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  • Blogue#1 Quand laxisme et démocratie ne font pas bon ménage

    Patrice Allard (Montréal)

     

     

    L'oisiveté est la mère de tous les vices dit le proverbe. Si cela est vrai pour les individus, peut-il en être de même pour un gouvernement? Ce pourrait-il que faute d'encadrements adéquats, de règles bien définies, de notions claires, bref de paresse législative, plusieurs de nos institutions publiques vivent des moments forts difficiles?

     

     

    Que l'on pense aux donneurs d'ouvrage en ingénierie et des processus d'appels d'offres "ajustés", au milieu scolaire où l'on manque de vision claire sur ce qui est raisonnable ou pas, au milieu de la petite enfance dont certains membres donnent dans l'enseignement religieux, à la fonction publique dont la laïcité est pour le moins élastique, aux diverses organisations prises avec un profilage social et racial qui ne dit pas son nom et qui mine l'intégration des citoyens actuellement exclus tant par la race que le statut socio-économique.

     

     

    N'en jetez plus, même si la cour - de justice- n'est pas encore pleine. Mais cela ne saurait tarder tant ces situations potentiellement illégales, à tout le moins voguant dans un flou juridique, se multiplient. Quelques instances s'y penchent toutefois, telle la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ). Leurs recommandations sont souvent ignorées, mises de côté, voire ridiculisées. Mais puisque des agents de l'État y ont mis temps et talent, il conviendrait certainement d'y répondre.

     

     

    Ainsi, sommes-nous d'accord ou non avec les pratiques d'un corps policier touchant le respect des droits, avec les écoles qui semblent oublier les devoirs auxquels sont tenus les citoyens, avec des appels d'offres où c'est la loi du plus fort qui l'emporte (et non du meilleur)? Ou sommes-nous obnubiler à ce point par le marché libre économique que celui-ci se répercute sur le développement social du Québec, chacun pouvant négocier sa sphère citoyenne au Bureau en Gros du code civil, au Wall Mart de la Charte canadienne des droits et libertés?

     

     

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    Le gouvernement étant élu pour gouverner, donc pour diriger l'action, par des lois ou décrets qui seront ensuite mis en oeuvre par les commis de l'État, on peut se questionner sur les raisons freinant la prise de décisions sur les enjeux sociaux. Cet art de l'esquive décisionnelle, particulièrement relevé dans le gouvernement Charest, témoigne d'une conception de l'État pour le moins effacée.

     

     

    On pourrait penser que le premier ministre se veut rationaliste et avancer d'abord sur le plan des valeurs comme lorsque le gouvernement affirme que l'égalité entre les hommes et les femmes est la valeur cardinale de la charte québécoise des droits et libertés. Mais, en bon rationaliste, il faudrait voir à sa mise en oeuvre! Ce qui n'est manifestement pas le cas à la Société de l'assurance automobile où plusieurs cas d'accommodements ne peuvent être jugés raisonnables à l'aune de l'égalité de sexes.

     

     

    Peut-être ce gouvernement est-il de tendance gradualiste : un objectif simple, basé sur des valeurs et des moyens pour atteindre l'objectif. Chacun peut alors se prononcer et le jeux des intérêts suit son cours. On a vu avec la Commission Bouchard-Taylor que cela peut porter à dérapage, même contrôlé. Et le rapport fut mis au frais. Ne pas intervenir peut donc être un objectif en soi…

     

     

    Peut-être sommes-nous en face d'un modèle plus bureaucratique où les influences se disputent à l'interne jusqu'à l'événement majeur qui fera gagner un des protagonistes, comme l'histoire de cette jeune femme au niqab, finalement expulsée du cegep St-Laurent. C'est le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles qui a  réagi, tandis que le MELS (ministère de l'Éducation des Sports et du Loisir) se tenait coi.

     

     

    Plus probable est l'orientation dite de la fenêtre d'opportunité, même si les problèmes évoqués ci-haut, touchant valeurs et éthique, se trouvent à l'agenda depuis plusieurs mois, voire années. Selon cette approche, pour y traiter des sujets d'actualité, il faut que se rencontrent le problème, la solution et des orientations… Il faut donc être en mode action et non réaction. Et ne pas gérer au cas par cas. À bien y penser, la fenêtre d'opportunité n'est peut-être pas ouverte…

     

     

    Plus vraisemblable alors est l'application du public choice, modèle qui valorise un rôle réduit de l'État, avec un gouvernement oeuvrant pour les individus et non pour la collectivité. Le "choix public" est ainsi le choix des individus qui composent ce public, pour leur propre avantage et non celui du groupe. On peut donc négocier à la pièce ses droits (en délaissant ou ignorant ses responsabilités) comme on magasine son téléviseur. Chacun peut interpréter ce à quoi il a droit, jusqu'à décision finale de la cour suprême s'il le faut.

     

     

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    Dans ce contexte d'entités et d'individus aux opinions divergentes, sinon opposées, de groupes de pression à l'intérieur du gouvernement comme dans l'espace public, d'enjeux sociaux qui vont de l'intégration sociale et économique à la bonne gestion des ressources publiques, peut-on rester dans l'inaction sans porter atteinte à la démocratie même?

     

     

    En se basant sur les lois existantes, les pratiques de négociations, les expériences de consensus (Paix des Braves, Sommet économique), ne serait-ce pas le moment de légiférer, de baliser, de cadrer, d'orienter les actions, de poser des gestes qui permettraient de régler les problèmes plutôt que de les laisser pourrir jusqu'à la prochaine élection?

     

     

    Le temps est certes propice à la prise de décision, à l'exercice d'un leadership d'État. L'oisiveté législative peut difficilement se conjuguer avec l'exercice démocratique, quand des enjeux sociaux remettent en question la liberté et l'égalité des citoyens.

  • Les services de garde : 7$ ou 10$?

    C’est dans l'esprit des débats sur les finances publiques  et à l'approche du dépôt du budget du Québec que j'aborde un sujet qui touche tous les contribuables de l’ensemble du Québec. Le tarif du réseau des services de garde éducatifs doit-il rester à 7$ ou augmenter à 10$?

    En  1997 le Québec à choisi de rendre ses services de gardes éducatifs abordables et universels. Contribuant ainsi à l’économie du Québec, à l’autonomie financière des femmes et à la lutte à la pauvreté. Ces services soutiennent les familles qui désirent avoir des enfants et accompagnent  les jeunes enfants dans leur développement et leurs apprentissages. En effet, il y a eu une diminution spectaculaire du taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme comme cheffe.  Entre 1997 et 2007, au Québec, le taux du faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 60,3% à 20,4%. C’est très significatif! De plus, il y a eu une hausse de naissances entre 2004 et 2008 ; le nombre de naissance sur une base annuelle est passé de 74000 à près de 88000. La tendance se maintient à cette hauteur pour les années 2009 et 2010(1). Les mesures de soutien aux familles mises en place au Québec, dont les services de gardes à 7$, contribuent à cette augmentation.

    Lors du changement du pouvoir en 2003, le Ministre a rapidement augmenter le tarif, passant de 5$ à 7$ ; une hausse de 40%. S’il était décidé d’augmenter ses frais à 10$, il y aurait de nouveau une hausse de plus de 40%. Pour une famille moyenne avec 2 enfants, cette augmentation serait de l’ordre de 1570$ par année. C’est énorme!

    Une question se pose également : pourquoi une famille ayant un revenu supérieur à la moyenne devrait payer le même tarif qu’une famille avec un faible revenu? Pourtant les familles avec du quintile supérieur assument par leurs taxes et impôts une contribution additionnelle largement supérieur à une famille du quintile inférieur. C’est ainsi que s’opère notamment l’équité de traitement selon les revenus. En augmentant les frais de garde pour les parents utilisateurs ayant des revenus plus élevés, le fardeau incomberait uniquement aux contribuables qui ont des enfants.

    Par ailleurs, le Québec s’est doté d’un système collectif dans le domaine de la santé et de l’éducation. Tous les contribuables du Québec, avec ou sans enfants, paient des taxes et impôts et contribuent ainsi à ce réseau des services de gardes éducatifs. À long terme, tout le monde est gagnant. La réduction à la pauvreté, l’équité de recevoir une éducation de qualité, la hausse du taux d’emploi, la hausse démographique ; tous ces éléments vont apporter une retombée économiques et sociables qui sera profitable à l’ensemble du Québec.

    D’un point de vue financier, cette universalité favorise l’équité entre les types de famille. Si on prend 4 familles avec tous un même revenu  brut annuel de 82,383$, leur revenu net après les déductions, vont sensiblement être les mêmes :

    1)      Un couple sans enfant dispose de 59,113$/an

    2)      Un couple avec  2 adolescents sans frais de garde dispose de 62,281$/an

    3)      Un couple avec 2 enfants, 2 parents qui sont sur le marché du travail et qui utilise le service de garde à 7$ dispose de 59,057$/an

    4)      Un couple avec 2 enfants, dont un des parents est à la maison et dont le revenu est entièrement gagné par l’autre parent dispose de 59,901$/an(2)

     

    Une autre réflexion importante s’impose;  s’il y avait hausse de tarif à 10$, l’accessibilité aux services de garde par les familles monoparentales et à très

     faible revenu serait compromise. Certaines familles, ont besoin, au-delà du service de garde, d’un environnement actif et sain pour le développement

    de l’enfant. Lors de la petite enfance, le jeu est la clé de l’apprentissage

    des tout-petits. L’enfant apprend par le jeu. Le jeu permet à l’enfant d’acquérir et de développer des habiletés très importantes

    en vue  de son entrée en milieu scolaire. Avec l’universalité des services, tous les enfants, de milieux riches ou pauvres,

     peuvent bénéficier  d'un environnement stimulant et riche.

     

    Selon les recherches de Gérard Malcuit, Andrée Pomerleau (Département de psychologie, UQAM) et de Nathalie Bigras

    (Département d’éducation et pédagogie, UQAM) (3), ils ont constaté que dans les milieux défavorisés (par défavorisation on

    entend les enfants qui vivent dans des familles à revenu précaire et/ou que les parents sont sous-scolarisés), les enfants de ces

     familles, présentent, et ce en bas âge, un développement compromis. Avec plus tard un risque de décrochage scolaire.

    Un milieu stimulant et propice aux apprentissages actifs, avec du matériel pédagogique approprié représentent la meilleure

    chance d’atténuer  les conséquences négatives pour l’avenir d’un enfant sous motivés. D’ailleurs il est significatif que le nom

    de garderie soit changé pour centre de la petite enfance. Le lieu de service de garde ne devient plus seulement un lieu

    pour «garder» les enfants mais devient plutôt un milieu de développement optimal pour tous les enfants.

    Quand on comprend que les services de gardes offrent ces chances et de plus favorise la conciliation famille-travail des

     parents, il devient important de ne pas mettre en péril l’universalité de ce réseau. Je crois à l’épanouissement de

    tous les enfants!

     

    Louise Larose, ENAP7505, Montréal

    Références :

    (1) Source : AQCPE, Institut de la statistique du Québec, février 2010

    (2) Source : AQCPE, Ruth Rose, économiste et professeur associée au Département de sciences économiques de l’UQAM

    (3) Source : texte transmis par le RCPEÎM de Gérard Malcuit, Andrée Pomerleau (Département de psychologie, UQAM) et de Nathalie Bigras (Département d’éducation et pédagogie, UQAM),

     

     

     

     

     

     

     

  • Blogue #1 - L’État; un Papa poule – Catherine Martel (Montréal)

    Blogue #1 - L’État; un Papa poule – Catherine Martel (Montréal)

     

    Oui, c’est mon premier blogue à vie. J’étais réticente à l’idée de mettre mes propos par écrit car on ne cesse de me rappeler de tempérer ces derniers. Le premier réflexe est donc de suivre le moule, de prendre le travail des textes à analyser à l’aide de la matière connue et enseignée. Parce que ce n’est pas évident de prendre position clairement sur un sujet qu’on ne maîtrise pas nécessairement. Il y a ce malaise de la contrainte du jugement, d’avoir à peser le pour et le contre du propos, de se conformer aux lois, aux règles, de l’aspect plus complaisant de suivre les rangs. On valorise rarement la différence puisque, d’une part, elle nous confronte et parce qu’elle demande une réflexion, un travail et une démarche qui requiert un effort supplémentaire et qui, souvent, ébranle et dérange tous ceux impliqués dans le processus.

     

    Mais rien ne sert de copier l'originalité

    Si tu te modèles au modèle tu deviens pâte à modeler

    Au départ tu critiques, aujourd'hui tu imites

    Ton intelligence grandit, voici ton seul mérite

    Car imitation égale limitation[1]

     

    Ce manque de pro activité, de confiance en soi et de prise en charge sur notre avenir, revient fondamentalement au fait que nous sommes d’éternels poussins-citoyens et partisans du syndrome que j’appelle « cpamafaute ». Nous sommes donc coincé dans un perpétuel cercle vicieux pathologique que l’on sait malsain mais tellement complaisant puisqu’il nous permet de faire notre surplace sans culpabilité. D’une part, poussin ne veut rien faire car il est bien au chaud sous Papa qui le couve, lui donne tout cru dans le bec, renforce son insécurité et retarde son envol. De l’autre côté, Papa a peur de lâcher prise car poussin ne semble pas démontrer qu’il est prêt à faire face à la vie comme un grand. Poussin peut faire des erreurs ou tenter d’abuser de la bonté de Papa. Mais pourtant, on sait tous que la leçon demeure et prend souvent tout son sens après l’échec et les conséquences à assumer.

