Vers une meilleure utilisation du réseau cyclable Montréalais
Par Sébastien Lemieux
La pratique du vélo gagne sans cesse en popularité tant au niveau de loisir que comme moyen de transport. Le fait de réserver des zones cyclables ne date pas d’hier. En effet, Parc Canada a élaboré la première piste cyclable qui reliait les écluses Ste-Catherine à l’estacade du pont Champlain en 1977. Depuis la ville de Montréal a développé son réseau cyclable pour atteindre plus de 600 km en 2013 et compte se rendre à 800 km d’ici 2015.
Le fait de soustraire des voies aux automobiles et de rendre accessible des lieux situés en bordure de cours d’eau ou à l’intérieur de parc crée des zones sécuritaires pour :
- Pratiquer des sports de loisir ou de mise en forme utilisant le vélo, le patin à roues alignées, la planche à roulettes ainsi que le jogging ou la marche;
- Emprunter le réseau cyclable pour se transporter vers le travail ou pour se rendre à une activité en utilisant le vélo propulsion humaine, vélo assisté électriquement ou scooteur électrique;
- Se déplacer en utilisant un triporteur, un quadriporteur ou un fauteuil roulant.
Les multiples utilisations du réseau cyclable montréalais amènent à se questionner sur le partage de ces zones réservées, qui à l’origine, n’était dédié qu’à l’usage du vélo et du patin à roues alignés.
Qu’est-ce que le réseau cyclable à Montréal
On distingue 4 formes de type de voies utilisées dans le réseau cycliste montréalais. Le tableau ci-dessous présente la définition de chacun des types de voies ainsi que le pourcentage occupé par celle-ci sur le réseau.[1]
Type de voie |
Caractéristiques |
% |
Pistes cyclables |
Voies conçues spécialement pour le vélo
En site propre ou sur rue et séparées des voies de circulation automobile par un obstacle physique |
45,98 % |
Sentiers polyvalents |
Voies aménagées pour convenir aux cyclistes, mais également à plusieurs autres modes de déplacement actif |
16,26 % |
Bandes cyclables |
Voies réservées aux cyclistes, mais aménagées à même la chaussée et situées à droite des voies de circulation automobile |
19.07 % |
Chaussée désignée |
Rues qui sont officiellement reconnues comme voies cyclables et que se partagent les cyclistes et les automobilistes. |
18,69 % |
On remarque que les trois premiers types de voies identifient clairement un usage exclusif sans voitures tandis que le dernier type indique qu’il y aura un partage avec les automobiles, quand est-il de l’utilisation réelle de ces zones?
Par ailleurs, l’actuelle règlementation de la ville de Montréal et neuf anciens arrondissements est régie par le Règlement sur la circulation et le stationnement de ville de Montréal (R.R.V.M. Chapitre C-4-1). L’article 24 se lit comme suit :
«Dans une voie cyclable, il est interdit de circuler autrement qu’à bicyclette ou en patins à roulettes.
Les personnes qui circulent en patins à roulettes dans une voie cyclable doivent se conformer aux dispositions du Code relatives à la circulation des bicyclettes».
Pour le cas des piétons et de ceux qui se déplace en fauteuil roulant, tri/quadriporteur est régie par le code de la sécurité routière.
En vertu du Code de la sécurité routière, lorsqu’un trottoir borde la chaussée, les piétons doivent l’utiliser pour leur déplacement (C.S.R., art. 452). En l’absence de trottoir, ils doivent circuler sur le bord de la chaussée et dans le sens contraire de la circulation des véhicules, en s’assurant de le faire sans danger (C.S.R., art. 453).
On remarque que ces règlements et codes doivent être révisés afin de mieux encadrer l’utilisation du réseau cyclable montréalais et c’est pour cette raison que la ville de Montréal a décidé le 8 septembre 2011 d’entamer une vaste consultation publique concernant l’utilisation du réseau cyclable montréalais.
Résultats de la consultation publique
Les Montréalais ont été invités à participer à des séances d’informations en prenant parole lors des rencontres et en soumettant des mémoires concernant l'utilisation du réseau cyclable dans le but de moderniser la réglementation. Suite à ces consultations, la Direction des transports de la ville de Montréal via la Commission sur les transports et les travaux publics a procédé à l'analyse des mémoires produit les individus et groupes de pression afin de présenter des recommandations.
Suite à ces consultations, la Commission sur le transport et les travaux publics a fait part de 15 recommandations qui ont été déposées au conseil municipal le 16 avril 2012 et au conseil d’agglomération le 19 avril 2012. Voici les deux premières recommandations.
