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  • La promotion des produits d’ici comme outil de développement économique

    Au cours des dernières décennies, le visage du commerce s’est grandement transformé. Cette transformation est perceptible dans toutes les sphères d’activité du commerce au niveau local, national et international. L’apparition et la multiplication des grandes surfaces commerciales associées à la libéralisation des marchés et à la mondialisation sont autant de facteurs qui influencent les modes et les habitudes de consommation de notre société.

    La facilité et le potentiel qu’offre l’achat en ligne ont repoussé les frontières commerciales usuellement accessibles aux consommateurs et ajoutent une concurrence importante pour toutes les entreprises commerciales. Il devient, pour ces entreprises, de plus en plus difficiles de se démarquer de la concurrence maintenant située à un « clic » de distance.

    La promotion des produits québécois et l’appui de politiques gouvernementales nationales et locales concertées seraient de nature à favoriser le développement économique en maximisant les retombées économiques positives pour la province tout en maintenant  des emplois locaux et une économie diversifiée.

     

    Secteur alimentaire : un premier exemple à suivre

    En matière d’achat local, le secteur alimentaire a une longueur d’avance sur les autres secteurs commerciaux. Les succès des campagnes de commercialisation efficaces pour des produits spécifiques tels que « Fromages d’ici » et « Le porc du Québec » sont maintenant accompagnés et appuyés par la promotion des logos d’ « Aliment du Québec » et d’ « Aliment préparé du Québec ». Le logo bleue, facilement identifiable, fait désormais partie de l’environnement visuel et usuel du consommateur dans la plupart des chaînes d’alimentation et facilite le repérage rapide des produits locaux.

    Si l’on considère également la mise en œuvre de la stratégie d’achat local pour le réseau public, adoptée par le gouvernement, qui vise à accroître la place des aliments d’ici dans les établissements du réseau public, le gouvernement met ainsi en place les conditions essentielles à l’atteinte des objectifs de promotion des produits agroalimentaires locaux et pave également la voie à la souveraineté alimentaire prônée dans sa politique.

    À mon avis, le succès découlant de cette stratégie de promotion pourrait être appliqué aux autres secteurs commerciaux et aux produits manufacturés.

     

    Conditions favorables

    De plus en plus, l’achat local est associé à une économie et une consommation responsable ce qui explique l’engouement observé pour les produits locaux dans cet ère favorable au développement durable. Les grandes chaînes ont d’ailleurs flairé les avantages à promouvoir les produits locaux et ainsi soigner leur image de corporatisme responsable. L’entreprise de séduction menée auprès des consommateurs par les grandes chaînes est le reflet de la volonté grandissante des consommateurs de mieux consommer.

    Notons également que plusieurs municipalités et chambres du commerce mettent en place depuis quelques années des mesures incitatives d’achat local. Ces mesures peuvent prendre diverses formes tel une de carte de fidélité donnant droit à des rabais auprès des commerçants participants ou encore en accordant une marge préférentielle pour un fournisseur local lors de l’analyse d’une soumission pour des contrats spécifiques. Ces mesures demeurent des initiatives locales sans concertation et incitation du palier provincial.

    Ces actions sont un pas dans la bonne direction mais doivent toutefois bénéficier d’un support politique à tous les niveaux de gouvernement pour créer les conditions essentielles et favorables à une culture de consommation locale. 

     

    Actions politiques

    Annoncé lors du dernier budget fédéral, le gouvernement Harper entend mettre en place un comité pour la création et la promotion du label « Fabriqué au Canada ». Le gouvernement souhaite, à l’instar de d’autres pays tel que la France et l’Australie, promouvoir une image de marque nationale largement reconnu pour promouvoir les produits canadiens et en tirer un avantage concurrentiel.

    Cette annonce montre bien la tendance observée ailleurs pour promouvoir les produits locaux et le Québec aurait avantage à suivre cette tendance. Certaines grandes chaînes de commerce de détail profitent de la situation et tentent de séduire le consommateur en identifiant les produits locaux selon des critères propres à leur définition. C’est d’ailleurs l’absence de critères de certification universels et précis qui rend l’identification de la provenance de produits manufacturés très difficiles en dehors du secteur alimentaire. Ainsi, plusieurs marques de commerce soutiennent que leurs activités de fabrication contiennent une part importante de contenu locaux tout en confiant de grands secteurs de leur production à l’étranger. Il est primordial d’encadrer les certifications selon des critères précis et rigoureux à l’intérieur d’une politique de l’état.

     

    Condition de succès

    La démarche doit avant toute chose bénéficier de l’appui de l’état par la mise en place d’un programme structuré de promotion et de sensibilisation. En utilisant un logo unique pour tous les types de produit avec une identification distinctive permettant de repérer rapidement les produits locaux seraient une approche intéressante pour faciliter l’appropriation du consommateur et son adhésion à la démarche. Selon les critères de certification, il pourrait également y avoir, pour les produits se qualifiant, des certifications platine, or, argent et bronze. Mieux encadrer la réglementation entourant l’étiquetage précisera l’origine de fabrication ou de transformation du produit en regard de critères de certifications retenus. 

    Il est plus que probable que les bénéfices de ces mesures mettront un certains temps à se concrétiser mais des actions devront être entreprises ultimement pour supporter les entreprises et favoriser le développement économique à moyen et à long terme.

     

    Yves Boivin

     

  • Devrions-nous mieux équiper nos policiers?

     

    Devrions-nous mieux équiper nos policiers? 

     

    Il est certain de dire que nous devrions mieux équiper nos policiers.  Comment pouvons-nous identifier leurs besoins ainsi que les nouvelles technologies qui pourront faciliter leur travail et augmenter notre sécurité.  La solution est de regarder les incidents majeurs des dernières années.

     

    En juin 2011, un itinérant Mario Hamel, 40 ans, est abattu sur la rue Saint-Denis, au centre-ville, alors qu'il menaçait les policiers avec un couteau. Au même moment,  Patrick Limoges, un simple passant âgé de 36 ans, est victime d'une balle perdue.  Le 6 janvier 2012, des policiers du SPVM abattent un itinérant de Montréal Farshad Mohammadi, 34 ans.  Le 3 février 2014, Alain Magloire, 41 ans, a été abattu par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) au centre-ville, après avoir manifesté un comportement jugé violent. L’itinérant de Montréal était aux prises avec des problèmes de santé mentale.  Ce n’est pas la première fois qu’un citoyen aux prises avec un problème de santé mentale, de consommation de drogue ou d’alcool tombe sous les balles d’un policier qui sent sa vie ou celle d’un collègue menacée. 

     

    La question qui me vient est qu’elles sont les options données à nos policiers. Les options de recours à la force dont disposent les policiers sont diverses et vont du simple fait de guider la personne en la tenant par le coude jusqu'au blocage articulaire, et même le recours à la force mortelle, si ce niveau de force est justifié. Pour ces diverses possibilités, les policiers ont à leur disposition toute une gamme d'armes, y compris le poivre de Cayenne, un bâton télescopique.

     

    Si on regarde au Canada s’il y a d’autres options. La GRC a équipé leurs policiers d’une arme à impulsions électrique pour intervenir avec un citoyen jugé violent.  L'arme à impulsions électrique (Taser) est une arme dite « moins meurtrière » qui donne des décharges électriques à haute tension et à faible courant dans le but de paralyser temporairement un sujet par des contractions musculaires. 

