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  • Une administration malsaine :

     


     

     

    L’administration publique doit oeuvrer pour le bien-être de la population afin d’améliorer leur condition de vie. En Guinée, l’administration publique est remise en question. Il y a quelques jours d’ailleurs, le président de la Guinée s’élevait contre les agissements des ministres, de la police et des autres services. Il affirmait que  le mal de la Guinée est dû  à une mauvaise gestion et à une dilapidation des biens publics. Cela traduit un peu les inquiétudes du peuple guinéen. En effet, la population guinéenne se pose un certain nombre de questions depuis plusieurs années à savoir : comment peut on expliquer qu’un pays très riche en ressources naturelles ne puisse pas répondre essentiellement aux besoins primordiaux de la population ? Comment se fait il que malgré toutes les richesses de la Guinée, que son produit intérieur brut soit de 5 milliards de dollars alors que celui du Sénégal est de 30 milliards de dollars ?

     

    En effet la Guinée est le deuxième producteur de bauxite dans le monde après l’Australie. Comment peut on expliquer qu’un pays qui détient l’essentiel des ressources de la bauxite, ne possède aucune usine d’alumine ? Comment peut on aussi expliquer que la Guinée n’ait effectué aucune exportation de tonne fer depuis cinquante ans ?  Comment se fait il que malgré toutes les richesses de la Guinée, que son produit intérieur brut soit de 5 milliards de dollars alors que celui du Sénégal est de 30 milliards de dollars ? Pourtant le Sénégal est considéré comme un pays beaucoup moins riche que la Guinée, il n’a que l’arachide mais son produit intérieur brut correspond à 6 fois celui de la Guinée.

     

    Toutes ces situations témoignent d’une mauvaise gestion des biens publics.  Les gestionnaires du secteur public s’accaparent des biens de l’Etat.  D’ailleurs, dans un récent discours, le président affirmait que : « l’administration fonctionne de façon artisanale, ce n'est pas une administration moderne. Des choses élémentaires. Dans tous les pays, il y a une comptabilité matière. Les chaises, si vous allez dans les pays, sont numérotées. On sait que les chaises de la présidence, c'est numéro 1, 2, 3. Les ministères, etc... Cela ne se fait pas. Le ministre qui vient, en partant, il part avec tout. La télévision nationale avait 26 caméras au moment des élections, il n'en reste que six. » Les actions et les dépenses ministérielles ne sont pas contrôlées, le laisser-faire est flagrant. Pourtant les ministres sont nommés par décret par le président de la république chef du gouvernement. Le président de la république est donc responsable du contrôle de l’exercice du pouvoir ministérielle et approuve les décisions prises.

     

    Quant à la corruption, elle bat son plein, les fonctionnaires de l’Etat sont mal payés,  par conséquent n’assument pas correctement leur fonction. La population est parfois obligée de payer des montants d’argent ou de rendre service au fonctionnaires afin qu’ils fassent leur travail. Le coût de la vie en Guinée est si élevé que le salaire des fonctionnaires ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins primaires.

     

    En Guinée, l’électricité  et l’eau provenant du robinet sont quasi inexistantes. En un jour, par moyenne la population bénéficie de  6h d’électricité. L’eau n’est pas courante, en moyenne la population a accès à l’eau trois fois dans la semaine. La population est obligée de se ravitailler soit dans les puits ou bien de conserver de l’eau dans d’énormes fûts.  On se demande comment dans un pays comme la Guinée, la population a autant de mal à vivre dans des conditions de vie descente. Telles sont les réalités auxquelles doivent faire face la population guinéenne : Les villes sont salles, les conditions des routes sont désastreuses, le système éducatif est défectueux, il existe un manque d’autosuffisance alimentaire, l’insécurité est grandissante, des jeunes enfants sont maltraités. ...

     

    Des semblants de  politiques publiques sont mises en place mais elles ne répondent pas adéquatement aux besoins de la population car les études qui sont faites sont parfois faussées ou ne sont pas sérieuses.  L’administration publique Guinéenne doit  se  remettre en question.

     

    On constate aussi en Guinée un silence judiciaire, les lois sont adoptées mais aucun système n’est mis en place pour contrôler efficacement leur application.

     

    La majeure partie des citoyens ne fait pas confiance aux institutions judiciaires guinéennes et affirme par conséquent que  la justice est en faveur des riches. Pourtant l’administration publique est aussi en charge de l’application des lois pour tous.

     

    Dernièrement lors de son procès, le redoutable bandit Mohamed accusé de plusieurs braquage à main armée dans la ville de Conakry, a cité comme complice un général des forces armées, un commandant de bataillon spécial d’intervention de la police, un colonel,  le gouverneur de la ville et un commandant des armées.  Lors de sa comparution l’accusé a dénoncé avoir agit avec la complicité des ces personnalités. Mais hélas, aucune enquête n’a été effectuée pour vérifier ses allégations. 

     

    En Guinée, il semble que la majorité des lois sont désuètes car elles sont inappliquées. Il arrive parfois que le pouvoir exécutif se substitue aux pouvoirs judicaires. Le principe fondamental de l’administration publique selon lequel : «  en administration publique tout doit être approuvé et tout doit faire l’objet de reddition de compte » n’est pas respectée. Les plus forts font ce qu’ils veulent et ne rendent pas compte. Il n’existe aucun système de contrôle pour permettre une gestion fiable des biens publics.

     

    Les grandes questions qui découlent de toutes ces observations sont : le président de la République n’est-il pas celui à qui il revient d’instaurer un système administratif correspondant aux normes étatiques en raison des pouvoirs qui lui sont conférés ? Comment se fait-il que dans un pays démocratique comme la Guinée, le président se place en spectateur face à cette gestion malsaine au sein des institutions publiques ?


    Par Ramatoulaye Camara