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  • Le Québec, toujours un comptoir commercial ?

    Comme plusieurs régions du monde ayant été colonisées par les puissances européennes, le Québec s’est d’abord développé comme comptoir commercial ou il a permis d’approvisionner la France de ses ressources naturelles. L’image du coureur des bois qui parcoure de longues distances afin de participer au commerce de la fourrure nous rappel bien ce passage de notre histoire. Les choses ont bien changées depuis, et l’exploitation de nos abondantes ressources est devenu un enjeux accaparant à une époque ou l’on aurait grand besoin des fruits de cette activité au service des finances de l’état québécois.

     

    Le Plan Nord propose aux québécois un projet de grande envergure où l’on planifie et organise, par une série de cadres et de politiques, un développement économique, social et touristique pour la grande région au nord du 49e parallèle. Cette mise en valeur du nord québécois n’est pas à sa première mouture dans l’histoire de notre province, mais a pris une place toute spéciale dans la période libérale de l’ex premier ministre Jean Charest. Dans la foulé d’une politique de cette importance, de nombreuses critiques ont bien sur vu le jour. Celle que j’adresserai aujourd’hui se rapporte à l’absence d’une vision plus large sur le développement du secteur de la transformation.

     

    Dans son objectif de mise en valeur du nord québécois, le Plan Nord prévoit des investissements de 80G$ dans le secteur minier, hydro-électrique et sur les infrastructures dont les répartitions respectives sont de 35,5%, 58,8% et 5,7%. La firme d'évaluation SÉCOR, qui a été une des premières à chiffrer les prévisions économiques du projet, prévoit que ces supers investissements permettraient de soutenir une moyenne de 37 000 emplois annuellement pour 25 ans. De ce chiffre, 21 500 emplois sont attribués à l'exploitation et le maintient des nouvelles installations. Cependant, un maigre 15% des emplois en exploitation, soit 3 225, est attribué au secteur de la transformation. À la vue de ces chiffres, on peut sans problème affirmer que le Plan Nord se limite à l'extraction des ressources du sol québécois. Malheureusement, on sait que c’est au niveau des secteurs secondaires et tertiaires que la création d’une plus-value sur la ressource est la plus élevée. Certains métaux présents au Québec sont à la base d'alliage ultra-résistant, de piles longue durée, de semi-conducteurs et même de nombreux diamants pour ne nommer que quelques exemples. Cet aspect échappe actuellement complètement aux politiques du Plan Nord. Cette lacune est non seulement économique, mais aussi sociale puisque l'on rate l’occasion de créer des emplois de meilleurs qualité pour les population des régions visés.

    « Ainsi, on se retrouve dans des situations où l’exploitation d’une mine est la seule activité économique dont peut bénéficier la population locale. Une stratégie intégrée de développement économique devrait permettre l’augmentation de la qualité de vie des habitants des régions minières en cherchant à y créer une industrie secondaire et tertiaire. » (IRIS, 2012)

    Une autre raison qui me porte à croire que le Plan Nord devrait davantage s’intéresser au secteur de la transformation est l’influence de la demande internationale pour certains métaux. Lorsque cette demande chute, comme ce fût le cas dans les dernières années, certains projets miniers sont soit ralentis, soit complètement stoppés. De plus, la capacité de l’état québécois à tirer des redevances d’exploitation est freinée. Dans cette perspective, une plus grande présence des acteurs du secteur de la transformation pourrait limiter les impacts des cours du minerai à l’international.

    « Le prix de plusieurs métaux, comme le minerai de fer et l'or, ont atteint un creux en cinq ans, notamment en raison d'une baisse de la demande dans certains pays émergents ainsi que la Chine. » (Les Affaires, 2014)

    Bien qu’il soit difficile de contrôler certaines réalités, tel la localisation des grandes entreprises de transformations aux abord des grands centres urbain, et souvent dans des pays ou le coût de la main d’œuvre est moindre qu’au Québec, il n’en demeure pas moins qu’un effort d’attraction sur cette industrie me parait nécessaire. Pour l’instant, le Québec peut s’accrocher sur ses quelques piliers tel les usines de Rio Tinto, Alcoa et Cascades qui représentent à eux seuls une part importante de l’industrie. Avec son abondance d’énergie hydro-électrique, ses centres de formations et sa stabilité politique, le Québec a plusieurs atouts pour augmenter sa participation a la transformation de ses ressources naturelles. Il faut se rappeler qu’il s’agit de matières, pour la plupart, non renouvelables et dont les fruits doivent revenir aux québécois d'aujourd’hui et du futur.