     

    Ici, malheureusement, admettre l’erreur ou l’échec et devoir réajuster le tir est loin d’être coutume au pays. On préfère faire l’autruche à coup de bureaucratie qui découragerait même le plus combattant voulant renverser la vapeur. L’erreur ne doit pas exister ou à tout prix être étouffée, camouflée pour éviter de se plonger dans le travail de répondre aux vrais enjeux de notre existence à travers la communauté et alors devoir remplir son rôle en tant que citoyen et en tant qu’État. Mais fondamentalement de quel rôle parle-t-on au juste ? Parce que depuis quelque temps, Papa a le dos large et y prend plaisir et poussin a des attentes grandissantes sur tout. On lui fournit même des pastilles de couleurs pour l’aider dans son choix de vin… Mais pour faire place au changement, il faut le vouloir au départ. Il faut être ouvert à la critique et faire l’effort pour reconnaître et identifier les mauvais patterns, les raccourcis empruntés et les lieux communs pour alors y échapper. Quand on marche dans des pas déjà tracés, ce n’est pas un peu comme se rendre à l’abattoir ?

     

    Par définition, le rôle de l’État se veut un rôle unificateur, fédérateur, administrateur d’un territoire dont il s'efforce de fixer les limites avec précision et présidant les destinées d'un peuple auquel il s'identifie. L’article de Pierre Simard « La grande garderie » vient effleurer le manque de prise en charge des citoyens supposément dû à un État qui pond une règle ou une loi pour chaque situation afin de protéger ou d’excuser à la fois prédateur et proie. Mais ce n’est ici que la pointe de l’iceberg. On a qu’à penser au système d’éducation. Juste le terme éduquer devrait être remplacé par enseigner pour éviter les ambiguïtés. C’est au professionnel en enseignement de venir compléter, rehausser l’apprentissage de l’élève en lui enseignant principalement à lire, à écrire et à compter. L’éducation, quant à elle, revient aux parents. Parce qu c’est ça choisir d’avoir un « mini-moi ». C’est de l’éduquer (à ne pas confondre avec l’élevage), soit de lui montrer à avoir une opinion, une personnalité propre à lui, au respect, à l’écoute, au partage, à la non-violence, à se responsabiliser, à être autonome, c’est aussi savoir le prioriser dans son espace temps malgré les contraintes que peuvent apporter la vie adulte et de ne pas tout abandonner dès la première embûche et de remettre la faute à l’État.

     

    Certain diront que l’État nous protège, nous défend du mal et ce n’est qu’un retour d’ascenseur notamment de par les impôts. Ils diront que les règles et l’encadrement sont mis en place pour ne pas à payer les frais des erreurs ou des abus qui pourraient survenir. Pourtant, c’est lorsque l’on prend la peine de regarder ce qui se passe ailleurs qu’on se rend compte que ce n’est qu’ici qu’on prend la peine de nous avertir de faire attention aux roches qui peuvent être glissantes proches d’un point d’eau… Dans mon éducation, mes parents m’ont souvent fait refléter la conséquence de mes choix. Par exemple, si je choisissais de ne pas porter mon casque en vélo, je devais prendre en considération que si j’avais un accident, ce serait par choix. La finalité ne pouvait être plus claire, je devais logiquement mettre mon casque pour éviter les conséquences négatives de me retrouver à gérer un handicap possible mais j’avais au moins l’impression d’avoir eu la possibilité de choisir quelque chose dans l’histoire. De mon côté, je pense que de trop vouloir prévenir les maux, l’État s’éloigne de sa mission première. On doit faire confiance aux individus. Cette notion n’existe plus nulle part. De nos jours, on doit plutôt gagner la confiance des amis, des collègues, des patrons, de l’État. De mon côté, je pense qu’on ne peut que la perdre. Peu importe les méthodes de contrôle, il y aura toujours des abuseurs et des imbéciles. Mais ce n’est pas la majorité. Laissons-les payer pour leurs actions avec un système judiciaire solide qui découragerait les élans des plus insouciants ou téméraires.

     

    Le problème, à mon avis, c’est qu’il y a impasse. On ne sait pas trop quoi faire, ni par où commencer pour ce virement de cap. Parce que ça, Papa, nous ne le dit pas, il donne cette impression de surprotection pour en réalité se déculpabiliser de ne pas se concentrer sur les vrais enjeux qui rendrait son poussin plus responsable et autonome. Poussin, quant à lui, se sent coincé dans son nid douillet et en demande toujours plus puisqu’il se fait rarement dire non. On relève souvent cet aspect dans n’importe quel livre de psychologie 101. Je pense qu’il faut donc laisser poussin crier un peu, ne pas céder, maintenir le cap de la cohérence, le rappeler à l’ordre au besoin et le laisser sauter en bas du nid pour qu’il prenne son envol parce que Papa doit lui faire confiance.



    [1] Extrait de la chanson « Superstarr » de Mc Solaar album Prose Combat 1994

  • À quand la légalisation de l'euthanasie au Québec??

    Blogue #1 - À quand la légalisation de l'euthanasie au Québec? - Caroline Bourgea, (session Hiver 2010, mercredi soir à Brossard) 

     

    À quand la légalisation de l’euthanasie au Québec??

     

    Cette question fait souvent surface au Québec par l’entremise des médias.  Malgré plusieurs débats, sondages, la loi est claire; l’euthanasie n’est pas permise.

     

    En novembre 2009, l’Assemblée nationale du Québec sanctionne officiellement la tenue d’un débat social sur le sujet.  Au Canada, le projet de loi C-384 a été déposé à 3 reprises à la Chambre des communes afin de décriminaliser l’euthanasie.  Pourtant, en Europe, en Belgique, dans les Pays-Bas, au Luxembourg et dans 5 états des États-Unis, on a accepté de légaliser l’euthanasie.  Pourquoi aujourd’hui, en 2010, ce projet de loi n’est-il toujours pas adopté au Québec??

     

    Un sondage d’opinion démontre que 77% des Québécois sont favorables à l’euthanasie et qu'au Canada la moyenne est de 75%.  De plus, si l’euthanasie était décriminalisée 71,3% des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) seraient prêts à y recourir dans leur pratique.  Toutefois, ils reconnaissent que la décision de décriminaliser l’euthanasie revient à la société et non aux médecins.  Alors, pourquoi attendre??

     

    Aussi, l’Association québécoise Mourir dans la dignité (AQDFMD) se défend activement afin d’avoir une politique sociale et légale pour permettre aux gens de mourir dans la dignité par euthanasie et par suicide assisté.  Grâce à une telle politique, voilà une belle occasion de faire disparaître plusieurs craintes reliées à l'euthanasie en établissant des critères stricts. À mon avis, la mise en place d’une politique empêcherait une pratique de l’euthanasie selon le bon vouloir de chacun et contribuerait à prévenir les risques d’abus possible.  Il faut avoir des balises claires.  Dans un avenir rapproché, avec le vieillissement de la population, la société fera face à une décision toujours aussi déchirante si le système judiciaire reste statu quo.

     

    Au cours de l'histoire de l'humanité, on considérait comme moral le fait de s'enlever la vie pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi ou comme on disait de donner "le coup de grâce" au soldat mourant.  Aujourd'hui, comme citoyen, le moment au cours duquel on en arrive à se questionner au sujet de l’euthanasie, se présente très souvent quand la santé d’un membre de la famille, d’une amie ou d’un proche se détériore au point où on ne sait plus ce qu’il faut faire pour le soulager, le libérer.

     

    Personnellement, je suis favorable à l’euthanasie lorsque les gens n’ont plus aucune qualité de vie (maladie dégénérative et incurable) et qu'ils endurent beaucoup de souffrances.  Quand la médecine ne peut plus les soulager ou que les traitements sont devenus inutiles et qu'ils ne font que retarder le moment du décès; je pense que c'est la qualité de vie et le confort qui devraient être privilégiés dans de telles situations.  La mort est alors préférable à la vie.

     

    Je suis contre l'acharnement thérapeutique. À quoi sert d'essayer de guérir quelqu’un dont la maladie est devenue impossible de guérir?  Quand le processus de la mort est devenu irréversible, à un non-retour.  Que faire quand la souffrance prend de plus en plus le dessus et que l'entourage se sent de plus en plus impuissant?  C’est souvent dans ces moments que l'on parle de l’euthanasie.  Même si les circonstances rendent la décision plus logique ou plus facile, elles ne décriminalisent pas pour autant le geste face à la loi.  Avec les années, nous avons fait beaucoup de progrès en médecine ce qui permet de prolonger des vies, mais à quel prix!!

     

    Pour ma part, si la personne a déjà discuté de sa position face à la mort et qu'elle en a fait connaître sa volonté; ne pourrait-elle pas signer une carte similaire au don d’organe??.  Je crois qu’il serait pertinent d’offrir cette possibilité à la société.  Aussi, est-ce que l’euthanasie est pire que l’avortement?? Selon moi, non.  Pourtant, on accepte la pratique de l’avortement. 

     

    Bien sûr, je pense que tant qu’il y a espoir que la personne guérisse malgré les souffrances reliées à la maladie, cela s’accepte mieux de la part de celle-ci, de ses proches et de sa famille.

     

    Par exemple, ma belle-mère a commencé à éprouver des ennuis de santé. Après plusieurs examens et différents tests médicaux, elle a su qu'elle avait un cancer à un rein.

     

    Elle décide de suivre les directives et les suggestions de traitements de son médecin et de son oncologue.  Au début, sa qualité de vie était plus ou moins affectée par la maladie.  Elle était capable de vaquer à ses activités quotidiennes.  Avec le temps, la maladie  progressait, la qualité de vie de ma belle-mère se détériorait.  Puis, du jour au lendemain, elle tombait régulièrement mettant ainsi sa sécurité en jeu.  La maladie ne cesse de progresser, les métastases augment, se propagent et finissent par atteindre les os et le cerveau.  Elle doit être hospitalisée et il faut qu'elle demeure au lit, impossible pour elle de se lever ou de s’asseoir.  Son corps enfle à cause des doses de cortisones qu’elle reçoit.  Des ulcères apparaissent dans la bouche et font que le simple geste de s’alimenter est très douloureux.  Elle ne mange presque pas et refuse même de boire.

     

    Par contre, elle demeure toujours lucide.  Elle disait être une impotente, un fardeau pour la famille.  Malgré le fait qu'elle soit très croyante et pratiquante, elle désirait mettre fin à ses douleurs tout en sachant que cela entraînerait sa mort!  Pourquoi ne l'a-t-on pas écoutée lorsqu'elle demandait de mettre fin à son calvaire? 

     

    Sincèrement, par amour, par compassion et avec tout le respect que j’avais pour elle, j’aurais bien aimé mettre fin à toutes ses souffrances.  Oui, j’aurais bien aimé répondre à sa volonté: "poser l’acte qui aurait mis fin intentionnellement à ses souffrances et à sa vie".  

     

    Pourquoi criminaliser un geste qui serait uniquement posé par compassion?? Qui décidera si une vie vaut la peine ou non d’être poursuivie??  Bonne réflexion!!!

     

    Références : Le magazine de l'AREQ, Quoi de neuf.

  • Le registre des armes à feu

    Blogue 1, par Colette BEAUDOIN - jeudi montréal

    Le registre des armes à feu : dites NON au projet C-391 !

    C'est la tuerie survenue à l'École Polytechnique de Montréal, au terme de laquelle 14 jeunes femmes avaient perdu la vie en 1989, qui est à l'origine de l'adoption de la Loi sur les armes à feu. Le registre de contrôle des armes à feu a été mis en place par le gouvernement libéral en 1995 afin de tenir à jour les informations relatives aux armes à feu en circulation au Canda.

    Par une ironie amère, le Parlement a voté sur un projet de loi visant à modifier le registre des armes à feu au moment même où l'on s'apprêtait à commémorer le 20e anniversaire du massacre à l'École Polytechnique.  (AFPC - Parlons syndicat - Vol 22, no 02)

    Le projet de loi C-391 a pour effet de soustraire du registre des armes à feu certains types d'armes, dont les carabines à canon long et les armes à épaule (en date de mars 2009, les armes dit d'épaule représentaient 91% de toutes les armes enregistrées au Canada). Le projet de loi a franchi l'étape de la deuxième lecture en novembre dernier et comme les Communes se sont prononcées en faveur de la proposition (164 contre 137 opposants), il sera ensuite débattu en comité parlementaire, avant d'être présenté en troisième et dernière lecture.

