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  • Cinq siècles d’échanges entre nous

    La question des inégalités socioéconomiques des autochtones est au cœur même de la conception moderne de la démocratie. Macpherson dans son livre principes et limites de la démocratie libérale :

    « la faiblesse de la participation et l’injustice sociale sont si étroitement liées que toute société plus juste et plus humaine exigerait un système politique dans lequel la participation des citoyens aurait une grande importance ».
    Dans le séminaire sur les droits aborigènes du vendredi 9 octobre organisé par le Professeur Rémy Trudel, en présence de la Présidente de femmes autochtones du Canada et du Québec, Madame Michelle Audette et du Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador Monsieur Ghislain Picard, plusieurs enjeux ont été discutés.

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  • Blogue #2 Abraham H MIDETON: UN BREF SURVOL DU RAPPORT FINAL DE LA COMMISSION CHARBONNEAU

    La corruption dans le secteur public ne se limite pas qu’aux seuls pots-de-vin. Globalement, la corruption consiste en un abus de pouvoir à des fins personnelles.
    Au Canada, le Code criminel définit la corruption dans le secteur public comme étant le fait pour tout titulaire d’une charge publique d’accepter ou d’obtenir, de convenir d’accepter ou de tenter d’obtenir, directement ou indirectement, pour lui-même ou pour une autre personne, et pour toute autre personne de donner ou d’offrir directement ou indirectement à un titulaire d’une charge publique ou à quiconque au profit de cette personne de l’argent, une contrepartie valable, une charge, une place ou un emploi à l’égard d’une chose qu’il a faite ou s’est abstenu de faire ou qu’il fera ou s’abstiendra de faire en sa qualité officielle.
    La corruption revêt des formes et des dimensions multiples ce qui la rend complexe à définir et difficile à déceler. Cette définition met en lumière deux facettes de la corruption à savoir l’offre d’un paiement illicite ou d'un avantage indu appelé « corruption du côté de l’offre » ou corruption active et l’acceptation ou à la sollicitation d’un tel avantage appelé « corruption du côté de la demande » ou corruption passive. En fait, la corruption peut être définie de plusieurs façons en fonction des acteurs impliqués (privé/publique), des formes observées et l’existence ou non de contrepartie (traditionnelle/non traditionnelle), du niveau hiérarchique des personnes impliquées (petite/grande), de l’ampleur du phénomène (systémique/individuelle ou isolée), de la partie initiatrice (offre/demande), de la contrainte subie (Deloitte, Canada et Boisvert, 2014). Selon le degré de contrainte exercé pour que l’acte illicite soit commis et le type d’avantages offert, on parlera de corruption par « commission » et de corruption par « omission ».

    La corruption est préjudiciable à la communauté dans le sens qu’elle affecte les intérêts institutionnels par la recherche d’un avantage personnel au détriment de l’intérêt commun.
    La corruption a des coûts politiques, économiques, sociaux et environnementaux(GOPAC et MONDIALE, 2005). Elle affecte négativement les lois et les politiques gouvernementales par le gaspillage et le détournement des ressources affectées aux différents programmes. Elle compromet la bonne gestion des affaires publiques. Elle constitue une menace pour l’indépendance de l’administration et de ses organes et pour les principes d’équité et d’égalité de traitement, de rigueur et d’intégrité administratives. Pour les entreprises, elle est un frein au respect des conditions d'une concurrence ouverte et transparente, fondée sur le prix et la qualité. Ce qui a de lourdes conséquences pour l'ensemble de l'économie et à terme sur la crédibilité des actions gouvernementales, sur le respect des institutions et sur la démocratie.

