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Ce n'est pas parce que ça ne coûte rien que cela est gratuit!

 Blogue 1 Éric Tétreault ENP-7505 (Montréal 2010)

 

 

L’accessibilité, l’équité et l’universalité sont des valeurs primordiales pour notre société où, pour la majorité des Québécois, les besoins collectifs priment sur les besoins individuels. En considérant la crise économique, l’augmentation du nombre de programmes sociaux, la diminution des cotisants et l’augmentation du nombre d’utilisateurs,  il devient de plus en plus difficile pour l’État de maintenir la même qualité des services pour toute la population tout en conservant l’universalité d’accès.

 

Ces dernières années, nous avons vu différents gouvernements se succéder et créer de nouveaux programmes ou en bonifier certains (quelquefois au détriment d’autres). Par exemple, la bonification des programmes de congés parentaux et du service de garderies alors qu’au même moment ont amputait dans les prestations d’assurance salaire. En tant que citoyens d’une société où l’État, par sa fonction publique, est le principal pourvoyeur de services et agit « en bon père » auprès des contribuables, nous nous attendons à ce que les services soient présents et de qualités lorsque nous en avons besoin. Malgré que les contribuables trouvent que cela coûte de plus en plus cher pour conserver tous ses services, ils ne sont pas prêts à s’en défaire. Cette conscience sociale d’universalité et d’accessibilité est profondément incrustée dans la société québécoise. Que se soit par rapport aux soins de santé, à l’éducation et aux différents programmes sociaux, il est primordial pour la majorité des Québécois de conserver ces valeurs si chères à leur cœur. Il semble, cependant, y avoir de plus en plus de remises en question par rapport à l’intégralité ou à la gratuité de certains programmes ou services offerts. Personnellement je crois que nous sommes rendus au point où il faut remettre en question nos structures actuelles ou nos manières de faire pour voir ce que nous pouvons apporter comme modifications afin qu’elles puissent continuer d’exister et de servir adéquatement la population.  

 

Comme plusieurs le savent, le Ministère de l’Éducation accapare 27 % du budget global du Québec afin de fournir une éducation gratuite de la maternelle à l’université. Cependant, il lui est de plus en plus difficile de continuer d’offrir le même service en conservant le même standard dans un contexte où les charges sociales sont de plus en plus élevées. Voilà pourquoi, on voit de plus en plus des groupes tels que « les Lucides » avec Monsieur Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, à sa tête faire des sorties médiatiques, entre autres, en réclamant le déplafonnement des frais de scolarité postcollégials. Selon eux, il faudrait déplafonner ces frais de scolarité et réinvestir une partie de cet argent ainsi amassé dans les universités. Ils soutiennent que les universités québécoises sont sous-financées, qu’elles ne pourront maintenir une éducation de qualité et qu’elles ne pourront pas rester compétitives contre les autres universités nord-américaines, si la situation perdure. Il va sans dire que ce rattrapage permettrait aux universités de respirer (si la totalité des montants ainsi dégagés y était réinvestie!). Comme les « Lucides », je crois que la modulation des frais de scolarité selon la carrière poursuivis serait plus équitable pour tous…il faudrait cependant voir les modalités d’application et la manière dont tout cela se concrétiserait.  

 

