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Le livre vert: Défis à relever pour une Politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique

Le livre vert: Défis à relever pour une politique nationale du sport, du loisir et de l’activité physique

mise en contexte

Le Québec, comme beaucoup de pays dans le monde, est confronté à de sérieux problèmes de santé.  Ceux-ci entres autres liés, depuis environ les trente dernières années, à l'augmentation générale et graduelle du taux d'obésité.   Ce phénomène, que l’on peut qualifier d’endémique, génère ainsi une charge de plus en plus importante sur le système de santé. La combinaison de plusieurs facteurs et changements attribués à la vie moderne comme l'industrialisation, l'informatisation, le manque de temps, la mondialisation, l'alimentation rapide, la société de consommation, pour ne nommer que ceux-ci, influencent notre style de vie et contribuent à la persistance de ce fléau.

Les québécois étant de plus en plus sédentaires, la pratique régulière d'activités physiques et sportives doit être priorisée afin d’assurer l’adoption de saines habitudes de vie, en vue de préserver sa santé tout en contribuant à la prévention de certaines maladies chroniques.  Une vie plus saine contribue au mieux-être général des individus et par conséquent de la société. C'est d'ailleurs en raison de ces bénéfices communs et reconnus quant à la pratique d'activités de loisirs, physiques et sportives qu'une portion de l'argent des contribuables est allouée à ce secteur, généralement appelé le secteur du loisir et du sport. «La déclaration de Québec fournit d'ailleurs un cadre de référence de premier ordre qui énonce les conditions selon lesquelles le loisir devient d'intérêt public» (THIBAULT, André, 2011) Par ailleurs, l'accès au loisir et au sport «est un droit et il est un vecteur important de la qualité de vie de la population» (LAVIGNE, Paul-André, 2013).

  

le livre vert, vers une politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique

En juin dernier, la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Madame Marie Malavoy, lançait le Livre vert, Le goût et le plaisir de bouger. Ce Livre vert se veut un outil de consultation en prévision de l'adoption d'une politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique. Or, depuis son lancement, les critiques provenant des acteurs du secteur public sont nombreuses, cela malgré son objectif louable: "que la population québécoise devienne d'ici dix ans, une des nations les plus en forme du monde" (MAROIS, Pauline, discours d'ouverture de la 40e législature de l'Assemblée nationale "Un Québec pour tous"). On lui reproche entre autres son manque de reconnaissance de la municipalité en tant que maître d'oeuvre en loisir et en sport sur le plan local, le manque de considération des différents aspects du loisir (culturel, plein air, touristique, scientifique, arts, etc.) dans le développement sain des communautés et son approche formelle et disciplinaire qui minimise la place accordée au citoyen en tant que décideur de ses temps libres.

Tous ces aspects éludés dans le document ont bien été identifiés par plusieurs acteurs publics du loisir et du sport tels que le Regroupement des Unités de loisir et de sports du Québec (RURLS), l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Sports-Québec, l’association québécoise du loisir municipal (AQLM), etc., au moyen de mémoires déposés au gouvernement pour alimenter la future politique nationale.

Par ailleurs, il demeure d'autres enjeux à ne pas négliger et dont la future politique devra aussi tenir compte dans ses orientations, et pour lesquels elle devra prévoir un soutien concret. Parmi ces défis, nous retrouvons notamment la précarité du bénévolat, le continuum des services ainsi que la concertation scolaire/municipale.

  

le faire avec, le défi du bénévolat

Le modèle prédominant au Québec quant au mode d’intervention en loisirs et en sports est le faire avec, soit le partenariat. Ainsi, l'engagement bénévole auprès d’associations et d’organismes à but non lucratif (OBNL) constitue une caractéristique majeure du loisir public.

"Le mouvement associatif avec quelques 800 000 bénévoles et plus de 12 000  organismes engendre [...] une plus-value majeure qu'aucun autre secteur budgétaire municipal ne produit. Pourtant, cette source de financement est fragile: le nombre de bénévoles diminue, les associations ont peine à renouveler leur effectif et les tendances de pratique montrent une poussée de la pratique libre."(THIBAULT, André, Agora forum Hiver 2010-2011) 

Le gouvernement doit davantage tenir compte de cette réalité et soutenir de façon prioritaire le développement du bénévolat, pour le plus grand bénéfice de la structure sportive québécoise. Malgré un constat d’essoufflement du bénévole, ce mode d’intervention est à privilégier puisqu’il constitue une force majeure qui permet au citoyen d’exprimer ses attentes localement, principalement auprès des municipalités qui jouent un rôle prépondérant en ce qui a trait à la pratique d'activités physiques, sportives et de loisir.

En effet, la municipalité est un acteur déterminant qui influence l'environnement physique (terrains, équipements, immeubles, pistes cyclables, etc.), économique (Prix des biens et services), politique (droits, lois, règlements, gouvernance, etc.) et socioculturel (engagement bénévole, animation, programmation, normes sociales, médias, etc.). Près du citoyen, la municipalité assure un leadership essentiel dans la mise en place des environnements favorables à la pratique d'activités physiques et sportives.

 

Le continuum des services

Sachant que la majorité des éléments de bien-être associés à la pratique sportive s'estompent s'il y a interruption de la pratique, et que les statistiques démontrent une tendance à l'abandon de la pratique sportive à l'adolescence et chez les jeunes adultes, il est primordial que le gouvernement, les municipalités, les établissements scolaires et les organismes sportifs travaillent de concert afin de réfléchir aux solutions pour assurer un meilleur continuum dans la structure sportive québécoise, avec pour objectif fondamental  de maintenir une pratique assidue pour des effets bénéfiques durables.

