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Les revenus de la SAQ...une vache à lait pour les québécois? Et si ces revenus ne suffisaient pas à payer les problèmes causés par son liquide magique aux effets euphorisants !

Les revenus et les dépenses votés annuellement par le gouvernement québécois sont au cœur des finances publiques. Chaque dollar dépensé doit faire l'objet de reddition de compte par le ministère responsable de cette dépense. Mais, est-ce que les élus tout autant que les citoyens connaissent vraiment ce que coûte les conséquences de la mise en application de certaines lois? Prenons l'exemple des lois votées sur la publicité tout autant que la commercialisation de l'alcool. Est-ce que les élus connaissent les impacts et les coûts sociaux de ces lois et règlements ?

Les citoyens tout autant que les élus semblent se laisser influencer par la publicité pro-alcool qui est dans nos vies depuis de nombreuses années. L'alcool est associé au plaisir, à la gang de chum, à la séduction, à la jeunesse. Aussi, sous un angle différent, l'alcool quant il est associé à la conduite d'un véhicule moteur, est perçu comme un briseur de vies et même à la mort. Pourtant, derrière ces deux images opposées, il y en a plusieurs autres et il y a surtout, un coût qui s'y rattache.

Les coûts de l'abus de substances au Canada (CCLAT, 2006)

Une étude sérieuse du Centre canadien de lutte aux toxicomanies (CCLAT/ CCLT) montre les coûts réels de l'abus de substances psychoactives au Canada (CCLAT, 2006). Conclusion intéressante de cette recherche, il coûte aux canadiens 39,8 milliards de dollars par année pour amortir les coûts directs liés aux abus d'alcool, de tabac et des drogues illicites.

Au Canada, c'est plus de 14,5 milliards de dollars dépensés chaque année simplement pour amortir les coûts associés à l'abus de l'alcool. Dans le tableau qui suit vous pouvez constater où va cet argent et à quel point l'alcool à des ramifications partout dans nos vies.

 

Grandes catégories de dépenses

Détails

Montant annuel en millions de dollars

Coûts directs des soins de santé

 

Hospitalisation courte durée et en psychiatrie; traitement interne et externe; soins ambulatoires; médicaments d'ordonnance; etc.

3 306.2

Coûts directs de l'application de la loi

Services de police, tribunaux; etc.

3 072.2

Coûts directs de la prévention et de la recherche

Recherche; programme de prévention; etc.

53.0

Coûts directs autres

 

Dommages causés par accidents de la route et incendies; pertes associés au milieux de travail; etc.

996.1

Coûts indirects: perte de productivité

dues à l'invalidité et à la mortalité précoce

 

7 126.4

Total

14 554.0

Données tirées du document: Les coûts de l'abus de substances au Canada 2002. Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT), 2006.

 

L'alcool est légal et pourtant, il tue ! «L’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que durant la seule année 2012, l’usage nocif de l’alcool a tué 3,3 millions de personnes dans le monde, plus que le SIDA, la tuberculose et la violence réunis» (Ben Amar et coll., 2014). «Selon l’OMS, l’alcool est responsable de plus de 200 maladies. Ainsi, 5,9 % des décès dans le monde (7,6 % chez les hommes et 4 % chez les femmes) sont reliés à l’alcool, ce qui signifie un décès toutes les 10 secondes» (Ben Amar et coll., 2014).

 

Longtemps vu comme une vache à lait des québécois la Société des alcool du Québec (SAQ) est perçue comme l'entité qui finance les différents programmes du gouvernement. Qu'en est-il vraiment ?

 

Nous retrouvons sur le site Internet de la SAQ l'énoncé qui suit qui, de toute évidence, semble constituer une bonne nouvelle: «C’est ainsi qu’au terme de l’exercice, la SAQ a versé un dividende de 1,030 milliard de dollars au gouvernement du Québec, soit 9 millions de dollars de plus que le montant anticipé pour cette année de référence dans son Plan stratégique 2013-2015. Au total, les revenus des gouvernements fédéral et provincial tirés des activités commerciales de la SAQ – sous forme de dividende, de droits fédéraux et de taxes à la consommation – ont atteint 1,945 milliard de dollars, dont 1,560 milliard de dollars remis au trésor québécois»(site Web de la SAQ, 14 juin 2013).

