Mourir dans la dignité
Mourir dans la dignité
Actuellement au Québec il y a une consultation générale sur la question : «Mourir dans la dignité» qui suscite plusieurs réactions tant favorables que défavorables à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Ce questionnement de plus en plus insistant de la part de la population, de plusieurs Fédérations de médecins et d’associations a amené notre gouvernement à mettre sur pied cette consultation générale. Est-ce le rôle de notre gouvernement d’intervenir? Je ne peux qu’être favorable à l’implication de notre gouvernement face à cette épineuse question relative au droit de mourir. C’est un débat de société et notre société est gouvernée par un État de droit ou communément appelé principe de primauté du droit dont les institutions du législatif, de l’exécutif et du judiciaire en constituent son fondement. De plus, cet État de droit permet aux lois : 1- d’être connues (publiques), 2- personne ne peut y échapper, 3- elles doivent s’appliquer réellement et 4- la transgression de la loi doit entraîner des sanctions. (Source : Perspective Monde : État de droit)
Mort, suicide, douleur émotive et physique, souffrance, acharnement, fin de la vie… de sa vie. Voilà des mots qui font frémir la plupart d’entre nous. Plusieurs personnes évitent consciemment de discuter de la mort et même d’y songer. Ce n’est pas pour eux, c’est pour les autres. Cependant, il y a une certitude au moment même de notre naissance, c’est celle de notre mort. Pour certains, ce sera une mort naturelle, un accident, mais pour d’autres se sera la résultante d’une longue et douloureuse maladie. Je suis également persuadé que chacun de nous a déjà réfléchi sur sa mort. Nous souhaitons tous mourir de vieillesse durant notre sommeil sans avoir connu les souffrances de la maladie. Mais la vie n’est pas un film. Nous ne sommes pas le scénariste de ce film, mais bien l’acteur. La fin n’est pas écrite à l’avance et certaines personnes subiront les foudres de maladies graves ou dégénératives qui diminueront leur qualité de vie.
Je crois que nous avons tous le droit de mourir dans la dignité. D’ailleurs les articles 1 et 4 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec stipule que : Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne, qu’il possède également la personnalité juridique et que toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation.
Mon questionnement face à l’euthanasie et au suicide assisté m’amène à prendre position en faveur de l’euthanasie mais contre le suicide-assisté. Je considère qu’il y a une différence énorme entre ces deux actions. La définition de l’euthanasie que l’on retrouve à l’intérieur du document de consultation sur la question «Mourir dans la dignité» est la suivante : «Acte qui consiste à provoquer intentionnellement la mort d’autrui pour mettre fin à ses souffrances» alors que celle du suicide assisté est : «Fait d’aider quelqu’un à se donner volontairement la mort en lui fournissant les moyens de se suicider ou de l’information sur la façon de procéder, ou les deux». Je suis contre le suicide assisté, car je considère que cet acte amènera des débordements dans son interprétation. Comment justifier ou prouver qu’un individu s’est suicidé suite à de l’information reçue sur la façon de procéder. Serait-il probable que cet individu soit victime d’un homicide et que l’on veuille camoufler cet acte. Selon moi, il serait difficile d’encadrer ce type d’action. Par contre, je suis en faveur de l’euthanasie, mais à plusieurs conditions. Nous vivons dans un État de droit qui permet à notre système d’établir des lois strictes pour tous. Cet acte, qu’est l’euthanasie doit nécessairement être encadré par des équipes multidisciplinaires qui auront pour tâches d’évaluer les demandes. Malgré le fait que chaque cas est différent, les demandes devront répondre à certains critères qui se retrouvent dans le document de consultation «Mourir dans la dignité». En voici quelques exemples : la personne souffre d’une maladie grave et incurable, elle est informée et elle fait sa demande librement, elle fait une demande écrite, les médecins ont un rôle à jouer, allant de la prescription de médicaments létaux jusqu’à leur administration. Les personnes aidantes ou possédant un mandat en cas d’inaptitude pour leurs proches devront également être soumis à des critères très strictes.
Par cette commission spéciale de l’assemblée nationale du Québec sur la question de «Mourir dans la dignité», nous nous questionnons sur l’euthanasie et le suicide assisté. Actuellement, dans nos hôpitaux et dans nos centres de soins de longue durée, n’est-ce pas une forme d’euthanasie déguisée que l’on pratique sur les patients en phase terminale! L’aspect médical a laissé place à l’apaisement de la douleur par l’administration de morphine. Puis l’augmentation de cette substance à forte dose amène inévitablement à la mort. N’est-ce pas un exemple d’euthanasie?
