Le plafond de verre d’Hillary
« Je sais que nous n'avons toujours pas enfoncé ce plafond de verre, mais un jour quelqu'un le fera et peut-être plus tôt que nous pourrions le penser » Hillary Clinton
L'ancienne première dame des États-Unis, sénatrice de l'État de New York et secrétaire d'État, était donnée favorite par la très grande majorité des observateurs de la scène politique américaine. Les médias avaient eux aussi donné la victoire à Hillary Clinton.
Comme pour une portion des confondus, le résultat de ce vote laisse maintenant entrevoir la poussière toxique en arrière fond de l’environnement social américain. Ainsi en est-il du vif sentiment d’incompréhension qui a surgi devant la manifestation aussi clairement exprimée que quelque chose cloche dans la société américaine. La question demeure entière devant ce choix démocratie qui annonce un recul des valeurs universelles et d’équité durement acquises. Plusieurs affirmations, allégations et manifestations chauvinistes, rétrogrades, racistes et méprisantes relevées durant la campagne électorale viendront entacher la crédibilité dès l’entrée en fonction de la relève présidentielle en janvier 2017.
Les citoyens américains qui auront tourné le dos à Hillary Clinton ne seront plus écoutés de la même manière. À partir du moment où l’écho de leurs voix a porté en faveur d’un président qui affiche au grand public la teneur de sa pensée rétrograde à l’endroit des femmes et raciste à l’égard de certaines communautés, il m’apparaît déjà que le peuple américain a changé. Il le fait d’ailleurs déjà entendre dans les rues de son pays. Quelle division, à partir de maintenant, demeurera au sein de la population des États-Unis, entre les hommes et les femmes, entres les différentes communautés de souches et nouveaux arrivants. Et quel sentiment persistera?
Devant l’arrivée de cette nouvelle période de gouvernance remplie d’incertitude et de grands changements annoncés, le peuple américain a commencé à vivre en doutant davantage. Et il en va de même pour une grande part de la population mondiale. Cet événement historique marque déjà l’imaginaire collectif de la planète parce qu’il impose des changements de paradigmes sociaux dans un environnement interne qui est devenu soudainement plus hostile.
Les États-Unis viennent de vivre un choc social et politique. Et l’onde ressentie s’est percutée sur les fondements idéologiques même de l’establishment américain, ici démocrate, et indéniablement avec férocité sur les aspirations de sa plus haute représentante, Madame Hillary Clinton. Elle fait partie de l'establishment pour qui tout s'est écroulé, et qui a emporté avec lui le discours des médias, des plus grands spécialistes et analystes. Mes pensées se sont tournées vers Hillary Clinton à la seconde même où les chiffres ont commencé à déranger et où l’aboutissement d’une grande carrière politique et publique s’est vu menacé. Cette femme brillante et grande battante s’est finalement vu refuser la présidence des États-Unis. Elle aura encaissé la plus cruelle des défaites au terme d'une campagne électorale marquée par des scandales, des insultes et des incivilités de toutes sortes. Le choix du peuple, qu’il soit porteur d’une stratégie de rejet de la structure de gouvernance actuelle et de ses impairs jugés impardonnables, se sera porté vers Donald Trump et tout ce qu’il peut représenter d’insidieux aux yeux d’une grande majorité d’électeurs, et qu’il n’a pas cherché à leur cacher.
Hillary Clinton, même si elle n’a pas semblé en mesure de démontrer patte blanche, et ni le parti qu’elle représente, ne peut avoir aspiré, tout au long de son exigeant parcours, à cet ultime combat, livré dans une arène politique sombre et financée par l’élite intéressée, et encore moins au côté des Donald Trump de ce monde.
Malgré la défaite, et l’appel unanime de tous à préserver les valeurs américaines et les outils de collaboration et de passation de pouvoir attachés à la Constitution des États-Unis, je ne peux que souligner le message de grande solidarité que madame Clinton a livré à ses supporteurs, à tout son peuple et à la communauté mondiale. Elle a réservé la dernière partie de son discours aux femmes qui l'ont appuyée. « À toutes les femmes, spécialement les plus jeunes, qui ont mis leurs espoirs en cette campagne et en moi, je veux que vous sachiez que rien ne m'a rendue plus fière que d'être votre championne. »
Dans l’analyse des résultats du vote, il sera des plus fondamental de tenter d’évaluer si dans la structure hiérarchique du pays et dans ses niveaux supérieurs, les cultures, pratiques et philosophies étasuniennes persistent à rendre difficile l'accès des femmes aux postes supérieurs et de leurs rendre parfois inaccessibles les plus hauts échelons de leurs institutions.
« À toutes les jeunes filles qui nous regardent, ne doutez jamais de votre valeur et de vos forces, et vous méritez toutes les chances et les occasions de poursuivre et d'atteindre vos propres rêves », aura conclu Hillary Clinton avant de quitter, au lendemain de la défaite, la scène publique.
Personnellement, comme femme, c’est la leçon la plus significative que je souhaite garder devant cette page d’histoire du 8 novembre 2016.
FFORTIN
Commentaires
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