Chapitre 13 : La Finlande, le Québec et le PISA: une rencontre inattendue (Guy Pelletier)
Chapitre 13 : La Finlande, le Québec et le PISA: une rencontre inattendue (Guy Pelletier)
Mise en contexte
Le PISA existe depuis 2001, il s'agit du Programme international pour le suivi des acquis des élèves. C'est une forme de «benchmarking» servant à comparer divers pays du monde sur le plan de l'éducation. Les tests du PISA reviennent tous les 3 ans depuis 2001 et ciblent les élèves de 15 ans. Depuis le tout début du programme, les résultats aux épreuves du PISA ont révélé la qualité du système d'éducation finlandais, mais aussi, dans une moindre mesure, celui du Québec. Dans ce chapitre, l'auteur compare la Finlande et le Québec sur le plan de l'éducation et présente les principaux défis auxquels les systèmes d'éducation de ces deux pays doivent faire face.
L'auteur débute en proposant des éléments de réponses dans l'histoire, la géographie et la culture de ces deux pays. Il en ressort, entre autres, que le Québec et la Finlande sont tous deux des ilots linguistiques et que cette situation a historiquement amené l'État à s'impliquer davantage dans la protection et le développement de l'éducation. Aussi, dans les deux états, le secteur de l'éducation a connu d'importantes réformes dans les années 1960, un moment où les gouvernements ont voulu tendre vers une distribution équitable de la prospérité croissante (p.291).
On compare ensuite les systèmes d'éducation des deux pays, qui somme toute, se ressemblent. Notons sommairement que dans les deux pays, les enseignants sont formés à l'université et qu'ils ont une certaine latitude dans le choix des méthodes pédagogiques. Dans les deux cas, les systèmes apparaissent peu décentralisés, car les ministères responsables exercent un pilotage très normatif (p.294).
L'auteur analyse aussi les résultats des épreuves du PISA de 2001 à 2012 pour comparer le Québec et la Finlande. Il en ressort que le Québec et la Finlande ont des résultats assez similaires, la Finlande surclassant légèrement le Québec depuis 2001, et que ces deux pays sont bon an mal an parmi les meilleurs, du moins sont-ils toujours significativement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE (p.297).
Pour expliquer le secret de cette réussite, l'auteur aborde la différence entre les deux grands courants mouvements dominants en matière d'éducation : «celui de l'efficacité de l'école à des résultats mesurables (school effectiveness) et celui du développement de l'école et de ses agents (school improvement)» (p.298).
Dans le premier cas, on vise la performance des élèves et des écoles par des évaluations fréquentes des élèves, des enseignants et des écoles, qui sont classées en palmarès; l'enseignement est très structurés et vise l'apprentissage d'un ensemble de connaissances de base. Le courant du school improvement se concentre quant à lui sur la notion «d'équipe-école», le respect du contexte local, le travail collaboratif, une forte valorisation des enseignants, etc. (p.299) Selon l'analyse des auteurs les systèmes d'éducation de la Finlande et du Québec s'apparentent au school improvement, et c'est ce qui peut le mieux expliquer leur réussite.
Toutefois, l'auteur s'inquiète des dérives possibles du système finlandais, qui victime de son succès, commence à ressentir la pression de la performance. Or, on sait que la façon la plus sûre de préparer des élèves à réussir des tests est de leur faire faire beaucoup de tests. L'auteur émet l'hypothèse que la Finlande est actuellement en train de se faire déclasser par des pays asiatiques utilisant cette méthode propre au school effectiveness, comme au Japon où le taux de suicide des élèves est le plus élevé du monde. Elle pourrait donc être tentée de dévier de son modèle d'éducation, qui a fait son originalité et sa force, afin de rester au sommet (p.301). Le système finlandais est aussi aux prises avec un taux élevé d'inscriptions aux programmes d'études, ce qui en bloque l'accès aux jeunes à certains programmes postsecondaires.
L'auteur se concentre ensuite sur le modèle d'éducation québécois et de son évolution durant les dernières décennies. Selon l'auteur, si le système d'éducation québécois s'apparente surtout au school improvement, on observe tout de même depuis la Loi 88 de 2008 un virage vers le school effectiveness, fruit d'une certaine influence américaine (p.301).
On peut se demander pourquoi le système d'éducation américain, significativement moins performant que le système québécois, aurait une influence sur celui-ci. L'auteur avance une hypothèse originale pour répondre à cette question : la population et les médias ont des préjugés négatifs envers notre système d'éducation, ainsi qu'un manque d'intérêt flagrant, voir une suspicion systématique, par rapport aux résultats pourtant très positifs du Québec au PISA. Le fait que le contenu médiatique à propos du système d'éducation québécois soit constamment négatif ou alarmiste dévaloriserait donc l'expertise de ceux qui y travaillent et favoriserait l'enseignement privé (p.303).
En conclusion, le PISA a permis de faire des rapprochements entre le Québec et la Finlande, où l'on trouve deux des systèmes d'éducation les plus performants au monde. Cependant, la question est de savoir s'ils seront en mesure de relever les défis qui pèsent sur leur système d'éducation respectif à temps pour rester parmi les meilleurs tout en gardant leur spécificité.
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