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Blog#2 - Turgeon-Bertrand - Doit-on privatiser la SAQ?

Blog # 2 – Turgeon-Bertrand

Doit-on privatiser la SAQ

 

            La Société des alcools du Québec, ci-après SAQ, est une entreprise d’état très connue; elle possède le monopole de la vente d’alcool dans notre province. Elle a comme mandat« de faire le commerce des boissons alcooliques en offrant une grande variété de produits de qualité » (SAQ, page consulté le 17 novembre 2014). C’est une entreprise qui engendre plus d’un milliard de profits qui sont versés au gouvernement québécois (Duhamel, page consultée le 12 novembre). En date du 21 octobre 2014, la SAQ possédaient 401 succursales et 437 agences au Québec (Desjardins, page consultée le 17 novembre 2014). Depuis quelques années, les medias parlent régulièrement de la privatisation de la SAQ. Une recherche rapide sur internet nous le confirme. Plusieurs partisans de l’économie de marché et de la décroissance de l’état trouvent que les prix à la SAQ sont trop élevés et que l’offre de produit n’est pas assez diversifiée. Selon les tenants de la privatisation, le Québec gagnerait beaucoup en vendant la SAQ à des intérêts privés et en ouvrant le marché à la concurrence. L’État pourrait récolter autant de revenus de la vente d’alcool en gardant les taxes élevées. Nous ne sommes pas de cet avis.

 

En premier lieu, comme la SAQ est une société d’état, son mode de fonctionnement, son budget et ses orientations doivent être approuvés. Elle doit aussi rendre des comptes au gouvernement, et par le fait même, à la population. Cela assure un gage de qualité et de sécurité sur les produits vendus. Il est donc presque impossible au Québec que la vente d’alcool, contrôlée par l’État, serve à la fraude ou à quelques activités illégales. C’est une sécurité de plus pour notre province, qui joue ici son rôle de « bon père de famille ». L’entrepôt de la SAQ est d’ailleurs rempli d’alcool de contrefaçons de mauvaises qualités (Frigon, 2014). Plus que cela, le fait que son fonctionnement soit décidé par le gouvernement permet à la société d’état de ne pas considérer le profit « à tout prix » comme objectif organisationnel. En effet, qui peut se plaindre du service offert par la SAQ? Serait-il possible de se faire rembourser un produit que l’on n’aime pas, même si celui-ci est ouvert et dégusté, aussi facilement dans un commerce privé? En 2009, « la SAQ devient un des premiers organismes publics à dévoiler son Plan d'action en matière de développement durable » (SAQ, page consulté le 18 novembre 2014). En plus, la mission sociale de la société d’état permet à celle-ci d’être partenaire avec Éduc-Alcool, une ONG consacrée à l’éducation sur la consommation d’alcool. Verriez-vous un l’industrie du tabac être partenaire de la société canadienne du cancer?

 

Certains déplorent l’échelle salariale de la société d’état. Les salaires y sont plus élevés que dans les autres commerces de détails. « Le coût de distribution au détail dans les commerces d’alimentation du secteur privé est significativement inférieur au coût du réseau de succursales de la SAQ, notamment en raison des conditions de travail hors normes dont bénéficie le personnel en succursale par rapport à la moyenne du commerce de détail », selon la Fédération des chambres de commerce du Québec (Desjardins, page consultée le 17 novembre 2014). Selon nous, ce sont plutôt les salaires de commis dans les commerces, qui avoisinent souvent le salaire minimum, qui ne sont pas assez élevés. Avez-vous déjà pensé comment il pourrait être difficile de fonder une famille avec le salaire qu’offre des compagnies tel que « Walmart » ou « Couche-Tard »? Au moins, avec le salaire offert à la SAQ, il est plus facile de vivre convenablement, et donc de payer plus d’impôt et de recevoir moins d’aide de l’état. En plus, le salaire des employés de la SAQ sont dépensés pour la majeure partie dans la province. Leur pouvoir d’achat permet de mieux stimuler l’économie et le Québec en récupère une partie dans les taxes de vente.

 

La SAQ peut aussi être vu comme un outil au service des régions. En effet, la SAQ fourni les mêmes prix et les mêmes services à tous les québécois, peu importe leur éloignement des grands centres. Le prix d’une bouteille de vin est le même à Havre-Saint-Pierre qu’à Montréal. Il y a fort à parier, que loin des centres urbains, les épiciers privés augmenteraient les prix et pourraient facilement le justifier avec les coûts de livraison plus élevés.