     

    Bien que je demeure enthousiaste à cette grande politique qu’est celle du Plan Nord, car oui, il faut développer nos ressources, je m’inquiète de constater que celles-ci nous quittent le plus souvent par train ou par bateau afin de nous revenir sous la forme transformée que nous payons à gros prix. La présence d’une industrie de la transformation plus forte, porterait ses fruits, tant pour la qualité d’emploi que pour la balance commerciale du Québec, en plus d’aider à une moins grande dépendance de la demande internationale.


    Gabriel Sanche

     

    Références:

    LA PRESSE CANADIENNE. (2014, 30 septembre). Le prix des métaux ne freinera pas relance du Plan Nord, affirme Couillard. Les Affaires.

    Schepper, Bertrand. (2012, mars). Note socio-économique "
    À qui profite le Plan Nord ?". IRIS. Récupéré de http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2012/04/Note-Plan-Nord-web-3.pdf

    Apffel, Thomas, Guillaume Caudron, Jean-Pierre Lessard et Raphael Mongeau-Gauthier. (2012, févier). Évaluation des retombées économiques du plan nord. SECOR. Récupéré de http://www.groupesecor.com/files/pdf/Retombees_PlanNord.pdf

  • Le développement du tourisme dans le cadre du Plan Nord

    Mise en contexte

    Plan Nord

    Le Plan Nord, véhicule de développement au nord du 49e parallèle[1], marque le domaine de la politique québécoise par ses vastes possibilités. Au niveau économique, des investissements d’une valeur de plus de 80 milliards sur une période de 25 ans sont anticipés et génèreront une création d’emplois, puis d’importantes recettes fiscales. Au niveau social, l’amélioration des conditions de vie des communautés autochtones et locales est annoncée. Au niveau environnemental, le Plan entrevoit la protection de l’environnement, des écosystèmes et de la biodiversité nordiques, au moyen, entre autres, de la soustraction d’environ 50 % du territoire à toute activité industrielle. Ainsi, le Plan Nord se donne pour objectifs le développement économique, social et environnemental dans sa planification et son processus décisionnel.[2]

    Développement du Plan Nord et de son aspect touristique

    Selon Castonguay (2012), l’origine du Plan Nord se situe à la fin de l’automne 2007. À la recherche d’un « grand projet, un rêve, pour mobiliser les Québécois pendant des années […] » (Parisella, 2012, cité dans Castonguay, 2012), un projet permettant également d’agir comme stratégie de campagne électorale, Jean Charest, premier ministre, Daniel Gagnier, chef de cabinet et deux conseillers bénévoles, préparent ce qui deviendra le Plan Nord.

    Castonguay (2012), nous indique que les quatre hommes s’inspirent de la stratégie de Robert Bourassa qui visait la création de 100 000 emplois à la Baie-James dans le secteur de l’hydro-électricité. En même temps, le premier ministre a en tête d’autres idées plus vastes et plus inclusives pour le Plan Nord. En entrevue avec Castonguay (2012), celui-ci démontre sa passion pour les régions nordiques, ses paysages et ses communautés. Il évoque des régions qui se situent au Nord du Canada, dans le cadre d’un « voyage de 1992 à Iqaluit, puis à
l’île d’Ellesmere et au Yukon, avec sa
femme et leurs enfants ». De cette façon, la vision du potentiel relié au nord québécois intègre le développement des attraits touristiques.[3]

    Le potentiel et les défis du secteur touristique au nord du 49e parallèle

    Le secteur touristique au nord du 49e parallèle se caractérise par des atouts importants. Le secteur du tourisme, par ses ressources distinctives, attire les investissements. Le tourisme génère des revenus importants : 13 milliards de recettes en 2012 (Institut de la statistique du Québec, page consultée le 1er octobre 2014).Ce « secteur se classe ainsi au 3e rang des produits d’exportation du Québec » (Institut de la statistique du Québec, page consultée le 1er octobre 2014), ce qui en fait l’un des secteurs d’exportation les moins coûteux à développer et l’un des plus rentables en termes de création d’emplois, selon le Comité performance de l’industrie touristique (2009).

