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Haïti, un pays fait de contradictions!

Port-au-Prince%20haiti.jpgHaïti, un pays fait de contradictions!

 

Depuis la tendre enfance, j’entends parler du plus beau pays au monde, Haïti. Au dire de mon entourage, Haïti est le rêve incarné de la « dolce vitae » de part la beauté de son paysage féerique antillais et du beau temps perpétuel. Il n’existe pas de diasporas haïtiennes qui ne rêvent pas du jour de son fameux retour en sa terre natale. Le sort en décidera autrement alors que le pays est en fait en piètre état et ce, depuis les quarante dernières années. Sous ce beau soleil d’Haïti se cache un dessein remplie de rêves déchus. Le gouvernement haïtien éprouve toujours du mal à s’organiser et assumer sa mission de sécurité dans le pays.

 

Les derniers jours suivant ce tremblement de terre historique, écroulant littéralement Port-au-Prince, ont su remettre en perspective la dure réalité d’un peuple décimé par les années. Comment s’expliquer les événements derniers amenant sinistres naturels par-dessus sinistres naturels? Nous étions tous consterné d’un tel acharnement du sort. Comment un peuple si dépourvu devant sa malchance peut-il être encore éprouvé de la sorte? J’ai dû mal à me l’expliquer. Une sainte écriture dit : "À celui qui en a déjà je lui en donnerai davantage et à celui qui en a déjà peu je lui enlèverai le peu qu’il lui reste". Est-ce vraiment la volonté d’un Dieu vengeur? Le peuple haïtien a-t-il réellement atteint la malédiction ou est-ce peut-être un signe de renaissance qui pointe à l’horizon de la perle des Antilles, l’Hispaniola? On s’interroge toujours sur la question.

 

À force d’y penser, ma réflexion m’amène toujours à la même constatation. Peu importe l’analyse qu’on en fait, Haïti ne serait pas dans cet état si elle détenait de riches ressources. Certaines terres africaines s’en tirent beaucoup mieux en raison de leurs ressources naturelles tel que le pétrole, l’or, l’uranium, le diamant. En région rurale, il reste encore des terres agricoles mais, elles exploitent toujours à peu près les mêmes denrées depuis le début du siècle. On parle ici de la canne à sucre, le maïs et d’autres spécificités locales. En somme, rien de très spécialisé pour la région qui pourrait être exportable à très grande échelle. Plus les années passent, plus l’écart technologique entre les pays dits avancés et les pays en voie de développement se creusent tandis que les derniers progrès technologiques sont de plus en plus rapides. Autrement dit, les industries haïtiennes affichent un retard encore plus prononcés par rapport à celles des autres pays développés et cela, comparativement à il y a trente ou quarante ans. On peut en conclure que si rien ne change cette situation pourrait empirer en quelques années au point tel que le retard à combler serait pratiquement irrémédiable dans le temps. Une fois ce fait établi, il deviendrait presqu’impossible que la nation haïtien devienne compétitive de sitôt.

 

Tout ce que j’ai relevé jusqu’à maintenant ne désavoue en rien ce que le peuple s’est infligé à lui-même. Il m’horrifie de constater comment les haïtiens se traitent mutuellement. Encore dernièrement, on voyait les images des châteaux, paquebots, voitures de luxe des richissimes du pays. Dans les faits, le principe de répartition de richesses n’existe presque pas en Haïti. Je dis bien dans les faits parce qu’il fait partie des déclarations constitutionnelles du pays. Les gens vous diront que les riches d’Haïti ne paient pas vraiment d’impôts à l’État. Pour ainsi dire, les fonds internationaux servent souvent à payer très cher les services des employés de l’État qui dénote des députés, des Ministres, des sénateurs, etc. Au dire des haïtiens, les fonds d’aide internationaux se retrouvent souvent détournés à enrichir d’une façon ou une autre la classe dirigeante du pays. On se rend bien compte que ce n’est qu’une infime partie des fonds qui finie réellement par joindre les gens dans le besoin. Un rapport de la mission des Nations Unis de Mars 2009 illustre bien les difficultés de l’État de droit en Haïti. Le manque criant en moyens financiers du gouvernement limite sa capacité de se doter des effectifs nécessaires pour faire respecter les lois et règlements. Entre autre, malgré les efforts des pays contributeurs, le ratio de policier et d’habitant demeure insuffisant pour lutter efficacement contre le crime organisé. Dans le rapport de l’ONU, on souligne le problème du respect des droits de l’homme par les forces policières haïtiennes ce qui accentue la difficulté quant au recrutement et le climat de méfiance au sein de la population locale. 