     

    Pour la GRC, le Taser est considéré comme une mesure de dissuasion ou de désescalade, sans que l'arme ne soit déployée.   L'utilisation du Taser par un policier sur un citoyen est liée à plusieurs facteurs: la consommation perçue de substances (Alcool et Drogues) et l'état émotionnel du sujet (Santé mentale).   Les trois types d'incidents liés à l'utilisation du Taser les plus courants en 2010 étaient les voies de fait (25,8 %), les sujets ayant des troubles de santé mentale (15,4 %) et les voies de fait contre un agent de police (12,7 %). Plus de trois (3) incidents sur cinq (5) en 2010 étaient liés à la possession perçue d'une arme, principalement d'armes blanches.   La GRC a l’option d’utiliser une arme à feu ou un Taser.  Mais l’option vient avec des changements.  Comme tout doit faire l’objet de reddition de compte dans la fonction publique.  La GRC a dû créer un registre des interventions et une reddition compte de toutes les interventions. Ils ont modifié leurs politiques, leurs directives et les formations sont mise à jour.  Quand on regarde les statistiques des blessures causées par le Taser, il est de 4 %. De ce 4 %, on compte les blessures de surface : Peau percée par les sondes. Donc, les policiers de la GRC ont l’option de rester à distance et d’intervenir sur un citoyen jugé violent sans utiliser une arme à feu.

         
         
         
         

    Deux questions demeurent : l’option du Taser serait-elle une technologie pour nos policiers du Québec.

     

    Selon Stéphane Berthomet, un analyste en affaires policières, une piste de solution serait d’équiper nos policiers d’une arme à impulsions électriques (Taser). Ce qui permet à un policier d’avoir une alternative.   Le Québec compte 14 000 policiers pour couvrir son territoire et ils ont seulement 160 armes à impulsions électriques soit seulement 1%

     

    La seconde question est pourquoi, nos policiers de Montréal ne sont pas tous munis d’un Taser.  La problématique est le coût de formation des effectifs policiers à cette fin. « Il faut quatre jours de formation pour l’utilisation du Taser, selon Stéphane Berthomet, et ce sont des armes qui coûtent cher ». 

     

    Donc, la raison pour laquelle nos policiers ne sont pas mieux équipés au Québec est une question budgétaire, manque de formation et une mauvaise perception de certaine technologie par le public.  Nos corps de police devraient investir dans les nouvelles technologies. 

     

    Si on pousse la réflexion plus loin sur les nouvelles technologies, nos policiers devraient-ils avoir une caméra corporelle?  Quand on voit le nombre d’interventions qui tourne mal sur les médias sociaux.  Les caméras corporelles donneraient l’envers de la médaille et surtout quand nous sommes conscients que nous sommes filmés cela donne un effet apaisant sur le comportement des citoyens et policiers et ainsi évite l’escalade de l’agressivité.

     

     MB

     

     RÉFÉRENCES :

     

    Analyse et recommandations pour une pratique policière québécoise sur l’utilisation du dispositif à impulsions Ministère Sécurité Publique Québec.

     

    UT I L I S AT ION DE L’ARME À IMPULSIONS ( A I ) À L A GRC 2 0 1 0 Commission des plaintes du public contre la GRC

     

    ICI Radio-Canada Première

     

  • ÉGALITÉ DES CHANCES EN ADM. PUB. ?

    Depuis plusieurs années, de nombreux phénomènes économiques, tels que la mondialisation des marchés et les périodes de récession, ont fait fluctuer le marché du travail et de l’emploi. Celui-ci est dès lors confronté à des problèmes au niveau de l’attraction du personnel, mais surtout par rapport à sa rétention. Ce phénomène international apparaît tant dans le secteur public que privé et au niveau de plusieurs métiers spécialisés du Québec. La rareté de la main-d’œuvre va davantage créer une concurrence entre les entreprises québécoises en ce qui a trait à la rétention des individus dans les établissements. Cette compétitivité aura des répercussions néfastes sur le recrutement de candidats potentiels dans des délais très serrés. Par le fait même, cette concurrence va engendrer une compétitivité au niveau des conditions de travail, et donc un accroissement des mesures incitatives, par exemple des salaires plus élevés, des primes de toutes sortes, la signature de contrat de travail, etc. La fonction publique, souvent connue pour ses salaires plus bas, devra redoubler d’ardeur afin de contrer les incitatifs du secteur privé. La rétention du personnel demeure un enjeu critique pour plusieurs organisations, de par ces multiples répercussions sur le marché du travail. Comment assurer un transfert d’expertise dans la fonction publique québécoise dans un marché où la compétition et la lutte pour s’arracher les meilleurs candidats font surface? Il est primordial de se pencher sur ces problématiques dans l’administration publique québécoise, puisque cette dernière doit assurer des services de qualité à la population. Étant donné ce rôle premier envers la population québécoise, il demeure incontestable que la fonction publique veille à la qualité de ses ressources humaines afin de garantir ces services. Le gouvernement doit donc faire face à un double problème. « D’une part, il devra attirer une main-d’œuvre jeune et très en demande auprès d’autres employeurs. D’autre part, il devra retenir ces travailleurs, lesquels ont la réputation d’être moins fidèles aux organisations qui les emploient comparativement aux générations précédentes . » Les transformations au niveau du bassin de main-d’œuvre disponible, plus particulièrement causées par le vieillissement de la population québécoise, représentent la principale cause du manque de ressources humaines au sein des établissements publics. De plus, puisqu’une grande partie de celles-ci quitteront le marché du travail, il en résulte une importante diminution de la population active. En effet, d'ici 2020, 30% de la main-d'oeuvre du secteur public sera admissible à la retraite. Cette génération de baby-boom aura des répercussions sur tous les secteurs d’activités économiques. L’État n’a pas été proactif dans ses mesures afin de contrer les problèmes d’attraction et de rétention de ses ressources humaines, puisque les problèmes relatifs au vieillissement de la population ainsi qu’à la diminution de la natalité sont relativement nouveaux . Ensuite, comme indiqué précédemment, le phénomène de la mondialisation fait croître la concurrence entre les organismes des secteurs publics et privés (Cardinal, 2004). Cela est dû à l’ouverture des frontières, ce qui a pour répercussion d’élargir les possibilités d’emplois pour les travailleurs. Qui plus est, cette situation semble particulièrement notable chez les travailleurs ayant une qualification supérieure et chez les nouveaux arrivants sur le marché. La concurrence n’est donc plus un phénomène au niveau provincial, mais bien national et international. Le gouvernement doit donc agir non seulement selon la compétition du secteur privé, mais également en vertu des conditions de travail internationales. Aussi, le Secrétariat du Conseil du trésor du gouvernement du Québec affirme dans son document concernant la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017, que l’image de la fonction publique doit être revue et améliorée. Selon une enquête effectuée en 2001 par Les Associés de recherche EKOS inc, les différents secteurs publics, que ce soit fédéral, provincial ou municipal, sont marqués par une image négative. En effet, « [c]es instances apparaissent aux yeux des jeunes comme des lieux de travail contraignants où la routine est reine, qui laissent peu de place à l’épanouissement professionnel de l’employé .» Cette image n’est pas reflétée chez leur concurrent, le secteur privé. Pour contrer cette problématique, le Secrétariat du Conseil du trésor présente plusieurs moyens, dans son document concernant la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017, afin de faire connaître davantage la fonction publique comme employeur ainsi que ses avantages intéressants au niveau de ces conditions de travail . De surcroît, plusieurs études démontrent que les concours préalables aux postes dans la fonction publique ne s’adaptent pas à la réalité actuelle du marché du travail et ne facilitent pas assez l’accès des étudiants au sein des ministères et organismes gouvernementaux. En effet, la rigidité du processus pour l’obtention d’un emploi peut amener les étudiants et stagiaires de la fonction publique à se décourager et à se tourner vers d’autres employeurs. PROJET DE LOI 41 Afin de contrer avec succès la concurrence dans le processus d’attraction et de rétention de la relève, l’État devra chercher à mieux adapter ses conditions de travail en fonction des nouvelles valeurs véhiculées par la nouvelle génération de travail. L’Assemblée nationale s’est elle aussi penchée sur cette problématique et a apporté certaines modifications à la Loi sur la fonction publique, principalement en matière de dotation des emplois. Depuis la création de la fonction publique, le mérite a toujours été un principe clé à respecter et à valoriser lors de la dotation des emplois. En 1965, lors de la Révolution tranquille, les députés de l’époque ont perçu la nécessité d’uniformiser, à travers la Loi sur la fonction publique , les standards de qualification des postes pour les fonctionnaires dans le but de freiner autant que possible le favoritisme dans la gestion des employés . Toutefois, cette Loi a eu comme effet de provoquer une lourdeur dans le processus d’embauche qui se fait encore ressentir aujourd’hui. En 1979, la Loi sur la fonction publique est quelque peu modifiée et établit qu’en fonction de son résultat obtenu à l’examen, le citoyen serait classé sur une liste, rappelant ainsi le principe du mérite . Ce n’est que 20 ans plus tard, en 1999, que la liste de déclaration d’aptitude a été conçue. Cette dernière fait en sorte que « les candidats ne sont donc plus regroupés par niveau lors de la constitution d’une liste, mais déclarés aptes à la suite de l’obtention de la note de passage des examens . » Cependant, tout compte fait, malgré la bonne volonté du législateur à vouloir faire « régner un climat d’impartialité qui rende possible le déroulement normal de la carrière des agents, qui sont au service de l’État et non d’un parti politique », ce processus de sélection actuel n’est pas, selon plusieurs, la bonne formule à adopter. Aussi, le caractère trop général du contenu des concours ne serait pas approprié au marché du travail actuel et disqualifierait ainsi de très bons candidats. De cette façon, la fonction publique se prive de citoyens qualifiés pour les emplois offerts, qui se voient dorénavant contraints de se tourner vers d’autres employeurs. Considérant cela, la difficulté de la fonction publique à s’adapter aux changements du marché du travail, en conservant un mode de concours rigide, pourrait sans contredit être une cause de ses problèmes d’attraction et de rétention de la relève, plus spécifiquement dans les métiers spécialisés. Ainsi, une des modifications majeures apportées par le projet de loi 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement en matière de dotation des emplois, est de « remplacer les notions de concours et de listes de déclarations d’aptitudes par des notions de processus de qualification et de banques de personnes qualifiées » afin de faciliter le processus d’embauche des travailleurs. Par cela, le législateur désire faciliter le processus d’embauche en créant de nouvelles formules, dans le but de rendre moins rigide la méthode des concours, tant critiquée. Ce projet de loi « prévoit un processus de qualification particulier pour les personnes qui ont occupé un emploi d’étudiant ou de stagiaire », ce qui avantagera fort probablement la rétention de ceux-ci au sein de la fonction publique. Toutefois, certains groupes venus témoigner en commission parlementaire telle l’Alliance des cadres de l’État se dit « préoccupée par le maintien du principe d’égalité des chances d’accès concernant la disposition des étudiants et des stagiaires . » Elle ajoute cependant que la Loi a le bienfait d’adapter la fonction publique aux nouvelles réalités du marché de l’emploi. Elle consent qu’avec la présence actuelle de la situation de rivalité entre le privé et le public, les nouvelles dispositions concernant le processus de qualification particulier pour les étudiants et stagiaires aideront l’État à être plus concurrentiel. En effet, elle ajoute que le recrutement plutôt « rigide, lourd, nécessitant plusieurs mois et engendrant des délais importants » décourage la relève, déjà formée dans la fonction publique, d’y rester dû au processus éreintant. EN CONCLUSION… Cela dit, les modifications apportées à la Loi sur la fonction publique aideront certainement à assouplir les normes de dotation des emplois qui sont contre-productives pour l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre de la relève. Suffit-il que cette nouvelle méthode soit appliquée correctement afin de perpétuer les valeurs de mérite et d’égalité des chances, auxquelles la fonction publique québécoise apporte un attachement particulier. Le gouvernement doit se pencher sur cette problématique, puisque celle-ci a des répercussions sur le marché du travail. Avec son projet de loi 41, l’État répond à une partie du problème, toutefois d’autres causes du manque de main-d’œuvre dans la fonction publique doivent être analyser afin d’y apporter des solutions efficaces.

