Blog #1 - Le petit castor
Benoit Martel
Il était une fois un petit castor qui vivait dans un très grand territoire conquis lors d’une grande bataille par ces ancêtres sur des plaines. Il parlait une langue qui n’était pas d’usage habituel pour les habitants. Il effectuait la reconnaissance de son territoire. Il était d’un tempéraement froid et austère. Il revenait souvent dans cet endroit où l’eau et le bois se chevauchaient dans un décor paradisiaque et bucolique. Quel bel environnement pour un castor! Il s’y installait souvent mais avait de la difficulté à communiquer avec les habitants, Ces derniers il faut le dire, n’aimaient pas toujours sa présence. Par contre il était respecté car il détenait l’écorce de bois avec la mention propriété de la reine. Le petit castor avait aussi des amis qui venaient parfois lui rendre visite avec des costumes identiques et même avec des fusils. Ils n’étaient pas toujours gentils avec les habitants, en particulier avec ceux qui ne parlaient pas la même langue qu’eux. On les appelait des soldats. Ils disaient à tout le monde que l’on devait respecter le petit castor. Ils ont même apposé son image sur une pièce de monnaie et l’on fait l’emblème du grand territoire pour ne pas que les habitants l’oublient. On ne doit pas faire de blagues avec le petit castor. Il régnait à ce moment un régime plutôt militaire.
Un jour il décide de s’installer près du territoire hostile et plein de richesse. Il fait la rencontre d’un magnifique oiseau, le harfang des neiges. Le harfang n’est pas si bête et loin d’avoir une cervelle qu’aujourd’hui on associe à la médiocrité. Même s’il l’adore il n’acceptera jamais d’être né pour un petit pain. Il prendra beaucoup de temps avant de le faire savoir au petit castor. Le harfang connaît bien le potentiel de son territoire. Après de longues discussions qui duraient des années, il fait comprendre au petit castor que l’on pourrait séparer son grand territoire en 10 plus petits et laisser le harfang s’occuper de celui qui cause le plus de problèmes au petit castor. Ce dernier accèpte car il n’aime pas vraiement le comportement des habitants. Le petit castor y voit plus une délivrance .Il écrit des directives et donne ses ordres sur ce que peux faire le harfang et son petit peuple avec les richesses du territoire que l’on appelle le Québec. Le harfang sait très bien que son territoire et ses habitants sont distinct et le montrera au petit castor à chaque occasion qui se présentera. Le harfang devient même l’emblème animal de son territoire et veut un vrai régime de droit. À défaut d’avoir sa propre monnaie il se retrouvera immortalisé sur les collets de manteaux faits au Québec par des Québécois. Il négocie souvent avec le petit castor en lui indiquant que les richesses du territoire appartiennent aux gens qui l’habitent. Un jour, un petit ami du harfang que l’on surnommait affectueusement ti-poil à cause de son toupet légendaire, en avait assez de se faire dicter la voie par le petit castor. Il demanda aux habitants de lui faire confiance pour créer une richesse collective et devenir indépendant face aux exigences du petit castor. Il utilisa même la technique de ce dernier en proposant un projet rassembleur pour ériger un barrage qui retiendra l’eau pur ensuite l’utiliser de façon contrôlée afin de produire de l’électricité. Nous deviendrons donc autonomes et innovateurs dans la production d’énergie.
Le petit castor commence à trouver que la bande du harfang est ingénieuse et se distingue de plus en plus à ses dépends. Le petit castor se regarde dans un trou d’eau et met des efforts pour freiner l’ardeur de ceux que l’on surnomme maintenant des grenouilles. L’oiseau ti-poil avait l’air simpliste et innocent par son comportement avec sa petite brindille allumée qu’il mâchouillait tout le temps mais il était très intelligent. Il avait proposé aux gens du peuple de décider de leur avenir en devenant indépendant. Certaines grenouilles voulaient être maître chez eux. Le petit castor s’assure que ça ne fonctionnera pas. La bande du harfang est passée tout près de réussir mais devra se résigner à une prochaine fois peut-être. Le petit castor mobilise les autres territoires pour discuter en pleine nuit avec la bande du harfang. Il y avait une atmosphère à couper aux longs couteaux. La bande du harfang se résigne mais les discussions et la coopération demeureront tendues dans le futur.
Des centaines d’années plus tard, nous discutons encore de problèmes linguistiques. Nous avons une loi (101) qui n’est pas respectée ou du moins en partie. Vous n’avez qu’à vous rendre dans l’ouest de la ville de Montréal pour le constater. Peuple de travailleurs, de bâtisseurs nous avons trouvés notre place dans le commerce et la finance. Les habitants se sont instruits et à force de labeur nous permettent aujourd’hui d’être reconnu mondialement dans plusieurs domaines. Pensons à la Baie James et notre production hydro-électrique, à bombardier avec les métros, les avions et les produits récréatifs, à nos firmes d’ingénieurs, au cirque du soleil. Le Harfang avait bien identifié le potentiel du nid mais aussi des oisillons s’y retrouvant. Le castor est par contre toujours présent et continu parfois à établir un barrage qui inonde notre terroir. Serons-nous un jour à l’image de plusieurs familles québécoises, séparés avec une garde partagée de certains biens ? J’en doute !
Êtes-vous petit castor ou Harfang des neiges, l’eau ou l’air ? Avons-nous besoin des deux pour survivre ?
Dans le blog 2 nous entrerons dans le présent et l’avenir de ces deux êtres…….
À bientôt.
Benoit Martel,
groupe vendredi AM, hiver 2013