Blogue#2 Hakizimana; À Quoi bon les élections sans État de droit?
Un État de droit ne peut exister sans démocratie. Celle-ci étant régime politique, système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple. (La Rousse)
Les principes et fondements de la démocratie sont; La liberté d’expression du peuple, Les règles de la majorité, L’existence d’une constitution et d’une juridiction, La séparation des pouvoirs; législatif, exécutif et juridique, Élections et référendum (libres et transparents) Pluraliste des partis, Independence de la justice et son image.
Les élections constituent l’un des piliers les plus importants de la démocratie comme nous venons de le voir. Mais cela ne signifie pas pour autant que tout État qui fait procéder à des élections peut automatiquement être qualifié de démocratique. Les élections démocratiques doivent en effet satisfaire certaines conditions; doivent être libres, lorsque les citoyens ont le droit de choisir entre plusieurs candidats ou partis qui ont pu se présenter sans aucune restriction. Ils doivent également être libres de décider s’ils veulent jouir de leur droit de vote ou s’ils préfèrent s’abstenir. Les élections démocratiques sont secrètes, publiques et transparentes.
Sans entre en profondeur sur le sujet et les processus des élections, j’aimerais partager avec vous certains points de vue, suite à la visite de Monsieur Etienne Tshisekedi le Président du Parti ‘Union Pour la Démocratie et Progrès Sociale’(UDPS) et candidat aux élections présidentielles en République Démocratique du Congo, dans le cadre du cours défis et enjeux de l’Administration Publique, au début du mois d’Octobre 2011 à la Prestigieuse École d’Administration publique par rapport à la situation actuelle dans son pays.
Je ne vais pas revenir sur l’histoire et la géographie de cet immense pays très riche en ressources naturels, avec une des populations les plus pauvres du monde.
Plus de 32 millions de Congolais sont appelés aux urnes ce 28 novembre pour élire leur président et leurs députés. Le chef de l'État sortant face à 10 adversaires, et plus de 18 800 candidats se présentent aux législatives, une carte électorale de 50 pages!!! La question est de savoir dans quel climat et dans quelles conditions que vont se dérouler ces élections?
Premier constant un rapport des Nations Unis sort avec comme titre «L’ONU tire la sonnette d’alarme sur les violations des droits de l’homme perpétrées pendant la période pré-électorale en RDC» (http://monusco.unmissions.org/Portals/MONUC/ACTIVITIES/Human_Rights/presshr.pdf), de la période de 1er novembre 2010 et le 30 septembre 2011. Bien évidemment que ce rapport ne parle pas les violences qui ont eu lieu après le 1er novembre, alors qu’il y a eu des tueries notamment l’assassinant d’un parlementaire de l’opposition à quatre jours des élections en pleine rue dans la capitale nationale.
Je rappelle que la Commission électorale a déjà fait un appel à la Cours pénale Internationale (CPI) pour investiguer sur les crimes qui se passent actuellement dans cette période électorale (deuxième constant). A partir de cet appel à la CPI, je pense que ça soit un signe de la manque de confiance et à l’incrédibilité du pouvoir juridique du pays (le faite de faire recours immédiat aux instances internationales).
Plusieurs localités et des municipalités sont sous contrôle des milices et groupes armés, dans lesquelles (régions) le gouvernent ne peut pas exercer son autorité, dans le pays où le coût de vie est estimé à moins de un dollar par jour par personne, plus de 60% de la population n’ont pas d’accès aux services de base (sante, éducation, sécurité…) avec manque des infrastructures comme des routes; (ceci me rappelle l’exemple d’un bureau de vote situé à 100 km de zone de rayonnement).
Avec une présence de près de vingt mille militaires de l’ONU plus les policiers, la RDC est le premier pays au monde à compter une telle présence de cette taille. Vu que l’objet de ce blogue ne soit pas la mission de ces casques bleus, mais les élections, et la démocratie, ça me fait penser au rôle de la communauté internationale? Sachant que le coût de ces élections est plusde 285 millions de dollars, payés en grande partie par les taxes des citoyens des pays démocratiques (États de droit).
Rappelez-vous que lors de sa visite, Mr. Tshiseked avait mentionné qu’on a précipité l’indépendance car le terrain n’était pas préparé, à cause du manque des gens formés en gestion publique? Je peux être d’accord avec lui vu la situation politico- économique depuis l’indépendance. On peut également se poser beaucoup de questions sur la démocratisation sans Administration publique ou vice -versa.
Ma question; Pensez-vous que dans le même raisonnement on est en train de précipiter des élections? De toute façon ce n’est pas les premières (élections) qui vont avoir lieu dans ce pays, c’est la deuxième fois après l’indépendance; mais si nous pensons un peu à un citoyen qui doit marcher 100 km pour se rendre au bureau de vote, ou ceux qui n’ont pas la garanti pour leurs sécurité, ou ceux qui n’ont pas l’accès aux services de base en générale, pensez-vous que ça vaut vraiment la Paine de dépenser plus 285 millions de dollars pour les élections qui sont entrain de coûter des vies des citoyens avant même les scrutins? Alors qu’avec ces coûts, on peut construire des centaines d’hôpitaux, des écoles ou des fontaines pour l’eau potable?
Si la meilleure stratégie d’arriver à la démocratie, est d’avoir les gens formés en gestion publique, ça serait peut-être une bonne idée d’investir également dans la formation (pouvez juste vous imaginez combien de gestionnaires publics qui peuvent être formés avec un budget de 285 million de dollars?).
Ça serai peut-être mieux de faire un pas en arrière, et commencer à bâtir une solide administration publique et avoir les gens formés en faisant une chose à la fois, pour enfin arriver à un État de droit avec toutes ses caractéristiques notamment les institutions et les trois pouvoirs (pouvoir législatif, Exécutif et juridique) libres et indépendants et le respect des droits de l’homme.
Espérons que ces élections se terminent sans coûter d’autres vies des innocents, et que ça soit une opportunité aux congolais de penser que ça demande plus que des élections pour avoir un État de droit.
Merci à toutes et à tous.