 

Devant de cette situation, nous sommes contraints d’admettre avec regret qu’Haïti n’a pas les moyens de se doter d’une administration publique capable de lutter contre toute la corruption du pays. En 2004, lors de la dernière catastrophe des inondations en Haïti, les dires sont à l’effet paraîtrait que les fonds d’aide ont été détournés par des membres de la classe politique. C’est plus des 192 millions de dollars envoyés qui se sont volatilisés sans explications. De plus, on raconte que des camions lourds envoyés pour aider à la reconstruction suite aux importantes inondations en 2004 ont été revendus aux autorités de la République Dominicaine. Certaines de ces informations restent pourtant à confirmer. Faute d’instance réelle de régulation indépendante du gouvernement, il est très difficile, voire quasi impossible de faire la lumière complète sur ces allégations. Comme un ingénieur haïtien nouvellement émigré au Québec me disait, lors de travaux important en infrastructure les compagnies achètent le contrat en pot de vin aux mains des députés et ministres pour ensuite leur reverser une partie des retombées du contrat. La corruption ne s’arrête pas là! Une fois les argents dépensés à payer les hommes politiques, la compagnie n’a plus les moyens ou l’intérêt à mener à bout le projet. Enfin, il arrive souvent que les grands travaux routiers par exemple ne se concrétisent pas vraiment, c'est-à-dire la route n’est jamais terminée sous toute sa longueur. Après tout, pourquoi alors que tous roulent sous l’argent reçu.  D’un côté, le gouvernement haïtien fait des demandes d’aide à l’étranger pour financer ses besoins en construction d’infrastructure et de l’autre, les argents ne servent jamais à réaliser les projets importants qui pourraient aider au développement économique du pays. 

 

À voir la misère du peuple, on est contraint d’accepter la réalité du contrat social d’un pays tel qu’Haïti. En effet, l’horizon des possibilités pour quelqu’un là-bas demeure limité aux yeux des occidentaux. Avec près de quatre-vingt pour cent de chômage, les gens n’ont presqu’aucune chance d’améliorer leur moyens de subsistances. À la question, pourquoi tant de gens s’entassent dans la capitale de Port-au-Prince? Il est décevant d’y répondre qu’il ne reste aucune terre sans propriétaire en milieu rurale. La plupart des terres agricoles sont déjà exploitées. Les personnes démunies n’ont rien à espérer à aller vivre en région. D’un autre côté, le gouvernement haïtien ne démontre aucune vision ou leadership quant à la commercialisation de ses terres encore non exploitées en milieu rural. En vivant dans les bidons villes, les habitants ont du moins l’espérance de tirer partie de l’activité économique de la capitale. La pauvreté chronique crée un milieu propice à la prolifération de bandes criminalisées principalement formées de jeunes hommes âgés de quinze ans et plus. Leurs principales activités se concentrent autour du trafic de drogue de l’Amérique latine vers les États-Unis. Cette criminalité est en pleine croissance dans le pays et elle vient avec la circulation d’armes illégales. À l’aide des contingents de l’armée américaine et canadienne, la police nationale haïtienne surveille les voies d’eau par bateau, les airs par hélicoptères et terrestres aux frontières pour lutter contre le fléau. La communauté internationale vient en aide aux forces de l’ordre du pays depuis plus de dix ans pour lutter contre la criminalité en Haïti. Leur mandat touche à sa fin mais, ils constatent que la police nationale n’a ni le personnel et ni l’équipement nécessaire pour lutter efficacement contre les bandes criminalisées de plus en plus organisées. 

