le système de la santé, un défi
Blogue 2 Linda Gosselin ENP7505 (Brossard 2010)
La gestion du système de la santé et des services sociaux, un défi d’une complexité d’envergure.
Pendant que le président des États-Unis, M. Barack Obama, s’évertue à promouvoir les biens-faits d’une réforme de l’assurance maladie publique, le gouvernement du Québec, lui, continue sa longue réflexion léthargique sur l’organisation de notre système public. Déjà en 2003, M. Jean Charest affirmait que : « la détérioration de la capacité de l’État québécois à bien servir les citoyens et la préservation de la position économique concurrentielle du Québec nous imposent donc une révision du fonctionnement de l’État.» Mais depuis ce discours, aucun changement significatif n’a été apporté. Le système de santé demeure toujours aussi onéreux, « c’est 42% des dépenses de l’État, et cela monte de 6% par année.» (Le Journal de Montréal, 2010). Je crois qu’il est grand temps que la discussion fasse place aux décisions.
Dans un premier temps, il faudra se centrer sur les organismes publics et parapublics. Présentement, il y a plus de 2,000 organismes publics et parapublics au Québec. Aussitôt qu’un problème social se présente, on crée un organisme. L’État providence est toujours aussi présent, malgré le fait que nous n’avons plus les moyens de jouer au bon père de famille. En 2006, madame Monique Jérôme-Forget disait ceci : « Notre intention a toujours été de supprimer les organismes superflus et d’actualiser le mandat des autres.» (Le Journal de Montréal, 2010). Il semble « qu’une grande majorité de contribuables, 76%, croient qu’il faut réduire la taille de l’État et le nombre d’organisme publics ou parapublics.» Le journal de Montréal, 2010). Sabrer dans les organismes ne sera pas facile, car le gouvernement sera confronté à certains groupes de pression. Mais cette fois-ci, l’État ne pourra faire l’autruche comme avant et devra assumer ses décisions sans tenir compte des pressions extérieures. « La gestion public comporte un dilemme moral quotidien : faut-il faire ce qu’on pense être bon, même si c’est impopulaire, et risquer de perdre ses élections, ou se soucier uniquement du court terme, et dire et faire seulement ce que les gens veulent entendre ou vous voir faire.» (Notes de cours, 2010). J’aimerais faire une petite parenthèse ici, car en prenant connaissance du budget fédéral présenté hier par M. Flaherty, il va s’en dire que ce budget correspond bien à un sauve-qui-peut. Un budget empreint de « ce que les gens veulent entendre. » afin de préserver sa cote. Voilà! Ceci dit, on doit rappeler aux politiciens qu’ils ont été élus pour servir et gouverner l’État et non pour leur prestige. Il ne faut surtout pas oublier qu’on ne peut sauver tout le monde, c’est ainsi dans la vraie vie. Il faut maintenant espérer que le gouvernement du Québec, lors de son budget, fera preuve de plus d’intégrité et de réalisme.
Dans un deuxième temps, le gouvernement doit revoir la structure du système de santé. Un exercice qu’il a déjà effectué en regroupant les établissements en 95 centres de services de santé et sociaux (CSSS). Un exercice très complexe qui est encore dans la phase d’un réajustement, mais qui procure des économies. Avant cette fusion, chaque hôpital, chaque centre local de services communautaires (CLSC) et chaque centre d’hébergement comptait un directeur générale, son conseil d’administration et tous les employés attachés à chacun d’eux. Maintenant, pour chaque CSSS, on retrouve un directeur général, un conseil d’administration, etc. Mais il leur reste un dossier chaud à régler, celui de l’hôpital Charles LeMoyne et du CSSS Champlain (fusion de trois centres hébergement et de 2 CLSC, pas d’hôpital). Cela fait près d’un an que les discussions sont amorcées pour réaliser une fusion. Une fusion qui tarde dû à la position réfractaire des dirigeants de l’hôpital Charles LeMoyne, qui tiennent à garder leur statut particulier. Il ne faut pas se le cacher, cet institution est le parent riche du système de santé en Montérégie, et ce, depuis de nombreuses années. Pourquoi? J’aimerais bien le savoir. Mais ce n’est pas leur procès que je tiens à faire ici, mais plutôt, celui du ministère de la santé. Qu’il arrête de faire l’autruche et qu’il agisse en bon gestionnaire pour le bien des deniers publics. Deux petites institutions avec deux grosses directions, il semble flagrant qu’une fusion s’impose.
