Blog #2 Guillaume Raymond – Les nominations partisanes au sein de la haute fonction publique
Comme nous avons pu le constater récemment, les nominations partisanes à des postes supérieurs à l’intérieur de la fonction publique peuvent causer des troubles médiatiques majeurs pour le gouvernement en place. La nomination d’André Boisclair à titre de Délégué général du Québec à New York n’est pas surprenant. Cependant, ce qui a mis le feu aux poudres du côté médiatique est sa double nomination. La deuxième fonction auquel il a été nommé est le poste de sous-ministre adjoint aux Relations internationales. Il hérite ainsi d’une permanence au sein de la fonction publique québécoise et tout ce que cela implique : emploi assuré jusqu’à la retraite ainsi qu’un généreux fonds de pension dont peu de personnes peuvent se vanter pouvoir détenir.
Dans cet événement se retrouvent deux principaux concepts. Soit celui de la nomination partisane au sein de la haute fonction publique et celui des relations entre élus et hauts fonctionnaires.
Tout d’abord, la nomination partisane n’est pas une chose inusitée dans le paysage politique québécois. Depuis toujours, de telles nominations ont lieu. Lorsqu’il y a changement de gouvernement, un certain nombre de personnes sont choisies par le gouvernement sortant afin que ces dernières intègrent l’administration publique à certains postes clés. Ce fût le cas de certains proches collaborateurs de Jean Charest lors du dernier changement de gouvernement. Ces nominations peuvent parfois s’expliquer par le fait que ces personnes détiennent une expérience approfondie des rouages de l’État. Il peut donc paraître plus raisonnable de nommer ces personnes plutôt que de parachuter divers amis politiques à des postes clés de l’État. Il y a une différence entre un début et une fin de règne. La problématique vis-à-vis des nominations politiques réside surtout dans la capacité de gestion de ces parachutés ainsi que dans leurs connaissances dans le domaine où ils seront amenés à travailler. Vaut-il mieux choisir un fonctionnaire de carrière qui connaît le ministère de fonds en comble ou d’y installer un ami du parti afin de le récompenser pour services rendus? Et surtout, ces gens nommés, seront-ils plus loyaux envers l'État ou envers le parti au pouvoir?
L’opinion publique désire de plus en plus de transparence à ce niveau et devient très critique des agissements des partis politiques voulant récompenser l’un des leurs. Comme nous l'avons constaté dans les dernières semaines, le Parti québécois a fait volte-face sur la double nomination d'André Boisclair. Le parti a voulu d'abord protéger ses nominations mais s'est rendu à l'évidence qu'une telle décision ne pouvait passer l'étape de l'opinion publique. Madame Marois est donc revenue en arrière sur cette question. André Boisclair a renoncé publiquement à son poste de sous-ministre adjoint et donc à la permanence à vie au sein de la fonction publique. Cette action règle une partie de la problématique. La question de fond sur le parachutage de collaborateurs politiques reste tout de même.
Qu’en est-il également du cas de Nicolas Girard? Il a été nommé au poste de président et directeur-général de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). Candidat défait lors des élections générales d’août 2012 par Françoise David, M. Girard a été nommé à ce poste à peine trois semaines après sa défaite. Lors de cette annonce, plusieurs ont soulevé le manque d’expérience de M. Girard quant à ses qualités de gestionnaire de fonds publics.
Ces deux cas présentent bien qu'il existe un effet de retour d'ascenseur entre les proches du gouvernement et les nominations au sein de la haute fonction publique. Messieurs Boisclair et Girard étaient des supporteurs de premier ordre de la Première ministre Marois, surtout lorsqu'elle était dans l'eau trouble et que son leadership était questionné. Elle aura peut-être voulu remercier ces deux partisans en leur offrant ces postes. Cependant, en démocratie, il ne faut jamais oublié que les gestes des partis politiques sont toujours scrutés par les citoyens et les médias. De tels gestes seront donc pointés du doigt et pousseront peut-être les citoyens à réfléchir pour qui ils voteront à la prochaine élection, surtout lorsque la transparence est un thème très apprécié dans ces temps troubles pour la vie politique.
Sources :
Le Devoir : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/363393/marois-nomme-andre-boisclair-delegue-general-du-quebec-a-new-york.
La Presse : http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201212/03/01-4600299-boisclair-gagnant-a-vie.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4600552_article_POS1 et http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201212/07/01-4601885-il-est-sage-de-corriger-le-tir-dit-pauline-marois.php
Secrets d’États, Michaud Nelson, ENAP, Presses de L’université Laval, 2011.