M. Pierre-Karl Péladeau (PKP) doit-il se départir de ses intérêts dans Quebecor ?
M. Pierre-Karl Péladeau (PKP) doit-il se départir de ses intérêts dans Quebecor ?
Pour répondre à cette question d’actualité, nous allons nous référer au Code d'éthique et de déontologie de l'Assemblée nationale en son article 45 (2010, c. 30) qui stipule qu'un membre du Conseil exécutif doit, dans les 60 jours de sa nomination ou du fait lui conférant un tel intérêt, soit se départir de ses intérêts dans des entreprises dont les titres sont transigés à une bourse ou pour lesquels il existe un autre marché organisé, soit les transporter dans une fiducie sans droit de regard dont le fiduciaire est indépendant ou encore les confier à un mandataire indépendant en vertu d'un mandat sans droit de regard. Il doit en outre, à l'égard de ces intérêts, se conformer à toute autre mesure ou condition requise par le commissaire à l'éthique et à la déontologie, le cas échéant.
À aucun moment dans l’article il n’est question des chefs de l’opposition ou des membres de l’Assemblée nationale. Ils doivent simplement déclarer leurs intérêts.
Cependant, il est vrai que Québecor détient 35 % du marché audiovisuel au Québec et que PKP détient les trois quarts des actions avec droit de vote de Québecor. Mais, PKP pour se porter candidat et montrer sa bonne foi, a quitté tous les postes de décideur économique qu'il occupait jusque-là (présidence du conseil d'administration d'Hydro-Québec et la vice-présidence du conseil d'administration de Québecor et ceux de Québecor Media et du Groupe TVA). En plus PKP s’est dit prêt à mettre ses actions dans une fiducie sans droit de regard s’il devenait premier ministre, comme le prévoit le code d’éthique des membres de l’Assemblée nationale. Il s'est aussi engagé à faire une déclaration solennelle sur l'honneur pour promettre de « ne jamais intervenir dans le contenu éditorial des médias d'information de quelque manière que ce soit ».
Dans une démocratie, nous sommes contre le fait de fabriquer une loi spéciale contre une personne spécifique en l’occurrence PKP. Mais sachant qu’il existe entre les médias et la politique un rapport étroit, qu’il n'y a pas de vie politique sans opinion publique et pas d'opinion publique sans communication, il est inquiétant de se retrouver demain avec un chef de l’opposition officielle ou un premier ministre qui contrôle des médias. Puisqu’au Canada, un gouvernement majoritaire veut dire que deux des trois pouvoirs (exécutif et législatif) sont dans les mains d’une même personne. Et si en plus cette personne est en plus détentrice des medias il y aura conflit d’intérêt. Dans les démocraties, les medias jouent le rôle incontestable d’information (ils doivent servir à véhiculer des informations plurielles, honnêtes et tenant compte des préoccupations de tous les citoyens de quelque sensibilité qu’ils soient, à passer au crible l’action du gouvernement, d’organiser des débats qui donnent à l’opinion publique le moyen de se faire entendre des autorités politiques) et de divertissement.
Le mandat des médias en tant qu'outil démocratique est d'offrir des comptes rendus véridiques et complets au sujet des événements qui touchent les citoyens et la société. En effet, c’est grâce au travail acharné des medias (Daniel Leblanc) qu’a été révélé à la face du monde le scandale des commandites une affaire politique canadienne relative à l'usage illégal de fonds publics fédéraux pour financer une opération de relations publiques visant à contrecarrer la popularité de la souveraineté dans la province de Québec, un système de ristourne permettait au Parti libéral canadien de se financer à même le détournement des fonds publics. A la suite de ces révélations et après la démission de Jean Chrétien alors Premier ministre du Canada au moment des faits, son successeur, Paul Martin a créé la commission Gomery pour déterminer les responsables à l'origine du scandale. C’est aussi grâce aux medias (Enquête de Alain Gravel) que le système de collusion dans le monde municipal a connu une telle envergure, que le gouvernement fut obligé de créer la commission Charbonneau qui nous a révélé des pratiques inimaginables dans une démocratie. C’est aussi grâce au travail des medias (enquêtes poussées pour trouver les commanditaires de la tentative de cambriolage du siège du parti démocrate) que l’affaire de Watergate qui a conduit à la démission du président des États-Unis, Richard Nixon en 1974 a vu jour.