Mais il demeure que la structure est encore lourde et onéreuse. Pauline Marois affirme :
Par contre en santé, on a regroupé les établissements. […]. Le problème, c’est qu’on a gardé les Agences régionales, qui sont la structure intermédiaire entre le ministère de la santé et les CSSS. Il serait possible pour le ministère d’être en lien avec 95 institutions. On ne réduit pas les services même si on coupe la structure. Le budget des agences s’élève tout de même à 600 M$ par an. (Le Journal de Montréal, 2010).
Effectivement, il y a lieu de penser qu’une fusion de ces deux structures permettrait des économies. Présentement, dans les CSSS, les gestionnaires assument la gestion de trois à quatre départements, ce qui équivaut à près de 70 heures de travail par semaine. Il serait équitable qu’au niveau du ministère de la santé les enjeux soient les mêmes qu’à la base du système. L’État doit réviser la structure de son système de santé le plus rapidement possible. « Dans la plupart des pays de l’OCDE, on a opté soit pour une structure centrale forte ou des structures régionales légères, nous, nous avons les deux. […]. » Mais le gouvernement doit aller plus loin dans la prise de ses décisions. Qu’il en déplaise aux fonctionnaires et aux gestionnaires, l’État devra prendre certaines mesures telles que le gel de salaires, diminution des congés de maladie dont souvent la moitié est utilisé à d’autres fins et aussi les congés fériés. En tant que gestionnaire, je suis prête à faire ma part. C’est certain que de telles mesures mettront le feu aux poudres avec les syndicats. Ces derniers qui travaillent pour le travailleur, pourrait faire aussi leur part, en demandant des hausses salariales qui correspondent à la réalité financière de l’État, mais aussi, il pourrait accommoder leurs adhérents par une baisse de leurs cotisations.
Il n’y a pas que les fonctionnaires qui coûtent cher dans une telle organisation, il y a aussi tout la problématique de la bureaucratie. Tout achat d’appareil de plus de 25,000.00$ doit être approuvé par l’Agence de la santé et le ministère. On sait qu’en administration publique tout doit être approuvé, sans compter la reddition de comptes. Mais quand tout se passe à deux niveaux, c’est long et coûteux.
Un exemple parmi tant d’autres : pour l’acquisition d’un microscope ophtalmique (qui a rendu l’âme après de 15 ans de loyaux services) d’une valeur de 170 000 00$, le processus a pris exactement cinq mois, et ce, pour avoir la permission du ministère de la santé et de l’Agence régionale. Durant ce temps, le département a dû débourser 3 000 00$ par mois pour la location d’un appareil, ce qui a haussé le prix de l’appareil. Par le fait même, ceci a s’est traduit par un déficit budgétaire. Étant donné que la majorité des appareils sont obsolètes et que plus d’un appareil doit être remplacé et que le ministère de la santé restreint son budget en équipement, il va de soi que les CSSS sont déficitaires d’une année à l’autre.
En parlant d’équipement, le ministère de la santé aurait intérêt à favoriser le remplacement des appareils désuets, il serait gagnant au bout de la ligne. Nous sommes à l’ère où les techniques opératoires sont plus sophistiquées, moins invasives. Ceci permet d’effectuer plus de chirurgie d’un jour et donc moins d’hospitalisation qui s’avère coûteux pour le système de santé et aussi de libérer des lits. Mais pour ce faire, on doit investir dans les nouveaux appareils, car le chirurgien a beau posséder ses nouvelles techniques mais sans les équipements nécessaires, il ne peut les pratiquer.
