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Pile ou Face?

 

Cette semaine, un jeune québécois de 23 ans a fait les manchettes pour avoir conquis le titre de champion des Séries mondiales de poker.

 

Les résultats de l’enquête sur la prévalence des jeux de hasard et d’argent (JHA) au Québec ont été rendus publics au même moment.  Les chercheures Sylvia Kairouz et Louise Nadeau ont démontré que 70% des québécois se sont adonnées aux JHA et près de 41000 sont des joueurs pathologiques [1].

 

Le portrait du jeu au Québec, dévoilé par cette enquête, donne un message clair à l’État : prudence.

 

Le jeu peut s’installer insidieusement dans la vie : achat de billets de loterie, soirée bingo, sortie au casino.  Le gain rapide, l’excitation suscitée, l’espoir de se refaire, le désir d’instantanéité (je veux tout, tout de suite) peuvent faire passer le jeu de simple divertissement à véritable enfer.

 

Loto-Québec lancera d’ici Noël sa version de jeux en ligne, canalisant ainsi l’offre de jeux et réduisant l’accès (ou l’intérêt à fréquenter) les quelques 2000 sites illégaux auxquels peuvent accéder les québécois.  Son objectif?  Optimiser les retombées économiques pour en faire profiter l’ensemble de la collectivité, en proposant une offre légale, compétitive et sécuritaire [2].

 

L’industrie du jeu est en pleine expansion, le contexte de consommation en évolution et Loto-Québec veut diversifier l’offre de ses produits en s’implantant dans un nouvel environnement : la plateforme informatique.  A-t-il cependant évalué objectivement les impacts?

D’accord, il est préférable que le gouvernement gère le jeu plutôt que ce soit des groupes criminalisés, surtout que « le jeu en ligne représente un potentiel de revenus annuels de 50 à 80 millions $ pour l’État » [3].  Cependant, des dangers peuvent être associés à ces activités : proximité du jeu (maison, travail), anonymat, continuité du jeu, etc.  Une facilité de jouer, un environnement où le jeu est accessible partout, à toute heure de la journée.  Un marché à taille exponentielle.  Où seront les repères pouvant rattacher à la réalité?  Évaporés, dilapidés comme les fortunes investies par les joueurs.

 

Loto-Québec agit-il vraiment en bon père de famille?  Faire des affaires lucratives aux dépends des citoyens fragiles?  L’intégrité et la conscience de la Société d’État sont-elles hors de tout doute?    Les effets du jeu sont nombreux et trop souvent pervers.  Miser sur le jeu responsable où les règles sont établies, les mesures de prévention et de contrôle rigoureuses, sera-t-il suffisant?  Quels seront à long terme les impacts sur notre société?

Avions-nous réellement mesuré les coûts reliés aux traitements en soins de santé des fumeurs lorsque la législation prévoyait une taxe de vente sur les cigarettes?  Qu’en sera-t-il des retombées du jeu sur les dépenses qu’engagera l’État dans le décrochage scolaire, l’éclatement des familles, les dépendances associées (consommation abusive d’alcool ou de drogues), la prévention du suicide?

 

L’argent ne tombe pas du ciel et est rarement le fruit du hasard.  La prévention des problèmes reliés au jeu devrait être la priorité du gouvernement.  Néanmoins, accorder la possibilité  des jeux en ligne, supervisés et contrôlés par Loto-Québec, devra permettre à la société québécoise de bénéficier de réductions d’impôts, d’investir par le biais des commandites au soutien des arts et de la culture et à faire de la prévention et de l’intervention auprès des joueurs compulsifs plutôt que d’enrichir tous les casino.com.

 

Il ne faut pas que l’industrie du jeu virtuel devienne un système d’exploitation en ligne.

 

Que la fête commence, sous surveillance!  Téléchargez…

 

 

Nadia Chouinard

ENP 7505 (lundi soir)

 

 

[1]Résultats de l’enquête :

http//now.concordia.ca/for-media/docs/Rapport_detape_ENHJEU-QUEBEC-9-novembre-2010.pdf

 

[2]http://lotoquebec.com/corporatif/nav/a-propos-de-loto-quebec/que-fait-loto-quebec/jeu-en-ligne

 

[3]http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201011/12/01-4342284-un-pari-a-gagner.php

Commentaires

  • L'argument avancé par le gouvernement selon lequel la légalisation du jeu est préférable pour assurer que les profits entrent dans les coffres de l'État plutôt que dans les poches du crime organisé ne tient pas la route.

    Qu'en est-il alors de la prostitution? De la vente de drogues? L'État se fera-t-il "pimp" ou "pusher" pour couper l'herbe sous le pied du crime organisé? Poser la question, c'est y répondre.

    En ce qui a trait à la prostitution, des études récentes ont d'ailleurs démontré que la légalisation de celle-ci n'a pas pour effet de diminuer la criminalité qui l'entoure mais seulement (c'est quand même important) la violence à laquelle sont soumises les filles qui s'y adonnent (source article de La Presse suite au jugement de la Cour supérieure de l'Ontario rendant inconsitutionnel la disposition du Code criminel concernant les maisons de débauche).

    Comment le ministre de la santé et des services sociaux, à titre de défenseur de la santé physique et mentale des citoyens du Québec a-t-il pu laisser son collègue créer cette situation. Ce que l'État gagnera en empochant les gains du jeu, il le dépensera en services de toutes sortes, dont des services sociaux et des rentes d'orphelins.

    Pascale Berardino

  • J'ai bien peur en effet que de rendre le jeux légalement si accessible pour tous ne fasse qu'accentuer les dépendances pathologiques. De plus, j'ai l'impression qu'en jouant à la maison, les gens aient tendances à se renfermer davantage sur eux et soient moins porter de recourir à de l'aide si nécessaire.

    Bref, il me semble discutable que le gouvernement se fasse lui-même le promoteur du jeu en ligne et de effets pervers qui s'y rattachent.

  • Je comprends l'intérêt économique de cette entreprise publique. C'est un énorme marché.
    Je comprends aussi le besoin d'offrir à tout le monde une offre légale et sécurisée.
    Inquiet par les addictions et les problèmes financiers que cela peut engendrer, je serai attentif aux engagements que prendra Loto-Québec pour "prévenir et intervenir auprès des joueurs compulsifs". Des études sur le profil des joueurs ou joueuses qui accèdent à ces services en ligne seront instructives dans ce sens. Soyons vigilants!

  • Pile ou Face? Tant que la pièce tombe dans la province !

    Encore une fois, ce soir, je ne veux pas être polémiste, mais avant l'instauration d'un tel service par Loto Québec, les joueurs pathologiques jouaient déjà en ligne sur des jeux de hasard hors Québec. Pourquoi ne pas favoriser la rétention de cet argent dans la Belle province. De cette façon, nous pouvons garantir aux joueurs de ne pas se faire berner par des sites illégaux. Par le fait même, nous aurons aussi un meilleur contrôle sur les messages de prévention ou l'offre de services d'aide spécialisée destinés aux utilisateurs pathologiques.
    Nonobstant ce qui précède, quel message lance Loto Québec en guise de prévention ou de protection des joueurs en instaurant une limite maximale de 10 000$ de mise par semaine ?
    A vous de juger.
    Maxime – Principes et enjeux de l'administration publique (mardi soir)

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