Les droits autochtones: la théorie du petit pas
J'ai rencontré Stephen...
Stephen: Hmmm...
Laila: Vous savez les Indiens, les autochtones, les aborigènes, les Inuits…
Stephen: Ah oui, certainement!
Laila: Qui sont-ils ?
Stephen: Ceux qui ne payent pas d’impôts.
Laila: Où vivent-ils?
Stephen: Dans les réserves.
Laila: Et lorsqu’ils sortent des réserves ?
Stephen: Ils trainent… mais ils ont une préférence pour la station de métro Atwater.
Laila: Avez-vous participé à la manif du 9 octobre 2015 ?
Stephen: Contre l’austérité?
Laila: Hmmm…
Stephen: Ai-je bien répondu?
Laila: Non, mais savez-vous pourquoi? Parce que vous n’avez pas assisté à la conférence organisée sur les droits aborigènes le vendredi 9 octobre 2015 par le Professeur et ancien ministre aux affaires autochtones Rémy Trudel, en présence de la Présidente de femmes autochtones du Canada, Madame Michelle Audette et du Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador Monsieur Ghislain Picard.
Mais, ne vous en faites pas! Ce n’est pas grave puisque je partagerais avec vous ce que j’ai pu apprendre.
Stephen: C’était où?
Laila: Sur les terres de la nation Mohawk… à Montréal!
Stephen: Alors d’où viennent-ils ?
Laila: Commençons par le commencement, ils étaient là. C’est Jacques Cartier qui est venu en 1534 et qui fut accueilli par des autochtones et plus précisément par la nation iroquoise de Stadaconé. En dépit de leur présence, il décide de planter une croix sur l’île de la Gaspésie au grand dam de ces derniers. Il faut savoir que culturellement, le rapport à la terre est complètement différent. Les autochtones de l’époque protégeaient la terre alors que les Européens désiraient se l’approprier. Mais, sachez que jamais les nations aborigènes n’ont été conquises.
Stephen: Et qu’elle est la différence entre les Inuits et compagnie…?
Laila: Vous ne voyez probablement pas cette différence, mais eux si. Il faudra attendre la loi constitutionnelle de 1982 pour distinguer les Premières Nations, les Inuits et les Métis. À ce titre on constate une prédominance des Premières nations environ 60% par rapport aux Inuits et aux Métis. Actuellement, on estime les populations autochtones à 1,4 million de personnes soit 4% de la population canadienne. Toutefois cette population pourrait doubler d’ici les 25 prochaines années. Alors qu’en 1534, on comptait près de deux millions d’autochtones, ces nations auront été victimes d’un génocide culturel qui les décimera et réduira leur population à 102 000 en 1871.
Stephen: Génocide culturel, n'est-ce pas un terme un peu trop fort ?
Laila: Je ne fais que rapporter les propos du rapport de la Commission vérité et réconciliation. L'avez-vous lu?
Stephen: Non, mais c'est comme l'histoire des pensionnats.
Laila: Et un peu comme celle des femmes autochtones, « dix de perdues, une de retrouvée ».
Stephen : De toute façon que voulez-vous faire pour des gens qui ne votent quasiment jamais ?
Laila : Votre question est tout à fait légitime. Mais savez-vous que lors des élections fédérales de 2011 seulement 61% de la population s’est rendu aux urnes. En d’autres termes, 39% de cette même population n’a pas fait valoir son droit de vote. Devons-nous pour autant les ignorer?
Imaginez-vous que le niqab (un bout de tissu, made in China) a eu plus d’échos lors des débats électoraux que les questions concernant les nations autochtones en matière d’accès au logement, à l’éducation et à la santé.
Premièrement, le droit des nations autochtones est avant tout une question de dignité humaine et de justice sociale, qui devrait aller au-delà des clivages partisans. Deuxièmement, il y a des raisons de principe qui poussent certaines nations à ne pas se prévaloir de leur droit de vote. Évidemment, il faut respecter cela. Il est possible d’encourager le vote, mais pas de le rendre obligatoire. Cependant, la question concernant la participation citoyenne au processus démocratique fait partie d’un débat interne, entre les nations. Mais ne vous méprenez pas, les choses évoluent (54 candidats autochtones aux élections fédérales de 2015) puisque lors de cette campagne électorale, « les Premières Nations comptent! » Voilà le slogan que portait cette énième marche pour les droits autochtones.
Hasard ou concours de circonstances, elle se déroula le même jour que notre conférence. Ainsi et pour faire honneur au titre du cours « Défense des droits et gestion participative », nous avons décidé avec mon collègue d’y participer!
Stephen : Où avez-vous appris tout cela ?
Laila : À l’École nationale d’administration publique! Vous pouvez postuler, mais l’acceptation est conditionnelle à l’excellence du dossier académique.
Stephen: Vous savez j'ai 56 ans, je suis un peu trop vieux pour apprendre de nouvelles choses.
Laila: La retraite anticipée…
Nous ne sommes pas là pour refaire l’histoire, mais pour faire l’avenir.
Consœurs et confrères « il est impossible de faire de l’administration publique sans tenir compte des droits ancestraux des autochtones » Rémy Trudel.
Laila
Commentaires
Excellent texte! Instructif et humoristique. Bravo!