Dans un troisième temps, je ne peux passer sous silence le sujet de l’heure : l’engorgement des urgences. Ça fait 30 ans que j’œuvre dans le système de la santé dont quinze ans dans une salle d’urgence et l’engorgement des urgences est toujours d’actualité. Et depuis tout ce temps, on accuse le gouvernement de ne rien faire. En fait, la société attend que le messie fasse un miracle, et ce n’est pas pour demain. Ne devrais-t-on pas responsabiliser les citoyens? Il faut cesser de parler d’un système de santé public gratuit, car ce système se paie à travers nos impôts et nos taxes. Depuis l’avènement de la carte d’assurance maladie du Québec (RAMQ), on a laissé croire aux citoyens que tout est gratuit. Dans les faits, la RAMQ est comme une carte de crédit. Vous ne payez pas lors des services mais vous payez plus tard. Donc plus le citoyen utilise sa carte, plus les dépenses de la santé augmentent. Dans ce sens, les contribuables doivent s’attendre à payer plus d’impôts et de taxes.
Dans un article, M. Raymond Bachand, exprimait ceci : « À chaque service que l’État offre, au lieu de se dire que c’est automatiquement gratuit, on doit se demander si c’est un bien collectif, quelle part je dois payer comme usager et qu’est-ce qui est juste que la collectivité paye, […]. » Comment expliquer qu’une salle d’attente d’urgence est vide, lors des tempêtes de neige, lors de la diffusion de certains téléromans tels que Les filles de Caleb et surtout lors des séries éliminatoires au hockey? Il faut croire qu’à ces moments, les gens se prennent en main. Pour une céphalée, il gobe du tylénol au lieu de venir à l’urgence pour se faire dire de prendre du tylénol. Combien consulte pour un rhume, un début de gastro-entérite, quand le seul remède, c’est le temps. Sans compter qu’ils viennent contaminer la salle d’urgence. Il n’y a pas non plus de produits miracles pour les parents qui se présentent à l’urgence et qui pensent qu’on va guérir leurs enfants sur le champ, afin qu’ils puissent être admis à la garderie, car ils n’ont pas les moyens de s’absenter de leur travail dû à leurs endettements. Il y a toute une éducation à faire aux gens afin qu’ils se prennent en main. Selon Paul G. Brunet, président du conseil de la protection des malades du Québec, « Les patients, pas tous évidemment, mais ceux qui sont en bonne santé, ont la responsabilité de faire attention à leur façon de vivre. Ce n’est pas toujours la faute de l’État quand on est malade. » Je dirais même plus, même ceux qui sont malades ont la responsabilité de leur santé. Quand un asthmatique se présente à l’urgence pour recevoir un traitement d’inhalothérapie, car il a omis de se procurer ses pompes et qu’en plus, dans l’attente d’un deuxième traitement, il va fumer, ça c’est de l’irresponsabilité qui engendre des coûts en santé. Des comportements aberrants comme celui-là, je peux affirmer, de par mon expérience, il en existe plus qu’un.
Comme le dit aussi Paul G. Brunet : « Deux patients sur trois n’ont rien à faire à l’urgence, mais ils s’y retrouvent faute de pouvoir recevoir des soins ailleurs.»
Sur ce, il a raison, il faut rendre plus accessible les soins en dehors des salles d’urgences. Mais le défi est grand, car il demeure que la pénurie de personnel en santé fait en sorte qu’il est difficile d’augmenter les heures dans les CLSC et d’offrir plus de plages au niveau des visites à domicile.
Somme toute, la gestion de la santé se veut un défi colossal. Pour y parvenir, chacun devra y mettre du sien. Ce n’est pas seulement la responsabilité de l’État, mais aussi celle des citoyens, des groupes de pression… Par contre, le gouvernement devra sortir de sa léthargie et affronter les réfractaires aux décisions qu’il prendra, sinon on sera les témoins du naufrage de notre système de santé public.
Références
TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Simplement en toute complexité, notes de cours, ENAP.
DOUCET, Dany (2010). Comme un bon vieux disque, Le Journal de Montréal, édition du 23 janvier 2010.
CHARRETTE, Donald (2010). Le paradoxe québécois, Le Journal de Montréal, édition du 29 janvier 2010.
AGENCE QMI, (2010). « Nettoyer l’État avant de taxer les contribuables », Le Journal de Montréal, édition du 1ier février 2010.
HÉBERT, Michel (2010). Le mur des lamentations, Le Journal de Montréal, édition du 6 février 2010.
AGENCE QMI (2010). Québec dans le rouge, Le Journal de Montréal, édition du 23 février 2010.
LEMAY, Éric Yvan (2010). « Il faut revoir le système », Le Journal de Montréal, édition du 28 février 2010.