La mission abordée dans ce blogue est celle de la grande tribune publique entre les différents candidats et élus qui a lieu à la veille des élections fédérales d’octobre dernier. Cet événement, de par son exercice à révéler les positions des différents représentants des grands partis, se situe en quelque sorte à l’antipode des principes que soulève le cours de Gestion participative et défense des droits. Elle a cependant l’avantage de bien positionner l’enjeu qu’il présente, soit le rôle de la démocratie participative face à démocratie représentative. Cette tribune publique a donc permis de rappeler comment les acteurs de la démocratie représentative tentent d’incarner un certain consensus en prenant position sur les enjeux qui occupent une place importante dans la société.
Le débat électoral a forcé à confronter les représentants dans leurs idées et leurs actions vis-à-vis la gouvernance de l’état. Les candidats conservateurs et libéraux ont, parexemple, cherchés à se positionner tout deux comme leader en matière d’économie mais en présentant des stratégies bien différentes. La démarche libérale, présentée par M. Dion, insiste sur une relance qui doit se faire par un réinvestissement important dans plusieurs secteurs tandis que son homologue conservateur faisait l’écho de la rigueur budgétaire menant à une économie forte. Cette vulgarisation simpliste des positions économiques des libéraux et des conservateurs permet aux électeurs de facilement adhérer à l’un ou l’autre par rapport à sa vision de la redistribution de la richesse commune dans l’axe gauche-droite. Si l’on ajoute à cela l’environnement, la sécurité, l’immigration, la politique étrangère et les peuples autochtones; on peut assez bien tracer le canevas qui permettra aux électeurs de se décider, du moins face aux deux partis traditionnels au Canada. En simplifiant ainsi les points névralgiques qui polarisent la société, les représentants sont à même de proposer le type de gouvernance qu’ils préconisent. C’est par cette gouvernance qu’ils interviendront et agiront ensuite avec la société puisqu’il existe une conjugaison claire entre le type de gouvernance et les aspects sociaux-économiques. Cette combinaison, présentée par Côté, Lévesque et Morneau dans « L’évolution du modèle québécois de gouvernance », juxtapose parexemple le type de gouvernance « état minimal » par un rôle économique de type laisser-faire ainsi qu’un rôle social résiduel-providence. Cet idéal-type de la gouvernance s’accorde très bien avec celui qu’a traditionnellement eu le parti conservateur du Canada alors que le parti libéral s’est plus souvent présenté sous un idéal-type d’un état interventionniste dont le rôle économique est de type keynésien et le rôle social de passif-providence. Cette opposition classique du rôle de l’état que nous a livré encore une fois les représentants libéraux et conservateurs a permis de mettre en lumière le besoin d’un troisième idéal-type qui « …refuse de poser comme antagonistes les libertés et l’intérêt général, elle vise à faire cohabiter autonomie et ordre social juste. Cherchant à susciter des capacités et à développer une citoyenneté d’action, elle incite à définir l’intervention de l’État en termes de suppléance et non de substitution ». Ce troisième idéal-type de gouvernance prête donc une attention particulière au rôle de la société civile qui par ses initiatives citoyennes, complète le vide laissé par les grands amalgames de la démocratie représentative. La démocratie participative fait donc contrepoids en représentant la multitude des intérêts de la population et pousse les élus à faire un travail de consensus. Cette vision de la participation citoyenne est cependant contesté par certains qui la perçoivent comme une manifestation égocentriques des différents groupes qui « ne représentent qu’eux-mêmes » et « remettent en question le rôle de la législature ». Ce dernier point est particulièrement intéressant car il existe en effet une imputabilité chez les élus mais jusqu’à quel point cela permet à la population d’exiger au gouvernement de rendre des comptes ? Nous avons bien pu constater le faible équilibre des pouvoirs que les institutions ont offerts à la population pendant la dernière décennie de gouvernement conservateur. Il est donc souhaitable qu’en l’absence de consensus la société civile puisse s’organiser et s’ajouter à la démocratie représentative en la faisant pencher vers un meilleur équilibre des forces.
Pour revenir au débat lui-même, j'ai eu la chance de questionner M. Dion sur les déboires du gouvernement libéral dans le fameux dossier des commandites qui a placé sur le banc de l'opposition son parti pendant plusieurs années. La réponse que nous avons eue fût un aveu, d'apparence honnête, sur la mauvaise gestion de cette crise par le parti. Cette mauvaise gestion a coûté cher au parti ainsi qu'à la politique fédérale canadienne mais la réponse de la population aura permis de constater que la démocratie représentative demeure imputable et sanctionnable. Cependant, une fois aux quatre ans, c'est trop peu. C'est pourquoi la conjugaison avec la démocratie participative prend tout son sens et permet de faire valoir des points de vue qui seraient trop facilement ignorés des élus. C'est pourquoi la gouvernance d'un état moderne devrait se faire partenaire de la société civile de façon à combiner les différents acteurs dans un débat constructif pour l'intérêt général de la population.
Gabriel Sanche
Commentaires
Voilà donc aussi à quoi servent les débats. Maintenant on va les...suivre !