R-1 – Utilisation du réseau cyclable
« Que l’utilisation du réseau cyclable soit réservée exclusivement aux usagers suivants :
1. Les cyclistes;
2. Les patineurs à roues alignées;
3. Les aides à la mobilité motorisées (AMM) et fauteuils roulants, en tenant compte des suites du projet pilote mené par l’INSPQ (R-3);
4. Les bicyclettes à assistance électrique (excluant les vélos électriques de type scooters dont la circulation est le résultat de l’effet exclusif d’une force motorisée et pour lesquels des balises les définissant devraient être fixées dans les meilleurs délais). »
R-2 - Vélo électrique de type Scooter
« Que la Ville de Montréal demande à Transports Canada de modifier le Règlement sur la sécurité des véhicules automobiles (C.R.C., chapitre 1038) afin de permettre de distinguer la « bicyclette à assistance électrique » du « vélo électrique de type scooter » (voir R-1), de telle sorte que ce dernier ne soit plus assimilé à une bicyclette à assistance électrique.
et
Que pareille demande soit adressée au ministère des Transports du Québec et à la Société d’assurance automobile du Québec en vue de modifier le CSR en conséquence (L.R.Q., chapitre C-24.2). »
Ces deux recommandations illustrent bien le fait que la ville de Montréal est en mesure de réglementer l’utilisation des moyens de transport dans son réseau cyclable, mais qu’elle doit faire appel aux paliers de gouvernements supérieurs pour ajouter la catégorie de vélo électrique de type scooter (demande à Transports Canada) et à la Société d’assurance automobile du Québec pour modification le code de la sécurité routière.
En analysant de plus près ces recommandations, on dénote que le volet loisir invoqué dans les sentiers polyvalents ne fait pas partie de l’élément réglementaire ce qui exclut les autres types d’utilisateurs utilisant les planches à roulettes, les joggers et les marcheurs.
Recommandation
La modification du règlement de la ville devrait se segmenter en fonction du type de voie cyclable et non pas de tenter de répondre de façon générale à l’utilisation du réseau cyclable pour un règlement englobant tout.
Je suis en accord avec le mémoire de M. Nicolas Thibodeau qui spécifie le type de clientèle en fonction du type de voie. Le tableau ci-dessous présente le type de voie avec la fonction et le moyen de transport utilisés.
Type de voie |
Caractéristiques |
Pistes cyclables |
Usage exclusif des transports actifs cyclables (FONCTION LOISIR et TRANSPORT) · Cyclistes · Bicyclette propulsion humaine et à assistance électrique · Patins à roues alignées · Planche à roulettes |
Sentiers polyvalents |
Accès flexibles aux déplacements actifs (FONCTION LOISIR) · Cyclistes · Bicyclette propulsion humaine et à assistance électrique · Patins à roues alignées · Planche à roulettes · Piétons, jogger · Fauteuils roulants manuels ou électriques · Tri/Quadriporteur |
Bandes cyclables |
Priorisé pour l’usage de déplacement comme aller travailler ou se rendre à une activité (FONCTION DE TRANSPORT) · Cyclistes · Bicyclette propulsion humaine et à assistance électrique · Patins à roues alignées · Planche à roulettes · Scooter électrique |
Chaussée désignée ou rue |
La chaussée désignée correspond ni plus ni moins à prendre n’importe quelle rue de Montréal et à utiliser un des moyens de transport suivants : · Cyclistes · Bicyclette propulsion humaine et à assistance électrique · Scooter électrique · Patins à roues alignées · Planche à roulettes |
Trottoirs |
(FONCTION DEDÉPLACEMENT PASSIF) · Piétons, jogger · Fauteuils roulants manuels ou électriques · Tri/Quadriporteur |
Cette segmentation dans le règlement de la ville permettrait de bien définir l’usage des zones cyclables et de mieux élaborer un plan de transports qui tient compte des besoins de la clientèle utilisant divers moyens de transport ou de loisir.
Par exemple, la piste cyclable du canal Lachine deviendrait un sentier polyvalent où les cyclistes, les adaptes de la planche à roulettes ou du patin à roues alignées partagerait le sentier avec les joggers, marcheurs et personnes à mobilité réduite.
Un autre élément consisterait à créer davantage de bandes cyclables dans le sens du trafic sur les grandes artères nord-sud et est-ouest afin de permettre aux cyclistes actifs de se rendre de façon sécuritaire vers leur destination. Par exemple, lors de la réfection du boulevard Pie-IX on pourrait ajouter les bandes cyclables.
Avec la venue des systèmes de transport intelligents, il est important de considérer le réseau cycliste comme une solution permettant d’améliorer la libre circulation des personnes pour réduire la congestion dans les rues de Montréal ainsi que notre empreinte écologique.
Références
Partage du réseau cyclable montréalais : Avec qui et comment? – Site général
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=6877,90769572&_dad=portal&_schema=PORTAL
Mémoire de Nicolas Thibodeau
M. Nicolas Thibodeau (2011-10-27)
Partage du réseau cyclable montréalais : Avec qui et comment? – document de consultation
Synthèse du dossier (2011-09-22)
Rapports de la Commission sur le transport et les travaux publics
Rapport et recommandations déposé au conseil d'agglomération du 19 avril 2012 (2012-04-19)
Réponse du comité exécutif
Réponse du comité exécutif (2012-07-26)
Commentaires
Un blog bien documenté Sébas. La ville devrait donc s'inspirer des ces propositions pour voir leur applicabilités et surtout les mettre en branle.
Une bonne suite.