La structure sportive québécoise actuelle soutien davantage les niveaux récréatifs et excellence, négligeant ce qui se situe entre les deux, soit les niveaux initiation et compétition, tant à l'échelle locale (municipale), régionale ou provinciale. Les municipalités ont comme mission de soutenir le volet récréatif de la pratique sportive ainsi que de favoriser l'accès aux citoyens démunis, tandis que les fédérations sportives québécoise tendent à soutenir davantage l'atteinte de hauts niveaux de performance, soit l’excellence.

  

le défi de la concertation scolaire/municipale

Précisons d’entrée de jeu qu’il ne s’agit pas ici d’absence de concertation, mais bien de défis de concertation qui demeurent à relever en ce qui a trait d’abord à la présence de deux réseaux sportifs distincts : le civil (fédéré) et le scolaire (étudiant).  Des ententes existent déjà entre ces deux instances afin d’assurer la cohérence des deux structures. Malgré celles-ci, des points de vue différents persistent quant au développement de certains sports avec comme résultat des incohérences dans la pratique sur le terrain en contraignant l’athlète à se confiner à un seul réseau. 

Sous l’aspect spécifique des infrastructures, les municipalités sont dépendantes, quant aux installations sportives de type « gymnases », celles-ci  étant la plupart du temps propriété des commissions scolaires et essentiellement mises à leur disposition selon certaines ententes désuètes impliquant la location des espaces.Pour leur part, et on peut dire en contrepartie, les municipalités sont propriétaires de terrains de sport, d’arénas et d’installations aquatiques qui sont également loués aux institutions scolaires.

Paradoxalement, le financement de ces deux organisations publiques provient en grande partie de la même source, le citoyen contribuable. Il y aurait lieu, pour le bénéfice de tous et pour générer certaines économies au niveau administratif (diminution de la gestion liée à la location des espaces, à la perception, etc.), de réfléchir et de collaborer à réduire, voire même à éliminer ces charges de part et d’autre.

 

conclusion

En prévision de la politique nationale du sport, du loisir et de l’activité physique, la réflexion et la concertation doivent se poursuivre, car d’autres défis ou opportunités demeurent à explorer.  Parmi ceux-ci, citons notamment le rôle de nouveaux acteurs dynamiques tels que Québec en forme, milieu ouvert sur ses écoles, écoles et milieux en santé, le grand défi Pierre-Lavoie, etc., qui viennent enrichir et complexifier la toile des intervenants et multiplier les actions préconisant l’adoption de saines habitudes de vie.

Le droit au loisir, au sport et à l’activité physique n'est pas un acquis pour tous, l’intervention de l’État à cet égard est essentielle pour soutenir une constance des efforts visant à stimuler le goût et le plaisir de bouger, ce à quoi incite le titre du Livre vert.

 

Cat's

 

 

Références 

HÉNAULT, Sylvain (2012). «Ensemble pour un Québec dynamique et en santé!», Agora Forum, volume 35, n°3 (automne), p.36, 37, 39-42. 

LAVIGNE, Paul-André (2010). «Manque-t-il vraiment d'argent en loisir?», Agora Forum, volume 33, n°4 (Hiver 2010-2011), p.4-6. 

LAVIGNE, Paul-André (2013). «Spécialistes du loisir municipal, occupez-vous de vos affaires», Agora Forum, volume 36, n°3 (Automne 2013), p.7-9.

LEMIEUX, Mélanie et Guy THIBAULT (2011). «Le loisir municipal et la pratique d'activités physiques et sportives chez les jeunes», Agora Forum, volume 34, n°3 (Automne 2011), p.14-16.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX (2012), Pour une vision commune des environnements favorables à la saine alimentation, à un mode de vie physiquement actif et à la prévention des problèmes reliés au poids. Document rédigé en collaboration avec Québec en Forme et l'institut national de santé publique du Québec. Gouvernement du Québec, 24 pages. [En ligne], [http://www.msss.gouv.qc.ca]

MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT (2013), Livre vert: Le goût et le plaisir de bouger, vers une politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique, Gouvernement du Québec, 30 pages, [En ligne], [www.mels.gouv.qc.ca]

POULET, Denis (2013). «Livre vert: sept organismes nationaux se prononcent», Agora Forum, volume 36, n°3 (Automne 2013), p.16, 17, 19, 21, 22, 24, 25, 27, 28.

THIBAULT, André (2012). «Le loisir au 21e siècle: Que seront les services publics?», Agora Forum, volume 35, n°3 (automne), p.26, 27, 29-31.

THIBAULT, André (2010). «Rigueur, innovation et courage, Relever les défis du financement», Agora Forum, volume 33, n°4 (Hiver 2010-2011), p.12, 13, 15-18.

THIBAULT, André (2011). «Une nouvelle vision stratégique du loisir public», Agora Forum, volume 34, n°3 (Automne 2011), p.24, 25, 27-29, 31.

THIBAULT, André (2013). «Loisir et municipalité: des environnements favorables au succès de toute politique qui vise la mise en forme des québécois», Agora Forum, volume 36, n°3 (Automne 2013), p.32, 33, 35-37, 39.

 

 

Commentaires

  • Un Livre Vert qui mérite observations et commentaires pour bonifier à la lumière de l'expérience et de la volonté d'aller encore plus loin. Bien documenté pour bien suivre ...le débat.
    Plus plus pour vous.

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