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Canada ou tiers-monde?

Et bien, j’aurai tout vu. Allez faire un tour à la pharmacie la plus proche de chez vous : il y a bien des chances que vous ne trouverez plus de pénicilline. HEIN? Pas de marque originale, ni d’ersatz ou de générique. C’est «back order» en bon français. Oui, comme au tiers-monde, pas d’accès à cet antibiotique de base. Une pharmacienne bien avisée m’a conseillé de me faire des provisions si je pouvais en trouver car elle n’en a plus depuis un mois et n’en recevra pas avant mars 2011! Je dois avouer que l’idée m’a tenté de me faire un mini stock de réserve puisque j’ai un enfant qui doit prendre une dose prophylactique (en prévention) deux fois par jour pour au moins la prochaine année…

            On dit que quand les États-Unis toussent, le Canada attrape le virus pas longtemps après. La légende urbaine du sur-approvisionnement de médicament des américains dans la perspective de l’établissement de leur régime de santé public devient réelle. Et ce, même si M. Obama s’est fait administrer une gifle royale aux partielles la semaine dernière…

            Mon expérience vécue est mineure. Un antibiotique «de base» non-disponible… Que faire quand il s’agira des médicaments d’exception, déjà diffusés au compte-gouttes? Que faire quand des personnes âgées ou celles avec des troubles cardiaques ne pourront plus accéder à leur prescription de Coumadin? (Il n’y a pas de plan B avec ce médicament en passant, comme pour bien d’autres) Est-ce que l’ensemble de la population est informée et saura composer avec cette nouvelle pénurie?

Imaginez un peu la nouvelle perte de temps pour les médecins et les pharmaciens ainsi que la surcharge pour les infirmières et les labos du réseau… À chaque prescription «back order», on rappelle le médecin qui sera sans doute disponible pour planifier un nouveau traitement et ordonner de nouveaux tests; chaque médicament peut interagir avec les autres prescrits… on doit contrôler les bilans sanguins… Enfin, quelle anxiété pour ces patients qui sont souvent stabilisé par la chimie inaccessible de ces comprimés? Et l’approvisionnement des régions?

Et tout cela car nos belles compagnies pharmaceutiques nord-américaines ont décidé d’écouler leurs stocks plus vite chez Oncle Sam? Pour le profit immédiat? */$%?& de belle conscience sociale pour des compagnies dont les sites web vantent leurs implications à collaborer avec les réseaux de santé… leur vision d’être plus que des producteurs de médicaments… Ils doivent bien rire dans leur barbe… d’autant plus qu’ils viennent de rabrouer notre duo Bolduc-Charest quant à leurs idées de sabrer les coûts…

Vivre dans notre pays industrialisé vient avec la notion de capitalisme. Malheureusement pour notre réseau de la santé, une nouvelle tuile est en train de s’abattre sur ses membres et ses clients. Je ne suis pas du genre à m’énerver et à créer des propagandes sur des «légendes urbaines». Mais celle-ci semble particulièrement inquiétante et son impact pourrait être majeur.

Doit-on espérer un retour des républicains? (J’ironise…) Doit-on espérer une solution miraculeuse de notre duo dynamique cité précédemment? Refuse-t-on de diffuser l’information pour éviter la panique? (Peut-être anticipée à ce stade) Doit-on espérer un ajustement rapide de la production des compagnies pharmaceutiques?

Je suis en général du type optimiste, «tout va s’arranger»; cependant, cette fâcheuse perte de temps vendredi dernier (7 pharmacies pour trouver la pénicilline requise- une chance que je suis sur l’île de Montréal!) me préoccupe. Probablement pas assez puisque je n’ai finalement pas décidé d’acheter le reste du stock disponible chez le pharmacien. En fait, je ne m’inquiète pas vraiment pour ma famille immédiate, tout le monde est en santé heureusement. Cependant, je me fais le choix d’écrire ce blog par souci pour la population en général et pour les impacts qu’il pourrait en découler.

 

Frédérick Boulé

ENP-7328

Commentaires

  • Une difficulté qui s’ajoute dans le panier des problèmes en santé! Je suis estomaquée, il est maintenant difficile de trouver de la pénicilline, probablement un des antibiotiques les plus prescrits, et ce à Montréal. Faire 7 pharmacies à Montréal pour en trouver quand elles sont à distance raisonnable c’est plate, mais on vit avec. Mais que fera le parent qui vit à La Tuque ou je ne sais trop où en région éloigné, il devra faire 4 heures de voiture avec son enfant malade pour lui trouver le médicament qu’il lui fait?? Va-t-il le chercher ou laissera-t-il tomber? Sommes-nous en 2010?? Est-ce un réel problème qui ne fait que commencer et que nous risquons tous d’y être confronté? Bien heureuse d’en être informé ici, je serai si jamais mon pharmacien me dit « désolé il ne nous en reste plus ».
    Carolyne Gingras, enp7328

  • Ce qu'il y a de merveilleux avec les régions, c'est 1) l'entraide entre les personnes et 2) les services postaux et de livraison!

    Pour avoir travaillé dans une pharmacie en région, je vous confirme qu'il arrive parfois que nous n'ayons pas en stock certains médicaments. C'est plutôt rare, mais ça arrive. Une pharmacie bien organisée ne fait pas courir les clients comme des imbéciles. Elle s'occupe de trouver un endroit qui tient le médicament voulu en inventaire et le fait venir. C'est sa responsabilité. Je comprends que la situation actuelle est plus grave et que la pénurie est généralisée, mais je suis convaincue que l'accès aux médicaments n'est pas plus en danger dans les régions éloignées. C'est dire que parfois la proximité ne rend pas le service meilleur!

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