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La banalisation de l'extrême droite dans les pays nordiques, résumé et court commentaire

Banalisation de l’extrême droite dans les pays nordiques, Olivier Truc
Social-démocratie 2, chapitre 16
Résumé par Geneviève Ling pour le cours ENP 7505

Contexte
Derrière un système socio-politique faisant plusieurs envieux se cache une montée marquée de la droite politique dans les pays scandinaves. En présentant les partis de droite de la Norvège, du Danemark, de la Finlande et de la Suède, l’auteur Olivier Truc trace un portrait de cette réalité politique de plus en plus présente au sein même des Parlements nordiques.
La notion de droite politique peut varier d’un pays à l’autre selon les valeurs promues. Par exemple, les libéraux, lorsqu’ils défendent l’interventionnisme économique et que leur politique se concentre sur les mœurs des citoyens sont considérés comme étant de gauche (comme aux États-Unis). Ils seront par contre perçus comme étant de droite si le libéralisme économique est dominant et les mœurs ne font pas l’objet de débat (comme en France). Il peut également arriver que les deux aspects s’observent en même temps comme dans les pays scandinaves. Les caractéristiques habituellement associées à la droite sont l’ordre, la sécurité, la tradition et le conservatisme. Celles associées aux idéologies de gauche sont l’égalité, la solidarité et le progrès.

RÉSUMÉ

L’extrême droite monte partout en Europe et les pays nordiques n’y échappent pas. À l’exception de la Suède, la tendance montre une baisse des sociaux-démocrates et une banalisation de la droite populiste.

La Norvège

Lors des élections de septembre 2013, le Parti du progrès (FrP), mouvement de droite populiste, gagne une place dans la coalition gouvernementale pour la première fois de son existence.

Histoire de la transformation d’un parti d’extrême droite en un parti respectable

Fondé en 1973 par C. I. Hagen (À la même époque, le Front National de France naissait.), le FrP a su se transformer lorsqu’une nouvelle chef de parti plus rassurante a pris la barre. En effet, Siv Jensen a collaboré avec les autres partis du gouvernement, allant même jusqu’au compromis. Le FrP est maintenant le partenaire naturel du parti conservateur.
Il n’en reste pas moins que le parti conserve ses valeurs anti-impôt, anti-sociale-démocratie, anti-bureaucratie et anti-immigration. Contrairement aux autres partis, le FrP envisagerait de puiser dans la manne pétrolière pour le moindre problème économique. Son premier succès électoral en 1987 s’est fait sur la prémisse antimusulmane. Son fondateur aurait mentionné «Tous les musulmans ne sont pas des terroristes, mais tous les terroristes sont des musulmans». Bien qu’il se détache des partis d’extrême droite, le FrP continue à dire que l’immigration menace la culture et l’État-providence norvégiens. Parti favorisant un libéralisme économique, il serait toutefois moins anti-Union Européenne que d’autres partis populistes nordiques. En 2009, le FrP obtient son meilleur résultat aux élections avec 22,9% des suffrages, loin devant le parti conservateur.
Depuis ce temps, deux événements sont venus miner le succès du FrP. Premièrement une série de scandales sexuels auraient impliqué des dirigeants du parti. En second lieu, le double attentat de juillet 2011, qui fit 77 morts (dont 69 étudiants de la Ligue des jeunes travaillistes) vint ébranler la réputation du FrP. En effet, le terroriste Anders Behring Breivik avait été membre du parti pendant 10 ans. Le FrP a refusé d’admettre la ressemblance entre le discours de Breivik et son ancienne ligne de parti notamment sur « l’islamisation rampante de la société norvégienne ».

Le Danemark


Le Parti du peuple danois (DF) fondé en 1995 par des dissidents du Parti du progrès danois, Pia Kjaersgaard en tête, est plus nationaliste et extrémiste que le FrP de Norvège. Entre 2001 et 2011 il fut l’allié du gouvernement libéral-conservateur. Son programme sur les limitations de l’immigration est accepté par la majorité des Danois et même des partis de gauche. Le DF a même fait voter des lois comme celle interdisant le mariage avec un étranger avant 24 ans. Malgré ces orientations très proches du Front National, le DF tire ses origines de la tradition travailliste et défend l’État-providence.

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume

En 2009, le Danemark est aux prises avec une guerre de gangs entre les Hells Angels et les Bandidos ouvrant la porte à de nouveaux groupes criminels. Les Hells Angels sentant le vent politique du Danemark et souhaitant politiser ses revendications ont utilisé les mêmes idéologies que le DF en dénonçant publiquement « ces criminels d’origine arabe qui haïssent tout ce qui est danois ». Le groupe se posait comme défenseur des droits du Danemark et des Danois. Évidemment, les partis politiques ont refusé cette association.

Le renouveau du DF

Le nouveau président du parti, Kristian Thulesen Dahl montre une image plus ouverte que Mme Kjaersgaard et attire de nouveaux électeurs. La ligne de parti demeure par contre encore « Le Parti du peuple danois n’accepte pas que le Danemark se transforme en une société multiethnique (…) Le libre accès au Danemark détruit notre État-providence ». Le succès ne s’est pas atténué depuis et certains journaux ont grandement aidé la cause. L’affaire de la caricature de Mahomet en 2005 n’a fait qu’attiser le sentiment anti-immigration au Danemark. Participant activement au parlement et se montrant conciliant sur plusieurs aspects, le DF a pu faire renforcir les règles restrictives d’immigration. (Note de l’auteur : en juin 2015, les élections ont amené la coalition de droite au pouvoir. Lars Lokke Rasmussen du parti libéral déloge Mme Helle Thorning-Schmidt du parti social-démocrate. La nouvelle présidente du Parlement est Mme Kjaersgaard.) L’acceptation par le parti libéral du DF a largement contribué à la crédibilité de ce dernier.