 

En guise de conclusion, nous aimerions souligner que la SAQ fait partie du « modèle Québécois ». Elle existe sous le principe de solidarité, car elle permet la redistribution des richesses. En effet, les bien-nanties dépensent beaucoup plus en bien non-essentiel, comme l’alcool, que les plus démunis. L’argent de la SAQ peut donc être réinvestit dans les programmes sociaux si chers au Québec. Mais, la SAQ fait aussi partie de la vision entrepreneuriale de la province. L’État cherche sans-cesse à améliorer la rentabilité de sa compagnie et les services offerts afin qu’elle soit compétitive à l’échelle nationale. En effet, lors d’une étude réalisée par le journal « Le Droit », il n’y avait qu’un écart de 2% supérieurs sur les prix de la SAQ versus sa consœur ontarienne, la LCBO (Leblanc, page consulté le 18 novembre 2014). Par contre les consommateurs québécois peuvent économiser d’avantage grâce aux succursales « SAQ Dépôt » et donc, payer moins cher que les ontariens pour leur alcool. Somme toute, privatiser la SAQ serait faire un pas de plus vers la désintégration de notre société distincte.

 

Bibliographie :

 

DESJARDINS, François (2014). Nouveau plaidoyer pour la privatisation de la SAQ, [en ligne], Le Devoir, http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/421614/commission-sur-l-examen-de-la-fiscalite-nouveau-plaidoyer-pour-la-privatisation-de-la-saq, (Page consulté le 17 novembre 2014)

 

DUHAMEL, Pierre (2013). Le Milliard de la SAQ, [en ligne], L’actualité, http://www.lactualite.com/opinions/le-blogue-de-pierre-duhamel/le-milliard-de-la-saq/, (Page consultée le 12 novembre 2014)

 

FRIGON, Gaétan (2014). « La SAQ et le mythe du privé », Journal de Montréal, Montréal,mercredi 05 novembre 2014.

 

LEBLANC, Daniel (2013). LCBO ou SAQ: qui offre le panier le moins cher?, [en ligne], Le Droit, http://www.lapresse.ca/le-droit/actualites/actualites-regionales/201308/16/01-4680701-lcbo-ou-saq-qui-offre-le-panier-le-moins-cher.php, (Page consulté le 18 novembre 2014)

 

SAQ (2014). La SAQ, [en ligne], SAQ, http://www.saq.com/content/SAQ/fr/a-propos/la-saq.html, (Page consultée le 17 novembre 2014)

 

SAQ (2014). Historique, [en ligne], SAQ, http://www.saq.com/content/SAQ/fr/a-propos/la-saq/historique.html, (Page consultée le 18 novembre 2014)

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Belle argumentation quand on regarde sous l'angle d'une certaine distinction sociale, sous l'angle d'une approche gouvernementale de protection de sa population etc...par contre l'oeuil du simple consommateur peut être assez different surtout s'il a eu à visiter d'autres pays (je ne citerais pas de noms) où pour une même marque de boisson, il paie 3 fois moins qu'au Québec (sans exagération)...

  • Je suis en accord également avec le maintien de la SAQ ''publique'', car en effet, les retombées monétaires actuelles de cette société ne pourraient être retirées et ne pas avoir d'impact significatif dans l'économie Québécoise (hausse de taxe, privatisation de d'autres services). De plus, il est vrai que contrairement à certaines provinces où les territoires éloignés paient l'alcool plus cher en lien avec les coûts de transport, au Québec le prix se veut fixe et donc avantageux pour certains. Du point de vue social, pour ma part, il s'agit d'une fierté de savoir que le Québec responsabilise sa population à la consommation d'alcool et que l'argent issu de la vente de celle-ci soit redistribué à l'état par la suite. Un modèle qui tout au contraire devrait être copié par d'autre.

  • Bel article! non seulement la SAQ permet d'investir dans les programmes sociaux mais elle permet aussi de réduire la dette du Québec. C'est une source de revenus pour le fonds des générations . Donc ce serait bien de la maintenir publique ,elle est bien gérée et comme tu l'as dit il n'existe presque pas de contrefaçons.

  • Bel article qui nous démontre bien les avantages non négligeables d'une société d'État. En effet, la SAQ nous offre un service de qualité que je doute que l'on puisse recevoir dans un État américain. J'ai toujours été bien servi et conseillé dans toutes les succursales où j'ai consommé, et les dégustations nous font découvrir de nouveaux produits ! Bref, je crois qu'on peut être fier de notre société d'État.

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