    En consultant le projet de loi, on se rend compte qu'il vise à éliminer l'obligation d'enregistrer les armes longues, communément les armes de chasse. Même si le projet de loi supprime le besoin d'être titulaire d'un certificat d'enregistrement pour ce type d'armes, il ne modifie pas l'exigence de posséder un permis de possession et d'acquisition pour pouvoir acheter ou posséder une arme à feu, il en est de même en ce qui concerne l'achat de munitions. De plus, certaines dispositions sont prévues afin que les commerçants soient dans l'obligation de tenir un registre sur leurs opérations de vente. Certains croient que l'abolition de cette partie du registre n'affectera en rien le contrôle actuel des armes à feu. C'est «le système d'enregistrement des carabines et fusils de chasse ainsi que les quelque huit millions de dossiers inscrits au registre des armes à feu sont dans la ligne de tir» (AFPC - Parlons syndicat - Vol 22, no 02). Si le projet de loi est adopté, il sera impossible de retrouver les armes d'épaule et le démantèlement du reste du registre sera inévitable.

    Ceux qui sont en faveur de ce projet soutiennent que le registre actuel ne vise pas les bonnes personnes en imposant un encadrement supplémentaire et inutile aux chasseurs. Rappelons qu'au Québec 3,4 millions de personnes pratiquent une activité récréative liée à la faune et à la nature (Le grand Club, 28 octobre 2009)

    Il faut comprendre que ce registre n'a pas été créé pour s'en prendre aux chasseurs, sportifs, collectionneurs et amateurs, c'est une question de responsabilité en matière de possession d'armes à feu!

    La véritable cible d'une politique de contrôle des armes à feu est, avant tout, le milieu criminel. C'est pourquoi il faut maintenir un contrôle rigoureux afin de distinguer les armes légales des armes illégales et ainsi pouvoir arrêter les criminels. Il serait impossible de combattre la mauvaise utilisation d'armes à feu sans solides moyens de contrôle. Donc, il est faux de croire que l'enregistrement des armes n'a pas vraiment d'effet sur les armes de contrebande, la sécurité publique ou au contrôle des crimes violents.

    Le Registre canadien des armes à feu est d'ailleurs un outil très important pour les agents d'application de la loi, quand vient le temps d'évaluer une menace possible à la sécurité du public ou le besoin de saisir des armes à feu d'un particulier. Au 30 juin 2009, il a été évalué que les policiers consultaient ce registre, en moyenne, 10 304 fois par jour. Il ne faut pas omettre le fait que chaque arme à feu a son histoire (achat, vente, don, prêt,..) et que c'est le système d'enregistrement qui donne souvent un point de départ aux enquêtes policières.

    Il est vrai que financièrement, ce registre devait coûter deux millions de dollars, selon les estimations du gouvernement à l'époque, alors que ce programme engendre en réalité une dépense de deux milliards. Or, le registre est en place depuis quinze ans, il a fait ses preuves et il fonctionne bien, son démantèlement signifierait la perte irrémédiable des sommes investies par le gouvernement canadien. Par ailleurs, il est malheureux de voir que les questions de coûts excessifs et d'inefficacités budgétaires font parfois de l'ombre aux arguments en faveur du registre. Certes faut-il s'assurer que les fonds publics soient dépensés prudemment, mais il ne faut pas s'éloigner de la vraie question : la sécurité publique. Le registre a fait du Canada un pays plus sûr, les statistiques démontrent le décroissement des blessures et des suicides liés aux armes à feu depuis plusieurs années.

    Nous sommes encore devant un des effets pervers issus de la vie en société : ce sont les honnêtes citoyens qui payent pour les autres ! La majorité des personnes qui s'achètent des armes pour la chasse ne sont pas induites de mauvaises intentions, mais il s'agit, rappelons-le, d'une question de responsabilité en matière de possession d'armes à feu. Au même titre que les automobilistes doivent détenir un permis de conduire et procéder à l'enregistrement de leur véhicule pour conduire en toute légalité.

    L'adoption du projet de loi C-391 aurait pour effet de démanteler un système efficace qui permet d'éviter des blessures graves et de sauver des vies. C'est le moment d'agir avant de perdre un outil important qui garde nos collectivités à l'abri de la violence associée aux armes à feu !

    BIBLIOGRAPHIE

    (AFPC - Parlons syndicat - Vol 22, no 02) http://psac.com/news/publications/unionupdate/22_02_womensday_journeedesfemmes-f.shtml

    La proposition s'attaquant au système canadien d'enregistrement des armes à feu est une grave menace pour la sécurité publique : www.cacp.ca/media/library/download/828/f_GunRegistry.pdf

    Le grand Club, 28 octobre 2009 : http://legrandclub.rds.ca/profils/609784/posts/search?search%5Bq%5D=pi%C3%A9geage&search%5BsearchType%5D=1&search%5Bsearch_space%5D=recherche_tags 

     

  • Ministre: un métier à risques-Blog no1-Montréal

    Ministre : un métier à risques

     

     

    Dans sa proposition de règlement concernant la modification du calendrier scolaire, soi-disant pour contribuer à la persévérance scolaire, la ministre de l’Éducation ne se doutait pas à quel point elle touchait à une corde sensible qu’il vaut mieux éviter par les temps qui courent quand on veut rester populaire face à l’opinion publique.  Ce dossier s’avère un sujet plus que complet pour démontrer notre compréhension de quelques principes et enjeux de l’administration publique.

     

    Le 3 février dernier  la ministre Courchesne dépose un projet de règlement qui viendrait modifier le calendrier scolaire. Le dépôt de ce projet de règlement à la Gazette Officielle du Québec, laisse 45 jours de consultation pour s’exprimer sur le sujet avant le dépôt officiel pour approbation à l’assemblée nationale en vue de sa mise en application à partir

    du 1er juillet prochain. Avant  de pouvoir être appliqué par le pouvoir administratif, ce nouveau règlement doit parcourir un chemin parsemé d’obstacles et d’embûches parfois impossible à surmonter. En effet, avant d’avoir atteint sa formulation la plus élégante et la plus susceptible de recevoir l’approbation des membres du conseil des ministres, ce projet de règlement aura été transmis au ministère concerné, au comité ministériel approprié en plus de faire un saut au conseil du trésor pour évaluer les coûts financiers reliés à sa mise en application. Le but de cet exercice est de faire une analyse complète tant au niveau législatif que financier de l’introduction de ce nouveau règlement mais surtout de s’assurer qu’une fois sur la table du conseil des ministres l’adoption du règlement ne sera pratiquement qu’une formalité. Dans cette optique on comprend que l’analyse du poids politique d’une telle proposition revient quant à elle à l’ensemble des membres du conseil des ministres qui, nous présumons, devaient avoir accumulé une fatigue extrême le jour de l’adoption de ce règlement. Par ailleurs, celle qui devra assumer toute la responsabilité du dossier une fois que celui-ci est connu du grand public est nulle autre que la ministre responsable de ce dossier, dans ce cas-ci la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Madame Courchesne. Celle qui a tenté de défendre sur toutes les tribunes la pertinence mais surtout la légitimité de son règlement.

     

    La ministre avait la volonté de faire en sorte que six écoles juives orthodoxes privées financées à hauteur de 60% par l’État, se conforment au régime pédagogique du ministère qui prévoit un certains nombres d’heures d'enseignement en français, en mathématique, etc. Le courage derrière cette décision est parfaitement louable mais les moyens pour y arriver semblent tout à fait disproportionnés. Vouloir faire adopter une loi qui pourrait avoir un impact sur l’ensemble de la population qui a des enfants qui fréquentent une école au Québec, pour s’assurer que six écoles se conforment au programme pédagogique, n’aura pas été la meilleure position prise par la ministre pour faire des gains politiques. En effet, comment pouvait-on imaginer que l’ensemble de la population allait se ranger derrière une décision dont l’élément, assurément le plus irritant, concerne l’abolition de l’interdiction d’enseigner les samedis et les dimanches. À une époque où l’ensemble des ménages sont surchargés et se plaignent de manquer de temps en famille et où 60% des enseignants présentent des symptômes d’épuisement professionnel, qui a envie d’entrevoir une seule fraction de seconde la possibilité d’ouvrir les classes durant les précieux samedis et dimanches? N’aurait-il pas mieux valu que la ministre autorise une dérogation à ces six écoles afin de leurs permettre de faire l’étude de la Torah et du Talmud tout en s’alignant sur les politiques du ministère pour le reste des matières? Nous n’avons pas de difficultés à imaginer, qu’un amendement au calendrier scolaire pour accommoder des écoles qui offrent un programme sport-étude en natation par exemple n’aurait  probablement pas suscité autant les passions. Sur ce dernier point, il est étonnant pour un gouvernement qui ne se positionne pratiquement pas sur les épineuses questions d’accommodements raisonnables prenne un tel risque politique.

     

     

    La ministre Courchesne, de passage à l’émission de Christiane Charrette sur les ondes de  Radio-Canada le vendredi 19 février, a tenté de se débattre tant bien que mal en affirmant que la volonté derrière l’adoption de ce règlement modifiant le calendrier scolaire est un moyen en faveur de la persévérance scolaire ou autrement dit pour lutter contre le décrochage scolaire. Cette affirmation, aussi vraie puisse telle être, semble manquer d’innovation pour tenter de faire « raccrocher » des jeunes déjà démotivés par l’école en les y invitant les samedis et dimanches! Aussi, en fouillant dans la documentation du ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport sur sa principale stratégie d’intervention en faveur de la persévérance scolaire, le programme Agir autrement, on y lit qu’il revient à chaque école de faire l’analyse de sa situation et de proposer des moyens adaptés à son milieu afin d’agir en faveur de la persévérance scolaire. Cette façon de présenter les choses vont de pair avec la mission et les rôles attribuables à chacune des principales institutions impliquées dans le système d’éducation, soit le ministère de l’éducation et les commissions scolaires. Effectivement, les commissions scolaires qui existent depuis fort longtemps, sont l’équivalent d’un gouvernement local dont une des responsabilités concerne l’adoption d’un calendrier scolaire. Si la demande de modification du calendrier en provenance de ces « gouvernements locaux » était si forte, la pression serait venue du bas vers le haut et la ministre aurait eu toute la légitimité de proposer une modification qui aurait répondu aux préoccupations de l’ensemble des écoles publiques. Dans le cas des six écoles au cœur de cette polémique, étant privées, elles relèvent directement du ministère sans l’intermédiaire d’une Commission scolaire d’où l’intérêt d’un arrangement à l’amiable avec celles-ci.

     

    Des solutions possibles?

     

    Il reste à peine quelques jours avant la fin de la consultation à ce sujet et il y a fort à parier que le sujet va retrouver une place importante dans l’actualité, étant donné les protestations qui ont suivi chez les syndicats d’enseignants pour ne nommer que ceux là. Des solutions envisageables :

    1)Un règlement qui aura une formulation donnant  la possibilité exclusivement aux écoles qui en font la demande de déroger à l’interdiction d’enseigner les samedis et dimanches sans l’imposer à l’ensemble des écoles.

    2) Ouvrir un véritable débat public sur la question sans grande chance de gain

    3) Tenir ça mort en souhaitant que l’opinion publique n’en tienne pas trop rigueur à la ministre Courchesne, mais le prix à payer de cette dernière option risque de mettre au moins six écoles dans le camp ennemi de la ministre.

     

    Et vous, quelle solution entrevoyez vous pour se sortir de ce dilemme? Je vous invite à réagir et ou à proposer vos solutions,….

     

     

     

    Entrevue de la ministre Courchesne sur les ondes de Radio Canada

    http://www.radio-canada.ca/emissions/christiane_charette/2009-2010/archives.asp?date=2010-02-19

     

    Article du Devoir concernant une étude de l'École nationale d'administration publique (ÉNAP) sur la santé mentale des professeurs

     http://www.ledevoir.com/societe/education/282856/detresse-psychologique-les-enseignants-montrent-la-reforme-du-doigt/

     

    Programme d’intervention Agir autrement

    http://www.mels.gouv.qc.ca/Agirautrement/index.htm

     

     

     

     

    BLOG no1 Groupe du jeudi soir Montréal

    I. Francoeur

  • 3 propositions pour le système d'éducation - Louis Jean - Blog #1 (Montréal)

    Il est généralement admis que l’organisation de notre système d’éducation n’a pas encore atteint son apogée. Le taux de décrochage des étudiants, indicateur de référence, demeure toujours un des plus élevés au Canada (29 %) et ce, malgré l’application d’une réforme qui avait pour but de s’attaquer à ce problème. Nous nous trouvons actuellement à la veille d’un autre changement de direction, alors qu’on s’apprête à se départir (du moins en parti) d’une réforme qui visait à outiller nos jeunes pour faire face aux nouvelles exigences des sociétés du savoir, perçues comme seule voie d’avenir pour notre société. Dans ce contexte, quelle direction prendre?