  • Le rehaussement de la formation des infirmières : un enjeux important pour la population du Québec.

    L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) s’inquiète de la situation du système de santé au Québec : budgets de plus en plus restreints, complexification des soins, vieillissement de la population et organisation des soins d’aujourd’hui et de demain.  Les infirmières étant les intervenants pivots dans le système actuel, leur contribution sera essentielle afin de répondre aux besoins grandissants de la population et aux défis que le système de santé devra faire face dans un avenir rapproché.  Les infirmières du Québec sont-elles assez formées pour assurer ce rôle de leadeur clinique ?

     

    Au Québec, le statut « infirmière » peut être délivré par deux voies de formation : collégiale (DEC en soins infirmiers) et universitaire (Baccalauréat en sciences infirmières). Pourtant, c’est depuis 1996 que les autres provinces canadiennes se sont positionnées en faveur de la formation universitaire pour leurs infirmières. Au niveau international, la formation universitaire représente également la norme (France, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Roumanie et plusieurs autres).

     

    Afin d’encourager les étudiantes en soins infirmiers à poursuivre leurs études au niveau universitaire et ainsi, de réduire l’écart entre le niveau de formation des infirmières au Québec par rapport au reste du Canada, le programme DEC-BAC a vu le jour, en 2001. Plus de 10 ans plus tard, le Québec affiche toujours un écart important sur le nombre d’infirmières bachelières, comparativement aux autres provinces. Entre temps, le champ de pratique des infirmières a été considérablement bonifié, entre autres par la Loi 90 (2002) et la Loi 21(2009). Ces lois permettent un élargissement significatif des activités qui sont réservées à l’infirmière. Or, malgré ces bonifications, un décalage de 2500 heures de formation est toujours observable par rapport à la formation des infirmières des autres provinces canadiennes. Pourtant, les personnes nécessitant des soins au Québec ont les mêmes pathologies, les mêmes traitements et les mêmes besoins qu’ailleurs au Canada.

     

    En 2011, La Table sectorielle nationale des Réseaux universitaires intégrés de santé (RUIS) en soins infirmiers propose que l’OIIQ fasse les représentations requises auprès du gouvernement du Québec afin que le droit de pratique soit obtenu à la fin de la formation universitaire (initiale ou DEC-BAC). Cette proposition est présentée à l’Assemblée générale annuelle de l’OIIQ, le 24 octobre 2011. Les 925 délégués, de toutes les régions du Québec, votent massivement en faveur du rehaussement de la formation infirmière. Le Dr Yves Bolduc, alors ministre de la Santé et des Services Sociaux, affirme, devant plus de 3300 congressistes, que le gouvernement est ouvert à la discussion.

     

    En mai 2012, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) dépose un mémoire sur la formation de la relève infirmière au Québec. Plusieurs partenaires y apportent, de façon écrite, leur appui : l’Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), le Conseil canadien des organismes de règlementation de la profession infirmière (CCORPI) ainsi que 56 organismes ou établissements de santé.