    Le Québec n’est pas épargné par la corruption. En 1975, avec les travaux de la commission Cliche sur l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie de la construction et la série de mesures qui en a découlé, le Québec croyait être définitivement à l’abri de la corruption (Larochelle, 2013). Mais en 2005, la Commission Gomery révéla des détournements de fonds de plus de 332millions de dollars au niveau du gouvernement fédéral dans l’octroi de contrats de communication et de publicité principalement au Québec par l’entremise d’agences de publicité (publique et al., 2007). Cette affaire connue sous le nom du scandale des commandites prend sa source dans le référendum sur l’indépendance du Québec de 1995. D’autres épisodes douloureux concerneront des entreprises publiques comme l’affaire M3i en 1994 qui concerne Hydro-Québec.

    Pour lutter contre ce fléau, le Canada et le Québec se sont dotés d’un arsenal juridique et répressif contenu dans le Code criminel du Canada et la loi concernant la lutte contre la corruption. Cette dernière loi institue la charge de Commissaire à la lutte contre la corruption qui a des prérogatives qui concernent la dénonciation des actes de corruption, les enquêtes relatives à la corruption, la prévention et l’éducation contre la corruption. En outre, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a été créée en 2011 avec pour mandat de coordonner et de diriger les forces et expertises gouvernementales pour lutter contre la corruption. D’autres dispositions ou mécanismes de lutte contre la corruption sont contenus dans la loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels qui donne accès aux citoyens aux documents des organismes publics, dans la loi sur les contrats des organismes publics qui est relative aux conditions applicables en matière de contrats publics et dans la loi sur le vérificateur général.

    Alors que ces différents instruments sont de portée nationale, il apparait que le phénomène de la corruption affecte les transactions commerciales et financières internationales. En 2011, le préjudice subi par les États membres de l’UE au titre de la corruption était estimé à plus de 120 milliards d’euros par an soit 80% du budget annuel de l’Union (Communication, 2015).
    Avec l’interconnexion des différentes économies du monde, l’apparition des entreprises multinationales et le développement du libre-échange, les États sont confrontés à des actes de corruption commis par des agents économiques non résidents sur leur sol et à des infractions impliquant des agents économiques nationaux hors des limites du territoire national. Le principe de la souveraineté nationale aidant, il est devenu évident au tournant des années 1990 et 2000 que les États pris isolément n’avaient plus la capacité de lutter efficacement contre la corruption.

    La corruption impliquant des agents nationaux étant pris en charge par les différentes lois nationales, il restait à résoudre le problème de la corruption internationale. En réponse à cette problématique, les pays membres de l’OCDE ont adopté en 1997 la Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers qui traite de la « corruption active ». Les États membres se sont engagés conformément à leurs principes juridiques à prendre les mesures nécessaires pour pénaliser les actes de corruption d’agents publics étrangers, à mettre en place des sanctions civiles, administratives ou pénales efficaces, proportionnées et dissuasives, à mener des poursuites contre leurs ressortissants pour des infractions commises à l’étranger et à coopérer par une entraide judiciaire prompte et efficace (OCDE 2011). Le Canada est signataire de cette convention, mais aussi de la Convention des Nations Unies contre la corruption de 2003(CNUCC) et de la convention interaméricaine contre la corruption de 1996.
    En 1999, le Canada la loi sur la corruption d’agents publics étrangers, loi qui est périodiquement modifiée en tenant de l’évolution des contextes nationaux et internationaux. Depuis 1995, Tranparency International publie un index de perception de la corruption dans les administrations publiques. Le Canada y apparait comme étant un des pays les moins corrompus au monde, figurant régulièrement au top 10 des meilleurs élèves.

