation plus large de la « sous-représentation » à la base de l’utilisation et de l’application des programmes d’équité en emploi ; et

    §      la nécessité de renforcer la Loi sur l’équité en matière d’emploi.

      De toute évidence, l’absence d’un cadre comportant des principes directeurs n’a pas  permis à la CFP de combler les écarts souhaités. Le Cadre pour les programmes d’équité en emploi accède justement à l’atténuation des écarts grâce aux critères suivants :

    1.      le programme d’équité en emploi doit faire avancer l’égalité ;

     2.      le programme d’équité en emploi doit corriger un désavantage authentique ;

    3.      le programme d’équité en emploi doit être proportionnel au degré de sous-représentation ou au désavantage ;

    4.      les incidences du programme sur des tiers, comme des membres de groupes non désignés, doivent être prises en considération ; et

    5.      les programmes d’équité en emploi sont temporaires et leur nécessité doit être examinée périodiquement.

       À ce sujet, l’Initiative d’intégration de l’équité en emploi (IIÉE) mise justement sur la mise en œuvre de politiques et de pratiques positives dans les systèmes de recrutement ainsi que de l’acquittement des autres obligations de l’employeur, comme la détermination d’obstacles à l’emploi et les mesures d’adaptation, tel que stipulé dans la Loi sur l’équité en matière d’emploi. Donc en pratique, IIÉE concentre ses efforts sur le recrutement, compte tenu de la situation actuelle de la dotation dans la fonction publique fédérale.

      Dans un autre ordre d’idées, Joseph Facal, président en 2003 du Conseil du Trésor et ministre responsable de l'administration et de la fonction publique du gouvernement du Québec, déclarait: «  Si nous souhaitons une fonction publique représentative de l’ensemble des personnes qui composent le Québec aujourd’hui, il reste beaucoup de travail à faire… Il faut sensibiliser les gestionnaires du gouvernement qui font preuve d'une sensibilité insuffisante envers la diversité ». (Le Devoir, 25 février 2003). Cette « insensibilité » envers les minorités culturelles se retrouve même dans les milieux de travail syndicalisés, car les syndicats se voient obligés de protéger les droits acquis par leurs membres historiques soit les Québécois de souche. Pour réduire l’exclusion des minorités culturelles dans le monde du travail, le vrai défi est celui de convaincre les majorités dominantes de vraiment appliquer les programmes d'accès à l'égalité existant pour ainsi répondre à la diversité culturelle et ethnique du Québec.

      Le rapport de Condition féminine Canada (1998 : 69) signale que « Les immigrantes se heurtent à d'importants obstacles qui entravent leur accès à l’emploi et leurs possibilités d'avancement. Des études menées tant en français qu’en anglais ont souligné que les immigrantes doivent composer avec de multiples niveaux de discrimination en raison […] de leur « race » ou de leur « origine ethnique ». Ces éléments de freinage à l’insertion professionnelle interviennent indépendamment du « profil sociodémographiques » des femmes immigrées, car même les jeunes très scolarisées sont victimes d'inégalité, injustice et précarité. Résultent ainsi leur situation précaire et le retardement dans l'intégration sociale et culturelle, car elles ne peuvent pas profiter « des différentes conditions facilitateurs du milieu du travail comme microcosme symbolique des […] valeurs  de la société d'accueil » (Jacob et Blais, 1992; Bernier, 1993).  

      Selon le recensement de 1996, 17% des Canadiennes des minorités visibles détenaient un diplôme universitaire en comparaison de seulement 12% des autres Canadiennes. Pourtant, seulement 15% des premières étaient sans emploi contre 9% des secondes. Comme le souligne un rapport de l'Institut canadien de recherche sur les femmes, Vivre le racisme au féminin, le racisme des employeurs soulève de gros problèmes à cet égard, car la majorité d'entre eux porte un jugement erroné et préconçu envers les immigrantes, en tenant compte de leur couleur, leurs habitudes de travail, leurs aptitudes et compétences et leur capacité d'intégration. Cette situation persiste même si ces femmes sont surqualifiées pour les postes occupés et même dans le cas d'un emploi mal rémunéré.

    Références dans le texte :

    [1] Source: Site Internet, Ministère des resources humaines et du développemnt social du Canada. L’équité d’emploi au Canada et progrès accomplis ente 1987 et 1999.

    [2] Commission de la fonction publique du Canada, Le rôle de la CFP dans l’équité en emploi, http://www.psc-cfp.gc.ca/ee/role_f.htm

    Références bibliographiques :

    Équité en milieu de Travail pour les Autochtones et les Groupes de minorités visibles – préparé par Le groupe de la politique, des rapports et de l'élaboration des données, Normes de travail et équité en milieu de travail et Ressources humaines et Développement des compétences Canada, juin 2004.

    JACOB, A., et D. BLAIS, 1992. Les réfugiés, tout un monde. Recension des écrits sur les politiques, programmes et services aux réfugiés. Montréal, Université du Québec à Montréal.

    Références webographiques :

    BOURQUE, O., Chômage des Maghrébins: «Une honte pour le Québec» http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20080328/LAINFORMER/80328167 

    Cadre pour les programmes d’équité en emploi – Commission de la fonction publique du Canada : http://www.psccfp.gc.ca/ee/framework/framework_f.htm

    Commission de la fonction publique du Canada, Le rôle de la CFP dans l’équité en emploi http://www.psc-cfp.gc.ca/ee/role_f.htm

    Faire place au changement et la Commission de la fonction publique (CFP)  http://www.psc-cfp.gc.ca/ee/ec-fact_f.htm

     

    GODIN J-F., sous la supervision de Gérard Pinsonneault, (Janvier 2004), L’insertion en emploi des travailleurs admis au Québec en vertu de la grille de sélection de 1996, Direction de la population et de la recherche, Ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration.BERNIER, D. 1993. Le stress des réfugiés et ses implications pour la pratique et la formation, Service social, 42, 1: 88-99.

    Initiative d’intégration de l’équité en emploi – Commission de la fonction publique fédérale du Canada 

    http://www.psc-cfp.gc.ca/ee/eemi_f.htm

    Profil de carrière et représentation des groupes désignés – Commission de la fonction publique du Canada  : http://www.psc-cfp.gc.ca/ee/best_practices/docs/irb-02_f.htm