     

    Le 18 décembre 2012, sous la demande du Dr Réjean Hébert, ministre de la Santé et des services sociaux, un groupe de travail interministériel, présidé par le Dr Pierre Durand, est mis sur pied pour se pencher sur la question de la formation de la relève infirmière. Ce comité, composé entre autres de représentants du RUIS, de l’AQESSS, de la CCORPI et de centrales syndicales, doit analyser la proposition de l’OIIQ de rehausser au niveau universitaire la formation des infirmières. Plusieurs mois de travaux s’écoulent et devant un manque important de consensus et l’impossibilité du groupe de travail de se rallier vers une vision commune, le Ministre Hébert décide de reporter la décision d’augmenter la formation des infirmières québécoises au niveau universitaire.

     

    Dans un communiqué de janvier 2014, l’OIIQ se dit déçu de la décision du ministre Hébert, qui entre autres, avait affirmé à plusieurs reprises (dont à l’Assemblée générale annuelle de l’OIIQ) que le statu quo n’était pas acceptable et que la formation de la relève infirmière devait être rehaussée.

     

    Ce déroulement peut sembler, à prime abord, décevant. Le mémoire présenté par l’OIIQ est très complet et très exhaustif ; il met en lumière les disparités et les répercussions engendrées par le niveau de formation présent et souhaité des infirmières au Québec. Or, de tels changements peuvent avoir des impacts importants sur d’autres dimensions ou d’autres acteurs impliqués dans le projet.

     

    Un des grands principes de l’administration publique étant que tout doit être approuvé, ces impacts doivent être pris en compte de façon globale avant qu’une décision finale soit prise. Dans son mémoire, l’OIIQ présentait l’analyse coûts/bénéfices de la présence d’infirmières bachelières dans les milieux de soins. Il prévoyait une valeur ajoutée (sous forme d’économies ou de soins supplémentaires) variant de 930 millions à 1,31 milliard de dollars (de 2019 à 2027). À l’étude de la proposition de l’OIIQ par le comité de travail, cette prévision ne prenait pas en compte plusieurs facteurs déterminants et n’a pu être retenue. Le Secrétaire du Conseil du Trésor ayant participé aux travaux du comité de travail, s’est opposé au rehaussement de la formation au niveau baccalauréat. La main d’œuvre représentant un fort pourcentage des coûts de la santé, le SCT privilégiait davantage le statu quo. Il faut comprendre que le budget de la santé représente déjà une part importante du budget global de la province. En bonifiant la formation des infirmières, la masse salariale et les dépenses en main d’œuvre auraient été augmentées. Dans un système public, l’aspect financier ne peut être négligé. L’imputabilité du Ministre face aux décisions de son ministère et la responsabilité d’une gestion saine des deniers publics revient entièrement au gouvernement. Cependant, selon le Dr Hébert, c’est davantage le manque de consensus qui a guidé la décision de reporter la mise en place du rehaussement de la formation infirmière.

     

    Au final, la problématique de la formation « insuffisante » des infirmières au Québec est un sujet qui s’étend sur plusieurs dimensions. Les aspects de qualité, de sécurité et d’efficience sont importants à prendre en considération car, tel que décrit dans le mémoire de l’OIIQ, la complexité des soins ne cessera de croitre et les patients du Québec ont droit aux mêmes services qu’ailleurs au Canada. Dans cette optique, la formation des infirmières devrait être rehaussée afin de leur permettre d’avoir en main toutes les connaissances qui leur permettront de développer leurs compétences et d’assurer pleinement le rôle central qu’elles doivent jouer. Investir dans la formation des infirmières au Québec, représente selon moi une dépense largement justifiée et un gage pour des services de qualité pour le présent et le futur.   

     

     

    SL

     

      

    Références

    OIIQ (2012). Mémoire : La relève infirmière du Québec, une profession, une formation.

    OIIQ (2013). Le rehaussement de la formation de la relève infirmière : un levier de transformation du système de santé, Sommaire : une analyse coutsbénéfices.

    OIIQ (2014). Communiqué de presse : Rehaussement de la formation de la relève infirmière, l’OIIQ déçu du report de la décision du gouvernement du Québec.

    Ministère de la santé et des services sociaux (2013). Rapport du président du groupe de travail sur la formation de la relève infirmière. Gouvernement du Québec.

  • La mission des établissements de santé et ses défis!

     

    Les besoins de notre population, croit sans cesse, et le vieillissement de celle-ci ne fait qu’augmenter ce constat et les défis s’y rattachant. Nos institutions tentent de s’adapter à cette réalité  et d'innover dans les moyens pour assurer la mission que le système de santé s’est doté, soit celui de maintenir, d’améliorer et de restaurer la santé et le bien-être de sa population en rendant accessibles un ensemble de services.

    Un tel mandat, inflige aux institutions publiques une responsabilité immense et des dépenses exponentielles. Ce constat est prévisible en regard de la loi de Wagner qui exprime que, les dépenses sont et seront toujours supérieurs aux prévisions et aux limites fixées par les organisations. La volonté du ministère de la santé, demeure tout de même, d’en limiter les excès. Notre système doit, se transformer pour y arriver.

    Plusieurs changements au cours des dernières années ont été apportés et ont modifiés l’engagement du gouvernement. L’état providence, favorisant l’institutionnalisation passe ensuite le flambeau à une ère de transformation de l’état et au développement du partenariat privé-publique, entrainant la création de ressource non institutionnel (RNI), devant contribuer à assumer les responsabilités de l’état en matière de santé et soutenir ce dernier à rencontrer le mandat dont il s’est doté.

    Les ressources non-institutionnelles ont donc été créées dans cette optique. Elles viennent se rattachées à un établissement public en comblant les demandes de ce dernier, soit celle de répondre aux besoins d’un usager tout en les maintenant  dans la communauté par le biais de sa ressource d’hébergement non institutionnalisée. Elle assure le relais et comble les besoins de certaines personnes âgées, dont la perte d’autonomie ne permet plus d’entrer en Centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD), mais dont le maintien à domicile est tout de même impossible.

    Pour les établissements publiques, ce choix de déplacer les ressources et son offre de service du publique vers les ressources privées dans la communauté vient principalement, d’une grande préoccupation financière de limiter les dépenses de l’état.  En effet, le gouvernement débourse en moyenne 35 881 $ par année pour un lit en CHSLD, alors qu’un établissement paye en moyenne 9 844 $ par année pour un lit en RNI. Malgré cette préoccupation financière, les établissements publiques ne peuvent se soustraire à leur obligation envers la population et doivent s’assurer que les choix retenus sont cohérents et permettre d’assurer la qualité des services offerts et l’équité dans les soins dispensés.

     

    QUELS SONT LES GRANDS CONSTATS QUI ÉMERGENT AUJOURD’HUI DE CETTE APPROCHE ?

    Pour le réseau public :

    • Le manque de ressources disponibles ne permet pas de répondre aux besoins de la population vieillissante, pour qui les besoins sont de plus en plus lourds.
    • Les normes dictées peuvent-elles être respectées à la hauteur des attentes des organisations en fonction des ressources dont elles disposent?
    • Les résidences peinent à garder leurs personnels soignants, souvent des non-professionnels très peu qualifiés, ce qui nuit à la qualité des soins offerts et limite les demandes pouvant être faites par les institutions publiques envers ces établissements.

    Pour les ressources impliquées :

    • Les ressources expriment le besoin de fonds supplémentaires pour faire face aux demandes de plus en plus lourdes et complexes faites par les organisations publiques
    • La qualité des services est jugés inégale et les ressources humaines disponibles demeurent un défi majeur.

     

    QUELS MOYENS LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ PEUVENT-ILS UTILISER?