    Ce classement international élogieux pour le Canada ne devrait pas être le prétexte à un relâchement des efforts dans la lutte contre la corruption. Les récents travaux de la commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction plus communément appelée Commission Charbonneau montrent que la corruption loin de disparaître ou de régresser se réinvente (Malsch et al., 2012). Ils révèlent l’existence de stratagèmes de collusion entre entrepreneurs, firmes de génie et fournisseurs constitués en cartels pour le partage des marchés publics. Ils soulignent également l’existence d’un système de corruption mettant en cause des élus, des hauts fonctionnaires et d’autres agents de la fonction publique, mais aussi de liens directs ou indirects entre le versement de contributions politiques et l’octroi de contrats. Surtout, les travaux prouvent l’infiltration d’entreprises et de secteurs de l’industrie par le crime organisé (Charbonneau et Lachance, 2015). Ce système de corruption et de corruption a entrainé une surfacturation des coûts de l’ordre de 22 à 35% dans le secteur de la construction. Cette hausse des coûts peut être attribuable à l’absence d’une concurrence réelle entre les entreprises. D’autres effets néfastes liés à la corruption et à la collusion sont le manque d’incitatif à l’innovation, la stagnation de la productivité, le manque d’efficience, la faible qualité des travaux réalisés, des biens et services livrés. Il est également à craindre que ces contraventions aux lois et règlements en vigueur affectent le système politique et les processus démocratiques. En effet lorsque les élus ou les hauts fonctionnaires qui succombent à la tentation de la font passer en premiers leurs intérêts particuliers et prennent des décisions qui ne répondent plus à l’intérêt public. La présomption de corruption rompt le lien de confiance qui unit l’élu au citoyen-électeur. Il en découle une crise de légitimité, légitimité qui est nécessaire à l’élu pour agir au nom de la communauté. Plus inquiétant encore, les exactions commises peuvent avoir des conséquences sur la confiance des citoyens à l’égard des institutions publiques et un désintérêt pour les questions politiques et communautaires. À terme, les stratagèmes notés peuvent affecter négativement l’État de droit et le débat démocratique.

    Pour le cas précis du secteur de la construction, les travaux de la commission mettent en exergue plusieurs causes dont des causes liées aux caractéristiques de l’industrie de la construction, au processus de passation des marchés publics, à la gouvernance des institutions et des organisations, à l’infiltration du secteur par le crime organisé, à l’inefficacité et à l’inefficience des mécanismes de contrôle et de surveillance.

    Pour venir à bout de la corruption, la Commission Charbonneau propose une stratégie fondée sur la modulation des interventions grâce à des approches multiples, allant de la persuasion à la coercition, sur une action systémique et coordonnée pour corriger les dysfonctionnements et mettre en place des réformes structurantes, sur l’amélioration de la qualité de l’intervention étatique par la réorganisation de certaines fonctions afin d’en accroître l’efficience, sur la prévention grâce à des mécanismes de veille pour prévenir l’apparition de nouvelles voies de contournement, sur la dépolitisation du processus d’octroi des contrats publics pour éviter toute influence partisane ou découlant de la personnalisation des rapports de travail entre la fonction publique et les entreprises contractantes, sur une plus grande transparence dans les décisions et les mécanismes relatifs à l’octroi et à la gestion des contrats publics, sur la participation des citoyens en qualité de lanceurs d’alerte et sur le renforcement de l’intégrité des acteurs des différents systèmes de régulation.
    Plus prosaïquement, la Commission fait une soixantaine de recommandations qui sont articulées autour de cinq axes d’intervention à savoir :
    • la révision de l’encadrement de l’octroi et de la gestion des contrats publics par la mise en place d’une structure nationale chargée de l’encadrement des marchés publics, l’uniformisation des lois et afin d’offrir aux donneurs d’ordre les moyens de mieux évaluer les critères de prix et de qualité dans les processus d’adjudication, la généralisation des obligations contractuelles à l’ensemble des organismes gravitant autour du périmètre gouvernemental et municipal,
    • l’amélioration des activités de prévention, de détection et l’importance des sanctions grâce à un meilleur régime de protection des lanceurs d’alerte, à la modification de certains articles de la loi sur le bâtiment, de la loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction, de la loi sur l’administration fiscale, de la loi concernant la lutte contre la corruption, de la loi sur les contrats des organismes publics, au renforcement et à l’uniformisation de certaines dispositions législatives et réglementaires applicables aux organismes publics,
    • le placement du financement des partis politiques à l’abri des influences avec la modification des lois électorales et référendaires pour rendre les règles de financement des partis plus transparentes, et le renforcement des codes d’éthique et de déontologie applicables aux élus ;
    • la facilitation de la participation citoyenne en permettant aux citoyens de poursuivre les fraudeurs au nom de l’État et en allégeant les processus de divulgation et de diffusion de l’information relatives à l’octroi de contrats publics ;
    • le renouvellement de la confiance envers les élus et les serviteurs de l’État.

