PARTICIPATION CITOYENNE DANS UN SERVICE DE POLICE : UN EXEMPLE DU SPVSJ À REFAIRE ?
En 2009, le Service de police de la Ville de Saint-Jérôme (SPVSJ) débutait un projet innovateur de gestion participative avec une implication citoyenne. Une première pour un service de police.Ce projet de CSP élargie devait avoir lieu un soir par mois pour une durée d’une année avec des représentants citoyens provenant des 14 districts électoraux municipaux. La responsabilité de la sélection fut attribuée à l’ensemble des conseillers municipaux qui devait soumettre le nom d’un résident de leur district. Il n’y avait pas de critère de sélection, ni de règle établie quant au choix du candidat. La mission de la CSP élargie était de prendre des décisions ensemble afin d’améliorer la sécurité publique de la ville, de diminuer les requêtes des citoyens et d’augmenter le sentiment de sécurité des résidents.
À la première rencontre, les citoyens devaient évaluer leur degré de sécurité et en expliquer la raison. La deuxième portion, était de leur faire connaître l’organisation et la ville (les statistiques de la criminalité, le taux de résolution du crime, le budget d’opération, les ressources matérielles, les installations, les ressources humaines, la mission, les objectifs, les réalisations, etc.), de répondre à leurs questions et d’évaluer à nouveau leur sentiment de sécurité. Ce qui s’est avéré positif puisque le fait d’en apprendre davantage sur l’organisation et de son fonctionnement a rassuré l’ensemble des participants.
Pour les réunions qui ont suivi, les citoyens devaient apporter une liste des requêtes de citoyens de leur quartier afin d’en établir ensemble un ordre de priorité et de faire les choix et les solutions qui s’imposaient ensemble. Rapidement, la direction du service s’est rendu compte que la majorité des requêtes apportées par les représentants étaient des problématiques qui les touchaient directement. Malheureusement, c’est qu’en plus, dès qu’une résolution de problème était appliquée et qu’elle donnait des résultats probants, le citoyen ne venait pas à la rencontre suivante. Pour la totalité des rencontres, il n’y jamais eu l’ensemble des participants. Certains citoyens mentionnaient qu’ils trouvaient l’idée intéressante, mais que des réunions de soir empiétaient trop sur leur vie et que de toute façon ils n’avaient rien à suggérer alors qu’en réalité, la direction ne voulait pas qu’il soulèvent que des problèmes, mais qu’ils réfléchissent et qu’ils décident avec eux sur les actions à privilégier et à prendre. De plus, les citoyens mentionnaient souvent que la seule solution qui devrait être envisagée était l’augmentation des ressources physiques (avoir plus de présence policière), mais sans subir une augmentation des coûts d’opération. Finalement, l’ensemble des participants s’est heurté aussi à une certaine tension structurelle entre les décisions des membres élus de la CSP et les décisions de la CSP élargie (une requête traitée avant une autre par exemple) et le projet n’a pas été renouvelé.
L’idée de ces CSP élargies était innovatrice et il y avait là une option très intéressante à faire progresser pour une organisation policière. Cependant, tel que soulevé dans le texte « Un modèle québécois ? Gouvernance et participation dans la gestion publique» (HAMEL et JOUVE) je me demande pourquoi les gestionnaires et les élues craignent ce concept? En cette période ardue pour eux, il est difficile de comprendre pourquoi cette idée de démocratie participative n’émerge pas à nouveau comme beaucoup de grandes villes à travers le monde. Alors que devant la multitude de problèmes de gestion d’une ville cela pourrait par exemple faciliter la prise de décision des projets d’immobilisations dans des contextes budgétaires difficiles et surtout, d’être transparent dans le processus décisionnel.
Mais il y a également un désintérêt à l’implication citoyenne. Pourtant, face à un certain écœurement des pratiques politiciennes, on doit se mobiliser et créer des conditions d’un réel exercice de la démocratie qui ne se limite pas à voter. Mais comme précise Trudel (texte 4), « est-ce que les exigences de la vie contemporaine (individuelles) permettent-elles de redéployer la gestion participative dans les services publics ? ». Il est certain que ce n’est pas facile de participer quand on est chômeur et que notre souci est de faire vivre sa famille, pas facile non plus de participer quand on est cadre et qu’en plus de notre charge de travail, il faut être disponible pour sa famille et pour la collectivité.
De plus, comme un service de police est souvent évalué par le sentiment de sécurité des citoyens, il faut travailler sur une question de perception de sécurité. Pour l’influencer, il faut multiplier les canaux de communication. La CSP élargie en était un puisqu’il fut prouvé que les citoyens qui avaient accès aux activités et aux actions (qui étaient informés) se sentaient plus en sécurité. Mais pour adopter à nouveau cette idée de gestion participative, il faut établir des conditions gagnantes et s’engager dans les deux sens. Les élus et dirigeants doivent s’associer à la population afin qu’elle puisse participer aux décisions dans la mesure où celle-ci est prête à s’engager, à réfléchir et à proposer des idées dans l’intérêt général de la ville et non, que pour son propre intérêt.
Cependant, comment convaincre les élus et directeurs des services d’expérimenter ces nouvelles pratiques alors que présentement la principale préoccupation est l’impact du projet de loi 3, du défi de gestion qu’il impose, et ce, sans l’appui et la confiance des citoyens. Ce bouleversement organisationnel met en cause certains acquis des employés qui se sentent bafoués. Les gestionnaires quant à eux se sentent impuissants devant le désengagement qui se dessine peu à peu. Ils doivent mobiliser alors qu'eux-mêmes sont touchés par la législation. Comment parvenir en plus à augmenter la confiance et des citoyens, les impliquer et leur faire reconnaître le bien précieux que peut être un employé municipal engagé? Par une participation citoyenne renouvelée, une vision commune, une ouverture des décideurs à être transparent, une adhésion et une représentativité réelle des citoyens et des employés, une cohérence entre le discours et l’action et surtout, une planification sur un horizon temporel réaliste. Bref, par des conditions de réussite !
Sophie Côté
Gestion participative et défense des droits, session automne 2014
Commentaires
BIEN REÇU. SOPHIE ???
ON VA MAINTENANT SCRUTER ÇA AVEC ATTENTION.
BRAVO POUR AVOIR OSÉ.
CONFIRMEZ Votre nom sur proftrudel@hotmail.com svp.
Je vous ai envoyé un courriel vous confirmant mon nom.