    • Une des solutions en place actuellement est la création d’un processus de certification, qui permet de s’assurer que les résidences ont les compétences pour exercer les mandats qu’ils leurs sont attribués  
    • Une révision des mécanismes de financement pourrait permettre une attribution plus juste des fonds octroyés en fonction du niveau de soins des patients hébergés·  
    • Une des solutions pourrait être l’obligation d’instaurer un CA pour chaque résidence, composée de parents, membres des organisations communautaires et de membres de l’établissement avec lequel elle est liée par contrat. Cette mesure viserait d’accroitre  transparence dans la qualité des soins offerts et un mécanisme de reddition de compte régulier.
    • Instauration d’un système de vigie et de contrôle, basé sur des indicateurs de suivi standardisés, incluant des cibles de performance, permettrait aussi d’assurer  que la qualité des soins attendue est maintenue.

    Le partenariat et le dialogue doit être maintenue entre ces ressources et les établissements publiques pour s’assurer que, malgré que les intérêts premier de chacun soit différents, un but commun demeure, soit la qualité et la sécurité des soins rendu à notre population.

    RÉFÉRENCE :

    http://www.fiqsante.qc.ca/publicfiles/documents/argumentaire_chsld_0711_f.pdf

    http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/02/27/residences-privees-personnes-agees-quebec-reglement_n_2774562.html

    http://archives.aqdr.org/v_colloques/09_nov_11/texte_jacques_fournier.pdf

    http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/961885cb24e4e9fd85256b1e00641a29/a3313d7fc61d188b85256a7e004ddaa8?OpenDocument

     C.M.

  • Devrait-on restructurer les commissions scolaires du Québec?

    L’éducation est essentielle au développement d’une personne. L’humain est un apprenti et a besoin de développer ses facultés intellectuelles, psychiques, voire même physiques, afin de s’épanouir et de se réaliser en tant que personne. 

    Chacun de nous a le droit à l’éducation et c’est par le système de l’éducation de notre État que nous y avons accès.  Chaque pays à son propre système d’éducation, mais le nôtre, est-il si efficace? Est-ce que nos commissions scolaires répondent aux vrais besoins de nos enfants? Sont-elles utiles et profitables pour notre système?

    Le journal La presse publie un article le 1er octobre 2013 disant que le gouvernement Marois met sur table pour la première fois l'idée d’abolir les commissions scolaires, l'un des engagements électoraux de la CAQ. Je ne crois pas que d’abolir celles-ci règleraient tous les problèmes, mais il y aurait lieu de se questionner sur la restructuration.

    Lorsque nous faisons référence au site de la Fédération des commissions scolaires du Québec et que nous regardons leur mission, nous pouvons sérieusement nous questionner. Celle-ci engendre deux principaux objectifs : défendre avec détermination les intérêts des commissions scolaires et promouvoir le système public d’éducation.

    Ma grande question est : Pourquoi vouloir défendre les commissions scolaires à tous prix plutôt que de se pencher sur comment pourrait-on les restructurer afin qu’elles soient plus efficaces, centrées sur les besoins populationnels et qu’elles ne soient pas abolies?

    Étant le conjoint d’une enseignante, je constate que le système de l’éducation est fonctionnel pour un enfant de rendement moyen fort et d’un comportement plutôt standard. Par contre, lorsque nous sortons de cette zone, l’accessibilité à l’éducation devient plus contraignante.

    La priorité des commissions scolaires devrait être axée sur l’enfant, à son accessibilité à l’éducation et aux services dont il a besoin, à son bien-être ainsi que de veiller à son cheminement, son parcours académique. Par contre, je n’ai pas l’impression que cette priorité expliquée par la FCSQ soit respectée au plus haut point.

    On dit qu’une commission scolaire est une organisation importante pour l’État, mais nous pourrions nous pencher sur le fait qu’il y a un grand nombre de personnels pour gérer cette organisation. Les commissions scolaires devront couper 50 millions en 2014-2015 et 2015-2016, c’est tout un défi. Déjà qu’on restreint les budgets des écoles, il faudrait qu’elles en fassent autant au niveau de leur organisation. Des priorités devront être établies et les coupures faites aux bons endroits. La ministre Malavoy ne veut pas que les contribuables se retrouvent avec ce fardeau par une hausse de taxes scolaires. C’est pour cette raison qu’elle avait mentionné qu’elle voulait mettre un groupe d’experts sur pied pour étudier la gestion et le financement des commissions scolaires, d’après un reportage de Radio-Canada sur le web.

    Pourquoi fermer des écoles, des classes ou tout simplement former des classes multiprogrammes quand tout ça brime les familles, les enfants et les enseignants?  Pourquoi intégrer des élèves différents ou handicapés quand nous ne pouvons même pas leur offrir les services requis dont ils ont besoin? Plusieurs questions doivent être mises sur table.

    La technologie s’installe de plus en plus dans nos écoles, mais le matériel n’est pas toujours adéquat et les enseignants ne sont pas bien outillés pour les utiliser.   Nous vivons dans une société qui ne cesse de progresser au niveau de la technologie, nos enfants ont des iPod, iPad … nous nous devons de les faire croître dans cet environnement! Nous devons prendre plusieurs aspects en considération avant de couper dans ce service offert par l’État à nos enfants.

    Soixante-douze commissions scolaires doivent répartir efficacement et équitablement les ressources financières, humaines et matérielles entre 2500 établissements scolaires tout en tenant compte des particularités de chacun affirment la FCSQ. Les commissions scolaires ont un budget à respecter donc, du côté administratif, son utilité est là sans aucun doute. Mais, peut-être y a-t-il trop de monde dans cette « boîte ».  La fonction de tous ses travailleurs n’est peut-être pas tout à fait justifiée. Les écoles se plaignent de manquer de budget pour le matériel et les services contribuant à la réussite des élèves, une parution fort intéressante, publiée en octobre dernier, dans le journal La Presse.ca, nous fait valoir les commentaires des enseignants face à cette grande organisation.

    Sincèrement, la réorganisation des commissions scolaires se devrait d’être grandement analysée, car n’oublions pas que notre but ultime et notre satisfaction est de réussir à faire progresser, cheminer et de donner tous les outils et moyens nécessaires à un enfant afin qu’il s’épanouisse et qu’à l`âge adulte, puisse à son  tour contribuer, travailler dans cette société dans laquelle nous vivons et défendons!

    Daniel Girard

     

     

     

  • L'attraction et la rétention de la relève au sein de la fonction publique québécoise

    Depuis plusieurs années, de nombreux phénomènes économiques, tels que la mondialisation des marchés et les périodes de récession, ont fait fluctuer le marché du travail et de l’emploi. Celui-ci est dès lors confronté à des problèmes au niveau de l’attraction du personnel, mais surtout par rapport à sa rétention. Ce phénomène international apparaît tant dans le secteur public que privé et au niveau de plusieurs métiers spécialisés du Québec. La rareté de la main-d’œuvre va davantage créer une concurrence entre les entreprises québécoises en ce qui a trait à la rétention des individus dans les établissements. Cette compétitivité aura des répercussions néfastes sur le recrutement de candidats potentiels dans des délais très serrés. Par le fait même, cette concurrence va engendrer une compétitivité au niveau des conditions de travail, et donc un accroissement des mesures incitatives, par exemple des salaires plus élevés, des primes de toutes sortes, la signature de contrat de travail, etc. La fonction publique, souvent connue pour ses salaires plus bas, devra redoubler d’ardeur afin de contrer les incitatifs du secteur privé. La rétention du personnel demeure un enjeu critique pour plusieurs organisations, de par ces multiples répercussions sur le marché du travail. Comment assurer un transfert d’expertise dans la fonction publique québécoise dans un marché où la compétition et la lutte pour s’arracher les meilleurs candidats font surface? Il est primordial de se pencher sur ces problématiques dans l’administration publique québécoise, puisque cette dernière doit assurer des services de qualité à la population. Étant donné ce rôle premier envers la population québécoise, il demeure incontestable que la fonction publique veille à la qualité de ses ressources humaines afin de garantir ces services. Le gouvernement doit donc faire face à un double problème. « D’une part, il devra attirer une main-d’œuvre jeune et très en demande auprès d’autres employeurs. D’autre part, il devra retenir ces travailleurs, lesquels ont la réputation d’être moins fidèles aux organisations qui les emploient comparativement aux générations précédentes[1]. »