Il s'agit donc de 1,5 milliards de dollars versés annuellement dans les poches des finances publiques. Montant considérable. Parallèlement à cela, au Québec, les coûts sociaux de l'alcool s'élève à plus de 3 milliards de dollars annuellement. Ceci représente 416 dollars donnés, par année, par chaque québécois pour amortir cette dépense. Il y a un écart négatif de 1,5 milliards de dollars entre ce que la SAQ met dans les coffres publics et les coûts associés à l'abus d'alcool.

Je ne veux pas insinuer qu'il faille bannir la consommation d'alcool et retourner à l'époque de la prohibition. Je cherche simplement à porter à votre attention que certaines décisions prises par notre gouvernement, largement influencés par les lobbyistes pro-alcool, pourraient augmenter le fardeau fiscal lié à l'abus de l'alcool. En effet, faites attention aux idées qui suivent... en ce qui les concerne, la modération a bien meilleur goût !

·         Privatisation des réseaux de distribution d'alcool;

·         Prolonger les heures de vente des produits d'alcool;

·         Augmenter les points de vente des produits d'alcool;

·         Réduction de taxes sur les produits de l'alcool;

·         Réduction du prix minimum de la bière;

·         Etc.

Dès qu'on modifie une loi avec l'intention de plaire aux commerçants en lien avec la vente d'alcool, on oublie les coûts sociaux qui s'y rattachent. On oublie aussi la détresse causée par l'alcool pour certains d'entre nous qui en sont dépendants.

Je vous laisse sur cette citation de Julien Arsenault de La Presse Canadienne :

«Les modifications de Molson Coors et de Labatt au Registre des lobbyistes ratissent très large. Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, le ministère de la Justice, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère des Finances, le ministère du Conseil exécutif, l’Assemblée nationale ainsi que le Cabinet du premier ministre sont entre autres dans la mire des brasseurs (journal métro,  4 août 2014)»

 

Geneviève Lefebvre

 

Références:

Ben Amar, M., Léonard, L., Lefebvre, G., Paré, R., Scheenberger, P. (2014). Drogues: Savoir plus, Risquer moins. Centre québécois de lutte aux dépendances (CQLD).

Rehm, J., Baliunas, D. Brochu, S., Fischer, B. Gnam, W. Patra, J. Popova, S., Sarnocinska-Hart, A. Taylor, B. (2006). Les coûts de l'abus de substances au Canada 2002. Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT).

http://www.saq.com/content/SAQ/fr/a-propos/medias/communiques-presse/resultats-financiers-de-l-exercice-2012-2013.html

http://journalmetro.com/actualites/national/534089/taxes-sur-la-biere-molson-et-labatt-lobbyistes/

http://jeuenligne.ca/index.php?post/2010/08/16/Sant%C3%A9-publique-et-pouvoir-politique-face-aux-lobbies-industriels-contre-la-sant%C3%A9%3A-tabac%3B-alcool....-jeu-d-argent-%28gambling%29

Commentaires

  • Tres intéressant !
    Il est plutôt aberrant de voir l'écart entre les chiffres de revenus et de coûts au Québec en ce qui a traits a l'alcool. J'ignorais que l'alcool, globalement, engendrait autant de morts et contribuait au développement d'autant de maladies.
    Je crois que le gouvernement, dans ses campagnes de publicités, aurait avantage a sensibiliser davantage aux méfaits de l'alcool. On se fait bombarder de publicités en lien avec l'alcool au volant, mais les dommages créés par l'alcool touchent beaucoup d'autres sphères et sont beaucoup plus larges. Les revenus sont certainement avantageux et intéressants, mais il serait très important de faire baisser le prix des coûts pour amortir les conséquences de l'alcool. Comme vous le mentionnez, la modération a bien meilleur gout !

  • Geneviève... Bien reçu pour nourrir nos connaissances et mieux se former une opinion. Bonnes suites.

  • Très intéressant. Ce blogue interpelle finalement le rôle de l'État et ses limites, voire ses responsabilités.
    D'une part certains alcools restent en vente en dehors de la SAQ (bières par exemple), d'autre part il n'est pas possible d'arrêter de vendre de l'alcool.
    Donc finalement où commence et où s'arrête la responsabilité de l'État en matière de comportement individuel? Tout est question de quantité... on peut également faire un parallèle avec la consommation de sucre et gras et l'obésité. L'État doit il interdire ou limiter la vente de produits gras ou sucrés alors que consommer sans excès ils sont peu ou pas nocifs?

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