    La recherche des éléments propices au succès peut nous amener à épier l’élève modèle en matière d’éducation: la Finlande. En tête du peloton dans les tests internationaux depuis bientôt dix ans, ce pays a développé un véritable circuit touristique de ses écoles à l’intention des gestionnaires et chefs d’État en quête d’inspiration. Évidemment, le modèle finlandais repose sur plusieurs bases culturelles; on ne saurait donc bêtement l’appliquer au cas du Québec. Cependant, trois éléments de ce modèle pourraient inspirer une véritable révolution tout en fraîcheur de notre système.

    Décentraliser la gestion des pratiques enseignantes:

    Après un brusque changement de cap dans le programme d’éducation québécois en 2000, un louvoyage incessant de la part du ministère de l’Éducation pour contrer le tumulte de protestations et le lent naufrage des jeunes Québécois dans les tests internationaux, il semble que la majorité des enseignants ait discrètement décidé de quitter le navire de la réforme pour revenir aux méthodes d’enseignement traditionnelles. Par contre, d’autres enseignants ayant davantage d’aptitudes personnelles ou des groupes plus propices au renouveau pédagogique continuent dans le chemin tracé par le ministère. Il semble donc que ce ne soit pas tant la réforme qui pose problème, mais le fait qu’on ait voulu l’appliquer en bloc à une population très disparate.

    À une époque où les connaissances sont désormais facilement accessibles via les nouvelles technologies, comment expliquer que les enseignants ne veulent pas délaisser la transmission de connaissances au profit du développement des compétences, tel que le propose la réforme? Car force est d’admettre que les écoles qui ont appliqué avec succès les nouveaux paradigmes de l’éducation, dont l’apprentissage par projet, ont vu leurs étudiants développer les qualités requises par les sociétés du savoir, ayant appris à mieux travailler en équipe, à exploiter l’information et à être autonomes dans leur apprentissage. Or, on notera que la réalité de ces écoles est souvent particulière.

    Et comme le suggère le premier des mantras des sciences de l’éducation - principes qu’on ne cesse de marteler durant les quatre années de la formation des maîtres –, de la même façon qu’un style d’enseignement ne peut seoir tous les élèves d’un groupe, nous ne pouvons appliquer un dogme éducatif à toute une province sans considérer les éléments propres à chaque école. Quels sont donc ces éléments propices à la réforme? Voyons le cas de la Finlande.

    À l’instar du Québec, la Finlande accusait un certain retard de développement par rapport à l’Occident dans les années 1960, sa population étant isolée du continent par sa langue et oeuvrant majoritairement dans le domaine agraire. Secoué par une crise économique dans les années 1990, le pays tabla sur un investissement massif en éducation, ainsi que sur une réforme similaire à celle qui a cours au Québec. En quelques années, il devint un véritable prototype de société du savoir. Aujourd’hui, on attribue à la Finlande 1 % des innovations mondiales, un apport énorme considérant que sa population de 5,3 millions représente moins de 0,1 % de la population globale.

    L’éducation en Finlande étant désormais imbriquée dans un concept collectif du futur, nul besoin d’user d’efforts extraordinaires pour inculquer aux étudiants le respect de l’école ou des enseignants. Le climat des classes finlandaises est en effet réputé pour être calme et propice à l’apprentissage, et les élèves respectueux et conscients de l’importance de leur formation. Dans ce contexte, il est facile de leur accorder l’autonomie tant valorisée par la réforme et d’en faire les acteurs principaux de leur apprentissage. Par conséquent, la pression externe sur les élèves, à proscrire selon le deuxième mantra des sciences de l’éducation - puisqu’elle nuit à la motivation intrinsèque et à l’autonomie - est réduite au minimum: aucun test standardisé au palier primaire et aucune note avant la 5e année. De plus, les élèves ne commencent l’école qu’à sept ans. Avant cet âge, ils ne font que jouer!

    Au Québec, certains professeurs se sont tournés vers l’apprentissage par projet pour se rendre compte, au bout d’un moment, que certains élèves n’étaient pas prêts à prendre leur éducation en charge. Le phénomène de groupe exacerbant de surcroît une norme culturelle nivelée par le bas, maintes transitions entre le modèle encadré de l’enseignement direct et celui où les élèves sont davantage laissés à eux-mêmes ont donné lieu à des résultats pitoyables. Certains enseignants se sont alors demandé si nous ne devrions pas ajouter quelques bémols aux troisième et quatrième mantras des sciences de l’éducation qui louangent les vertus du travail en groupe et les situations d’apprentissage explicites. Par ailleurs, le nombre d’élèves par classe étant beaucoup plus élevé ici qu’en Finlande, et les élèves en difficulté n’étant pas pris en charge aussi activement, la gestion de projets dans nos écoles peut devenir extrêmement délicate, voire impossible.

    Le ministère pourrait donc s’inspirer de son homologue finlandais, qui fixe des objectifs nationaux à atteindre tout en laissant aux enseignants le soin de choisir les méthodes les plus adaptées à leur réalité. Ou de la France qui a inclus la liberté pédagogique dans la loi sur l’éducation. Une chose est sûre, le décalage entre la pratique enseignante actuelle et la version officielle du ministère de l’Éducation ne fait rien pour contribuer à l’unité de notre vision collective du futur.

     

    Comme dans tout métier professionnel (médecins, notaires, professeurs d’université), le contrôle du travail des enseignants ne peut se faire de haut en bas. Les professionnels doivent être autonomes, et la meilleure façon de coordonner et de contrôler leur travail réside dans leur formation, qui standardise les qualifications et le savoir. Or, c’est justement là que le bât blesse.

    Réformer la formation et la sélection des enseignants :

    Dans une entrevue avec le magazine The Economist en 2006, une directrice d’école offrait son opinion sur le succès du modèle finlandais de façon on ne peut plus éloquente : « Teachers, teachers, teachers! ». En effet, en Finlande, ne devient pas enseignant qui le veut. Ce métier, très valorisé par la société, n’est accessible qu’après avoir effectué des études disciplinaires de haut niveau dans le domaine qu’on souhaite enseigner, le programme culminant ensuite par une maîtrise en pédagogie. Le résultat de cette valorisation de la profession et de la crédibilité des études est sans équivoque : les facultés d’éducation n’acceptent qu’un candidat sur dix, ce qui leur permet de trier les futurs enseignants sur le volet. Forts des connaissances acquises dans leur discipline, ces derniers sont bien préparés à développer des projets stimulants qui susciteront l’intérêt des élèves.

    Cette réalité est malheureusement bien loin de la nôtre, surtout pour ce qui est de l’enseignement au palier primaire; les années qui sont justement les plus cruciales pour assurer la réussite des élèves. La profession est en effet si peu valorisée qu’elle ne réussit pas à attirer les étudiants forts, ni les hommes, qui optent traditionnellement pour les métiers à haut statut social. Qu’on le perçoive comme une cause ou un effet de la dévalorisation de la profession, le fait est qu’au Québec n’importe qui peut obtenir un baccalauréat en éducation et le niveau académique est si bas qu’il décourage souvent ceux venus d’autres domaines de formation.

    C’est d’ailleurs un secret de polichinelle qu’il est quasiment impossible d’échouer un baccalauréat en éducation, à moins d’échouer au test de français, mis en place après que le rapport Larose ait conclu en 2001 que « plus de la moitié des futurs enseignants [avait] une connaissance nettement insuffisante de la langue française ». Or, en plus d’avoir fait des recommandations sur la langue, le rapport Larose avait aussi suggéré que les connaissances générales des futurs enseignants soient évaluées, une recommandation qui faisait suite à plusieurs études alarmantes effectuées dans les années 1990, dont une qui avait révélé que seulement 19 % des étudiants interrogés pouvaient identifier les cinq continents sur la carte du monde. On n’a toutefois pas tenu compte de cette recommandation, les syndicats des enseignants, fidèles au deuxième mantra, étant en faveur d’une approche valorisante plutôt que punitive. Conséquemment, huit ans plus tard, les étudiants en éducation ne sont toujours pas reconnus pour leur intérêt pour la culture. Et dans les couloirs des universités, une phrase mal construite portant sur un téléroman, les bébés ou le shopping, ou un toutou en peluche sur une sacoche stylisée a malheureusement vite fait d’identifier une étudiante en enseignement au préscolaire-primaire.

    Le problème est cependant beaucoup plus profond pour qu’il ne soit réglé par un simple test de français ou de connaissances générales. Si c’est une chose de passer un examen auquel on a mis des semaines à se préparer grâce à des guides spécialement conçus pour ladite épreuve, s’en est une autre d’affectionner le français et d’être passionné de culture, curieux et avide de transmettre son savoir. Regrettablement, le baccalauréat en éducation attire plutôt des gens ayant un grand besoin de sécurité et de structure, qui voient probablement dans la profession d’enseignant un emploi stable, bien rémunéré et présentant peu de défis au plan intellectuel. Et si, par peur de perdre le contrôle, nombre de ces enseignants paniquent lorsqu’un petit garçon lance une boule de neige durant la récréation, imaginez lorsqu’on leur demande de gérer des projets où les jeunes apprennent par eux-mêmes de façon beaucoup plus anarchique, sans marche à suivre et avec peu de structure. Pas étonnant que la réforme ait frappé un mur; il est beaucoup plus sécurisant de mâcher la matière des manuels d’enseignement.

    On pourrait aussi reprocher au programme de la formation des maîtres de contribuer à l’inculture générale de ses étudiants, puisqu’il offre peu de cours disciplinaires, au profit d’un cursus qui s’applique à étudier sous tous les angles des concepts d’une grande simplicité, mantras que vous connaissez désormais presque tous après avoir lu cet article. Par ailleurs, cette approche contribue immanquablement à insécuriser les futurs enseignants dans la création et la gestion de projets demandant un grand intérêt et une maîtrise de la matière qui déborde du cadre des manuels scolaires.

    Cette approche a aussi fait en sorte que les écoles se sont vidées des gens de contenus, au profit de spécialistes de la forme n’ayant parfois même jamais étudié les programmes qu’ils sont voués à enseigner. Jusqu’en 1994, le Québec autorisait pourtant les détenteurs d’une formation disciplinaire à enseigner dans nos écoles secondaires après avoir complété un diplôme d’un an en pédagogie, comme c’est encore le cas dans plusieurs provinces canadiennes. Ces provinces forment des enseignants pouvant, eux, pratiquer au Québec à la suite de simples procédures administratives. Comble de l’ironie, plusieurs Québécois profitent de cette faille interprovinciale pour aller faire leurs études en dehors du Québec et revenir un an plus tard, diplôme en main. À l’université d’Ottawa, par exemple, le tiers des étudiants à la faculté d’éducation sont Québécois, la plupart voulant retourner pratiquer au Québec. Par ailleurs, l’accord sur la mobilité de la main-d’œuvre au Canada, qui doit être signé sous peu, est censé permettre à tout enseignant canadien de pratiquer dans la province de son choix. Une fois cet accord signé, il sera difficile de justifier que, contrairement à ceux des autres provinces, nos professionnels déjà diplômés dans leur domaine ne puissent transmettre leur passion à nos jeunes qu’à condition de s’infliger quatre ans d’études abrutissantes.

    Le ministère pourrait par ailleurs déployer davantage de ressources pour répertorier et évaluer le contenu disponible pour chaque matière enseignée. Le facteur le plus déterminant pour le succès d’un cours étant sans doute la qualité du contenu, et les futurs maîtres n’étant plus formés sur la base de celui-ci, la préparation de cours se fait souvent à la hâte, avec les manuels élaborés par les maisons d’édition, avec l’aide de Google ou de collègues, si ces derniers acceptent de partager leur matériel (la vieille mentalité par rapport au partage de l’information est encore malheureusement très répandue dans le monde scolaire). Certaines commissions scolaires ont des sites qui permettent aux enseignants de mettre en commun le matériel qu’ils ont développé, formant ainsi une banque considérable d’activités dans laquelle les enseignants peuvent piger. Ce partage d’information doit se généraliser à l’ensemble du Québec, impliquer tous les enseignants et être géré par le ministère de l’éducation lui-même. En effet, quelle logique y a-t-il à décentraliser le partage d’information gratuite sur Internet?

    La valorisation de la profession enseignante, primordiale dans le modèle finlandais, doit s’effectuer de toutes les façons possibles : contingentement des facultés d’éducation, échec des futurs maîtres qui ne rencontrent pas les normes, participation des parents, etc. Le fait d’exiger que les meilleurs enseignent à nos jeunes ne peut que créer un cercle vertueux à l’intérieur de notre société. Et lorsqu’on parle des « meilleurs », il faut aussi préciser qu’il s’agit des meilleurs par rapport au contexte particulier de chaque école et de chaque classe; c’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait un mécanisme qui permette d’affecter chaque enseignant à une tâche qui sera adaptée à ses capacités et ses talents. Ce qui nous mène à ma troisième proposition.