    Les transformations au niveau du bassin de main-d’œuvre disponible, plus particulièrement causées par le vieillissement de la population québécoise, représentent la principale cause du manque de ressources humaines au sein des établissements publics. De plus, puisqu’une grande partie de celles-ci quitteront le marché du travail, il en résulte une importante diminution de la population active. En effet, d'ici 2020, 30% de la main-d'oeuvre du secteur public sera admissible à la retraite. Cette génération de baby-boom aura des répercussions sur tous les secteurs d’activités économiques. L’État n’a pas été proactif dans ses mesures afin de contrer les problèmes d’attraction et de rétention de ses ressources humaines, puisque les problèmes relatifs au vieillissement de la population ainsi qu’à la diminution de la natalité sont relativement nouveaux[2]. Ensuite, comme indiqué précédemment, le phénomène de la mondialisation fait croître la concurrence entre les organismes des secteurs publics et privés (Cardinal, 2004). Cela est dû à l’ouverture des frontières, ce qui a pour répercussion d’élargir les possibilités d’emplois pour les travailleurs. Qui plus est, cette situation semble particulièrement notable chez les travailleurs ayant une qualification supérieure et chez les nouveaux arrivants sur le marché. La concurrence n’est donc plus un phénomène au niveau provincial, mais bien national et international. Le gouvernement doit donc agir non seulement selon la compétition du secteur privé, mais également en vertu des conditions de travail internationales. Aussi, le Secrétariat du Conseil du trésor du gouvernement du Québec affirme dans son document concernant la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017, que l’image de la fonction publique doit être revue et améliorée. Selon une enquête effectuée en 2001 par Les Associés de recherche EKOS inc, les différents secteurs publics, que ce soit fédéral, provincial ou municipal, sont marqués par une image négative. En effet, « [c]es instances apparaissent aux yeux des jeunes comme des lieux de travail contraignants où la routine est reine, qui laissent peu de place à l’épanouissement professionnel de l’employé[3].» Cette image n’est pas reflétée chez leur concurrent, le secteur privé. Pour contrer cette problématique, le Secrétariat du Conseil du trésor présente plusieurs moyens, dans son document concernant la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017, afin de faire connaître davantage la fonction publique comme employeur ainsi que ses avantages intéressants au niveau de ces conditions de travail[4]. De surcroît, plusieurs études démontrent que les concours préalables aux postes dans la fonction publique ne s’adaptent pas à la réalité actuelle du marché du travail et ne facilitent pas assez l’accès des étudiants au sein des ministères et organismes gouvernementaux. En effet, la rigidité du processus pour l’obtention d’un emploi peut amener les étudiants et stagiaires de la fonction publique à se décourager et à se tourner vers d’autres employeurs.

    Projet de loi 41

    Afin de contrer avec succès la concurrence dans le processus d’attraction et de rétention de la relève, l’État devra chercher à mieux adapter ses conditions de travail en fonction des nouvelles valeurs véhiculées par la nouvelle génération de travail. L’Assemblée nationale s’est elle aussi penchée sur cette problématique et a apporté certaines modifications à la Loi sur la fonction publique, principalement en matière de dotation des emplois

    Depuis la création de la fonction publique, le mérite a toujours été un principe clé à respecter et à valoriser lors de la dotation des emplois. En 1965, lors de la Révolution tranquille, les députés de l’époque ont perçu la nécessité d’uniformiser, à travers la Loi sur la fonction publique[5], les standards de qualification des postes pour les fonctionnaires dans le but de freiner autant que possible le favoritisme dans la gestion des employés[6]. Toutefois, cette Loi a eu comme effet de provoquer une lourdeur dans le processus d’embauche qui se fait encore ressentir aujourd’hui. En 1979, la Loi sur la fonction publique est quelque peu modifiée et établit qu’en fonction de son résultat obtenu à l’examen, le citoyen serait classé sur une liste, rappelant ainsi le principe du mérite[7]. Ce n’est que 20 ans plus tard, en 1999, que la liste de déclaration d’aptitude a été conçue. Cette dernière fait en sorte que « les candidats ne sont donc plus regroupés par niveau lors de la constitution d’une liste, mais déclarés aptes à la suite de l’obtention de la note de passage des examens[8]. »

    Cependant, tout compte fait, malgré la bonne volonté du législateur à vouloir faire « régner un climat d’impartialité qui rende possible le déroulement normal de la carrière des agents, qui sont au service de l’État et non d’un parti politique[9] », ce processus de sélection actuel n’est pas, selon plusieurs, la bonne formule à adopter. Aussi, le caractère trop général du contenu des concours ne serait pas approprié au marché du travail actuel et disqualifierait ainsi de très bons candidats. De cette façon, la fonction publique se prive de citoyens qualifiés pour les emplois offerts, qui se voient dorénavant contraints de se tourner vers d’autres employeurs. Considérant cela, la difficulté de la fonction publique à s’adapter aux changements du marché du travail, en conservant un mode de concours rigide, pourrait sans contredit être une cause de ses problèmes d’attraction et de rétention de la relève, plus spécifiquement dans les métiers spécialisés. 

    Ainsi, une des modifications majeures apportées par le projet de loi 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement en matière de dotation des emplois, est de « remplacer les notions de concours et de listes de déclarations d’aptitudes par des notions de processus de qualification et de banques de personnes qualifiées[10] » afin de faciliter le processus d’embauche des travailleurs. Par cela, le législateur désire faciliter le processus d’embauche en créant de nouvelles formules, dans le but de rendre moins rigide la méthode des concours, tant critiquée. Ce projet de loi « prévoit un processus de qualification particulier pour les personnes qui ont occupé un emploi d’étudiant ou de stagiaire[11] », ce qui avantagera fort probablement la rétention de ceux-ci au sein de la fonction publique.

    Toutefois, certains groupes venus témoigner en commission parlementaire telle l’Alliance des cadres de l’État se dit « préoccupée par le maintien du principe d’égalité des chances d’accès concernant la disposition des étudiants et des stagiaires[12]. » Elle ajoute cependant que la Loi a le bienfait d’adapter la fonction publique aux nouvelles réalités du marché de l’emploi. Elle consent qu’avec la présence actuelle de la situation de rivalité entre le privé et le public, les nouvelles dispositions concernant le processus de qualification particulier pour les étudiants et stagiaires aideront l’État à être plus concurrentiel. En effet, elle ajoute que le recrutement plutôt « rigide, lourd, nécessitant plusieurs mois et engendrant des délais importants[13] » décourage la relève, déjà formée dans la fonction publique, d’y rester dû au processus éreintant.

    En conclusion…

    Cela dit, les modifications apportées à la Loi sur la fonction publique aideront certainement à assouplir les normes de dotation des emplois qui sont contre-productives pour l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre de la relève. Suffit-il que cette nouvelle méthode soit appliquée correctement afin de perpétuer les valeurs de mérite et d’égalité des chances, auxquelles la fonction publique québécoise apporte un attachement particulier. Le gouvernement doit se pencher sur cette problématique, puisque celle-ci a des répercussions sur le marché du travail. Dans un contexte de marché du travail caractérisé par les départs massifs à la retraite et par une forte concurrence du secteur privé, qui tente de s'approprier les meilleurs candidats, l'État doit s'adapter aux nouvelles réalités afin d'assurer ses services. D'autres pays, tels la France et l'Allemagne, ont davantage porté leurs solutions sur l'intégration des immigrants et des retraités sur le marché du travail. Néanmoins, je crois que ces solutions ne feraient que repousser le problème à plus tard. Certes, avec son projet de loi 41, l’État répond à une partie du problème, toutefois d’autres causes du manque de main-d’œuvre dans la fonction publique doivent être analyser afin d’y apporter des solutions efficaces. 

