Pédago Bus ou l’Education par tous les moyens!
Pédago Bus ou l’Education par tous les moyens!
La promotion « automne 2013 » du cours ENP 7505 intitulé Principes et Enjeux de l’Administration Publique de M Remy Trudel a vécu des expériences et des moments uniques lors de la session. Une socialisation et une amitié sont nées entre les étudiants qui pénètrent tous les jeudi soirs l’enceinte de l’ENAP pour suivre ce cours combien passionnant avec le savoir-faire de Prof R Trudel. L’interactivité, les anecdotes qu’on ne peut entendre nulle part font que les trois heures du soir passent facilement. A chaque soir, on en redemande. Ainsi, les 2 voyages pédagogiques, à Odonak puis à Ottawa ont été enrichissants, d’où le concept de « pédago bus ». Le pédago bus dont il est question ici porte sur le principe de l’éducation.
En effet, L’éducation doit être offerte à tous, sans exception, car elle participe à l’épanouissement de l’individu et au développement de la société. Cette réalité ne fait plus l’ombre de doute de nos jours où la technologie et l’innovation sont à la pointe des inventions et des innovations. Pour mieux nous situer, un bref rappel de l’histoire de l’évolution de la société québécoise dans ce domaine est impératif.
En 1960, bien de jeunes ne terminaient pas leur enseignement primaire. Une vraie révolution s’imposait dans le domaine de l’éducation, car le Québec tirait dangereusement vers l’arrière. Parmi les nations avancées, le Québec occupait l’avant dernière place avant la Corée du Nord. A cette époque, il n’existait pas de ministère de l’éducation : « l’église catholique était aux commandes ».
Avec l’arrivée des libéraux, le Premier Ministre Jean Lesage et son équipe, surtout le député vedette de Vaudreuil-sur-l ‘Ange, Paul Guérin Lajoie, vont changer les choses. Ainsi, Le Premier Ministre confia au député le ministère de la Jeunesse avec pour responsabilité la gestion de l’ensemble du réseau de l’enseignement partagé auparavant entre 9 ministères : ceci marquait l’amorce de la réforme du secteur de l’éducation.
Au Printemps 1961, 12 projets de loi, intitulés « la grande charte de l’éducation » étaient déposés. Cette charte qui était visionnaire, va chambouler la vie dans la province. En effet, un de ses éléments phares fût la perte du pouvoir de l’église catholique au profit du Ministère de l’Education. Il faut rappeler qu’au 19ème siècle, les évêques détenaient l’ensemble des pouvoirs délégataires sur l’enseignement public et monopolisaient l’enseignement privé. Le clergé contrôlait donc tout. Le ministre Paul Guérin Lajoie misa sur la commission royale d’enquête qu’il avait mise sur pied. Il la confia à l’évêque Alfonse Marin Parin. Ce dernier pris ses distances avec l’église catholique et affirma : « ils vont être surpris ».
Fin Juin 1963, le Bill 60 créa le Ministère de l’Education. Malgré les oppositions et les bouleversements que cette réforme occasionna, elle aboutit. Un évènement aidant, lors de son adoption, les évêques se trouvaient à Rome pour assister au Concile Vatican II. A leur retour, se trouvant devant les faits, ils vont exprimer leur mécontentement, d’où ce ballet diplomatique entre l’évêque X, le Premier Ministre Jean Lesage et le Ministre Paul Guérin Lajoie. Pour vendre son projet, M Lajoie effectua une tournée dans les régions de la province pour rencontrer la population et expliquer sa réforme. Il ratissa large
La tournée avait porté ses fruits. Comme le dirait M Trudel : « le peuple a toujours raison (sauf quand j’ai perdu l’élection) ». Le leadership du Cardinal Leger amena M Lajoie à faire des modifications. On passa des négociations à la modification, pour finir par obtenir l’aval des évêques pour aboutir au texte final. Mais à quel prix ? Pour M Lajoie, il y a eu « concession de forme mais pas de fond ». Les débuts de cette réforme n’ont pas été glorieux : manque de professeurs, reforme hâtive, les résultats des étudiants n’étaient pas à la hauteur, un système inadéquat. Ce raté est compréhensible, car toute innovation ou réforme nécessite un temps d’adaptation. C’est ainsi que nous avons obtenu ce principe fondamental : « le Québec a un système scolaire complet de la maternelle à l'université, public, laïc, gratuit( ?), et accessible à tous.