    Réformer le processus d’embauche :

    En Finlande, l’embauche se fait au niveau local, directement par le directeur d’école. Ce dernier étant le gestionnaire de son établissement, il est le mieux placé pour déterminer de quel type d’enseignants il a besoin et des mouvements de son personnel à l’interne. Au Québec, dans la plupart des commissions scolaires, le directeur d’école n’a pas ce pouvoir, l’attribution de tâches se faisant par l’entremise d’un système automatisé basé sur l’ancienneté et sous la supervision d’une technicienne en administration. Certes, ce système offre l’avantage d’empêcher l’emploi par copinage, mais ses avantages semblent s’arrêter là. En fait, ce système fonctionnerait très bien si l’organisation scolaire s’occupait de gérer des boîtes, mais puisqu’il s’agit d’humains, cela occasionne plusieurs problèmes. Prenons l’exemple de cette classe dans Ahuntsic qui comportait plusieurs garçons en difficulté, beaucoup provenant de familles monoparentales. Logiquement, le directeur aurait voulu affecter un enseignant masculin à cette classe, ce qui était malheureusement hors de son contrôle. De plus, le système de listes de priorités ayant affecté trois enseignants à cette classe dans la même année, ce directeur était très conscient des effets négatifs au niveau humain créés par le manque de stabilité. Ayant aussi la tâche de gérer la frustration des parents face à cette situation, le directeur ne pouvait que s’en remettre au système mécanisé de la Commission scolaire de Montréal, qui ne pouvait malheureusement pas prendre en considération la situation sur le terrain. Certains feront remarquer que ce système pourrait occasionner un retour à l’emploi par copinage, ce à quoi je répondrais qu’un certain nombre de mesures pourraient être mises en place pour éviter cela, dont la participation d’un comité d’école dans le processus de sélection.

    Certains ont récemment proposé l’abolition des commissions scolaires pour opérer une réelle décentralisation à la finlandaise. Or, les fonctions administratives des commissions scolaires représentant une grande partie de leur travail, et il est souhaitable que ce travail demeure centralisé, ne serait-ce que par souci d’économie d’échelle (paye, reconnaissance des diplômes, etc.). À bien y penser, la seule fonction des commissions scolaires qui mérite véritablement d’être décentralisée est l’embauche du personnel. Ce faisant, on pourrait donner un réel pouvoir et un vrai droit de gérance aux administrateurs des écoles.

    Ma proposition est donc la suivante : Les commissions scolaires continueraient de classer les enseignants par champs de compétence et par ancienneté. Cependant, l’ancienneté ne permettrait plus d’obtenir automatiquement un poste lors de la pige annuelle. Elle permettrait plutôt d’être éligible à des rondes d’entrevues. Les postes les plus désirés par l’ensemble des enseignants seraient ainsi mis à la disposition de ceux qui se trouvent en priorité sur chaque liste sectorielle, et ainsi de suite. Le principe de l’ancienneté serait par conséquent préservé, ce qui respecterait, dans les grandes lignes, les conventions collectives déjà signées. Il faudrait néanmoins réussir à convaincre les syndicats que ce changement servirait les enseignants et les étudiants, puisque tous auraient dorénavant davantage la possibilité de se retrouver dans un milieu susceptible de mettre ses forces en valeur. Ainsi, les pseudo-écoles internationales ou les écoles alternatives publiques pourraient engager des enseignants ayant respectivement de l’expérience à l’international ou une vision du monde compatible avec la pédagogie en question. Bref, le gros bon sens.

    En somme, ces propositions sont beaucoup plus pragmatiques qu’idéologiques. Elles s’appuient en partie sur les dispositions actuelles du système d’éducation finlandais qui, disons-le, comporte aussi ses failles, mais beaucoup plus sur mes expériences en tant qu’enseignant dans divers milieux. Lorsqu’on entre dans cette problématique, il est facile de perdre une perspective globale de l’enjeu. À ce titre, le Programme international de l'OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui publie ses résultats chaque trois ans, se révèle d’une aide précieuse. À force de se désoler en nous regardant, il faut prendre le temps de se consoler en regardant les autres : de 2000 à 2006, le Québec se classait étonnamment bien au plan international. Les prochains résultats de 2009 seront disponibles en décembre 2010.

     

     

     

     

  • Les outils formalisés de gestion dans l'évaluation de la performance, un mal nécessaire ?

    Blogue #2 annie chartier (hiver 2010 : Brossard)

    Au cours des dernières décennies, de nombreux changements au sein de l'environnement des services publics ont pu être constatés.  En effet, l'appareil de la fonction publique québécoise est influencé par de nombreux facteurs économiques, sociaux et politiques.  Nous avons pu assister, entre autres, à l'introduction massive d'outils formalisés de gestion dans le secteur de la santé et des services sociaux.  Ceux-ci ayant pour but de permettre d'évaluer la performance des services publics et de les rendre imputables de leurs résultats.  Par exemple, les organisations publiques sont dorénavant obligées d'établir des ententes de gestion et d'utiliser des indicateurs de performance.  Dans la présente note, je tenterai de vous démontrer en quoi ce tournant au sein de nos organisations me semble préoccupant.  De plus, j'amènerai certaines conditions, qui je pense, pourraient être favorables à l'atteinte des objectifs poursuivis par cette instrumentation de gestion.  Pour ce faire, je m'attarderai plus précisément aux indicateurs de performance.

    Selon Saba et al., nombreuses sont les études qui ont tenté de cerner les critères de performance d'une organisation.  On s'entend généralement sur le caractère multidimensionnel du concept de performance organisationnelle ainsi que sur l'existence de critères d'évaluation externes et internes.  Par exemple, un critère externe pourrait être représenté par un comportement attestant de la conscience sociale de l'entreprise : protection de l'environnement, contribution à la collectivité, participation à des campagnes de sensibilisation, etc...  Un critère interne pourrait faire référence à la satisfaction des clients ou encore à la capacité d'innovation par exemple.  Mentionnons que la notion de performance peut à la fois être rattachée au niveau économique, de l'efficience, de la qualité, des résultats et des conséquences sur le plan social.  (Freeman, 2006)  Bref, la performance doit être vue au sens large.

    Je pense que c'est important de miser sur une meilleure qualité de services et de soins auprès de la clientèle.  De plus, je crois en l'importance d'une bonne gestion de nos organisations publiques.  Je me rallie au point de vue de Denis Proulx (2008) qui dit que le contrôle est essentiel à la gestion; il consiste à trouver des façons de savoir ce qui se passe au sein d'une organisation.  Il porte sur ce qui a été fait et permet d'apporter les ajustements nécessaires.  Il faut pouvoir déterminer si les résultats sont atteints, si les ressources sont utilisées adéquatement et si l'organisation produit ce pour quoi elle a été conçue.  Pour y parvenir, il faut aussi savoir si les employés travaillent bien, si les budgets sont respectés et s'ils sont appropriés et si les résultats obtenus correspondent aux besoins de l'usager.  Mentionnons que le contrôle fait référence à deux notions clés : la responsabilité et l'imputabilité.  Cette dernière s'inscrit dans le contexte de l'augmentation de la complexité des organisations et de la volonté de responsabiliser les individus sur des points précis et déterminés.  (Proulx 2008 : 157)

    Les outils formalisés de gestion permettent d'établir un certain contrôle sur ce qui se passe dans une organisation.  Je pense que cette forme de contrôle est nécessaire et permet d'éviter les situations d'abus tout en améliorant la qualité des services aux usagers.   Bien que tout ceci soit très légitime, le grand nombre d'indicateurs de performance et la bureaucratie que tout cela engendre me fait douter de l'efficacité de la démarche.  Il y a en effet, à mon avis, beaucoup de perte de temps et d'énergie de déployées pour répondre aux exigences bureaucratiques de ces outils formalisés de gestion.  Le temps qui est mis pour répondre à ces exigences n'est pas utilisé sur le plan clinique et en service direct aux usagers.  Je suis travailleuse sociale scolaire et les intrants que je dois faire durant ma semaine de travail peuvent me prendre environ une heure (avec le déplacement vers le clsc).  Cette heure-là n'est pas passée auprès d'un étudiant que j'aurais pu aider et pour moi c'est regrettable.  Dans un contexte de pénurie de ressources professionnelles auprès des élèves, il faudrait plutôt optimiser notre présence dans les écoles.

    De plus, les outils formalisés de gestion peuvent engendrer certains effets pervers.  Par exemple, on met des efforts simplement là où on est mesuré.  Il peut y avoir poursuite d'objectifs locaux (cibles précises) en négligeant les objectifs de l'ensemble de l'organisation.  Par exemple, pendant la vaccination AH1N1 cette automne, une présence psychosociale était requise sur les centre de vaccination de masse.  Notre rôle était, entre autres, de faire le tri des gens à la porte d'entrée et de donner les coupons.  Pourquoi un t.s. là plutôt qu'une infirmière ? Bonne question, je me la suis posée à tous les jours où j'ai dû aller "revirer" des gens...je me sentais un peu n'importe qui (en ayant pas vraiment de base en santé)pour faire cette job là.  Bref, ca c'est une autre affaire. 

    Ce que je voulais dire, c'est que mon CSSS a fait le choix de retirer tous ses intervenants scolaires des écoles et de les affecter à temps plein au centre de vaccination de masse parce que notre équipe n'est pas (encore?) liée directement à une entente de gestion (ou à des cibles à atteindre) comme peut l'être l'équipe jeune en difficultés ou encore l'équipe santé mentale jeunesse.  On a fait le choix de préserver ces services afin de répondre aux cibles et de recevoir les budgets (faut pas se le cacher, c'est ca qui contrôle tout!!)  au lieu de délester un peu chacune des équipes et d'offrir un minimum de services temporairement.  Cela a été très malheureux comme décision puisque un jeune qui a besoin de services à l'école est aussi important ou prioritaire qu'un jeune qui a besoin de services en familial au clsc.  Pourtant ce dernier y avait accès. Dans nos écoles, on a quand même des suivis avec des jeunes à risque (idées suicidaires, situations de violence, etc...) et on nous a demandé de tout laisser tomber du jour au lendemain.  Je trouve que c'est une décision lourde de conséquence. 

    Autre effet pervers, on peut assister à de la manipulation de données afin de mieux paraître ou encore de recevoir des budgets.  L'organisation peut devenir paralysée, liée à une évaluation de la performance rigide.  Par conséquent, Freeman (2002) mentionne qu'il faut être vigileant par rapport aux effets pervers des indicateurs de performance.  Il y aurait beaucoup de précautions à prendre pour bien utiliser ces outils de gestion et éviter les inférences très simplistes.  Je crois que les intentions sont bonnes, mais qu'en cours de route, on a perdu de vue l'objectif.  En effet, il me semble que la bureaucratie ne diminue pas mais augmente avec toutes les nouvelles mesures mises en place; ententes de gestion que les organisations publiques doivent créer et respecter, intrants, cibles à atteindre dans le plan d'action local, démarche pour obtention de l'agrément, etc... Dans ce contexte, il y a peu de place pour la flexibilité.

    J'observe parfois des pratiques que je trouve aberrantes et décevantes, au sein du CSSS pour lequel je travaille, afin de répondre à certaines exigences de l'agence.  Par exemple, l'an dernier, afin de recevoir un budget supplémentaire au sein de l'équipe santé mentale jeunesse et d'atteindre la cible fixée, on a demandé aux psychologues de l'équipe de cesser les suivis et de ne faire que de l'évaluation de dossiers.  Afin de rencontrer le plus de jeunes possibles et d'atteindre la cible, ils ont évalué des dossiers à la chaîne et lorsqu'ils avaient une meilleur idée de la problématique à travailler, les jeunes étaient remis sur une liste d'attente.  Cela a duré jusqu'à la fin de l'année fiscale, soit presque 4 mois.  Pour moi, c'était aberrant qu'on utilise les usagers afin de "coter" plus et d'avoir plus de budget.  Je ne trouve pas que c'est rendre service à un jeune de le voir et de le remettre tout de suite en attente après.  De plus, sur le plan clinique cela n'a pas une très grande valeur et est peut-être même contre-indiqué. 

    Pour moi, cela a un effet pervers puisque l'on utilise toute sorte de pratiques pour répondre aux exigences de l'agence.  Il me semble qu'il n'y a pas de flexibilité et qu'on ne s'adapte pas au terrain.  En effet, il se peut fort bien qu'une année on voit moins de jeunes, mais on peut être encore plus performants dans nos dossiers et aller plus loin dans l'intervention.  Peut-être que cette année-là, les dossiers étaients plus lourds et demandaient plus de rencontres ?  Je ne pense pas que voir plus de jeunes équivaut à plus de qualité.  À mon avis, la qualité des soins devrait être un indicateur important de la performance d'une organisation publique.  Ne faire que des évaluations ne permettait pas, selon moi, d'effectuer des interventions de qualité.