    Même si pour le moment le nombre de poursuites criminelles peut être considéré comme insignifiant relativement à l’ampleur du préjudice subi par la communauté et au nombre d’acteurs ayant été impliqués, certaines des recommandations contenues dans le rapport de la Commission Charbonneau permettront à n’en pas douter de mieux lutter contre la corruption. N’oublions pas au passage que les travaux de cette commission ne concernaient que le seul secteur de la corruption. Il serait intéressant d’étudier le phénomène dans d’autres secteurs de la sphère publique même si cela peut sembler fastidieux et coûteux. Une formule moins onéreuse serait de s’inspirer des résultats de cette commission et de les adapter aux autres secteurs. Gageons que ces recommandations issues d’un travail acharné seront mises en pratique le plus rapidement possible.
    Cependant, il ne faudrait pas croire que la corruption sera endiguée totalement et définitivement. Avant la Commission Charbonneau, d’autres commissions se sont tenues au Québec sur le sujet de la corruption. Mais le retour cyclique du phénomène laisse penser que la corruption ne meurt pas, mais se réinvente constamment. Ceci pour dire qu’une vigilance de tout instant est nécessaire pour la contenir dans des proportions acceptables et non nuisibles au bien-être de la communauté. Coupez une tête de l’hydre de Lerne et en voilà deux qui poussent.

    BIBLIOGRAPHIE


    Charbonneau, France, et Renaud Lachance (2015). «Rapport final de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction», p.1741, [en ligne], http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2502594 (Page consulté le 28/11/2015).

    Communication, European Commission ; Directorate-General for (2015). La lutte de l’UE contre la fraude et la corruption : dans les coulisses de l’OLAF, l’Office européen de lutte antifraude, Trad. de: fre, Luxembourg, Luxembourg : Publications Office.

    Deloitte, Canada Sécurité publique Canada et Anne-Marie Boisvert (2014). La corruption au Canada : définitions et exécution, Trad. de: fre, Ottawa], Sécurité publique du Canada = Public Safety Canada, 1 ressource en ligne (74 pages). [en ligne], http://publications.gc.ca/collections/collection_2015/sp-ps/PS18-10-2014-fra.pdf.

    GOPAC, et INSTITUT DE LA BANQUE MONDIALE (2005). «COMBATTRE LA CORRUPTION: MANUEL DU PARLEMENTAIRE», p.90, [en ligne], http://www.agora-parl.org/sites/default/files/GOPAC - Combattre la corruption-manuel du parlementaire - 08.2005 - Fran%C3%A7ais - PACE_0.pdf (Page consulté le 25/11/2015).

    Larochelle, Gilbert (2013). «Le Québec sous l'emprise de la corruption», Cités, vol. 53, no 1, p.159.

    Malsch, Bertrand, Danielle Morin, Marie-Soleil Tremblay et Stéphane Paquin (2012). «Collusion et corruption dans les administrations : les vérificateurs généraux seraient-ils condamnés à n’être que des tigres de papier ?», Télescope, vol. 18, no 3, p.173-180.

    publique, École nationale d'administration, Jean-Patrice Desjardins, Magalie Jutras et Yves Boisvert (2007). L'impact du scandale des Commandites sur la régulation des comportements des agents publics du gouvernement canadien, Trad. de: fre, Montréal], École nationale d'administration publique [en ligne], http://archives.enap.ca/bibliotheques/2008/02/030017511.pdf.