Aujourd’hui, on compte 48 collèges publics du Québec ayant pour but de promouvoir le développement de l'enseignement collégial. Des données préliminaires recueillies par la Fédération des CEGEPS entre les 5 et 22 août 2012 illustrent que 177 451 étudiants sont inscrits dans l'un ou l'autre des 48 CEGEPS du Québec, au secteur de l'enseignement ordinaire. Cette prévision est de 0,2 pour cent inférieure à celle enregistrée à la même date l'an dernier[1]. Au niveau universitaire, on compte 19 grandes universités reparties dans les régions. Montréal à lui seul regroupe 4 grandes universités, 2 francophones (Université de Montréal et l’Université de Québec à Montréal), 2 universités anglophones (Université McGill et l’Université Guy Concordia) et des grandes Ecoles (HEC Montréal, Polytechnique, Ecole de Technologie Supérieure…). Tous les groupes ethniques sont représentés dans ces institutions qui accueillent tous les étudiants. Cependant, le groupe qui nous intéresse ici est celui des les autochtones, et notre analyse portera sur le niveau collégial.
Les autochtones, peuple à part entière dans le Canada, connaissent des difficultés sociales, économiques et financières dues aux problèmes urbains qui sont à l’origine de l’homogénéité de ce groupe ethnique. La loi sur les Indiens (1867) fonde tout le régime de vie des autochtones (les Indiens) et la constitution canadienne de 1982 (art.35) assure la protection des droits aborigènes. Le Québec quant à lui, reconnait 11 nations autochtones sur son territoire[2]. Et c’est sur ce territoire québécois qu’est ouvert le Cegep d’Odanak, une réserve abénaquise près de Trois-Rivières. Il offre un cadre approprié pour l’apprentissage et permet aux étudiants autochtones d’être considérés au même titre que les autres groupes ethniques afin de finir avec les tristes statistiques sur l’alcoolisme, la violence familiale, l’ennui, qui caractérisent la réalité autochtone[3]. C’est à juste titre qu’ils ont choisi comme slogan: « faites de votre éducation votre tradition !». Les responsables du cégep, eux, les accompagnent en étant attentifs à leurs besoins, et ils misent sur l’exemple et la modernité. Il est ici lieu de louer le courage, la détermination et l’abnégation de la directrice du Cegep d’Odanak, Mme Prudence Hannis. Un exemple d’engagement pour l’éducation et la communauté. Le développement et l’émergence d’une société passent nécessairement par l’éducation. Une pédagogie adaptée à la réalité sociale et culturelle comme le fait le cegep d’Odanak est la voie à suivre pour relever ce défi. C’est ainsi que « peu à peu, les jeunes autochtones prennent conscience de la force que peuvent donner des liens, même virtuels, entre des communautés de même langue, parfois éloignées les unes des autres de plusieurs heures en 4 x 4. Et surtout, ils prennent confiance en eux »[4]. Les volontés politiques et l’implication des parents sont déterminantes pour réussir ce pari. C’est ainsi que nous convenons avec Nelson Mandela, tout en lui rendant hommage pour l’ensemble de ses actes, que l’ « Education is the most powerful weapon which you can use to change the world (l’education est l’arme la plus puissante que nous pouvons utiliser pour changer le monde)».
Dazrokod Tremblay
[1] http://www.lapresse.ca/la-tribune/actualites/201308/29/01-4684406-legere-baisse-du-nombre-detudiants-dans-les-48-cegeps-du-quebec.php