 

 Les gens ont oublié la période d’occupation américaine de l’île de 1914 à 1935 alors que le pays était encore prospère. Tout le monde sait aujourd’hui comment les États-Unis ont joué un rôle déterminant dans la nomination de dictateurs dans les pays pauvres durant les années soixante-dix au sein des caraïbes et de l’Amérique latine.  En effet, il est rapporté que les américains privilégiaient ces régimes de force dans les pays en voie de développement dans le but de profiter au maximum de leurs ressources tout en maintenant le peuple tranquille. On dit aussi que les intérêts étrangers ont su tirer les principales ressources d’Haïti. Autre avantage du totalitarisme, il prévenait la montée de la démocratie dans ces pays. Imaginez, un pays comme celui-là démocrate au début de l’ère post coloniale! Il ne fallait pas qu’un tel pays donne trop d’idées à d’autres colonies voisines encore sous emprise britannique, française ou autres…

 

L’héritage des années soixante creuse toujours le fossé entre la démocratie possible et le régime totalitariste de Duvalier. Pour ajouter au comble du ridicule, Duvalier a donné des nouvelles et il a promis d’envoyer des fonds pour aider le peuple haïtien. De quels fonds, fait-il mention? Les millions qu’il a détournés de tous ces malheureux ou des fonds qu’il a dépensé lui et ses acolytes de manière digne des rois du pétrole en Orient. À la liste, il faudrait compter son mariage royal de 5 millions de dollars au début des années quatre-vingt. L’héritage de la dictature ne s’arrête pas à la répression, les arrestations des opposants à Duvalier et la corruption des hommes d’État. Elle s’étend jusqu’au cœur de l’haïtien. Malgré les décennies passées depuis le régime duvaliériste, le peuple haïtien éprouve toujours de la difficulté à s’organiser dans une nouvelle voie dite plus démocratique. Aujourd’hui encore, la répression continue à faire des ravages dans le pays. Je parle ici non pas des révoltes populaires toujours nombreuses mais plutôt, du climat de terreur et de violence entre les habitants. À toutes les semaines, on compte plusieurs enlèvements de personnes en échange d’une rançon. Selon le rapport sur le Conseil de sécurité des Nations Unis daté de mars 2009, on constate qu’il existe une situation inquiétante de violence communautaire. On y cite des actes de violence à l’égard des femmes, des viols, la prolifération des armes au profit de bandes organisées, des meurtres, des actes de violence policière, etc. Cette situation a fait fuir les vacanciers haïtiens venus de partout. Le mal ne s’arrête pas là alors qu’Haïti ne peut ainsi profiter d’une économie touristique florissante. Un pays si ensoleillé et entouré de plage pourrait bien attirer années après années comme son voisin la République dominicaine. Quels sont les vrais raisons: le poids de la guerre, l’esclave affranchi, la dictature, l’ère post colonial, le sentiment d’impuissance du peuple ou encore cette fausse réalité d’État de droit? Comme enfant d’haïtien ayant vécu au Canada, le rêve de la nation qui se relève demeure présent à mon esprit et en mon cœur. Puisses cette dernière catastrophe nous démontrer le goût de vivre de cette nation joyaux des Antilles et non, la stigmatisation d’un peuple qui a tant  à offrir.

 

Références:

TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Simplement en toute complexité, notes de cours, ENAP.

Mercier, Jean (2002), « L'administration publique: de l'École classique au nouveau management public », Ste-Foy. PUL, 518 pages ISBN 2763778313

Rapports de la mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti : Lecture des rapports mensuels et annuels sur l’évolution des droits de l’homme et bien d’autres,

http://minustah.org/,

http://minustah.org/?page_id=8543

http://minustah.org/pdfs/sdh/HRS_Annual%20_Report_2008.pdf

 

 

 

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