    Le secteur touristique au nord du 49e parallèle comporte également son lot de défis. Essentiellement, les connaissances et le savoir-faire sur le territoire, l’accessibilité et des coûts de transport et la diversité des nations autochtones et des communautés du Nord créé un défi pour le développement, la prise de décision et les ententes sur le partage du territoire et des ressources.

    En résumé, le ministère du Tourisme (page consultée le 1er octobre 2014) considère que :

    l’état du développement touristique à peine émergent, les espaces sauvages et les cultures autochtones présentent à la fois une occasion unique de renouvellement de l’offre touristique québécoise et un défi pour une exploitation durable de ces territoires vierges.

    Question

    Comment peut-on, dans le cadre du Plan Nord, obtenir des résultats au niveau du tourisme en tenant compte :

    -  du potentiel de l’offre touristique au Nord du 49e parallèle;

    -  des défis et des risques associés au développement de l’offre touristique?

    Analyse

    L’objectif général du secteur touristique est résumé par Andrée Bélanger, de la Direction de la coordination du Plan Nord, lors de la Conférence Maxxam, le 29 février 2012 :

    D’ici 2021, faire du Nord […] une destination de classe mondiale qui procure une expérience authentique, sécuritaire et exceptionnelle, alliant la cohabitation des peuples nordiques et le respect de la nature, dans une perspective de développement économique durable et d’enrichissement collectif.

    À partir de ce grand objectif, nous pouvons définir le développement du secteur touristique dans le cadre du Plan Nord, ainsi que les moyens de développement facilitant l’atteinte de résultats concrets.

    Stratégies de développement

    Le Comité performance de l’industrie touristique (2011)  nous spécifie qu’il est nécessaire de « réviser le mode de management de notre industrie. » En premier lieu, selon le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, (2011), le développement du tourisme dans le cadre du Plan Nord provient d’abord de la vision, de la planification, de la mobilisation du gouvernement et des citoyennes et citoyens du Québec pour l’occupation de son territoire. Ainsi, le développement des idées, la communication et la gestion doit se faire conjointement entre l’État, les communautés, le secteur privé, le secteur institutionnel et le secteur environnemental. À l’intérieur même de l’État, la coordination interministérielle et régionale est essentielle.

    En second lieu, le Comité performance de l’industrie touristique (2011)  nous indique qu’il est nécessaire de construire « [Un] nouveau modèle de management du tourisme québécois unifié, imputable et dont les actions seront mesurables.

    Conséquemment, l’offre touristique ayant les caractéristiques d’une vision, d’une planification, d’une mobilisation et d’une évaluation conjointe entre le gouvernement et des citoyennes et citoyens du Québec et étant gérée de façon cohérente (unifiée), imputable (responsable des résultats) et évaluable (avec des actions mesurables), aura davantage de succès dans le développement d’une performance en continu (investissement à long terme qui produit un rendement). Dans le cadre de ce blog, la vision du développement de l’industrie touristique sera abordée.

    Vision-comment considérer le développement de l’industrie touristique

    En premier, le succès du développement et de la commercialisation des produits touristiques des régions nordiques ne sera possible sans l’amélioration de la connaissance du territoire visé. La connaissance du territoire, de ses enjeux, de sa population est un préalable au développement de l’activité touristique dans les régions nordiques du Québec. On ne saurait organiser et mettre en œuvre les nombreux objectifs pour le Plan Nord (environnementaux, économiques, sociaux), sans la compréhension du système dans lequel ils agissent. D’après le ministère du Tourisme (2011), chaque action posée a un effet sur le système présent dans ces régions nordiques. La stratégie touristique est donc une intervention avec des impacts potentiels, dans un milieu social et économique, un écosystème qui se régissait de lui-même avant la politique et les mesures annoncées dans le cadre du Plan Nord. Une conception du système se révèle être une des stratégies des mieux adaptées dans cette situation.

