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L’indien malcommode - partie 1

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Par Marie-Monique Jean-Baptiste
Dans ma quête de compréhension sur les peuples autochtones, je suis tombée sur un livre portant un titre assez intriguant. J’ai eu beaucoup de plaisir à le lire et je partage avec vous les principaux extraits qui m’ont interpellée.

L’indien malcommode de Thomas King – Un portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord
Introduction
Thomas King aborde les sujets sérieux avec un brin d’ironie mais d’une authenticité qui repose sur le fruit de ses recherches historiques. Il nous dresse un portrait de l’histoire des Indiens d’Amérique, des États-Unis et du Canada. L’auteur nous présente toute la complexité liée au statut d’Indiens. Le parallèle qu’il fait entre les deux pays nous fait comprendre les différents enjeux mais aussi les nombreux liens qui existent dans les questions internationales portant sur les des droits des Autochtones. En lisant son livre, vous vous rendrez compte que plusieurs préjugés sur les peuples Autochtones sont mis à rude épreuve.

Lorsque vous entendrez parler d’eux dans les médias, vous ne les verrez plus de la même façon. Parmi les nombreux sujets et thèmes qu’il aborde et qui ont capté mon attention, on retrouve :

J’ai appris l’existence d’un passeport iroquois avec l’histoire des membres de l’équipe nationale iroquoise de crosse qui devaient se rendre en Angleterre pour une compétition. Ces dreniers ont pu entrer aux États-Unis avec leurs passeports grâce à l’intervention d’Hilary Clinton, alors secrétaire d’État aux États-Unis mais, finalement ils ont été contraints de regarder le match à la télévision d’un hôtel car l’Angleterre leur avait refusé le droit d’entrer.
On y relate aussi un événement où les Indiens ont été appelés «les nègres de la forêt» ou «guerriers de l’assistance sociale»
La loi C-31 de 1985, est abordé. Il porte sur le statut d’indien. Sa particularité tient du fait que cette loi amène la «règle d’exclusion après la deuxième génération» qui peut mener à la perte du statut d’Indiens au Canada. L’auteur évoque la possibilité de contester cette loi.
Il nous présente quelques recommandations intéressantes qui se trouvent dans le rapport final de la Commission royale sur les peuples autochtones de 1991;
- Sa vision du problème d’alcool chez les Autochtones;
 - L’idée de la souveraineté autochtone;
 - Les lois et les traités;
 - Des questions fondamentales : Que veulent les Indiens ? Que veulent les Blancs ?;
 - Les sables bitumineux de l’Alberta : l’or sale du Canada;
 - L’importance de la terre pour les peuples autochtones;
 - Les meurtres impunis d’Autochtones et l’inaction de la GRC ou son action tardive dans de nombreux dossiers;
 - Il présente de façon simple ce qui a mené à la crise d’Oka;

Au terme de votre lecture, vous conviendrez peut-être tout comme moi, si ce n'est pas déjà le cas, que ce qui a été fait aux peuples autochtones est un autre odieux exemple des dérives de la colonisation.

Dans le vif du sujet

Thomas King indique qu’il appartient aux Autochtones de trouver des solutions aux graves problèmes qui les affligent. Par ailleurs, il rappelle que les médias ne présentent pas les réussites notables chez plusieurs tribus nord-américaines.
«Certaines se sont dotées d’assises économiques solides. Bien sûr, ça aide si la tribu dispose de ressources naturelles, de pétrole, de charbon ou de bois – comme les Cris d’Hobbema, les Navajos de l’Arizona, de l’Utah et du Nouveau-Mexique, et les tribus de l’Alaska –, ou si la réserve se trouve dans une région qui se prête au tourisme et à l’écotourisme, comme c’est le cas pour les Séminoles de Floride» (P.152)
Il renchérit en présentant de nombreux exemples et en affirmant que : «Non seulement les Autochtones se portent mieux économiquement parlant, mais ils sont également plus présents en politique et dans les arts. Partout en Amérique du Nord, des centaines d’organisations autochtones – au niveau local, régional, national et international.»(P.152)

