Dès le départ, le jeudi 1er octobre dernier, nous avons eu droit à une ouverture de débat enlevante avec une présentation de cinq minutes de chacun des programmes par les cinq candidats présents. Certains étaient en mode attaque face au programme de l’autre et ce, dès l’énoncé de leur programme. Entre autres, le candidat du parti Conservateur, monsieur Rodolphe Husny, qui semblait n’avoir rien de nouveau à communiquer sinon que son programme repose sur la continuité du dernier mandat de son parti. La majeure partie de son intervention de cinq minutes a servi à discréditer les programmes des autres candidats.
Malgré tout, le débat s’est déroulé dans une ambiance courtoise. Le modérateur, monsieur Simon Durivage, a su mener de main de maître les quelques affrontements plus musclés intervenant avec assurance auprès des belligérants pour que ceux-ci suivent la ligne de conduite préétablie et que tout soit « fair-play ». De plus, monsieur Durivage, grâce à sa vaste expérience en entrevue de personnages publics, a pu réorienter les candidats qui tentaient d’éviter certaines questions.
Soulignons aussi la qualité de l’auditoire. Les gens étaient respectueux de toutes les réponses et commentaires des différents candidats quel que soit le parti. Ce public était composé en majeure partie d’étudiants en maîtrise en administration publique.
Certains étudiants sélectionnés par monsieur Rémy Trudel, notre professeur, ont eu l’immense privilège d’énoncer une des questions de cette séance. Ces questions étaient bien ciblées, elles portaient sur des sujets brûlants d’actualité concernant divers secteurs d’activités; la même question, le même temps de réponse pour chacun des candidats.
Monsieur John Parizalla, chroniqueur politique et ancien délégué général du Québec à New-York était présent à titre d’observateur. À la fin de la soirée, celui-ci s’est adressé à nous. Il a dit un bon mot pour chacun des candidats et il a indiqué sa grande satisfaction d’avoir assisté à cette assemblée.
Cette soirée a sûrement permis à certains individus de se faire une opinion plus éclairée quant aux choix qui nous sera offert le 19 octobre 2015, jour des élections. Les candidats présents lors de cette tribune étaient monsieur Rodolphe Husny du parti Conservateur, madame Hélène Laverdière du parti NPD, monsieur Christian Picard du Bloc Québécois, monsieur Cyrille Giraud du parti Vert du Canada et monsieur Stéphane Dion du parti Libéral.
Le hasard a permis à monsieur Christian Picard (BQ) d’être le premier à nous livrer les grandes lignes du programme de son parti. Il nous a surtout mentionné leurs réalisations antérieures qui ont forcé les partis au pouvoir à tenir compte des besoins du Québec. Le parti se proclame comme étant le seul qui défend les vraies valeurs des québécois. Le deuxième candidat, monsieur Rodolphe Husny (PCC), tel que mentionné au préalable, ne propose rien de nouveau, seulement une continuité des cinq dernières années avec un budget équilibré sans augmentation d’impôt. Le troisième candidat en liste, monsieur Cyrille Giraud (parti vert) qui a remplacé à pied levé monsieur JiCi Lauzon, a su tirer son épingle du jeu compte tenu du peu de temps mis à sa disposition. Leur programme est axé naturellement sur l’environnement : la nécessité de s’occuper des changements climatiques, l’énergie verte, l’économie fleurissante verte, l’opposition au pipeline et l’éthique du vert dans tous les ministères, pas seulement au ministère de l’environnement. Ensuite, madame Hélène Laverdière (NPD) nous a livré les enjeux auxquels son parti veut s’attaquer, entre autres, élaborer un plan d’urgence concernant les changements climatiques et être prêt pour la conférence de Paris en novembre prochain, combattre l’invasion fiscale, augmenter les transferts en santé, couper les subventions aux pétrolières, ouvrir nos portes à plus de syriens et instaurer un nouveau programme de garderie. Monsieur Stéphane Dion (PLC), le dernier des cinq candidats, a proclamé dès le début de son allocution qu’il était urgent de sortir les conservateurs du pouvoir pour augmenter l’emploi ainsi que la croissance économique. Le parti Libéral propose d’investir en masse dans les infrastructures, dans l’art et la culture afin de stimuler l’économie. De plus, toujours en verbes, monsieur Dion a promis un train léger sur le nouveau pont Champlain, une augmentation des allocations familiales non imposables pour la classe moyenne et une augmentation de l’imposition pour les plus riches.
Suite à leurs boniments, les étudiants ont posé leurs questions et ont demandé aux candidats d’élaborer certains thèmes plus en détails. Certains d’entre eux ont retenus plus mon attention que d’autres. Les voici avec un bref résumé des commentaires et propositions de chacun des candidats :
1- L’environnement
S. Dion (PLC) veut atteindre les objectifs du protocole de Kyoto et augmenter l’investissement dans la technologie verte. Il critique l’intervention du parti Conservateur dans le dossier des pipelines.
R. Husny (PCC) désir entreprendre une discussion avec les États-Unis pour harmoniser les normes environnementales.
H. Laverdière (NPD) critique la dernière intervention du parti Conservateur sur l’environnement, car celui-ci ne discute même pas avec les provinces. Le NPD veut graduellement investir dans les énergies vertes.
C. Picard (BQ) indique que le carbone en partenariat avec la Californie doit être réduit. Le bloc est contre le pipeline qui n’alimente pas du tout le Québec et ne rapporte rien au québécois. Il désire accélérer l’électrification des transports.