    Ensuite, une première évaluation du potentiel de développement touristique dans ces régions peut être faite. Le développement du secteur d’activité touristique rejoint les objectifs généraux du Plan Nord. En ce sens, ce type d’activité du secteur tertiaire a l’avantage d’intégrer les « trois critères du développement durable, soit : des bénéfices économiques, […] sociaux et […] environnementaux » (Association de l’exploration minière du Québec, 2008). Au niveau économique et environnemental, le potentiel du Nord québécois se situe majoritairement dans ses dimensions « nouvelles et inusitées », d’après le ministère du Tourisme (2011), qui ont la capacité de créer des marchés et d’attirer les clientèles entrepreneures et les touristes d’ci et d’ailleurs.  Les six régions touristiques couvertes par le Plan Nord, c’est-à-dire le Nunavik, la Baie-James, Eeyou Istchee, Duplessis et une partie des régions de Manicouagan et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, trouvent principalement leur richesse dans la nature sauvage[4] et ses possibilités au niveau des différents produits touristiques, essentiellement le tourisme hivernal, l’écotourisme, le tourisme sportif, le tourisme culturel et évènementiel ainsi que le tourisme de nature et d’aventure. Les activités telles que les excursions pédestres, la valorisation de la culture autochtone, les croisières nordiques et les ressources du terroir en sont des exemples concrets. Le ministère du  Tourisme (2011) souligne que « La qualité des ressources hydriques, fauniques et floristiques » permet des activités de découverte et d’exploration, produits authentiques des régions nordiques québécoises. Au niveau social, dans le communiqué du ministère du Tourisme (2011), le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, soutient que :

    La mise en œuvre de cette stratégie favorisera la rencontre des populations du nord et du sud […], l’amélioration de la qualité de vie des populations autochtones […] en créant des emplois et en appuyant l’émergence de nouvelles entreprises […] [et] en offrant aux nations autochtones de nouvelles perspectives qui contribueront au rayonnement de leur culture, de leur histoire et de leur patrimoine. Le tourisme permettra de valoriser leurs connaissances et leurs traditions, et servira de véhicule à leur fierté.

    Une première évaluation des défis et des risques du développement touristique de ces régions peut également être produite. En premier, l’accessibilité au territoire est un défi tangible. Peu de routes aériennes, terrestres et maritimes existent. La durée du transport jusque dans ces régions nordiques est d’autant plus augmentée. Ensuite, vu la rareté de l’offre en tourisme, les coûts du transport, des services et de l’accompagnement pour les touristes sont élevés. Le ministère du Tourisme (2008) aborde un autre défi présent : la forte concurrence présente en provenance des pays scandinaves en ce qui concerne la conception, la commercialisation et de la diversité de l’offre de produits offerts. De plus, tel que l’a précisé Monsieur Charest au cours de la conférence sur le Plan Nord à l’École Nationale d’administration publique le 2 octobre 2014, la diversité des nations autochtones et des communautés du Nord créé un défi pour la compréhension, le développement, la prise de décision et les ententes sur le partage du territoire et des ressources. Enfin, le fait de mener divers objectifs de front et la diversité des objectifs du Plan Nord représentent un défi pour le développement équitable de chacun de ceux-ci. Par exemple, le développement économique relevant du secteur primaire, tel que l’exploitation des ressources minières, forestières et énergétiques comporte des risques au niveau financier, au niveau du développement durable, au niveau social avec les communautés en place, ce qui, en retour, agit sur le secteur du tourisme à développer.

    La connaissance du système, de son potentiel et de ses défis servira, par la suite, à la définition du « développement viable » de l’industrie touristique. Cette définition participera à unifier la vision du développement touristique auprès des différentes actrices et acteurs de développement et à établir des préalables ainsi que des priorités de développement de l’offre touristique. Nous rappelons que l’objectif global de la « Stratégie touristique du Plan Nord:
Des cultures et des espaces à découvrir » selon Nicole Ménard, ministre du Tourisme (2011), est « la réalis[ation] [d’]un modèle de tourisme durable qui fera rayonner le Québec dans le monde ». Selon le ministère français de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie (page consultée le 5 octobre 2014), le tourisme durable « repose sur des critères de durabilité. Il doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales. » De cette façon, le développement de l’offre touristique au nord du Québec bénéficierait d’« une vision à long terme » (Comité performance de l’industrie touristique, 2009) et globale des priorités dans le cadre du Plan Nord dans son ensemble.

