Le ou vers le 20 novembre 2011, alors que j’en ai plein les bras avec une inondation dans un Centre de loisirs de Rosemont, les deux pieds dans l’eau, une gestionnaire de l’arrondissement que je n’avais encore jamais vu arrive sur les lieux du sinistre. Elle vient me voir, et plutôt que de me parler des interventions qu’elle fera pour m’aider à gérer le sinistre, elle m’interpelle en me disant : « J’ai entendu dire que tu travailles ici en gestion du Loisir depuis très longtemps ; tu n’as pas envie de passer à autre chose ? Tu as certes l’expertise pour obtenir un poste dans nos Services. Si tu veux te démarquer pour obtenir un poste de cadre, je te suggère d’aller faire une maîtrise en gestion municipale à l’ÉNAP ; tu seras très avantagé dans les processus de sélection, car les gestionnaires de haut niveau détiennent tous des baccalauréats, mais pas de maîtrise ». J’adore tellement l’idée d’aller approfondir mes connaissances en administration publique municipale que sans plus tarder, je fais le nécessaire pour monter mon dossier. Si bien qu’en moins d’une semaine, mon dossier est rendu au registraire, pour un début en janvier 2012 ! C’est alors le début d’une grande aventure. En plus de travailler à temps plein, et d’être un élu scolaire à la CSDM, j’étais alors nouveau papa, et nous nous apprêtions à la naissance de notre 2e enfant ! Il était clair que mes études allaient alors se faire à temps partiel, et lors de certaines années, de façon encore plus partielle !!!
Une fois passée le moment de l’euphorie de novembre-décembre, nous arrivons en janvier 2012, et là, je stresse et je suis excessivement nerveux. À juste titre : je n’avais pas mis les pieds en classe depuis 1993. Et je me demandais soudainement : « mais qu’ai-je fait là ? De quoi aurai-je l’air en classe à mon âge ? Suis-je vraiment à ma place ? » Alors que la nervosité était à son comble, j’entrais dans le cours de « Principes et enjeux de l’Administration publique », enseigné par Monsieur Rémy Trudel. Il nous met à l’aise, s’intéresse à nos parcours, a une bonne touche d’humour, et surtout, nous enseigne avec passion en partageant de multiples anecdotes de sa vie professionnelle en politique ! Après ce 1er cours, la nervosité et l’inquiétude sont tombées, j’ai hâte de revenir la semaine suivante !
Tout ceci pour dire que dès le départ de mon parcours, j’ai été motivé, et la motivation n’est jamais repartie jusqu’à la toute fin, soit en mars 2019. Bien sûr il y a eu des périodes de découragement, mais la motivation a été présente tout au long de mes 7 années d’études à l’ÉNAP. Bien sûr la passion des enseignants pour l’administration publique y a été pour beaucoup, mais également la richesse des échanges et des partages avec les autres candidats à la maîtrise dans les multiples cours, ainsi que le contenu des lectures proposées, sans oublier tous les invités spéciaux et activités complémentaires. Également, l’aspect très concret et pratique de nombreux travaux réalisés en équipe a constamment permis de faire des liens immédiats entre la théorie et la réalité vécue dans les organisations publiques. Ce sont tous ces élément ce qui font que j’en ressors avec un bagage des plus enrichis. Voilà pour l’appréciation générale.
Sur le plan académique, la majorité des cours suivis étaient des plus pertinents. Personnellement, certains cours devraient être obligatoires dans le parcours, contrairement à d’autres. «Compétences de gestion et développement de carrière » devrait sans contredit être un «must» pour toutes et tous, question de bien comprendre d’où nous partons, personnellement, pour mieux savoir où l’on va ; ce cours est une mine d’or d’apprentissage personnel. À l’opposé, le cours « management des organisations publiques » avait un contenu beaucoup trop redondant, et ainsi, je crois que la part de contenu qui est pertinente devrait être intégrée au cours «Principes et enjeux… ». Quant au cours « Mobilisation des acteurs locaux », c’est LE cours essentiel en gestion municipale selon moi, le partenariat étant au cœur de chacun des services de proximité d’un quartier. Quant aux enseignant.e.s, la majorité est de très grand calibre, j’ai eu droit, pour la majeure partie du temps, à de l’enseignement de grande qualité.
Sur le plan de l’application des cours dans ma vie professionnelle, aucun doute à cet égard, tout me sert ! À chacune des sessions suivies, au fur et à mesure que je réalisais des apprentissages, que ce soit en mobilisation, en structure, en politiques publiques, en organisation du travail, j’ai toujours fait en sorte de diffuser auprès de mes équipes de travail les notions apprises afin de voir dans quelle mesure il était possible de les intégrer dans notre gestion quotidienne du Loisir et dans la qualité du service auc citoyen.ne.s ; et chaque fois, ça fonctionnait. J’ai donc fait en sorte de multiplier les impacts des cours suivis dans mon parcours professionnel, puisqu’en agissant ainsi, mes équipes de travail réagissaient avec une vision critique mais constructive, afin de réussir à faire cadrer les concepts dans notre réalité Loisir, ce qui a toujours permis d’enrichir les notions apprises. Les impacts se font aussi visiblement ressentir sur ma crédibilité au travail, l’ÉNAP ayant une excellente réputation. Aussi, le fait d’étudier au 2e cycle en gestion municipale est non seulement très bien perçu, mais aussi, je dois dire que c’est un diplôme qui « dérange » dans mon milieu de travail en Loisir municipal, dans la mesure où la grande majorité des directeurs.trices en Culture, sport, loisir et développement social au sein de la Ville de Montréal ont pris la décision d’arrêter leurs études avec l’obtention d’un diplôme de 1er cycle et de ne pas poursuivre vers des études supérieures.
C’est donc une maîtrise qui va me servir tout au long de la poursuite de ma carrière, assurément, et me permettre de me démarquer pour l'atteinte de postes stratégiques dans les organisations publiques.
Merci pour tout, l'ÉNAP a changé ma carrière !
Jocelyn Pauzé, candidat à la maîtrise à l'ÉNAP