  • Chapitre 9 : La petite histoire de la gouvernance pétrolière au Québec et en Norvège (Pier-Luc Lévesque)

    Mise en contexte
    Dans le chapitre 9, l`auteur fait une analyse comparée de la politique gouvernementale au Québec et en Norvège dans la gestion pétrolière. La Norvège est présentée comme un pays qui a eu un succès impressionnant dans les moyens mis en place pour arriver à contrôler et gérer le pétrole et est devenu l`un des pays les plus riches grâce à sa politique pétrolière. Alors que le Québec qui a pratiquement débuté à la même période dans l`exploration pétrolière a connu plutôt des échecs. L`auteur démontre dans ses analyses que les deux gouvernements ont joué un rôle important en matière pétrolière bien que les résultats sont différents. Et il présente deux personnalités politiques au Québec en occurrence l`ancienne première ministre Pauline Marois et de l`ex ministre Nathalie Normandeau qui considèrent que le modèle norvégien est à imiter pour rendre le Québec encore plus prospère. Pour bien illustrer les différences dans les stratégies mises en place, l`auteur a eu à présenter, d`une part, le Québec et les raisons de son échec. D`autre part, il a mis en relief la Norvège et les points forts de son succès dans cette gestion.


    I- Les raisons de l`échec du gouvernement du Québec
    Au Québec, cette exploration était réglementée par les lois sur les mines (p 214) et était menée par les entreprises privées de façon infructueuse. Ce qui a poussé le gouvernement du Québec à intervenir par la création de la compagnie SOQUIP qui n`a pas pu malheureusement remédier à la situation.
    Plusieurs moyens ont été donc mis en place pour parvenir à une solution durable aux problèmes de déficit dans l`exploration pétrolière. Tout d`abord, avec la possibilité qu`offre les statuts juridiques de la SOQUIP à toute personne souhaitant joindre au développement de l`«industrie pétrolière» (p.215). Ensuite, par la possibilité de recourir aux différentes concessions dans ce domaine. Les explorations allaient être répandues un peu partout dans diverses régions et même en mer et n`ont pas permis de tirer profit.

    Un lieur d’espoir lié à un changement de stratégie au Québec

    En effet, la SOQUIP se trouvait dans l`obligation de changer de stratégie sur trois (3) axes : la délocalisation de ses activités qui lui a permis de mettre en place des partenariats d`affaires dans les autres provinces canadiennes et en côte d`Ivoire; en investissant dans les entreprises privées et exploitant les gaz naturels (p. 2016). la SOQUIP s`est donnée donc pour objectif de forer dans les endroits où la possibilité de trouver le pétrole était élevée. Ainsi, la SOQUIP allait commencer à avoir du succès dans ses opérations de forage tant pour le pétrole que pour le gaz naturel.

    Vers Une société d`investissement, une réorientation néfaste pour le Québec

    Ces succès connus vont inciter les responsables à faire d`autres changements du point de vue organisationnel afin de rendre la société plus rentable. Ainsi, ils ont pris la décision de liquider une partie des permis d`exploitation dans « l`estuaire du Saint-Laurent, dans le bassin d`Anticosti et dans le golfe du Saint-Laurent» (p.218). Ils ont également vendu leurs beaux faisant partie de leur patrimoine à 100 % à « Petro canada, à la compagnie pétrolière impériale et à Shell» (SOQUIP, 1983), cité par (Pier-Luc Lévesque, p.218, 2014).
    En effet, suite à ces nouvelles stratégies d`investissement mises en place, la SOQUIP a fait face à plusieurs difficultés financières l`empêchant de continuer à exercer ses missions de façon autonome et vont occasionner encore une fois des déficits considérables. Ce qui a suscité le démantèlement de la SOQUIP par le gouvernement Bouchard (p.219).