La même problématique de sous-financement est palpable dans le réseau de la santé et des services sociaux. En effet, j’œuvre dans ce domaine depuis plus de 20 ans et je continue de voir le réseau être de plus en plus en difficulté même s’il gruge déjà 43 % du budget total du Québec. Les frais de services, les frais médicaux, les frais chirurgicaux, les salaires, les infrastructures, les coûts du matériel et des équipements de plus en plus sophistiqués, les coûts astronomiques en nouvelles technologies, le vieillissement de la population, le nombre de plus en plus élevé de patients atteints de multipathologies, etc. font en sorte de creuser toujours et toujours l’écart entre les besoins de la population et les moyens nécessaires à la prestation des services. Je pense aussi que plusieurs problématiques pourraient être améliorées ou corrigées par des aménagements tels qu’un ticket modérateur pour les consultations dans les urgences et un dossier médical unique pour chaque patient (afin d’éviter les doublons par le « magasinage » de soins), etc. En effet, plusieurs patients consultent plusieurs médecins dans plusieurs hôpitaux pour le même problème et prolongent ainsi l’attente d’autres patients, il y a aussi ceux qui ne se présentent pas pour leurs chirurgies ou leurs rendez-vous, car ils ont eu le service ailleurs, etc. Ces personnes ne se rendent pas compte de l’engorgement qu’elles créent en agissant de la sorte. Tout cela coûte très cher à l’État soit en temps ou en énergie et il n’y a aucun mécanisme pour les sensibiliser ou les pénaliser. La pénurie de personnel, sa fatigue, sa pratique dans des conditions de plus en plus difficiles, le manque de relève ainsi que l’âge vieillissant des professionnels font en sorte de complexifier la prestation des soins. La sensibilisation du personnel, des médecins et des usagers aux coûts reliés à chaque prestation de soins et interventions permettraient, j’en suis sûr, de faire des économies substantielles. Voilà quelques exemples de choses qui pourraient être faites et qui pourraient aider à maintenir la qualité et la quantité des services rendus. Je ne dis pas que cela est souhaitable ni même garant de résultats concluants ni même satisfaisants. Mais il faut se questionner et faire face à la situation.

 

Tout le monde sait que le gouvernement ou le ministre qui procèderait à ces modifications, se mettraient à dos plusieurs intervenants sociaux et groupes de pression tels que : les associations étudiantes, la Fédération des Femmes du Québec ainsi que certains syndicats, car ils iraient aux barricades alléguant que cela remet en cause l’accessibilité et la gratuité. Ce décideur devra être vigilant, conséquent et responsable des décisions prises, car il sera directement imputable des résultats et conséquences de ses décisions. Si, en plus, des ratées survenaient, il le paierait cher lors des élections suivantes!

 

Tout cela amène les questionnements suivants : avons-nous toujours les moyens de maintenir un enseignement de qualité alors que les écoles, collèges et universités sont de plus en plus sous-financés et endettés? Avons-nous les moyens de maintenir des urgences gratuites pour chaque petit rhume ou vaporisation de windex dans les yeux? Devons-nous à tout prix maintenir la gratuité pour tout? Pourquoi ne pas charger des frais minimes pour les utilisateurs?  Pourquoi ne pas sensibiliser la population aux frais qu’elle encourrait si elle devait payer pour les consultations et autres traitements? Etc. Je persiste à croire que nous sommes rendus au point où il faut trouver de nouveaux moyens de financement ou de nouvelles méthodes de prestation et sensibiliser la population pour préserver le plus possible l’accessibilité, la qualité ainsi que la diversité des services. Il faut donc qu’en tant que société, nous soyons prêts à faire face à ces défis et être conscients des effets que cela peut entraîner pour les années et générations à venir.  

 

 

Au fond, la vraie question est de savoir si nous sommes prêts en tant que société à continuer d’absorber les effets pervers de la gratuité ou à tout le moins les tolérer. Le pouvons-nous?

Commentaires

  • Je suis d'accord avec vous, je pense qu'il faut revisiter ces questions et que certains coûts (comme un ticket modérateur) pourraient être appliqué dans certaines situations.

    Là où je trouve que c'est complexe c'est qu'il y a réellement des gens qui n'ont pas les moyens de payer. Par exemple, une mère monoparentale qui travaille au salaire minimum...si le dentiste n'était pas gratuit une fois par année (pour les 12 ans et moins), probablement qu'elle ne pourrait pas y aller avec son enfant. Même chose pour les études, je pense qu'il faut offrir la même qualité d'enseignement et permettre à tous les jeunes de réussir et d'aller à l'université s'ils le veulent.

