Blogue2: TTMC - Quand derrière un État de droit se cache une dictature moderne : Cas des pays du Sud
Quand derrière un État de droit se cache une dictature moderne : Cas des pays du Sud
En Afrique, la séparation des pouvoirs, l’alternance politique, l’indépendance de la justice, constituent une exception[1].
L’État ne fonctionne pas selon la loi : L’application de la justice est incorrecte, le suffrage du peuple n’est pas considéré à sa juste valeur, le pouvoir est dans la plupart des cas obtenu par la force, etc. …
Les règles constitutionnelles établies ne sont malheureusement toujours pas un argument de limitation de la longévité des dirigeants.
Des cas plus proche de nous dans le temps, en sont des exemples patents : Le Cameroun, Le Tchad, la Guinée Conakry, où les constitutions ont été modifiées de façon à assurer la pérennité du président au pouvoir.
Nous sommes tous plus ou moins au courant des derniers évènements survenus au Burkina Faso. Le président de la république Blaise Compaoré, déchu de ses fonctions par une foule de citoyens en colère disant STOP à sa tentative de modification de la constitution. Ce qui lui aurait permis, en plus des 27 années déjà passées au pouvoir, de s’assurer deux septennats supplémentaires selon l’opposition.
Il faut savoir que l’article 37 avait déjà été modifié en 1997 et en 2000 par le président et toujours dans le but de rester au pouvoir[2].
Est-ce un fléau des pays en voie de développement ou purement humain d’aimer le pouvoir au point de ne plus vouloir le quitter, qu’importe vents et marrées, rester au point d’en sortir ridicule ou carrément mort ?
Au Cameroun par exemple, le Président de la République est élu au suffrage universel direct à un tour et à la majorité des suffrages exprimés. (Ceci signifie qu’on devient président même avec une majorité de 19%). Aussi, il a le pouvoir de promulguer les lois et représente l’État dans tous les actes de la vie publique[3].
Au vu de ceci, nous voyons donc bien que premièrement, le peuple n’a pas la possibilité de modifier le choix final lorsqu’il n’est pas en accord avec les résultats obtenu et deuxièmement la majorité des suffrages exprimés n’est pas forcement sinon pas du tout la volonté de la majorité de la population.
C’est malheureusement monnaie courante dans beaucoup de pays du Sud.
Combien de cas comme ça encore pour réveiller les « dictateurs » encore au pouvoir ?
Mercier (2002, p.399) démontre bien malheureusement la concentration et centralisation administrative dans les pays du sud.
En général, l’administration nationale est surdéveloppée et souvent paternaliste vis-à-vis des entités régionales et locales. L’autorité politique et la prise de décision sont extrêmement centralisées au niveau national. Cette centralisation et cette concentration sont aussi les conséquences principales du système présidentiel tel qu’il est pratiqué dans ces pays. De nombreux pouvoirs se retrouvent au niveau supérieur de l’exécutif : le président, surtout dans les dictatures, prend des décisions à tous les niveaux et les ministres sont relégués à un travail de secrétariat[4].
Il est pour ma part, inadmissible que, dans un État de droit, un président ou toute personne visant le pouvoir ait la capacité de créer ou modifier des lois, car il fera toujours primer ses propres aspirations au détriment de son peuple.
Nous voyons l’exemple du Québec où les lois sont créées par l’Assemblée nationale. Les députés de l’Assemblée nationale proposent et votent les projets de loi (qui sont approuvés par le lieutenant-gouverneur représentant de la Reine du Canada) pour devenir enfin des lois[5]. Derrière ces lois se cachent en majorité les besoins de la population, car les députés sont élus par ceux-ci et ils choisissent le député qui écoute son peuple et veille à son bien-être. Aussi, la plupart des ministres nommés sont d’abord des députés, ce qui renforce bien le fait que la population fait son choix. En plus du choix du peuple, tout doit être approuvé et tout doit faire l’objet d’une reddition de compte[6].
Quand on sait que la stabilité politique vient avec l’État de droit qui est à la base de toute démocratie, il s’avère assez urgent pour les États africains de mettre en place une plateforme solide où le peuple se sentirait écouté et ses volontés respectées sans équivoque.
TTMC
Sources :
MERCIER, Jean (2002). L’ADMINISTRATION PUBLIQUE, De l’École classique au nouveau management public, Les Presses de l’Université Laval
SUDOUEST, (Page consultée le 8.11.2014). Burkina Faso : émeutes urbaines contre le régime Compaoré. [en ligne], http://www.sudouest.fr/2014/10/30/burkina-faso-emeutes-urbaines-contre-le-regime-compaore-1720876-4803.php
Educaloi, (Page consultée le 8.11.2014). Les lois au Canada et au Québec. [en ligne], http://www.educaloi.qc.ca/capsules/les-lois-au-canada-et-au-quebec
REPUBLIQUE DU CAMEROUN, (Page consultée le 7.11.2014). Le Président de la République. [en ligne], https://www.prc.cm/fr/le-cameroun/les-institutions/174-le-president-de-la-republique
TRUDEL, Rémy (Session Automne 2014). Principes et Enjeux de L’Administration Publique Notes de cours ENP-7505-PROFTRUDEL
[1] Africanalyse Page consultee le 9.11.2014
[2] Sudouest – page consultée le 5.11.2014
[3] Prc.cm- page consultée le 7.11.2014
[4] MERCIER, Jean (2002). L’ADMINISTRATION PUBLIQUE, De l’École classique au nouveau management public, Les Presses de l’Université Laval
[5] Educaloi-page consultée le 5.11.2014
[6] TRUDEL, Rémy (Session Automne 2014). Notes de cours ENP-7505-PROFTRUDEL (Séance 1)
Commentaires
ttmc... Bien reçu pour nourrir nos connaissances et mieux se former une opinion. Bonnes suites.