    II- Les succès de la Norvège dans la politique pétrolière

    La Norvège : concessions et premières découvertes

    La Norvège a pratiquement débuté ses premières explorations pétrolières à la même époque que le Québec. Dans les deux États, l`implication du gouvernement était remarquable, mais de façon différente. Cette exploration en Norvège a vu le jour avec la firme Philips Petroleum qui s` y intéressait et offrait 160000 us dollars au gouvernement afin de pouvoir entamer des recherches (Hansen er Rasen, 2012), cité par (Pier-Luc Lévesques, p219, 2014). Malgré l`absence de texte de loi permettant l`exploration pétrolière à cette époque, l`État se voyait dans l’obligation de se conformer et de palier à ce manque de prévision légale en s`appuyant sur un principe de base que l`« État doit maximiser ses prélèvements fiscaux sur la rente des ressources naturelles» (Pier-Luc Lévesque, p 219, 2014). Cependant, au niveau national en Norvège, il ne disposait pas encore de compétence lui permettant d`explorer et de pouvoir en tirer des profits. En ce sens, le gouvernement a eu recours à l`expertise des firmes étrangères pour assurer cette mission pendant soixante années consécutives et avec conditions que ces infrastructures créées reviendront à l`État norvégien à la fin de la période d`amortissement. Un peu plus tard dans l`exécution des contrats, le parlement norvégien a décidé de revoir la plus part de ces contrats en exigeant «la participation minoritaire pour certains baux» (Pier-Luc Lévesque, p.220, 2014). Cette période de révision des contrats a également marqué par un réveil en Norvège sur la nécessité de prendre en considération les réserves d`hydrocarbures.
    Cette prise de conscience va déboucher sur des actions concrètes de l`État norvégien avec l`apparition des «dix commandements» disposant dans son préambule que la population norvégienne doit être la principale bénéficiaire des ressources naturelles tout en facilitant la création d`une part, un directoire norvégien du pétrole pour réguler l`industrie pétrolière. D`autre part, la création d`une nouvelle compagnie pétrolière d`État dénommée Statoil qui allait commencer par explorer dans les endroits de la Norvège qui n`ont pas fait l`objet d’un contrat de concession et plus tard allait exiger une participation de 50% dans certains puits exploités des entreprises privées. C`est ainsi que cette compagnie a permis à l`État d`avoir une économie stable et prospère et allait être par la suite remis en question pour limiter sa puissance financière au niveau national.

    De toute évidence, les politiques du gouvernement québécois et norvégien ont été nettement différentes en matière de l`exploration pétrolière. Si les deux gouvernements ont vu de très tôt la nécessité de s`impliquer, la Norvège a donc évalué ses limites en matière de compétence nécessaire pour arriver à tirer des profits de ses ressources naturelles en évitant à l`État d`être en déficit. Alors que le gouvernement québécois le voyait d`un œil différent, et pensait que son implication totale pouvait permettre une meilleure exploration fructueuse.
    Woodline Taverne

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  • Les médias et la commission Charbonneau

    À l’aube du dépôt du rapport de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction communément appelée Commission Charbonneau, il est de mise de se poser des questions sur la suite des choses. Créée en octobre 2011, après des pressions soutenues sur le gouvernement libéral de Jean Charest, la Commissions a reçu plus de de 1400 personnes et tenu 261 jours d’audience selon la juge Charbonneau dans allocution de clôture, le 14 novembre 2014.

    Quatre années plus tard, on peut dire que la commission Charbonneau a été un exemple parfait de l’influence des médias dans la perception de la population sur des dossiers d’envergure. La sortie du rapport final de la commission en a déçu plus et selon moi, a été à bien des égards, interprété comme un gros pétard mouillé ! Aucune accusation, aucun blâme individuel, simplement une multitude de recommandations pour éviter, entre autres, que la collusion dans l’attribution des contrats publics dans l’industrie de la construction ne se reproduise.