     

    LAF

     


    [1] ARCAND Guy, TELLIER, Geneviève CHRÉTIEN Lise, Le défi de la rétention des jeunes travailleurs : le cas de la fonction publique québécoise, Canadian public administration / Administration publique du canada, Volume 53, No. 2, (June/Juin 2010), p. 201-220.

    [2] CENTRE D’EXPERTISE EN GESTION DES RESSOURCES HUMAINES. SECRÉTARIAT DU CONSEIL DU TRÉSOR, (Décembre 2010), Les défis de l’attraction et de la rétention des jeunes dans la fonction publique québécoise. Page consultée le 6 février 2014 du site du Secrétariat du Conseil du trésor : http://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/publications/DefisAttractionRetention.pdf.

    [3] CENTRE D’EXPERTISE EN GESTION DES RESSOURCES HUMAINES. SECRÉTARIAT DU CONSEIL DU TRÉSOR, (Décembre 2010), Les défis de l’attraction et de la rétention des jeunes dans la fonction publique québécoise, op. cit.

    [4] LE SOLEIL, (Juillet 2012), La fonction publique québécoise attire peu les chercheurs d'emplois, op. cit.

    [5] L.Q., 1965 (1re session), c.14.

    [6]COMMISSION DE LA FONCTION PUBLIQUE, Sélection au mérite dans la fonction publique québécoise : compétence, impartialité, égalité d’accès et efficacité de la gestion des ressources humaines, CFP – 001M, C.P. – P.L. 41, p.5.

    [7] Loc. cit.

    [8] Ibid, p.6.

    [9] GARANT Patrice, La fonction publique canadienne et québécoise, Québec, Presses de l’Université de Laval, 1973, p.22.

    [10] ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC, Projet de loi n°41, première session, quarantième législature, notes explicatives.

    [11] Loc. cit.

    [12] ALLIANCE DES CADRES DE L’ÉTAT, Mémoire présenté à la Commission des finances publiques Assemblée nationale du Québec, op.cit.

    [13] Loc. cit.

  • Quand l’allaitement devient un pourcentage, un objectif à atteindre.

    Je tiens tout d’abord à préciser que je suis un homme.  Je suis aussi un heureux père d'enfants qui ont tous été allaités. Ce sujet qui peut paraître éloigné de mes préoccupations et pour lequel je suis loin d’être considéré comme un spécialiste, mérite tout de même que l’on si arrête quelques instants.

    La préoccupation sociale sur l’importance de l’allaitement ne date pas d’hier. Au début du 20ème siècle, les médecins étaient préoccupés par le taux de mortalité infantile très élevé. Les mauvaises conditions de vies, le fait de donner de l’eau non potable et du lait non pasteurisé sont tous des facteurs qui ont fait augmenter, selon les chercheurs de l’époque, le taux de mortalité. Et ce taux est encore plus élevé chez les canadienne-françaises qui sèvrent rapidement le nourrisson suite à sa naissance. Des initiatives sont donc mise en place. Inspirée de la France, la première clinique « Goutte de lait » voit le jour en 1910 à Montréal. Leur objectif étant de faire l’éducation de la mère face à certains facteurs de risques et de promouvoir l’allaitement! (références tirées du mémoire de Mme Chantal Bayard, Les représentations sociales de l’allaitement maternel chez des femmes enceintes québécoises qui désirent allaiter)[1].

    Personne n’oserait mettre en doute les vertus de l’allaitement. De multiples recherches prouvent les bienfaits de cette pratique pour l’enfant, autant au niveau physique que psychologique. Le gouvernement du Québec, conscient de ces bénéfices en a d’ailleurs fait découler des objectifs :

     

    Un objectif général  et des objectifs intermédiaires ont été définis. L’objectif général est le suivant :

     Que d’ici 2007, l’allaitement maternel  la sortie des services de maternité augmente  85 % et qu’il soit de 70 %, 60 % et de 50 % respectivement aux deuxième, quatrième et sixième mois de la vie de l’enfant, et de 20 %  [2]

     

    Il y a donc eu la naissance d’organismes vouées au soutien des mères qui allaitent (Mouvement allaitement Québec, Infact, la ligue la lèche, etc…). Il y a eu des programmes instaurés dans les CSSS tel que : Initiative des amis des bébés, qui encadrent et soutiennent les CSSS voulant promouvoir l’allaitement. Il y même une prestation spéciale d’allaitement pour les femmes étant sur l’assistance sociale d’un montant de 55$ mensuel qui répondent aux critères d’éligibilité.[3]

    Évidemment, dans un souci d’économie à long terme sur les soins de santé prodigués à des enfants pour qui l’alimentation aurait été déficiente, il peut y avoir justification. Des études ont d’ailleurs été faites à ce sujet. Mais attention, je parle ici d’enfants avec des carences au niveau des nutriments de bases et non pas des enfants ayant reçus une alimentation artificielle adéquate. Mais est-ce que les comparaisons ont été faites au niveau des coûts? Est-ce que tous les programmes et efforts mis en place justifient les dépenses en communication, en prestations, en personnel etc?

    Également, si l’allaitement permet une meilleure protection de l’enfant faces aux divers agents pathogènes externes, la santé publique ne peut qu’y trouver son compte.

    Mais qu’en est-il du taux de dépression post-partum causé par la pression sociale associée à l’allaitement? Est-ce que les effets de cette pression sociale et gouvernementale ont été mesurés dans les causes de la dépression?  Qu’en est-il des coûts sur le système de santé?

    J’ai appris uniquement au troisième enfant les raisons néfastes de donner de la nourriture solide  à un enfant trop jeune. Pourquoi? Parce que dans les cours prénataux, beaucoup de temps est passé sur l’allaitement, trop peu selon moi sur la nourriture artificielle.

    J’ai vu ma conjointe se faire harceler par une infirmière à la naissance de mon premier enfant, en soulignant l’importance d’allaiter et de bien le faire. Reprendre le bébé et le positionner en manipulant ma conjointe comme un biberon et non une personne. Pourquoi? Peut-être parce que mon hôpital était un « ami des bébés allaité »…

    Et qu’en est-il de toutes celles qui souffrent le martyre pour offrir « ce qu’il y a de mieux » à leur enfant? Voir des mères pleurer de douleur parce que leurs seins les font souffrir. Entendre la détresse d’une amie dont l’enfant ne prend pas assez de poids car elle  « ne fournit pas assez de lait » . Est-ce que l’objectif provincial vaut ce désespoir?

    Au Québec en 2009-2010, selon Statistiques Canada, 82.7% des mères  ont allaité ou essayé d’allaiter.[4]  L’objectif est quasiment atteint. Mais à quel coût ? Je n’ai malheureusement pas trouvé de chiffres.

    Nous nous sommes dotés d’un État impliqué. D’un État qui soutient ces citoyens, qui connait ce qui est bon pour eux et qu’il leur offre ce qu’il y a de meilleur. Mais jusqu’où irons-nous en tant que société ? Est-ce que les femmes qui donnent le biberon devront un jour se cacher ?

