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Le rehaussement de la formation des infirmières : un enjeux important pour la population du Québec.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) s’inquiète de la situation du système de santé au Québec : budgets de plus en plus restreints, complexification des soins, vieillissement de la population et organisation des soins d’aujourd’hui et de demain.  Les infirmières étant les intervenants pivots dans le système actuel, leur contribution sera essentielle afin de répondre aux besoins grandissants de la population et aux défis que le système de santé devra faire face dans un avenir rapproché.  Les infirmières du Québec sont-elles assez formées pour assurer ce rôle de leadeur clinique ?

 

Au Québec, le statut « infirmière » peut être délivré par deux voies de formation : collégiale (DEC en soins infirmiers) et universitaire (Baccalauréat en sciences infirmières). Pourtant, c’est depuis 1996 que les autres provinces canadiennes se sont positionnées en faveur de la formation universitaire pour leurs infirmières. Au niveau international, la formation universitaire représente également la norme (France, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Roumanie et plusieurs autres).

 

Afin d’encourager les étudiantes en soins infirmiers à poursuivre leurs études au niveau universitaire et ainsi, de réduire l’écart entre le niveau de formation des infirmières au Québec par rapport au reste du Canada, le programme DEC-BAC a vu le jour, en 2001. Plus de 10 ans plus tard, le Québec affiche toujours un écart important sur le nombre d’infirmières bachelières, comparativement aux autres provinces. Entre temps, le champ de pratique des infirmières a été considérablement bonifié, entre autres par la Loi 90 (2002) et la Loi 21(2009). Ces lois permettent un élargissement significatif des activités qui sont réservées à l’infirmière. Or, malgré ces bonifications, un décalage de 2500 heures de formation est toujours observable par rapport à la formation des infirmières des autres provinces canadiennes. Pourtant, les personnes nécessitant des soins au Québec ont les mêmes pathologies, les mêmes traitements et les mêmes besoins qu’ailleurs au Canada.

 

En 2011, La Table sectorielle nationale des Réseaux universitaires intégrés de santé (RUIS) en soins infirmiers propose que l’OIIQ fasse les représentations requises auprès du gouvernement du Québec afin que le droit de pratique soit obtenu à la fin de la formation universitaire (initiale ou DEC-BAC). Cette proposition est présentée à l’Assemblée générale annuelle de l’OIIQ, le 24 octobre 2011. Les 925 délégués, de toutes les régions du Québec, votent massivement en faveur du rehaussement de la formation infirmière. Le Dr Yves Bolduc, alors ministre de la Santé et des Services Sociaux, affirme, devant plus de 3300 congressistes, que le gouvernement est ouvert à la discussion.

 

En mai 2012, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) dépose un mémoire sur la formation de la relève infirmière au Québec. Plusieurs partenaires y apportent, de façon écrite, leur appui : l’Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), le Conseil canadien des organismes de règlementation de la profession infirmière (CCORPI) ainsi que 56 organismes ou établissements de santé.

 

Le 18 décembre 2012, sous la demande du Dr Réjean Hébert, ministre de la Santé et des services sociaux, un groupe de travail interministériel, présidé par le Dr Pierre Durand, est mis sur pied pour se pencher sur la question de la formation de la relève infirmière. Ce comité, composé entre autres de représentants du RUIS, de l’AQESSS, de la CCORPI et de centrales syndicales, doit analyser la proposition de l’OIIQ de rehausser au niveau universitaire la formation des infirmières. Plusieurs mois de travaux s’écoulent et devant un manque important de consensus et l’impossibilité du groupe de travail de se rallier vers une vision commune, le Ministre Hébert décide de reporter la décision d’augmenter la formation des infirmières québécoises au niveau universitaire.

 

Dans un communiqué de janvier 2014, l’OIIQ se dit déçu de la décision du ministre Hébert, qui entre autres, avait affirmé à plusieurs reprises (dont à l’Assemblée générale annuelle de l’OIIQ) que le statu quo n’était pas acceptable et que la formation de la relève infirmière devait être rehaussée.

 

Ce déroulement peut sembler, à prime abord, décevant. Le mémoire présenté par l’OIIQ est très complet et très exhaustif ; il met en lumière les disparités et les répercussions engendrées par le niveau de formation présent et souhaité des infirmières au Québec. Or, de tels changements peuvent avoir des impacts importants sur d’autres dimensions ou d’autres acteurs impliqués dans le projet.

 

Un des grands principes de l’administration publique étant que tout doit être approuvé, ces impacts doivent être pris en compte de façon globale avant qu’une décision finale soit prise. Dans son mémoire, l’OIIQ présentait l’analyse coûts/bénéfices de la présence d’infirmières bachelières dans les milieux de soins. Il prévoyait une valeur ajoutée (sous forme d’économies ou de soins supplémentaires) variant de 930 millions à 1,31 milliard de dollars (de 2019 à 2027). À l’étude de la proposition de l’OIIQ par le comité de travail, cette prévision ne prenait pas en compte plusieurs facteurs déterminants et n’a pu être retenue. Le Secrétaire du Conseil du Trésor ayant participé aux travaux du comité de travail, s’est opposé au rehaussement de la formation au niveau baccalauréat. La main d’œuvre représentant un fort pourcentage des coûts de la santé, le SCT privilégiait davantage le statu quo. Il faut comprendre que le budget de la santé représente déjà une part importante du budget global de la province. En bonifiant la formation des infirmières, la masse salariale et les dépenses en main d’œuvre auraient été augmentées. Dans un système public, l’aspect financier ne peut être négligé. L’imputabilité du Ministre face aux décisions de son ministère et la responsabilité d’une gestion saine des deniers publics revient entièrement au gouvernement. Cependant, selon le Dr Hébert, c’est davantage le manque de consensus qui a guidé la décision de reporter la mise en place du rehaussement de la formation infirmière.

 

Au final, la problématique de la formation « insuffisante » des infirmières au Québec est un sujet qui s’étend sur plusieurs dimensions. Les aspects de qualité, de sécurité et d’efficience sont importants à prendre en considération car, tel que décrit dans le mémoire de l’OIIQ, la complexité des soins ne cessera de croitre et les patients du Québec ont droit aux mêmes services qu’ailleurs au Canada. Dans cette optique, la formation des infirmières devrait être rehaussée afin de leur permettre d’avoir en main toutes les connaissances qui leur permettront de développer leurs compétences et d’assurer pleinement le rôle central qu’elles doivent jouer. Investir dans la formation des infirmières au Québec, représente selon moi une dépense largement justifiée et un gage pour des services de qualité pour le présent et le futur.   

 

 

SL

 

  

Références

OIIQ (2012). Mémoire : La relève infirmière du Québec, une profession, une formation.

OIIQ (2013). Le rehaussement de la formation de la relève infirmière : un levier de transformation du système de santé, Sommaire : une analyse coutsbénéfices.

OIIQ (2014). Communiqué de presse : Rehaussement de la formation de la relève infirmière, l’OIIQ déçu du report de la décision du gouvernement du Québec.

Ministère de la santé et des services sociaux (2013). Rapport du président du groupe de travail sur la formation de la relève infirmière. Gouvernement du Québec.

Commentaires

  • Quand on parle des infirmières ou que les infirmières nous parlent...faut écouter les enjeux pour l'avenir de notre système de santé !!!!!!
    Ce texte et les enjeux qu'il évoquent va nous faire réfléchir.
    C'est parfois bien utiles.
    Prof

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