    En effet, tout au long des audiences, témoin après témoin, plusieurs étaient convaincus que les amendes pleuvraient sur les têtes de ceux qui avouaient candidement avoir fermé les yeux sur des irrégularités de plusieurs entrepreneurs et que beaucoup seraient formellement accusés. Un grand cirque médiatique, alimenté entre autres, par les chaînes continues d'information et les médias sociaux, n’a cessé de nous mettre sur une faim de justice. Rarement parlait-on du rôle d’une commission et du mandat de celle-ci laissant planer au sein de la population que les pouvoirs des commissaires étaient illimités créant des attentes impossibles à combler puisque le mandat premier de la commission n'était pas d’identifier des coupables, mais d’émettre des recommandations pour que cesse ces irrégularités qui ont coûté des millions de dollars aux contribuables québécois.

    Toujours à l’affut de sensationnalisme, certains journalistes ont contribué, à mon humble avis, à alimenter cette image « mafiosos » de plusieurs témoins qui sont passés devant la juge Charbonneau. Le tout ressemblait à la CECO (Commission d’enquête sur le crime organisé) de 1972 ! À qui la faute? Pourquoi de telles attentes?

    C’est là où je me rapport aux propos tenus par Ian Lafrénière du Service de police de Montréal lors de la conférence à l’École nationale d’administration publique sur les communications publiques et les médias. Lorsque le média choisi de traiter une nouvelle selon un angle, il nous fait voir une partie de la réalité. C’est d’ailleurs ce que monsieur Lafrénière a si bien illustré avec son analogie de la pièce de 1 dollar : il y a toujours une face qui est teintée de l’interprétation du journaliste. Malgré le fait qu’il se veut le plus objectif possible, son propos «résultent aussi des schèmes de perception concurrents, socialement disponibles, à travers lesquels on donne sens à ce qui nous entoure, ainsi que des mises en forme langagières propres à la presse, qui contribuent elles aussi à «construire» l'information» (Delforce, 1996). Il contribue à fonder nos croyances, notre représentation (Lits, 2008).

    Cependant, il est de mise de remarquer que ce communicateur aguerri joue un rôle important dans nos sociétés où les médias de toute sorte (électroniques, télévisuels, radiophoniques, etc.) prennent beaucoup de place dans notre quotidien. Les journalistes sont de plus en plus formés et informés. Ils contribuent à rendre nos administrations publiques plus transparentes. Rappelons leur rôle cruciale dans le scandale des commandites, la commission d’enquête sur le crime organisé ou récemment sur le déversement des eaux usées de la Ville de Montréal dans le fleuve St-Laurent.
    En guise de conclusion, je comprends que la commissaire ait remercié les témoins pour l’honnêteté et la franchise lors de leur témoignage, mais franchement, avaient-ils le choix? Ne nous devaient-ils pas au moins cela après tout?


    Bineta Gueye
    SÉMINAIRE D’INTÉGRATION - AUT15

    Sources
    Internet
    http://plus.lapresse.ca/screens/77a36f3a-9da2-49de-ab8c-e53623bf5da8%7C_0.html
    http://www.com.ulaval.ca/fileadmin/contenu/Cahiers_Journalisme/PDF/2/02_DELFORCE.PDF
    Monographies
    Lits, Marc. 2008. Du récit au récit médiatique. Bruxelles : Éditions De Boeck Université. ISBN : 9782804155797 280415579X

  • L’Assemblée Nationale : une visite mémorable!

    Le 29 octobre dernier, près d’une centaine d’étudiants de la Maîtrise à l’École nationale d’administration publique se sont rendus dans l’antre du poumon de la démocratie québécoise : l’Assemblée nationale. Le but de cette mission était de nous faire découvrir l’appareil en arrière de plusieurs décisions qui ont un impact quotidien dans notre vie de citoyen. Ce qui à mon avis était très pertinent dans le cadre du cours Gestion participative et défense des droits. En effet, les 125 députés élus par la population québécoise siègent au sein de cet édifice.