    Je ne suis pas contre l’allaitement, ni contre l’alimentation artificielle. Je suis uniquement contre le fait qu’un choix tellement personnel soit autant orienté par l’État.

    Finalement, dans un principe de reddition de compte, quels sont les avantages financiers à une telle démarche par rapport aux montants investis depuis le début des années 2000? Est-ce que nous sommes encore autant à risque d’un haut taux de mort infantile qu’en 1910 ? Ne devrions-nous pas repenser notre façon de faire ?

  • L'investissement de Québec dans les ressources pétrolières de l'Île d'Anticosti - bonne ou mauvaise affaire pour le gouvernement ?

    L'investissement de Québec dans les ressources pétrolières de l'Île d'Anticosti - bonne ou mauvaise affaire pour le gouvernement ?

     

    Le 13 février dernier, le gouvernement du Québec annonçait un investissement de 113 millions de dollars dans les ressources pétrolières de l'Île d'Anticosti. Une annonce qui a créé une certaine vague de réactions, il va sans dire. Grâce à cet investissement est né un partenariat par la création de coentreprises en exploration des sources de pétrole sur l’Île.

    Québec investit donc 113 millions $ dans deux programmes d'exploration. Un premier avec Pétrolia, Corridor Ressources ainsi que la multinationale française Maurel & Prom avec une implication des fonds publics de 57 millions $ et près de 45 millions $ (montant à confirmer) dans le deuxième programme avec Junex et un 3e partenaire à venir. On ajoute à cela 13 millions $ pour faire le rachat de permis de Corridor Ressources. Les coentreprises dont fait partie prenante Québec investissent afin de vérifier s'il y a un potentiel en ressources énergétiques fossiles. Ce n'est qu'avec des conclusions favorables qu'il y aura exploitation de la ressource, et ce, après l'évaluation environnementale menée par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

     

    On peut se demander d’entrée de jeu pourquoi un gouvernement se lance dans un tel investissement des fonds publics. À cela Québec répond que les retombées économiques pour la province seraient considérables, soit un potentiel de 46 millions de barils de pétrole. En termes de redevances, d'impôts et des profits sur 30 ans liés à une éventuelle exploitation, on estime ces retombées à 45 milliards $.

     

    La première ministre Pauline Marois souhaite, par ce geste, réduire la dépendance du Québec au pétrole. La totalité de la consommation de pétrole se traduit par une importation, ce qui représente une fuite en capitaux de plus de 11 milliards $ vers l'étranger. Mais y a-t-il là un paradoxe ? À cela, la ministre Ouellet répond à Radio-Canada « Il faut être réaliste.  Même si notre priorité, c'est la diminution de la consommation de pétrole, et nous avons été très actifs dans le dossier [...], nous consommerons pour plusieurs milliards de dollars de pétrole, encore plusieurs années. Nous avons donc un intérêt économique certain à exploiter notre propre pétrole. »

     

     

    Parce que les enjeux environnementaux sont bien réels. Ce type de ressource, le pétrole de schiste, est exploitable par la fracturation du sous-sol. Au cours de la dernière année, rappelons-nous, le gouvernement a clamé la poursuite du moratoire des gaz de schiste compte tenu des données scientifiques manquantes quant aux impacts environnementaux potentiels associés à cette technique d’exploitation.

     

    Comme nous ne sommes pas à un paradoxe près dans ce dossier, ajoutons celui de la position du gouvernement du Québec et son engagement dans la lutte aux changements climatiques. En effet, le gouvernement s'est engagé à réduire, d'ici 2020, les émissions de gaz à effet serre de 20 % à 25 % sous les niveaux de 1990 et de 60 % d'ici 2030. Parallèlement, le gouvernement s'est également engagé à réduire le bilan de consommation des combustibles fossiles de 6 % le faisant passer de 38 % à 32 %.

     

    Devant toutes ces discordances, une question encore plus élémentaire subsiste. Appartient-il au gouvernement d'investir ainsi dans l'exploration de ressources fossiles non renouvelables, un marché que l'on pourrait caractériser d'essentiellement privé. Généralement, on reconnaît à l'État son rôle de producteur de biens et services sociaux, voire même environnementaux, mais la production de produits commerciaux dont le caractère environnemental laisse à désirer est questionnable éthiquement. À cela, bien sûr on rétorque par l'exemple de la production d'hydro-électricité avec la création de la société d'État Hydro-Québec. Mais dans ce cas qui nous préoccupe, il apparaît que les données scientifiques et économiques sont manquantes pour décréter le bien fait pour la société québécoise et qui justifie l'injection de l'argent des contribuables.

     

    Considérant l’investissement de 115 millions $ sur un montant total de 190 millions $, on comprend que le gouvernement Marois prend la plus grande part de risques, ce que justement le gouvernement précédent avait refusé de prendre. À cela le gouvernement répond que les retombées, si elles se concrétisent, créeront de la richesse collective. Dans un contexte où les sources de revenus conventionnelles du gouvernement sont limitées et où les dépenses, notamment en santé, croient plus rapidement que le PIB de la province, on peut difficilement blâmer les intentions du gouvernement d'être créatif dans sa recherche de revenus supplémentaires pour la société québécoise. Parce que les faits sont là, selon la Loi de Wagner de 1910, les états de droits, peu importe la grosseur de la fonction publique, connaissent une croissance continue des dépenses toujours plus grande que les revenus des impôts des particuliers et entreprises. Les efforts de coupure, quoique nécessaires parce qu’ils empêchent l’éclatement de l’état, sont insuffisants. La recherche de solutions alternatives est de mise.

     

    C'est donc en mettant un chapeau de " gouvernement investisseur " à la recherche de bénéfices économiques que Mme Marois et son équipe se retournent vers Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec.

     

    Le Ministre des Finances, Nicolas Marceau, a rassuré les Québécois qu'il intervient dans ce dossier à l'intérieur de son enveloppe budgétaire 250 millions $ d'Investissement Québec voté par crédits suivant le budget de novembre 2012. Cette somme provient plus spécifiquement du Capital Mines Hydrocarbures dont 500 millions $ étaient attribués au territoire du Plan nord et 250 millions $ pour l'ensemble du territoire du Québec. Mentionnons que dans le récent budget Marceau du 20 février dernier, le gouvernement disait vouloir être "Maîtres et prospères chez nous" en faisant de l'exploitation des ressources naturelles une priorité. Évidemment, on retrouve là l'entente pour l'exploration du potentiel pétrolier sur l'île d'Anticosti, mais également on annonce une augmentation de sa contribution financière dans l'exploitation des mines, un soutien accru au secteur forestier de même qu'un nouveau fonds pour développer une filière de la biomasse résiduelle. Cette approche « investisseuse » du gouvernement est loin d’être terminée – à moins que le résultat des élections prochaines en décide autrement…

     

    SD

     

    Références

    Communiqué de presse du gouvernement : Potentiel pétrolier au Québec - Québec va de l'avant avec l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti http://www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?idMenuItem=8&motsCles=île d'Anticosti&listeThe=&listeReg=&listeDiff=&type=1&dateDebut=2014-02-10&dateFin=2014-02-28&afficherResultats=oui&idArticle=2202134143

     

    Investissement Québec – Investissement Québec http://www.investquebec.com/quebec/fr/a-propos-de-nous/nos-filiales/ressources-quebec.html

     

    Radio-Canada http://m.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2014/02/13/006-annonce-quebec-economie-secteur-petrolier.shtml

     

    Mercier, Jean (2002). L’administration publique : de l’École classique au nouveau management public, Sainte-Foy.

    Michaud, N. et all. (2011). Secrets d’États ? Les principes qui guident l’administration publique et ses enjeux contemporains. Presse de l’Université Laval.