Il explique la conséquence de la règle de l’exclusion après la deuxième génération qui peut mener à la perte du statut d’Indiens au Canada.
«Puisque les Indiens épousent aussi bien des personnes qui ont le statut que des personnes qui ne l’ont pas, tant et aussi longtemps que restera en place la règle de l’exclusion après la deuxième génération, un plus grand nombre de nos enfants vont perdre leur statut d’Indiens. Si ça continue, à un moment donné, peut-être du vivant de mes petits-enfants, il pourrait ne plus y avoir d’Indiens au Canada. » (P.155)

Il parle de la possibilité de contester la loi C-31 et donne son opinion sur la question des traités.
«La loi C-31 sera probablement contestée un jour devant les tribunaux, mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi cette perte du statut et la perte potentielle de notre assise territoriale n’ont pas préoccupé plus que cela les organisations autochtones du Canada. Peut-être qu’elles ont protesté et que j’avais la tête ailleurs. Ce dont les chefs autochtones et les responsables du gouvernement ont parlé, c’est de modifier la Loi sur les Indiens pour donner plus d’autonomie aux bandes ou d’abolir la loi. Jusqu’à maintenant, ce furent parlottes en pure perte. Les traités ne sont pas négociables dans la loi. Techniquement, je crois que les traités pourraient fonctionner sans la loi. Je pense qu’ils fonctionneraient encore mieux. Mais sans les traités, la Loi sur les Indiens est un parasite sans hôte.» (P.156)

Il nous sensibilise sur les recommandations du rapport final de la Commission royale sur les peuples autochtones créée en 1991. Selon lui, le rapport de plus de 4000 pages représente l’étude la plus complète jamais écrite sur l’histoire des peuples autochtones dont la dernière partie porte sur le droit à l’autodétermination et d’autres informations intéressantes telles que
« les Autochtones du Canada bénéficient d’une forme particulière de double citoyenneté » ; que le gouvernement du Canada devrait dissoudre le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour le remplacer par « deux nouveaux ministères : le ministère des Relations avec les Autochtones et le ministère des Services aux Indiens et aux Inuits » ; que le gouvernement du Canada doit rencontrer les gouvernements et les membres des Premières Nations et s’engager à « fournir d’ici dix ans les logements convenables dont ont besoin les membres des Premières Nations » ; et que « les représentants des peuples autochtones [doivent participer] à toutes les étapes de la planification et de la préparation de toute conférence constitutionnelle convoquée par le gouvernement du Canada ». (P.157)

Il relate à travers ses écrits ses différentes expériences et sa vision des choses sur la perception que les gens ont des problèmes d’alcool des Autochtones comparativement aux gens en général.
«Mais j’ai vécu à Lethbridge dix ans, et je peux affirmer avec toute l’équanimité dont je suis capable qu’il y avait beaucoup plus d’ivrognes blancs que d’ivrognes indiens qui sortaient des bars les vendredis et samedis soir. C’est seulement qu’en Amérique du Nord les ivrognes blancs tendent à être invisibles alors que les gens de couleur qui boivent ne le sont pas.» Ce que j’essaie de dire, malaisément, c’est que nous semblons pardonner plus facilement aux ivrognes de race blanche. » (P.157)
Sa réponse à cette situation c’est que les défaillances de quelques personnes ne témoignent pas de leur humanité et ne peut être tributaire d’une race entière.

Il amène l’idée de la souveraineté autochtone de façon très convaincante
«Précisons-le tout de suite : la souveraineté autochtone est une réalité. Elle est reconnue dans les traités, les constitutions canadienne et américaine, et dans la Loi sur les Indiens. Elle a été confirmée je ne sais combien de fois par les arrêts de la Cour suprême dans les deux pays. Je dis ça au cas où vous ne le sauriez pas. » (P.176)
«En 2007, les Nations Unies ont adopté la Déclaration sur les droits des peuples indigènes, où il est admis que les peuples indigènes ont droit à « l’autodétermination », et qu’ils ont le droit de déterminer « librement leur statut politique et d’assurer librement leur développement économique, social et culturel ». La déclaration n’emploie pas le mot souveraineté, mais les quarante-six articles qui définissent les droits, libertés et responsabilités des peuples indigènes s’en approchent pas mal. Du moins, c’est assez proche pour constituer un gouvernement» (P.176)