    Au CSSS où je travaille, l'an dernier nous vivions un déficit important et certains coûts (pour les services offerts) ont été demandés aux clients afin de redresser la situation budgétaire. Par exemple, pour les cours prénataux, qui étaient gratuits avant, on demandait maintenant un déboursé de 20$ par famille. De plus, on coupait une rencontre au programme (qui en comptait 4 avant) et on offrait celle-ci sur internet.

    Cela a eu du bon et du moins bon...l'administration était quand même flexible et pour nos familles plus démunies, on ne chargeait pas les 20 $ (avec une lettre de t.s. attestant de la situation financière). Nos adolescentes enceintes ont donc pu bénéficier de ces cours, dieu merci. Toutefois, ce n'est pas toutes les familles qui ont accès à internet et je pense que les cours prénataux sont essentiels pour nos clientèles vulnérables. Toute l'information que les gens vont y rechercher a une valeur psychosociale importante et peut permettre d'éviter des problèmes à plus long treme (donc coûts importants)

    Je n'ai pas de réponse, mais je pense qu'en effet, il faut se poser des questions et proposer certains changements. Il faut que les gens comprennent que tout n'est pas gratuit et qu'il ne faut pas abuser. Comment mettre des coûts aux services sans que ce soit encore la classe moyenne qui doive se serrer la ceinture ?

  • Commentaire à annuler : refait

  • Il est vrai que les gens pensent qu'aucun coût signifie que le service est gratuit.
    Concernant les frais de scolarité, je crois qu'ils pourraient être augmentés, car le système de prêts et bourses aux étudiants vient compenser le coût supplémentaire. Les riches devront dépenser plus et les autres auront l'argent supplémentaire pour les absorber.
    Quand aux soins de santé, il y a plusieurs solutions que l'on peut envisager.
    Il pourrait y avoir un ticket modérateur, comme on en parle depuis longtemps. Ce peut être un montant symbolique, 5$ la visite.
    On pourrait aussi indiquer, sur le document, un coût estimé de la visite (coût du médecin, du local, des spécialistes consultés, de l'infirmière, des fournitures et médicaments utilisés, ...). Ceci pourrait sensibiliser le patient des coûts engendrés à l'ensemble des citoyens par sa visite.
    Depuis plusieurs années, nous entendons parler de l'arrivée d'une carte à puce et de l'attribution d'un médecin de famille à chaque individu. Nous ne savons plus si cela arrivera un jour, mais si c'est le cas, ça pourrait aussi servir de moyen de contrôle.Cela éviterait que certaines personnes consultent plusieurs médecins pour le même problème et ainsi contribuer à augmenter l'attente dans les urgences!
    Afin de les inciter à arrêter ce comportement, il pourrait ainsi y avoir des frais supplémentaires facturés ou les coûts réels exigés pour les consultations supplémentaires pour le même problème! Ainsi, ils pourraient consulter plusieurs fois, mais au moins, ils en paieraient le coût!

  • Je suis tout a fait d’accord qu’il est grand temps de revoir nos structure et les services offert par le gouvernement.

    Par exemple dans le milieu de l’éducation il est grand temps de revoir le rôle des commissions scolaires. Il est temps aussi de se posé la question sur le nombre d’établissement collégiale ou même sur le nombre d’université au Québec. Depuis plusieurs années on entend que le taux de natalité est en baisse, avons-nous donc besoin du même nombre d’établissement post secondaire afin de bien desservir la clientèle étudiante. Pourrions-nous récupérer certains budgets afin de limiter l’augmentation des frais de scolarité ??

    Dans le réseau de la santé, l’accessibilité et la gratuité sont en périls. Évidemment, il est temps de revoir ce principe. Pourrions-nous évaluer la possibilité de facturer les services d’hôtellerie d’un hôpital. Je pense ici à facturer un certains montant pour les repas, les services d’entretien ménager et de chambre. Pourrions-nous exempter les hôpitaux des taxes municipales, des frais d’électricité, etc.

    A mon avis il existe des solutions aux problèmes de financement de nos institutions. Il s’agit d’être rassembleur et de démontrer du leadership ce que tout gouvernement est incapable de faire puisque son seul but est d’être réélu.

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