La Finlande

Le Parti des Finlandais (PS) d’idéologie de droite populiste, créé en 1995 a comme prémisse l’anti-établissement, l’euroscepticisme et est fortement anti-immigration. À cet effet, un des élus populaires du PS en 2011 est fier d’avoir été condamné pour avoir écrit sur son blogue « les demandeurs d’asile sont comme des bandes d’Africains violeurs ou des parasites qui vivent sur le dos des contribuables ». Lors des élections de 2011, les Finlandais ont opté pour une direction de gauche tout en envoyant un message clair : ils étaient échaudés par de nombreux scandales financiers et ont placé le PS en troisième place après le parti de Centre gauche et les Sociaux-démocrates. (Note de l’auteur : en avril 2015, les élections législatives ont mis à la tête du gouvernement une coalition de droite, le Parti Social-démocrate n’arrivant qu’en 4e position derrière le SP.)


La Suède

Le parti de droite en Suède n’est entré au Parlement qu’en 2010 car il n’avait toujours pas jusqu’à ce moment, assez de votes. La Suède est le seul pays nordique dont la droite est non pas issue de protestations contre l’établissement mais plutôt d’une extrême droite dure ayant pris naissance au sein du néonazisme. Le Parti démocrates de Suède (SD) est apparu en 1988.

Du néonazisme à la droite respectable

En 1979, le mouvement « Pour une Suède suédoise » (BSS) entre en scène. Le principal message du BSS est d’arrêter l’immigration. La plupart de ses membres viennent de groupuscules néonazis. Dans les années 1990, le parti Nouvelle Démocratie est créé. Il s’agissait d’un parti typiquement populiste, néolibéral contre la Suède-sociale-démocrate. Le parti finit par s’autodétruire suite à des dissidences internes. Pendant ce temps, sous l’ombre de la Nouvelle Démocratie, naissait le SD aussi fondé par des partisans néonazis. Il demeura longtemps anecdotique.
Dans les années 1990, le SD a décidé de renoncer au nazisme, au point même qu’un membre du parti exprimant de tels propos était immédiatement exclu. En 1994, 40% des candidats étaient encore liés au nazisme. Après 15 années de nettoyage, le SD gagne en popularité, récoltant 5,7% des voix aux élections de 2010 et envoyant 20 députés au Parlement. On voit par contre un échec significatif des moyens d’intégration des nouveaux arrivants. 17% de la population suédoise a des origines étrangères et on retrouve à même ce groupe de 3 à 4 fois plus de chômage que dans la population suédoise.


Un parti de droite à l’avant-garde?

Afin d’assurer son détachement du nazisme, le SD a fait d’Israël un pays ami et flirterait avec l’idéologie du counterjihad. L’assassin Breivik se serait clairement revendiqué de cette théorie. Le counterjihad a trois convictions :
1. Il y aurait une conspiration entre l’Europe et les pays musulmans producteurs de pétrole. D’après cette théorie dite Eurabia, les pays producteurs de pétrole auraient accepté de livrer du pétrole à l’Europe en échange de quoi celle-ci devrait ouvrir ses portes aux musulmans et se soumette à l’islam.
2. Il n’y aurait pas de musulmans modérés.
3. Les musulmans disposent d’une arme secrète : ils font plus d’enfants. Par cette arme « démographique », ils envahiront l’Europe.

CONCLUSION

Lors d’une entrevue à l’émission Médium Large le 11 août 2014 à la chaîne de radio Ici Radio Canada, Stéphane Paquin, co-directeur du livre mentionnait que lorsque les scandinaves se comparent à eux-mêmes, ils ont l’impression que leur situation générale se détériore et qu’ils sont trop taxés. Un fort sentiment islamophobe fait également surface (comme dans bien des pays d’Europe). L’addition de ces facteurs favoriserait donc la montée de la droite populiste.
On note une banalisation des idées de droite populiste et des opinions xénophobes. Au Danemark, la parution de la caricature de Mahomet dans un journal et le scandale qui s’ensuivit cachait aussi une acceptation du sentiment antimusulman derrière une liberté d’expression. Les partis sociaux-démocrates de certains pays tentent de damer le pion aux partis de droite en instaurant des lois plus restrictives pour l’immigration, mais cela ne fait qu’enlever leur âme sans empêcher la droite de monter.

Le 7 septembre 2015, Le Figaro publiait une publicité écrite par le ministère de l’immigration du Danemark adressée aux migrants. Celle-ci spécifiait que les allocations sociales accordées aux nouveaux arrivants seraient réduites de 50% et que tout migrant devrait parler et comprendre le danois. Une personne n’obtenant pas son permis de résidence serait renvoyée rapidement.

BIBLIOGRAPHIE

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Danemark : percée historique des nationalistes, la droite aux portes du pouvoir
Le Monde.fr avec AFP. (19.06.2015 à 16h45). Page consultée le 16 octobre 2015. http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/18/danemark-les-deux-blocs-au-coude-a-coude-aux-legislatives_4657537_3214.html
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