    Je pense que pour que les outils formalisés de gestion soient aidants, il faut qu'ils s'adaptent plus au terrain et que la flexibilité soit plus possible.  Je comprend le besoin d'uniformiser, de règlementer afin de s'assurer que les fonds publics soient bien utilisés.  Toutefois, nous travaillons avec des humains et il faut tenir compte de notre réalité.  On ne peut utiliser des critères quantitatifs pour évaluer des interventions de l'ordre du qualitatif.  En tant que clinicienne, j'évalue la qualité de mes services au fait de faire de bonnes interventions et de me centrer sur le besoin du client qui est en avant de moi. Je ne m'évalue pas à l'aide du nombre de jeunes que je rencontre.  Pour moi cela ne fait pas de sens, c'est simpliste et ça sonne faux.  Il faut dépasser les chiffres et permettre les nuances.  Par conséquent, je pense qu'il faut que les indicateurs de gestion soient plus flexibles, adaptés au qualitatif et tiennent compte des différentes réalités.  De plus, il faut impliquer la base dans le choix des indicateurs de performance pour que cela fasse du sens pour eux.  Il serait important aussi d'avoir comme objectif de revoir régulièrement les indicateurs de performance et de les modifier ou encore d'en retirer si on se rend compte qu'ils ne sont plus pertinents.

    Je suis d'accord avec Dubois (2003) qui mentionne que les organisations publiques devraient avoir un cadre d'imputabilité qui prenne davantage en compte les divers aspects de l'offre de services.  Le constat établi serait celui de l'insuffisance des outils de gestion actuels qui mettent l'accent sur le volume d'activités, la conformité des processus de gestion financière, l'équilibre budgétaire, mais qui ne permettent pas de rendre compte de la qualité des services rendus ni de l'efficacité des politiques et des programmes et des résultats en terme d'amélioration de santé.

    "L'enjeu exprimé à cet égard est celui d'un système de responsabilité plus clair où les objectifs sont bien définis, sont réalistes par rapport aux moyens définis et où les performances sont évaluées en fonction d'un ensemble équilibré d'indicateurs pouvant prendre en compte les divers aspects de l'offre de services."  (Dubois 2003 : 57)

    En effet, il faut penser les indicateurs en fonction d'objectifs clairs et cibler plusieurs dimensions de la performance.  Il est primordial d'accorder une place de choix au qualitatif.  Par ailleurs, il peut être intéressant de prévoir des indicateurs pour interpréter les résultats (facteurs de risque) et éviter les inférences simplistes.  Il faut cibler les indicateurs associés à de fortes évidences scientifiques (notamment cliniques) et faire des efforts pour assurer la fiabilité des données.  Finalement, il m'apparaît important de respecter la rigueur méthodologique requise par le développement et choisir des indicateurs parmi ceux qui ont été validés.  (Brown et al.  2005)  Peut-être que dans ces conditions, les indicateurs de performance nous permettraient d'améliorer réellement la performance de nos organisations publiques ?

    BIBLIOGRAPHIE

    Dubois, C.A. (2003) 

    Renouveau managérial dans le contexte des services de santé : mirage ou réalité ?   Sciences sociales et  santé.  France. Vol.21 #4 p.41-71.  125 pages.  ISSN 0294-0337

    Freeman, T.  (2002)

    Using performance indicators to improve health care quality in the public sector : a review of the literature.  Health services management research.  Grande-Bretagne.  Vol. 15 #2 p.126-135. 70 pages.  ISSN 0951-4848

    Saba et al. (2008)

    La gestion des ressources humaines.  Tendances, enjeux et pratiques actuelles.  4e édition.  Éditions du renouveau pédagogique in.  Ville Saint-Laurent.  Qc.  654 pages.

  • Haïti, un pays fait de contradictions!

    Port-au-Prince%20haiti.jpgHaïti, un pays fait de contradictions!

     

    Depuis la tendre enfance, j’entends parler du plus beau pays au monde, Haïti. Au dire de mon entourage, Haïti est le rêve incarné de la « dolce vitae » de part la beauté de son paysage féerique antillais et du beau temps perpétuel. Il n’existe pas de diasporas haïtiennes qui ne rêvent pas du jour de son fameux retour en sa terre natale. Le sort en décidera autrement alors que le pays est en fait en piètre état et ce, depuis les quarante dernières années. Sous ce beau soleil d’Haïti se cache un dessein remplie de rêves déchus. Le gouvernement haïtien éprouve toujours du mal à s’organiser et assumer sa mission de sécurité dans le pays.

     

    Les derniers jours suivant ce tremblement de terre historique, écroulant littéralement Port-au-Prince, ont su remettre en perspective la dure réalité d’un peuple décimé par les années. Comment s’expliquer les événements derniers amenant sinistres naturels par-dessus sinistres naturels? Nous étions tous consterné d’un tel acharnement du sort. Comment un peuple si dépourvu devant sa malchance peut-il être encore éprouvé de la sorte? J’ai dû mal à me l’expliquer. Une sainte écriture dit : "À celui qui en a déjà je lui en donnerai davantage et à celui qui en a déjà peu je lui enlèverai le peu qu’il lui reste". Est-ce vraiment la volonté d’un Dieu vengeur? Le peuple haïtien a-t-il réellement atteint la malédiction ou est-ce peut-être un signe de renaissance qui pointe à l’horizon de la perle des Antilles, l’Hispaniola? On s’interroge toujours sur la question.

     

    À force d’y penser, ma réflexion m’amène toujours à la même constatation. Peu importe l’analyse qu’on en fait, Haïti ne serait pas dans cet état si elle détenait de riches ressources. Certaines terres africaines s’en tirent beaucoup mieux en raison de leurs ressources naturelles tel que le pétrole, l’or, l’uranium, le diamant. En région rurale, il reste encore des terres agricoles mais, elles exploitent toujours à peu près les mêmes denrées depuis le début du siècle. On parle ici de la canne à sucre, le maïs et d’autres spécificités locales. En somme, rien de très spécialisé pour la région qui pourrait être exportable à très grande échelle. Plus les années passent, plus l’écart technologique entre les pays dits avancés et les pays en voie de développement se creusent tandis que les derniers progrès technologiques sont de plus en plus rapides. Autrement dit, les industries haïtiennes affichent un retard encore plus prononcés par rapport à celles des autres pays développés et cela, comparativement à il y a trente ou quarante ans. On peut en conclure que si rien ne change cette situation pourrait empirer en quelques années au point tel que le retard à combler serait pratiquement irrémédiable dans le temps. Une fois ce fait établi, il deviendrait presqu’impossible que la nation haïtien devienne compétitive de sitôt.

     

    Tout ce que j’ai relevé jusqu’à maintenant ne désavoue en rien ce que le peuple s’est infligé à lui-même. Il m’horrifie de constater comment les haïtiens se traitent mutuellement. Encore dernièrement, on voyait les images des châteaux, paquebots, voitures de luxe des richissimes du pays. Dans les faits, le principe de répartition de richesses n’existe presque pas en Haïti. Je dis bien dans les faits parce qu’il fait partie des déclarations constitutionnelles du pays. Les gens vous diront que les riches d’Haïti ne paient pas vraiment d’impôts à l’État. Pour ainsi dire, les fonds internationaux servent souvent à payer très cher les services des employés de l’État qui dénote des députés, des Ministres, des sénateurs, etc. Au dire des haïtiens, les fonds d’aide internationaux se retrouvent souvent détournés à enrichir d’une façon ou une autre la classe dirigeante du pays. On se rend bien compte que ce n’est qu’une infime partie des fonds qui finie réellement par joindre les gens dans le besoin. Un rapport de la mission des Nations Unis de Mars 2009 illustre bien les difficultés de l’État de droit en Haïti. Le manque criant en moyens financiers du gouvernement limite sa capacité de se doter des effectifs nécessaires pour faire respecter les lois et règlements. Entre autre, malgré les efforts des pays contributeurs, le ratio de policier et d’habitant demeure insuffisant pour lutter efficacement contre le crime organisé. Dans le rapport de l’ONU, on souligne le problème du respect des droits de l’homme par les forces policières haïtiennes ce qui accentue la difficulté quant au recrutement et le climat de méfiance au sein de la population locale. 

     

    Devant de cette situation, nous sommes contraints d’admettre avec regret qu’Haïti n’a pas les moyens de se doter d’une administration publique capable de lutter contre toute la corruption du pays. En 2004, lors de la dernière catastrophe des inondations en Haïti, les dires sont à l’effet paraîtrait que les fonds d’aide ont été détournés par des membres de la classe politique. C’est plus des 192 millions de dollars envoyés qui se sont volatilisés sans explications. De plus, on raconte que des camions lourds envoyés pour aider à la reconstruction suite aux importantes inondations en 2004 ont été revendus aux autorités de la République Dominicaine. Certaines de ces informations restent pourtant à confirmer. Faute d’instance réelle de régulation indépendante du gouvernement, il est très difficile, voire quasi impossible de faire la lumière complète sur ces allégations. Comme un ingénieur haïtien nouvellement émigré au Québec me disait, lors de travaux important en infrastructure les compagnies achètent le contrat en pot de vin aux mains des députés et ministres pour ensuite leur reverser une partie des retombées du contrat. La corruption ne s’arrête pas là! Une fois les argents dépensés à payer les hommes politiques, la compagnie n’a plus les moyens ou l’intérêt à mener à bout le projet. Enfin, il arrive souvent que les grands travaux routiers par exemple ne se concrétisent pas vraiment, c'est-à-dire la route n’est jamais terminée sous toute sa longueur. Après tout, pourquoi alors que tous roulent sous l’argent reçu.  D’un côté, le gouvernement haïtien fait des demandes d’aide à l’étranger pour financer ses besoins en construction d’infrastructure et de l’autre, les argents ne servent jamais à réaliser les projets importants qui pourraient aider au développement économique du pays. 

     

    À voir la misère du peuple, on est contraint d’accepter la réalité du contrat social d’un pays tel qu’Haïti. En effet, l’horizon des possibilités pour quelqu’un là-bas demeure limité aux yeux des occidentaux. Avec près de quatre-vingt pour cent de chômage, les gens n’ont presqu’aucune chance d’améliorer leur moyens de subsistances. À la question, pourquoi tant de gens s’entassent dans la capitale de Port-au-Prince? Il est décevant d’y répondre qu’il ne reste aucune terre sans propriétaire en milieu rurale. La plupart des terres agricoles sont déjà exploitées. Les personnes démunies n’ont rien à espérer à aller vivre en région. D’un autre côté, le gouvernement haïtien ne démontre aucune vision ou leadership quant à la commercialisation de ses terres encore non exploitées en milieu rural. En vivant dans les bidons villes, les habitants ont du moins l’espérance de tirer partie de l’activité économique de la capitale. La pauvreté chronique crée un milieu propice à la prolifération de bandes criminalisées principalement formées de jeunes hommes âgés de quinze ans et plus. Leurs principales activités se concentrent autour du trafic de drogue de l’Amérique latine vers les États-Unis. Cette criminalité est en pleine croissance dans le pays et elle vient avec la circulation d’armes illégales. À l’aide des contingents de l’armée américaine et canadienne, la police nationale haïtienne surveille les voies d’eau par bateau, les airs par hélicoptères et terrestres aux frontières pour lutter contre le fléau. La communauté internationale vient en aide aux forces de l’ordre du pays depuis plus de dix ans pour lutter contre la criminalité en Haïti. Leur mandat touche à sa fin mais, ils constatent que la police nationale n’a ni le personnel et ni l’équipement nécessaire pour lutter efficacement contre les bandes criminalisées de plus en plus organisées. 

     

     Les gens ont oublié la période d’occupation américaine de l’île de 1914 à 1935 alors que le pays était encore prospère. Tout le monde sait aujourd’hui comment les États-Unis ont joué un rôle déterminant dans la nomination de dictateurs dans les pays pauvres durant les années soixante-dix au sein des caraïbes et de l’Amérique latine.  En effet, il est rapporté que les américains privilégiaient ces régimes de force dans les pays en voie de développement dans le but de profiter au maximum de leurs ressources tout en maintenant le peuple tranquille. On dit aussi que les intérêts étrangers ont su tirer les principales ressources d’Haïti. Autre avantage du totalitarisme, il prévenait la montée de la démocratie dans ces pays. Imaginez, un pays comme celui-là démocrate au début de l’ère post coloniale! Il ne fallait pas qu’un tel pays donne trop d’idées à d’autres colonies voisines encore sous emprise britannique, française ou autres…

     

    L’héritage des années soixante creuse toujours le fossé entre la démocratie possible et le régime totalitariste de Duvalier. Pour ajouter au comble du ridicule, Duvalier a donné des nouvelles et il a promis d’envoyer des fonds pour aider le peuple haïtien. De quels fonds, fait-il mention? Les millions qu’il a détournés de tous ces malheureux ou des fonds qu’il a dépensé lui et ses acolytes de manière digne des rois du pétrole en Orient. À la liste, il faudrait compter son mariage royal de 5 millions de dollars au début des années quatre-vingt. L’héritage de la dictature ne s’arrête pas à la répression, les arrestations des opposants à Duvalier et la corruption des hommes d’État. Elle s’étend jusqu’au cœur de l’haïtien. Malgré les décennies passées depuis le régime duvaliériste, le peuple haïtien éprouve toujours de la difficulté à s’organiser dans une nouvelle voie dite plus démocratique. Aujourd’hui encore, la répression continue à faire des ravages dans le pays. Je parle ici non pas des révoltes populaires toujours nombreuses mais plutôt, du climat de terreur et de violence entre les habitants. À toutes les semaines, on compte plusieurs enlèvements de personnes en échange d’une rançon. Selon le rapport sur le Conseil de sécurité des Nations Unis daté de mars 2009, on constate qu’il existe une situation inquiétante de violence communautaire. On y cite des actes de violence à l’égard des femmes, des viols, la prolifération des armes au profit de bandes organisées, des meurtres, des actes de violence policière, etc. Cette situation a fait fuir les vacanciers haïtiens venus de partout. Le mal ne s’arrête pas là alors qu’Haïti ne peut ainsi profiter d’une économie touristique florissante. Un pays si ensoleillé et entouré de plage pourrait bien attirer années après années comme son voisin la République dominicaine. Quels sont les vrais raisons: le poids de la guerre, l’esclave affranchi, la dictature, l’ère post colonial, le sentiment d’impuissance du peuple ou encore cette fausse réalité d’État de droit? Comme enfant d’haïtien ayant vécu au Canada, le rêve de la nation qui se relève demeure présent à mon esprit et en mon cœur. Puisses cette dernière catastrophe nous démontrer le goût de vivre de cette nation joyaux des Antilles et non, la stigmatisation d’un peuple qui a tant  à offrir.