C. Giraud (Vert) mentionne que les sables bitumineux sont un désastre et que nous devons passer progressivement à l’énergie verte. Suite à une question ciblée, il a dû se prononcer sur le transport du pétrole le moins dangereux : il opterait plus pour le transport par train que par pipeline.
2- Garde d’enfants et prestation universelle
R. Husny (PCC) indique que son parti a remplacé le crédit d’impôt enfant par le programme PUGE et qu’ils ont ajouté le crédit sportif. Il affirme qu’il n’y a aucune autre mesure à venir.
H. Laverdière (NPD) soutient que les mesures prises par le parti Conservateur n’aident pas les plus pauvres. Le NPD propose plutôt des garderies pour toutes les provinces et un transfert d’argent pour le Québec afin de maintenir son programme actuel de garderie et l’annulation du fractionnement du revenu.
S. Dion (PLC) affirme que le parti Libéral préconise une aide substantielle aux familles à revenu moyen et non imposable avec une allocation familiale.
C. Picard (BQ) indique que le Bloc demande une allocation familiale non imposable.
C. Giraud (Vert) que son parti considère que la PUGE n’aide presque personne, selon eux elle n’est que cosmétique.
3- Le port du niqab
H. Laverdière (NPD) rapporte qu’il n’y a que deux cas qui ont fait la demande du port du niqab à la cérémonie d’assermentation. Selon le NPD, c’est une manœuvre du parti Conservateur pour éviter de discuter des vrais problèmes. Elle mentionne que ces derniers devraient plutôt se concentrer sur la disparition des femmes autochtones.
R. Husny (PCC) indique que son parti désire adopter une nouvelle loi afin de l’interdire.
S. Dion (PLC) déclare qu’il ne suffit pas de désapprouver le port du niqab et que Stephen Harper s’est rendu indigne de la fonction de premier ministre. Selon lui, c’est une «tactique» du chef du parti Conservateur du Canada.
C. Picard (BQ) maintient que le bloc exige l’assermentation à visage découvert, le vote à visage découvert et les services publics à visage découvert.
C. Giraud (Vert), qui lui-même est fraîchement assermenté, croit plutôt que c’est un problème d’intégration.
4- L’aide médical à mourir
Tous les partis sont pour et désirent prendre le modèle du Québec, sauf le parti Conservateur qui ne veut pas prendre position malgré la décision de la cour.
5- Les réfugiés syriens
H. Laverdière (NPD) affirme que le NPD désir accélérer les processus et voudrait plus de gens sur le terrain pour aider. Ils veulent accueillir 10 000 réfugiés cette année et ensuite 9 000 par an.
R. Husny (PCC) déclare que ce sera l’intervention militaire contre l’état islamique qui aidera le plus la population syrienne.
S. Dion (PLC) soutient que les libéraux veulent accueillir 25 000 réfugiés d’ici la fin de l’année. Selon eux, il devrait y avoir moins d’intervention militaire, ainsi, il y aurait plus d’argent pour accélérer le traitement des demandes d’asile. .
C. Picard (BQ) est en accord pour recevoir plus de réfugiés syriens et pour l’intervention militaire.
C. Giraud (Vert) est en accord pour ouvrir les portes pour 10 000 réfugiés et plus. Il prétend que la position du parti Conservateur nuit à la réputation du Canada.
6- Le peuple autochtone
R. Husny (PCC) maintien que la justice et les lois vont résoudre les problèmes et qu’aucune enquête sur les femmes disparues ne doit être entreprise.
S. Dion (PLC) demande une enquête sur les femmes disparues et plus investissement dans l’éducation.
H. Laverdière (NPD) affirme que, tout comme les femmes autochtones, le NPD veut la commission d’enquête.
C. Giraud (Vert) exige une commission d’enquête.
C. Picard (BQ) déclare que nous devons prendre nos responsabilités et réclamer une commission d’enquête comme les femmes autochtones la désirent.
En conclusion, vous me permettrez de traiter brièvement des performances de chacun des candidats. Il était bien évident que le candidat du parti Conservateur, monsieur Rodolphe Husny, dont le parti politique est au pouvoir serait la cible de tous les candidats. Mise à part cette vérité, celui-ci n’a pas su tenir tête : il était continuellement sur la défensive, il tentait de prévoir les coups des adversaires avant que ceux-ci ne surviennent. La candidate du NPD, madame Hélène Laverdière, et le candidat du bloc québécois, monsieur Christian Picard, ont bien livré leurs messages. On pourrait qualifier leur performance de convenable sans toutefois avoir réussi à capter outre mesure l’attention du public. Le candidat du parti vert, monsieur Cyrille Giraud, malgré le peu de temps qu’il avait eu pour se préparer a fait bonne figure, il m’a semblé répondre aux questions avec sincérité et confiance même s’il sait pertinemment que son parti ne formera pas le prochain gouvernement canadien. La surprise de la soirée est venue de monsieur Stéphane Dion. Le candidat libéral a vraiment pris toute la place avec un sens de la répartie que je ne lui connaissais pas. Il a su capter toute l’attention de l’auditoire. Malgré que je n’aie jamais été un partisan du personnage et de son parti, je crois bien qu’il a étonné. Lui qui semble toujours si sérieux et austère, il nous est apparu même rigolo durant toute cette soirée. Ce vieux renard, après toutes ces années, semble toujours aussi passionné par la vie politique. Bref, une performance efficace.
Jean-Marc Cloutier
ENP-7930 Séminaire d’intégration des apprentissages