De plus, je suis en droit de me poser les questions suivantes : est-ce que les personnes ayant vécu de près la souffrance d’un être cher avant sa mort sont plus susceptibles de considérer l’euthanasie ou le suicide assisté comme un acte de compassion ou de solidarité humaine? Est-ce utopique de penser que le fait de vivre dans un pays développé dont les conditions de vie sont excellentes, dont la recherche et l’avancement médical sont importants nous amène à espérer trouver des remèdes pour chacune des maladies incurables? Est-ce que la religion joue un grand rôle dans l’opinion des gens face à l’euthanasie ou le suicide assisté? Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais je veux simplement amener les lecteurs à réfléchir également aux facteurs qui guident notre opinion et nos décisions face au libre choix de mourir.
Avant de terminer, j’aimerais partager les douze dernières années de vie d’une tante. Au cours de l’année 1995, elle consulte un médecin pour ses pertes de mémoire. Quelques semaines plus tard, le verdict tombe : Alzheimer. Au cours des dernières années de sa vie, elle est devenue aveugle, ne pouvait plus marcher et se nourrir seule. En 2002, elle est admise dans un centre de traitement de longue durée. Pendant les cinq dernières années de sa vie, elle semblait n’avoir plus conscience de la réalité. Lors de nos visites, elle n’avait plus aucune réaction. Son corps était présent, mais son «moi» ne semblais plus exister. Son existence se limitait à son lit et à sa chaise. Elle était déplacée, bien entendu par un aide-soignant. Pour ses proches, elle ne souffrait probablement pas, mais ils étaient tous d’accord qu’elle n’avait plus de qualité de vie et que sa dignité humaine était bafouée.
Finalement, une personne atteinte d’une maladie grave sans possibilité de guérison, ni d’apaisement de la douleur ou atteinte d’une maladie dégénérative a le droit de choisir le moment de sa mort. Elle a le droit à sa dignité et c’est son choix.
Stéphane Castilloux
Étudiant à la Maîtrise
ÉNAP
Commentaires
Merci pour cette belle reflexion sur la mort. C'est un sujet très sensible que tu as abordé car il intéresse plus d'un dans ce bas monde quand on sait que tout le monde est appelé à partir un jour. Je me demande bien pourquoi ce débat sur la légalisation du suicide assisté ou l'euthénasie dans un état de droit? N'est-il pas inscrit noir sur blanc dans nos lois que la personne humaine est-elle sacrée? Alors pourquoi ce débat? On me repondra peut être pour dire que l'intention première est de mettre fin aux souffrances des malades. C'est probablement vrai, mais avant toute mort il n'ya t-il pas de la souffrance? pouvez- nous garantir les dérapages comme les homicides si cette loi est adoptée?Telles sont les interrogations que nous devons repondre avant même de penser à la réalisation de ce projet. Pour ma part, je pense que l'on cache la vérité, ce qui se passe en réalité c'est que les malades dont on parle sont devenus gênant pour leurs familles et pour le gouvernement. L'enjeu ici est bien de sauver quelques dollars au lieu de les consacrer à des personnes qui de toute manière ne survivront pas à la maladie. Mais il ne faut pas oublier que ces personnes ont servi plus ou moins la communauté et c'est maintenant le tour de cette communauté de les assister vers une belle mort. Si on est prêt à financer pour la fécondation in-vitro, il faudrait bien s'occuper des personnes qui vivent déjà jusqu'à ce que le créateur les rappelle.
Sujet très délicat. Après la vie il y a la mort, c’est ainsi. Tout le monde le sait, mais ce qui est bizarre c’est que personne ne veut mourir, tout le monde ou presque tiennent à la vie. En regardant un débat à la T.V à ce sujet, je me suis rendu compte que je ne m’étais pas vraiment poser la question auparavant. Probablement, parce que je me sens encore jeune pour mourir. Mais quand on y pense, on se rend compte qu’il faut avoir son opinion et sa position à ce sujet. Et si je tombais gravement malade ? Quel seraient mes volontés ? Est-ce que je demanderais à mon époux de débrancher les machines ? Est-ce que je demanderais que l’on m’injecte une dose mortelle ? Ou encore je tiendrais à la vie jusqu'à ce que je réussisse à partir toute seule ?….Faut-il interdire ou légiférer l’euthanasie ? ….Je ne suis pas capable de répondre, je ne sais pas quelle position prendre. Et je peux dire que c’est la première fois que cela m’arrive ! La vie est tellement chère !