La sempiternelle question qu’il se fait poser : Que veulent les Indiens au juste ?
«Ce qui nous ramène à l’éternelle question nord-américaine : que veulent les Indiens au juste ? La souveraineté ? L’autodétermination ? Un avenir ? Des emplois bien rémunérés ? Une camionnette neuve dernier modèle ? Je me fais tout le temps poser la question. Que veulent les Indiens ? La bonne nouvelle, c’est que vous pourriez cocher n’importe laquelle de ces réponses et avoir raison. Mais en fait, vous auriez tort.» (P.193)
«Que veulent les Indiens ? Excellente question. Le problème, c’est que ce n’est pas la bonne question à poser. S’il est vrai qu’il y a encore des Indiens en Amérique du Nord, les Indiens auxquels on songe en lançant cette question n’existent pas, eux. Les Indiens dans cette question sont les « Indiens » que le Canada et les États-Unis ont inventés pour leurs besoins. Et tant et aussi longtemps que la question restera posée ainsi, il sera impossible d’y répondre. Il vaut mieux demander ce que veulent les Cris du Lubicon, en Alberta, ce que veulent les Mohawks de Brantford, en Ontario, ou les Zunis du Nouveau-Mexique, ou les Hupas du nord de la Californie, ou les Tlingits de l’Alaska. » (P.194)
«Moi, je préfère qu’on ne pose pas du tout la question. Il y a une autre question qui mérite davantage d’être examinée. Une question qui nous aidera à comprendre la nature de l’histoire contemporaine de l’Amérique du Nord. Une question qu’on peut poser à propos du passé aussi bien que du présent. » (P.194)

La fameuse question : Que veulent les Blancs ? M. King donne la réponse en expliquant le contexte.
«Non, je ne demande pas ça pour vous embêter. Il n’y a ici nul sarcasme de ma part. L’histoire des Autochtones d’Amérique du Nord n’a jamais vraiment eu les Indiens pour sujet. Ce qui comptait, c’était bien plus l’histoire des Blancs, de leurs besoins, de leurs aspirations. On ne s’est jamais vraiment préoccupé de savoir ce que voulaient les Indiens : ceux-ci n’ont jamais figuré parmi les priorités politiques ou sociales. » (P.194)
«Les Lakotas ne voulaient pas des Européens dans leurs Black Hills, mais les Blancs convoitaient l’or qui s’y trouvait. Les Cherokees n’avaient jamais songé à émigrer de la Géorgie vers le Territoire indien (l’Oklahoma), mais les Blancs voulaient leurs terres. Les Cris du Québec ne tenaient pas tant que ça à délaisser leurs foyers pour faire place au projet Grande-Baleine, mais il y avait beaucoup à gagner avec l’hydroélectricité. Les Indiens de la Californie n’avaient pas demandé aux Franciscains de les asservir pour leur faire construire leurs missions.
«Alors que veulent les Blancs ? » (P.194)
«La réponse est fort simple, et elle était évidente depuis les débuts. » (P.194)
«La terre. » (P.194)
«Les Blancs veulent la terre. » (P.194)
«Bien sûr, les Blancs voudraient que les Indiens se volatilisent, ou ils voudraient que les Indiens s’assimilent, et ils voudraient par-dessus le marché que les Indiens comprennent que tout ce que les Blancs ont fait, c’était pour leur bien, parce que les Indiens, laissés à eux-mêmes, ne pouvaient pas se gouverner tout seuls. » (P.194)
«L’enjeu qui s’est implanté sur nos rivages avec l’arrivée des Français, des Anglais et des Espagnols, l’enjeu qui a été la raison d’être de toutes les colonies, l’enjeu qui a fait son chemin d’un océan à l’autre, des Grands Lacs à l’Arctique, et qui nous occupe encore aujourd’hui, l’enjeu qui n’a jamais changé, n’a jamais dévié, n’a jamais faibli, c’est la terre. La terre a toujours été le seul véritable enjeu. Ce sera toujours la terre, tant qu’il subsistera un centimètre carré de terre en Amérique entre les mains des Autochtones.» (P.195)

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