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Création de richesse ! À quel prix ? Les effets pervers du Plan Nord !

Le Plan Nord comporte différents projets (minier- énergétique- forestier- faunique, etc.) qui vont être réalisés sur des terres peuplés de 120 000 habitants dont le quart est autochtone. En fait, le territoire du Nord est la région du Québec où la revendication de l'identité autochtone est la plus forte soit de 27% comparativement à 1% pour le reste de la province (Asselin, 2012).

Ces communautés autochtones ont certains problèmes sociaux et de santé qui les distinguent des populations du Sud notamment en ce qui concerne l'obésité, le décrochage scolaire, la pauvreté la violence familiale, le suicide,  les problèmes de consommation d'alcool et de drogue et leur besoin de logement (Asselin, 2011). Un chiffre qui en dit long, en 2010-2011, le taux de décrochage scolaire dans la région administrative du Nord-du-Québec, qui comprend des autochtones et des non-autochtones, était de 66,4% comparativement à un taux de 16,2% pour l'ensemble du Québec (Institut de la statiques du Québec, 2012). Monsieur Charest lors de son allocution sur le Plan Nord propose la construction de 500 nouvelles maisons  (Charest, 2010). Cette promesse est louable mais insuffisante si on pense que les besoins en logement des communautés inuites en 2009 se chiffrait déjà à 1000 maisons.

Ce que nous constatons c'est qu'au moment présentles communautés du Nord ont des besoins réels et sont défavorisés en comparaison avec le reste de la province.

Les projets du Plan Nord sont variés et vont amener avec eux une croissance démographique sans équivoque où de nombreux travailleurs de l'extérieur (les Fly in, Fly out) vont arriver avec leurs propres besoins en logement, en nourriture, en ressource électrique et autre. Également, ils arrivent avec leur diplôme, leur expertise et leur volonté de compétionner avec la population locale et provinciale pour obtenir du travail dans ces nouveaux projets. Travail, disons-le, très bien rémunéré.

Lorsqu'on prend l'exemple de Fort Mc Murray en Alberta avec le boom démographique rapide qu'à connu cette région en lien avec l'extraction des sables bitumineux, on constate qu'en 10 ans la population de cette ville a doublé passant de 35 000 en 1999 à 67 700 habitants en 2009 (Schepper, 2012). Cette croissance rapide a fait en sorte de créer de nombreux problèmes dont l'accessibilité au logement avec une hausse fulgurante des prix des résidences, affichant une moyenne par maison de 724 209 $ comparativement au prix moyen de 348 178 $ pour l'ensemble du Canada (Schepper, 2012). Le coût de la vie a aussi augmenté en lien avec une certaine rareté des produits devenant la ville pour laquelle le coût de la vie est le plus élevé en Alberta. Conséquence de cette réalité, en 2012, Fort McMurray est la ville qui présente le plus haut taux d'itinérance et de criminalité au Canada (Schepper, 2012). On y constate aussi un taux d'abus de drogue 5 fois plus élevé que la moyenne des villes en Alberta (Schepper, 2012).

Sans dire que la situation d'expansion effrénée  qu'a connu Fort McMurray sera identique à celle du Plan Nord , elle peut être source de réflexion. Prédire l'avenir nous amène à penser que les inégalités sociales existantes au moment présent dans les régions du Nord seront exacerbées par l'arrivée des travailleurs de l'extérieur (Schepper, 2012)qui gagneront dans le secteur minier un salaire annuel moyen de 70 000$ (Letarte, 2011).  Est-ce dire que la création de richesse promise avec l'actualisation du Plan Nord se fera au détriment de la population locale ? Est-ce que la population locale subira les contrecoups de ce développement en s'appauvrissant davantage ?

Les populations locales moins nanties, peu scolarisées auront-elles d'autres choix que la rue ou la criminalité pour survivre dans ce nouvel univers créé par le développement du PLan Nord ?

À l'intérieur d'un gouvernement responsable qui prône des valeurs d'équité et d'inclusion quelles sont les stratégies gagnantes  à adopter pour assurer que les projets se développent dans un esprit communautaire et de responsabilité collective où l'on tient compte des populations vulnérables de cette région?

Comment s'assurer que les populations autochtones et non-autochtones fassent partie du processus décisionnel du développement du Plan Nord plutôt que de le subir ? Peut-on apprendre des erreurs commises dans le passé et choisir d'éviter d'augmenter les souffrances des populations vulnérables ?

«Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.»

Winston Churchill

 

Geneviève Lefebvre. M.Sc.

Étudiante à la maîtrise à l'ENAP

 

Références:

Asselin, H. (2011). PLan Nord. Les Autochtones laissés en plan. Recherches amérindiennes au Québec, Vol. XLI, N1. Québec.

Charest, J. (2010). Le Plan Nord dévoilé par Jean Charest. Radio Canada diffusé le 5 mai 2010. Québec.

Institut de la statistique du Québec (2014). Regard statistique sur la jeunesse. État et évolution de la situation des Québécois âgés de 15 à 29 ans 1996 à 2012. Statistiques intersectorielles. Québec : Gouvernement du Québec.

Schepper, B. (2012). Note socio-économique. À qui profite le Plan Nord? Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). Québec.

 

 

Commentaires

  • Toutes grande politique ou plan public mérite analyse et critique...
    Bravo Geneviève pour avoir osée l'analyse.

  • Je te remercie Geneviève d'avoir pris cette tangente avec ce sujet. Le sort réservé aux laissés-pour compte me passionne tout autant que toi!

    Mon commentaire portera sur le paradoxe que m'évoque la citation de Churchill citée dans le texte:

    «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.»

    Les Premières nations et Inuits dont le sort nous préoccupe dans cette analyse ont très à coeur leur passé et vouloir rétablir leur culture qui leur a été arrachée. Tandis que dans l'autre camp, celui des décideurs, on voudrait vraiment aller de l'avant et ne plus avoir à se rappeler mais dont la devise est "Je me souviens".

    Il sera intéressant de constater si la résilience autochtone saura encore survivre aux conséquences du train vapeur du projet Plan Nord mis de l'avant par le pouvoir en place.

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