     

    Références:

    TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Simplement en toute complexité, notes de cours, ENAP.

    Mercier, Jean (2002), « L'administration publique: de l'École classique au nouveau management public », Ste-Foy. PUL, 518 pages ISBN 2763778313

    Rapports de la mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti : Lecture des rapports mensuels et annuels sur l’évolution des droits de l’homme et bien d’autres,

    http://minustah.org/,

    http://minustah.org/?page_id=8543

    http://minustah.org/pdfs/sdh/HRS_Annual%20_Report_2008.pdf

     

     

     

  • Ce n'est pas parce que ça ne coûte rien que cela est gratuit!

     Blogue 1 Éric Tétreault ENP-7505 (Montréal 2010)

     

     

    L’accessibilité, l’équité et l’universalité sont des valeurs primordiales pour notre société où, pour la majorité des Québécois, les besoins collectifs priment sur les besoins individuels. En considérant la crise économique, l’augmentation du nombre de programmes sociaux, la diminution des cotisants et l’augmentation du nombre d’utilisateurs,  il devient de plus en plus difficile pour l’État de maintenir la même qualité des services pour toute la population tout en conservant l’universalité d’accès.

     

    Ces dernières années, nous avons vu différents gouvernements se succéder et créer de nouveaux programmes ou en bonifier certains (quelquefois au détriment d’autres). Par exemple, la bonification des programmes de congés parentaux et du service de garderies alors qu’au même moment ont amputait dans les prestations d’assurance salaire. En tant que citoyens d’une société où l’État, par sa fonction publique, est le principal pourvoyeur de services et agit « en bon père » auprès des contribuables, nous nous attendons à ce que les services soient présents et de qualités lorsque nous en avons besoin. Malgré que les contribuables trouvent que cela coûte de plus en plus cher pour conserver tous ses services, ils ne sont pas prêts à s’en défaire. Cette conscience sociale d’universalité et d’accessibilité est profondément incrustée dans la société québécoise. Que se soit par rapport aux soins de santé, à l’éducation et aux différents programmes sociaux, il est primordial pour la majorité des Québécois de conserver ces valeurs si chères à leur cœur. Il semble, cependant, y avoir de plus en plus de remises en question par rapport à l’intégralité ou à la gratuité de certains programmes ou services offerts. Personnellement je crois que nous sommes rendus au point où il faut remettre en question nos structures actuelles ou nos manières de faire pour voir ce que nous pouvons apporter comme modifications afin qu’elles puissent continuer d’exister et de servir adéquatement la population.  

     

    Comme plusieurs le savent, le Ministère de l’Éducation accapare 27 % du budget global du Québec afin de fournir une éducation gratuite de la maternelle à l’université. Cependant, il lui est de plus en plus difficile de continuer d’offrir le même service en conservant le même standard dans un contexte où les charges sociales sont de plus en plus élevées. Voilà pourquoi, on voit de plus en plus des groupes tels que « les Lucides » avec Monsieur Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, à sa tête faire des sorties médiatiques, entre autres, en réclamant le déplafonnement des frais de scolarité postcollégials. Selon eux, il faudrait déplafonner ces frais de scolarité et réinvestir une partie de cet argent ainsi amassé dans les universités. Ils soutiennent que les universités québécoises sont sous-financées, qu’elles ne pourront maintenir une éducation de qualité et qu’elles ne pourront pas rester compétitives contre les autres universités nord-américaines, si la situation perdure. Il va sans dire que ce rattrapage permettrait aux universités de respirer (si la totalité des montants ainsi dégagés y était réinvestie!). Comme les « Lucides », je crois que la modulation des frais de scolarité selon la carrière poursuivis serait plus équitable pour tous…il faudrait cependant voir les modalités d’application et la manière dont tout cela se concrétiserait.  

     

    La même problématique de sous-financement est palpable dans le réseau de la santé et des services sociaux. En effet, j’œuvre dans ce domaine depuis plus de 20 ans et je continue de voir le réseau être de plus en plus en difficulté même s’il gruge déjà 43 % du budget total du Québec. Les frais de services, les frais médicaux, les frais chirurgicaux, les salaires, les infrastructures, les coûts du matériel et des équipements de plus en plus sophistiqués, les coûts astronomiques en nouvelles technologies, le vieillissement de la population, le nombre de plus en plus élevé de patients atteints de multipathologies, etc. font en sorte de creuser toujours et toujours l’écart entre les besoins de la population et les moyens nécessaires à la prestation des services. Je pense aussi que plusieurs problématiques pourraient être améliorées ou corrigées par des aménagements tels qu’un ticket modérateur pour les consultations dans les urgences et un dossier médical unique pour chaque patient (afin d’éviter les doublons par le « magasinage » de soins), etc. En effet, plusieurs patients consultent plusieurs médecins dans plusieurs hôpitaux pour le même problème et prolongent ainsi l’attente d’autres patients, il y a aussi ceux qui ne se présentent pas pour leurs chirurgies ou leurs rendez-vous, car ils ont eu le service ailleurs, etc. Ces personnes ne se rendent pas compte de l’engorgement qu’elles créent en agissant de la sorte. Tout cela coûte très cher à l’État soit en temps ou en énergie et il n’y a aucun mécanisme pour les sensibiliser ou les pénaliser. La pénurie de personnel, sa fatigue, sa pratique dans des conditions de plus en plus difficiles, le manque de relève ainsi que l’âge vieillissant des professionnels font en sorte de complexifier la prestation des soins. La sensibilisation du personnel, des médecins et des usagers aux coûts reliés à chaque prestation de soins et interventions permettraient, j’en suis sûr, de faire des économies substantielles. Voilà quelques exemples de choses qui pourraient être faites et qui pourraient aider à maintenir la qualité et la quantité des services rendus. Je ne dis pas que cela est souhaitable ni même garant de résultats concluants ni même satisfaisants. Mais il faut se questionner et faire face à la situation.

     

    Tout le monde sait que le gouvernement ou le ministre qui procèderait à ces modifications, se mettraient à dos plusieurs intervenants sociaux et groupes de pression tels que : les associations étudiantes, la Fédération des Femmes du Québec ainsi que certains syndicats, car ils iraient aux barricades alléguant que cela remet en cause l’accessibilité et la gratuité. Ce décideur devra être vigilant, conséquent et responsable des décisions prises, car il sera directement imputable des résultats et conséquences de ses décisions. Si, en plus, des ratées survenaient, il le paierait cher lors des élections suivantes!

     

    Tout cela amène les questionnements suivants : avons-nous toujours les moyens de maintenir un enseignement de qualité alors que les écoles, collèges et universités sont de plus en plus sous-financés et endettés? Avons-nous les moyens de maintenir des urgences gratuites pour chaque petit rhume ou vaporisation de windex dans les yeux? Devons-nous à tout prix maintenir la gratuité pour tout? Pourquoi ne pas charger des frais minimes pour les utilisateurs?  Pourquoi ne pas sensibiliser la population aux frais qu’elle encourrait si elle devait payer pour les consultations et autres traitements? Etc. Je persiste à croire que nous sommes rendus au point où il faut trouver de nouveaux moyens de financement ou de nouvelles méthodes de prestation et sensibiliser la population pour préserver le plus possible l’accessibilité, la qualité ainsi que la diversité des services. Il faut donc qu’en tant que société, nous soyons prêts à faire face à ces défis et être conscients des effets que cela peut entraîner pour les années et générations à venir.  

     

     

    Au fond, la vraie question est de savoir si nous sommes prêts en tant que société à continuer d’absorber les effets pervers de la gratuité ou à tout le moins les tolérer. Le pouvons-nous?

  • le système de la santé, un défi

    Blogue 2 Linda Gosselin ENP7505 (Brossard 2010)

     

    La gestion du système de la santé et des services sociaux, un défi d’une complexité d’envergure.

     

    Pendant que le président des États-Unis, M. Barack Obama, s’évertue à promouvoir les biens-faits d’une réforme de l’assurance maladie publique, le gouvernement du Québec, lui, continue sa longue réflexion léthargique sur l’organisation de notre système public. Déjà en 2003, M. Jean Charest affirmait que : « la détérioration de la capacité de l’État québécois à bien servir les citoyens et la préservation de la position économique concurrentielle du Québec nous imposent donc une révision du fonctionnement de l’État.» Mais depuis ce discours, aucun changement significatif n’a été apporté. Le système de santé demeure toujours aussi onéreux, « c’est 42% des dépenses de l’État, et cela monte de 6% par année.» (Le Journal de Montréal, 2010). Je crois qu’il est grand temps que la discussion fasse place aux décisions.

    Dans un premier temps, il faudra se centrer sur les organismes publics et parapublics. Présentement, il y a plus de 2,000 organismes publics et parapublics au Québec. Aussitôt qu’un problème social se présente, on crée un organisme. L’État providence est toujours aussi présent, malgré le fait que nous n’avons plus les moyens de jouer au bon père de famille. En 2006, madame Monique Jérôme-Forget disait ceci : « Notre intention a toujours été de supprimer les organismes superflus et d’actualiser le mandat des autres.» (Le Journal de Montréal, 2010). Il semble « qu’une grande majorité de contribuables, 76%, croient qu’il faut réduire la taille de l’État et le nombre d’organisme publics ou parapublics.» Le journal de Montréal, 2010). Sabrer dans les organismes ne sera pas facile, car le gouvernement sera confronté à certains groupes de pression. Mais cette fois-ci, l’État ne pourra faire l’autruche comme avant  et devra assumer ses décisions sans tenir compte des pressions extérieures.   « La gestion public comporte un dilemme moral quotidien : faut-il faire ce qu’on pense être bon, même si c’est impopulaire, et risquer de perdre ses élections, ou se soucier uniquement du court terme, et dire et faire seulement ce que les gens veulent entendre ou vous voir faire.» (Notes de cours, 2010). J’aimerais faire une petite parenthèse ici, car en prenant connaissance du budget fédéral présenté hier par M. Flaherty, il va s’en dire que ce budget correspond bien à un sauve-qui-peut. Un budget empreint de « ce que les gens veulent entendre. » afin de préserver sa cote. Voilà! Ceci dit,  on doit rappeler aux politiciens qu’ils ont été élus pour servir et gouverner l’État et non pour leur prestige. Il ne faut surtout pas oublier qu’on ne peut sauver tout le monde, c’est ainsi dans la vraie vie. Il faut maintenant espérer que le gouvernement du Québec, lors de son budget, fera preuve de plus d’intégrité et de réalisme.

     

    Dans un deuxième temps, le gouvernement doit revoir la structure du système de santé.   Un exercice qu’il a déjà effectué en regroupant les établissements en 95 centres de services de santé et sociaux (CSSS). Un exercice très complexe qui est encore dans la phase d’un réajustement, mais qui procure des économies. Avant cette fusion, chaque hôpital, chaque centre local de services communautaires (CLSC) et chaque centre d’hébergement comptait un directeur générale, son conseil d’administration et tous les employés attachés à chacun d’eux. Maintenant, pour chaque CSSS, on retrouve un directeur général, un conseil d’administration, etc. Mais il leur reste un dossier chaud à régler, celui de l’hôpital Charles LeMoyne et du CSSS Champlain (fusion de trois centres hébergement et de 2 CLSC, pas d’hôpital). Cela fait près d’un an que les discussions sont amorcées pour réaliser une fusion. Une fusion qui tarde dû à la position réfractaire des dirigeants de l’hôpital Charles LeMoyne, qui tiennent à garder leur statut particulier. Il ne faut pas se le cacher, cet institution est le parent riche du système de santé en Montérégie, et ce, depuis de nombreuses  années. Pourquoi? J’aimerais bien le savoir. Mais ce n’est pas leur procès que je tiens à faire ici, mais plutôt, celui du ministère de la santé. Qu’il arrête de faire l’autruche et qu’il agisse en bon gestionnaire pour le bien des deniers publics. Deux petites institutions avec deux grosses directions, il semble flagrant qu’une fusion s’impose.