Les débats radiophoniques ou télévisuels auxquels sont invités les hommes politiques et autres personnalités publiques relèvent d’une importance capitale puisqu’ils, leur permettent de répondre aux questions. Mais cela ne peut se faire que si les médias sont véritablement indépendants des pouvoirs politique (l’exemple récent de M. Silvio Berlusconi ancien président du Conseil italien, propriétaire de la société Mediaset, principal groupe médiatique en Italie nous édifie là-dessus.
Sachant la passion qui caractérise le domaine de la politique, les intérêts en jeu et les dérives auxquelles nous pouvons assister, il est souhaitable qu’une résolution de consensus permettant de légiférer dans la motion dite PKP soit trouvée le plus rapidement possible.
BIBLIOTHEQUES
Alain Gravel Journaliste à Radio-Canada
Bob Woodward et Carl Bernstein, journalistes au Washington Post
Code d'éthique et de déontologie de l'Assemblée nationale Québec
Daniel Leblanc, correspondant du Globe and Mail à Ottawa
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-15638933.html
Commentaires
Particulièrement d'actualité pour l'application de grands principes d'adm. publique.
à lire avec attention.
dites-nous vortre nom.
Bonsoir Monsieur Turdel
Je me nomme TURPIN JOSEPH JEAN CHARLES étudiant en maîtrise a l'ENAP-MONTRÉAL. J'ai juste un oublié de signer mon nom. Désolé pour ce désagrément
Votre blogue soulève un enjeu majeur que M. PKP amené dans le débat public : les relations entre le politique et les médias. Personne n’a pensé qu’un jour une personne comme PKP allait se présenter en politique. Le commissaire à l’éthique et à la déontologie est la personne la mieux outillé afin de soumettre des recommandations au député de Saint-Jérôme pour respecter les règles démocratiques. Laissons le temps à ce dernier de soigneusement regarder la question.
Mais est-ce que d’autres relations entre les médias et le politique sont aussi « douteuses » que le cas PKP ? Nous connaissons bien le lien étroit entre Power Corporation et le Parti libéral du Québec. Lorsqu’André Pratte publie dans La Presse le 3 avril 2014 (une journée avant la dernière élection générale) un éditorial qui se titre : « Trois raisons de voter libéral : économie - référendum – Charte », nous sommes en droit de demander que le débat soit plus exhaustif que le cas PKP.
Je crois que de légiférer sur le fait qu’un actionnaire d’une compagnie médiatique ne puisse avoir de responsabilités d’élus, chef de parti ou même premier ministre est extrêmement délicat. Cela ouvre la porte à d’autres possibilités… par exemple, est-ce qu’une personne qui est actionnaire dans certaines compagnies minières pourrait faire de la politique ? Où est la limite ? Surtout que j’ai l’impression que la population souhaite que les gens d’affaires s’impliquent davantage en politique publique…
Malgré tout, il est clair que des mesures doivent être prises à propos de M. Péladeau.
Je ne voudrais pas être à la place de M. Saint-Laurent, Commissaire à l'éthique et à la déontologie, en ce moment !
Bonne chance !
On dit que la presse est le quatrième pouvoir. Les problématiques concernant M. Pierre-Karl Péladeau sont donc fort importantes et elles doivent être débattus. Je crois que M. Péladeau doit obéir aux normes et règles de la Commission. Il s'est déjà engager à respecter toute nouvelle décision que le Commissaire à l'éthique. Devrait-t-on exigé davantage à son égard? Le cas échéant, questionnons-nous sur le contrôle d'opinion politique par la famille Chrétien Desmarais (La Presse)? Et le cas de Paul Martin. À mon avis, il faudra faire preuve de plus de rigueur.
En effet, compte tenu des chances élevées que PKP deviennent le chef du Parti Québécois et par le fait même de l'opposition compte tenu de sa notoriété, il est clair que même l'apparence d'influence des médias pourrait être fort nuisible à la démocratie. À chaque fois qu'un scandale impliquant PKP surviendrait, il y aurait place au doute sur le traitement de la nouvelle. Cependant, c'est à l'institution de juger les mesures à prendre pour éviter ce doute à mon avis puisque PKP a des droits et il été élu. Par conséquent, l'obliger à vendre les actions familiales pour être chef du parti serait une solution extrême compte tenu que c'est son père qui a fondé l'entreprise. Par ailleurs, sa notoriété vient du fait qu'il a dirigé cette même entreprise. En outre, à ce que je sache, rien n'empêche un ancien premier ministre ou ministre d'aller au privé dans de grosses firmes de conseil ou d'avocats pour être conseiller une fois la politique terminée.