    Donc, notre mission a débuté par une prise de photo avec le premier ministre du Québec monsieur Philippe Couillard. Suite à cela, nous nous sommes rendus dans la salle de l’Assemblée nationale pour assister aux débats. Pour la petite histoire, cette salle a longtemps été appelée le salon vert ou le salon bleu à cause de ses couleurs et ce n’est qu’en mars 1984, que le président Richard Guay proposa de la renommer salle de l’Assemblée nationale. Refermons la parenthèse.

    Comme le gouvernement du Québec est responsable devant l’Assemblée, l’une des formes de contrôle de ses activités est la période de questions. Période à laquelle nous avons pu assister lors de notre visite. L’opposition a posé plusieurs questions au gouvernement, mais celle qui a le plus retenu mon attention est la question de monsieur François Bonnardel sur l’augmentation des taxes de ventes au Québec. Le ministre des finances Carlos J Leitão a été vivement interpellé par son vis-à-vis de la Coalition Avenir Québec. À la question : « Je répète ma question, M. le Président : Est-ce qu'il est prêt à mettre son siège en jeu si la TVQ augmente d'ici la fin du mandat libéral? Oui ou non? ». Le ministre des finances a répondu : « Est-ce que le député de Granby s'engage, oui ou non, à ne plus déformer les pancartes électorales en Beauce et dans les autres circonscriptions, M. le Président? ». C’en est évidement suivi une cacophonie de voix qui de part et d’autres fustigeaient le député pour ne pas avoir répondu à la question. Cela pour moi a été une démonstration qu’au sein de l’institution où le et la politique se mêlent, la joute verbale que se mènent les opposants peut parfois friser l’absurde. On a assisté au même jeu dans l’après-midi lorsque nous avons fait un tour à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles. Messieurs les députés Villeneuve et Paradis se sont lancés la balle à maintes reprises sur un amendement par rapport à l’article 63 du projet de loi 54 sur la Loi visant l’amélioration de la situation juridique de l’animal. Voici un extrait du débat :
    M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président, moi, j'essaie, là, d'être ouvert. Si je disais qu'il n'y aura pas d'amendements, on dira que c'est un ministre entêté, têtu, qui ne veut pas écouter, qui n'a rien compris, puis si je propose des amendements, on ne sait pas de quoi on se trouve. Ça fait que si j'essaie, là, de prendre juste la partie... partie des fleurs, puis j'oublie le pot, ça... maintenir l'atmosphère ».

    C’est à mon avis là où l’on constate que ce haut lieu où devraient être placardés des photos de citoyens afin de rappeler que, c’est grâce et pour eux que les députés sont là, est et restera toujours teinté par ce fond d’allégeance politique. On joue la ligne du parti, la partition fournie par le chef d’orchestre pour déstabiliser, discréditer l’autre. Toutefois, force est d’admettre que malgré ce théâtre politique, les échanges qu’ils soient partisans ou non, favorisent la prise de décision dans l’intérêt des citoyens. Ils poussent le gouvernement à répondre de ses actes, parfois de façon virulente, mais, je crois, toujours dans l’optique d’instaurer une transparence et une imputabilité nécessaires à la bonne marche de la démocratie. En conclusion, cette journée très instructive m’a permis d’être en contact direct avec les principaux gardiens et acteurs d’un fondement important de la société dans laquelle on vit : la séparation des pouvoirs et la représentation des citoyens au sein de l’appareil étatique. Il s’agit donc, d’une journée pour laquelle je remercie grandement un maître incontesté en matière législative : monsieur Trudel.

    Bineta Gueye
    ENP 7505 : Gestion participative et défense des droits.

    Sources :

    http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/salle-de-l-assemblee-nationale.html

    http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/capern-41-1/journal-debats/CAPERN-151029.html#15h30