    Mais il demeure que  la structure est encore lourde et onéreuse. Pauline Marois  affirme :

    Par contre en santé,  on a regroupé les établissements. […]. Le problème, c’est qu’on a gardé les Agences régionales, qui sont la structure intermédiaire entre le ministère de la santé et les CSSS. Il serait possible pour le ministère d’être en lien avec 95 institutions. On ne réduit pas les services même si on coupe la structure. Le budget des agences s’élève tout de même à 600 M$ par an. (Le Journal de Montréal, 2010).

    Effectivement,  il y a lieu de penser qu’une fusion de ces deux structures permettrait des économies. Présentement, dans les CSSS, les gestionnaires assument la gestion de trois à quatre départements, ce qui équivaut à près de 70 heures de travail par semaine. Il serait équitable qu’au niveau du ministère de la santé  les enjeux soient les mêmes qu’à la base du système. L’État doit réviser la structure de son système de santé le plus rapidement possible. « Dans la plupart des pays de l’OCDE, on a opté soit pour une structure centrale forte ou des structures régionales légères, nous, nous  avons les deux. […]. » Mais le gouvernement doit aller plus loin dans la prise de ses décisions. Qu’il en déplaise aux fonctionnaires et aux gestionnaires, l’État devra prendre certaines mesures telles que le gel de salaires, diminution des congés de maladie dont souvent la moitié est utilisé à d’autres fins et aussi les congés fériés. En tant que gestionnaire, je suis prête à faire ma part. C’est certain que de telles mesures mettront le feu aux poudres avec les syndicats. Ces derniers qui travaillent pour le travailleur, pourrait faire aussi leur part, en demandant des hausses salariales qui correspondent à la réalité financière de l’État, mais aussi, il pourrait accommoder leurs adhérents par une baisse de leurs cotisations.

    Il n’y a pas que les fonctionnaires qui coûtent cher dans une telle organisation, il y a aussi tout la problématique de la bureaucratie. Tout achat d’appareil de plus de 25,000.00$ doit être approuvé par l’Agence de la santé et le ministère. On sait qu’en administration publique tout doit être approuvé, sans compter la reddition de comptes. Mais quand tout se passe à deux niveaux, c’est long et coûteux.

    Un exemple parmi tant d’autres : pour l’acquisition d’un microscope ophtalmique (qui a rendu l’âme après de 15 ans de loyaux services) d’une valeur de 170 000 00$, le processus a pris exactement cinq mois, et ce, pour avoir la permission du ministère de la santé et de l’Agence régionale. Durant ce temps, le département a dû débourser 3 000 00$ par mois pour la location d’un appareil, ce qui a haussé le prix de l’appareil. Par le fait même, ceci a s’est traduit par un déficit  budgétaire. Étant donné que la majorité des appareils sont obsolètes et que plus d’un appareil doit être remplacé et que le ministère de la santé restreint son budget en équipement, il va de soi que les CSSS sont déficitaires d’une année à l’autre.  

    En parlant d’équipement, le ministère de la santé aurait intérêt à favoriser le remplacement des appareils désuets, il serait gagnant au bout de la ligne. Nous sommes à l’ère où les techniques opératoires sont plus sophistiquées, moins invasives. Ceci permet d’effectuer plus de chirurgie d’un jour et donc moins d’hospitalisation qui s’avère coûteux pour le système de santé et aussi de libérer des lits. Mais pour ce faire, on doit investir dans les nouveaux appareils, car le chirurgien a beau posséder ses nouvelles techniques mais sans les équipements nécessaires, il ne peut les pratiquer.

    Dans un troisième temps, je ne peux passer sous silence le sujet de l’heure : l’engorgement des urgences. Ça fait 30 ans que j’œuvre dans le système de la santé dont quinze ans dans une salle d’urgence et l’engorgement des urgences est toujours d’actualité. Et depuis tout ce temps, on accuse le gouvernement de ne rien faire. En fait, la société attend que le messie fasse un miracle, et ce n’est pas pour demain. Ne devrais-t-on pas responsabiliser les citoyens? Il faut cesser de parler d’un système de santé public gratuit, car ce système se paie à travers nos impôts et nos taxes. Depuis l’avènement de la carte d’assurance maladie du Québec (RAMQ), on a laissé croire aux citoyens que tout est gratuit. Dans les faits, la RAMQ est comme une carte de crédit. Vous ne payez pas lors des services mais vous payez plus tard. Donc plus le citoyen utilise sa carte, plus les dépenses de la santé augmentent. Dans ce sens, les contribuables doivent s’attendre à payer plus d’impôts et de taxes.

    Dans un article, M. Raymond Bachand, exprimait ceci : « À chaque service que l’État offre, au lieu de se dire que c’est automatiquement gratuit, on doit se demander si c’est un bien collectif, quelle part je dois payer comme usager et qu’est-ce qui est juste que la collectivité paye, […]. » Comment expliquer qu’une salle d’attente d’urgence est vide, lors des tempêtes de neige, lors de la diffusion de certains téléromans tels que Les filles de Caleb et surtout lors des séries éliminatoires au hockey? Il faut croire qu’à ces moments, les gens se prennent en main. Pour une céphalée, il gobe du tylénol au lieu de venir à l’urgence pour se faire dire de prendre du tylénol. Combien consulte pour un rhume, un début de gastro-entérite, quand le seul remède, c’est le temps. Sans compter qu’ils viennent contaminer la salle d’urgence. Il n’y a pas non plus de produits miracles pour les parents qui se présentent à l’urgence et qui pensent qu’on va guérir leurs enfants sur le champ, afin qu’ils puissent être admis à la garderie, car ils n’ont pas les moyens de s’absenter de leur travail dû à leurs endettements. Il y a toute une éducation à faire aux gens afin qu’ils se prennent en main. Selon Paul G. Brunet, président du conseil de la protection des malades du Québec, « Les patients, pas tous évidemment, mais ceux qui sont en bonne santé, ont la responsabilité de faire attention à leur façon de vivre. Ce n’est pas toujours la faute de l’État quand on est malade. »  Je dirais même plus, même ceux qui sont malades ont la responsabilité de leur santé. Quand un asthmatique se présente à l’urgence pour recevoir un traitement d’inhalothérapie, car il a omis de se procurer ses pompes et qu’en plus, dans l’attente d’un deuxième traitement, il va fumer, ça c’est de l’irresponsabilité qui engendre des coûts en santé. Des comportements aberrants comme celui-là, je peux affirmer, de par mon expérience, il en existe plus qu’un. 

    Comme le dit aussi Paul G. Brunet : « Deux patients sur trois n’ont rien à faire à l’urgence, mais ils s’y retrouvent faute de pouvoir recevoir des soins ailleurs.»

    Sur ce, il a raison, il faut rendre plus accessible les soins en dehors des salles d’urgences. Mais le défi est grand, car il demeure que la pénurie de personnel en santé fait en sorte qu’il est difficile d’augmenter les heures dans les CLSC et d’offrir plus de plages au niveau des visites à domicile.

    Somme toute, la gestion de la santé se veut un défi colossal. Pour y parvenir, chacun devra y mettre du sien. Ce n’est pas seulement la responsabilité de l’État, mais aussi celle des citoyens, des groupes de pression… Par contre, le gouvernement devra sortir de sa léthargie et affronter les réfractaires aux décisions qu’il prendra, sinon on sera les témoins du naufrage de notre système de santé public.

     

    Références

    TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Simplement en toute complexité, notes de cours, ENAP.

    DOUCET, Dany (2010). Comme un bon vieux disque, Le Journal de Montréal, édition du 23 janvier 2010.

    CHARRETTE, Donald (2010). Le paradoxe québécois, Le Journal de Montréal, édition du 29 janvier 2010.

    AGENCE QMI, (2010). « Nettoyer l’État avant de taxer les contribuables », Le Journal de Montréal, édition du 1ier février 2010.

    HÉBERT, Michel (2010). Le mur des lamentations, Le Journal de Montréal, édition du 6 février 2010.

    AGENCE QMI (2010). Québec dans le rouge, Le Journal de Montréal, édition du 23 février 2010.

    LEMAY, Éric Yvan (2010). « Il faut revoir le système », Le Journal de Montréal, édition du 28 février 2010.

  • #1 Gen-INTERDICTION DE FUMER

    Si on devrait se situer dans le temps, nous pourrions le positionner après la crise de 1929 où l’État détienne tous les pouvoirs sur les moyens de production tout comme la consommation. De cette même époque apparut une nouvelle société de service dans laquelle la nature des communications et des relations humaines changeait. Et la situation économique est passée d’un secteur à valeur ajoutée moins élevée vers ceux à valeur ajoutée plus élevée.

    Les autorités publiques de leur côté n’étaient plus capables de comprendre et encore moins de contrôler un monde devenu complexe et impossible. En fait, l’intervention du gouvernement en ce temps-là avait pour but de stabiliser l’activité économique en un mot de créer la richesse et de permettre également aux ressources d’utiliser à bon escient. Comme dans la majorité des cas, l’intervention gouvernementale surgit à la défaillance ou au déséquilibre du marché. Est-ce le principe de son intervention qui engendre des impacts ou la nature de son intervention?  C’est dans cette optique que nous allons essayer de dégager les caractéristiques de cette interdiction de fumer.

     

    Généralement, quand on parle de déséquilibre du marché, on se réfère évidemment aux échecs rencontrés et qui exigent en retour l’intervention du gouvernement. De cet aspect, cela ne veut pas forcément dire que le gouvernement n’a pas bien identifié ou ciblé le problème du marché en interdisant aux consommateurs de ne pas fumer dans certaines places requises. Mais la stratégie employée représente un niveau de risques de dérapage trop élevé aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans et les moyens appliqués pour résoudre le problème ne sont pas tout à fait appropriés.

     

    Dans le cadre de notre réflexion, plusieurs études et rapports scientifiques ont été portés  sur la thématique à savoir que la santé est un droit au citoyen et un devoir pour l’État. Et plus loin encore, Kernaghan, Langford et Inwood (1999, 334 p) précisent dans leur liste de commandements que l’État doit agir dans l’intérêt du public. Ce qui peut conforter l’intervention de l’État en ce qui a trait à l’interdiction de fumer, et ce, à préserver la santé de la population contre les effets nocifs liés au tabac.

     

    Certes, ces mêmes études reconnaissent que la consommation du tabac représente un problème majeur de santé publique. À telle enseigne, certaines personnes prônent quasiment l’interdiction de la production du tabac. Sur le plan de santé publique, l’idée paraît être intéressante. Par contre, un seul État ne pourra jamais interdire la production du tabac.

     

    Ces consommateurs se trouvent devant des choix complexes et cela va être très difficiles et coûteux de concevoir des politiques efficaces pour changer leurs attitudes. Il est nécessaire que les mesures incitatives soient conformes aux objectifs de la société et que le régime de la réglementation de surveillance soit cohérent et que les consommateurs soient correctement informés.

     

    Nous sommes, toutefois, d’avis que l’interdiction relative de fumer, c’est-à-dire dans certains lieux et places précis est tout à fait réaliste, objective et socialement réalisable. Par contre, pour élaborer des politiques efficaces, il est souhaitable d’analyser les actions et les recommandations mises en œuvre par les acteurs ciblés; mentionnons les auteurs de Public Choice dans leur recommandation sur la dynamique du secteur public (Jean Mercier, 2004, adm pub, p.280-320). L’État détient toujours les moyens de responsabiliser les citoyens quant aux conséquences nocives du tabac. Il faut tout simplement qu’il fasse preuve d’imagination et de leadership responsable afin de veiller à l’ensemble d’infrastructures sociales.

     

    La consommation du tabac est un facteur fondamental et contributeur au problème de la santé publique. Et pour agir sur ce phénomène; l’intervention de l’État devient si nécessaire car seule la puissance publique peut réguler le marché du tabac pour limiter les effets à condition que le processus politique établit sur le marché atteint le même objectif dans sa méthode d’application en d’autres termes vers un processus bureaucratique avec un contrôle limité. Tout ceci résume que le marché devient un élément naturel, qu’on ne peut éviter et avec lequel on doit composer (Jean Mercier, 2004,  adm pub p317).

     

    En terminant, demandons-nous si l’État vise vraiment d’en rayer la consommation du tabac? La politique de l’État est-elle trop timide pour atteindre ses objectifs? Y-a-t-il vraiment une politique transcontinentale visant à résoudre le problème de la consommation du tabac? Qu’en est-il de toute la richesse économique découlant de la consommation du tabac?