Blog#2 - Jean Ismert - Responsabilité sociale des médias
Le développement de la responsabilité sociale des médias
Il faut remonter au XVII et XVIIIe siècle pour voir les premiers signes d’influences des médias en communication politique. Dans cette période pré-industrielle, le développement d’une classe moyenne, la bourgeoisie, cherchait à prendre plus de pouvoir au détriment des monarchies de l’époque. Au même moment, le courant des Lumières joue un rôle majeur dans l’émancipation de nouvelles idées, de la poursuite d’une démarche scientifique et non basée sur la foi, ainsi que la quête de la vérité. En 1964, dans sa publication Aeropagitica, John Milton avançait le droit à la liberté de pensée et le droit à l’information pour exercer sa rationalité. Deux centenaires plus tard, John Stuart Mill amenait sa vision utilitariste en affirmant « je peux faire ce que je veux tant que je ne cause pas de dommage aux autres ». Cette affirmation ne pourrait pas être plus populaire à l’heure actuelle où une information diffusée en primeur en envoie une autre aux oubliettes. À l’époque de Mill, les premiers médias livrent deux batailles, celui du droit de publier des informations anti-gouvernement et celui d’assister aux assemblées parlementaires. Après plusieurs gains, les médias de l’époque se verront attribuer certaines tâches qui vont augmenter la notion de responsabilité sociale des médias (informer, divertir, indépendance financière, surveiller le gouvernement). L’idéologie du libre marché s’installe progressivement, tout comme la liberté des médias, pour le meilleur comme pour le pire.
Avec les deux guerres mondiales, on note une participation accrue des gouvernements dans le contrôle des médias pour polariser l’effort de guerre en diffusion leurs messages à la radio lors des heures de grandes écoutes. Indirectement, le gouvernement recommence à jouer un rôle de financement. Mais avec le développement de la radio et par la suite de la télévision, certaines réflexions arrivent quant à la difficulté de contrôler le gouvernement à cause de son expansion (plan Marshall, état providence). De plus en plus de voix s’élèvent pour que des standards de qualités soient définis. Force est d’admettre qu’il y a encore beaucoup de gens réclamant des standards avec l’apparition de pseudo journalistes, ou peut-être plus des leaders d’opinion.
Toujours est-il que de nos jours les médias sont tellement présents qu’ils influencent l’agenda building des politiques. Nous avons qu’à nommer la décision gouvernementale de lancer la commission Charbonneau suite aux émissions de journalismes d’investigation Enquêtes. Pour prouver le pouvoir pondérant des médias dans l’espace public certains auteurs se sont intéressés à l’agenda setting. Cette notion signifie que les enjeux sélectionnés et présentés par les médias gagnent en importance aux yeux des citoyens, donc de l’opinion publique et par conséquent intègrent l’agenda politique. En plus, le « cadrage » utilisé par les médias pour donner l’information est de plus en plus remis en question quant à l’objectivité de l’information circulée. Tout est aussi une question de timing. Aujourd’hui, avec l’étendu d’Internet, les stratégies des communications politiques se tournent vers des médias sociaux sans même que l’utilisateur s’en aperçoit. Par exemple, durant la première campagne électorale de Barak Obama, ce dernier a mis en place un empire pour élaborer un plan de Microtargeting cherchant à utiliser la base de données internet pour aller chercher plus de votes dans les États dits «swing states. À ce niveau, Facebook a été d’une utilité incroyable pour les démocrates cherchant à attirer les votes des électeurs indécis.
Le phénomène est tel qu’on ne réalise même plus l’ampleur des médias dans le contrôle de l’information et dans l’impact qu’ils possèdent sur le gouvernement. Nous entrons dans une aire nouvelle ou beaucoup de personnes véhiculent de l’information sur internet, informations reprises ensuite par des milliers de personnes sans même avoir de preuve valide dans certaines circonstances. Tout cela mène à penser que plus les technologies se développeront plus le rôle et l’éthique journalistique devra être redéfinie.
Jean Ismert
Commentaires
Questions épineuses qui demandent une continuelle réflexion ...en effet !