    Étant donné la présence de l’imputabilité gouvernementale sur le plan écologique et la notion voulant que la position écologique supporte les plans économiques et sociaux, les préalables à l’offre touristique ont de fortes chances de se retrouver dans les conditions de protection de l’environnement. Puis, étant donné le nouveau modèle de management nécessitant la conciliation du gouvernement avec les populations locales et le développement de produits se basant sur les atouts du territoire et les conditions sociales existantes, le développement social peut aussi se retrouver dans les préalables au développement de produits touristiques viables. Le tourisme reposant en majorité sur des services à des touristes et sur la richesse des ressources présentes sur le territoire, le développement social et éducatif des communautés nordiques ne pourra que solidifier la base sur laquelle le développement des produits touristiques se développe.

    S’agissant de priorités, Handal (2010) cité dans la note socio-économique « À qui profite le Plan Nord? » de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) (2012) nous met en garde contre le fait de « privilégier l’activité minière […] au détriment d’autres usages non extractifs, comme la création de nouvelles aires protégées » dans le Nord québécois. Selon la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (page consultée le 5 octobre 2014), « […] la plus grande partie du territoire québécois, soit plus de 85 %, est accessible à l’industrie minière aux fins de prospection. Le free mining consacre ainsi la préséance des droits miniers sur tout autre usage du territoire, comme si les activités minières constituaient toujours la meilleure option pour un territoire. » De cette façon, le développement du secteur primaire et des ressources minières comporte des avantages et des inconvénients, comme tout autre développement économique. Il a l’avantage, par exemple, de permettre l’investissement dans l’accessibilité au territoire, avec la construction de routes. Il peut cependant laisser à l’abandon les déchets des sites inutilisés. Le Comité performance de l’industrie touristique (2011) souligne que la « conviction que l’industrie touristique peut jouer un rôle plus important dans l’économie québécoise ». En effet, cette conviction pourra servir à définir les préalables et les conditions essentielles au développement de l’offre touristique sur le territoire au nord du 49e parallèle. En somme, nous considérons comme faisant partie de la vision du développement de l’industrie touristique au nord du Québec : l’étude du système (la population présente et les caractéristiques et enjeux du territoire), la prévision de la préservation des territoires, l’investissement dans le développement social et éducatif, ainsi que l’imposition de règles claires aux entreprises privées en termes de transparence, de résultats obtenus, de développement durable et de redevances.

     

    Conclusion

     

    Le Plan Nord, politique et mesures de développement du potentiel de Nunavik, de la Baie-James, de Eeyou Istchee, de Duplessis et d’une partie des régions de Manicouagan et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, « Repousse les limites de notre dernière grande frontière, le nord du Québec», selon Monsieur Jean Charest, cité dans Castonguay (2012).

    Raymond Chabot Grant Thornton décrit bien l’objectif global du Plan Nord qui est l’« Accroissement d’une richesse durable pour nos générations futures. »[5] Les dimensions environnementales, économiques et sociales font partie de la vision et des mesures de développement du Plan Nord, dont la « Stratégie touristique du Plan Nord:
Des cultures et des espaces à découvrir », lancée par le ministère du Tourisme en novembre 2011.

    En raison de la nécessité de réaliser les étapes de développement de façon conjointe, entre l’État, les communautés, le secteur privé, le secteur institutionnel et le secteur environnemental (vision, planification, mobilisation), mais également en raison des qualités demandées pour une performance optimale (unification, imputabilité, évaluation), un nouveau modèle de management est nécessaire au succès du déploiement de la Stratégie touristique. Dans la vision du développement de l’industrie touristique des régions nordiques du Québec, nous avons accordé une importance accrue à la connaissance du système économique, environnemental et social en présence avant l’intervention de la Stratégie touristique (comprenant le potentiel et les défis de ces régions), à la définition du « développement viable » de l’industrie touristique à l’intérieur même de la politique du Plan Nord, à la définition de préalables au développement du tourisme et aux priorités de l’industrie touristique dans le cadre du Plan Nord.

    Par la suite, les étapes de planification, de mobilisation et d’évaluation permettront d’entrevoir les possibilités quant aux outils d’action, de gestion et d’amélioration en continue du développement de l’industrie touristique au nord du Québec.

    Geneviève Ménard, maîtrise en administration publique, GRH

     


    [1]Selon Radio-Canada (2011), les régions visées se situent entre le 49e parallèle et le détroit d'Hudson, dans un axe nord-sud, et de la Basse-Côte-Nord jusqu'à la partie boréale de l'Abitibi-Témiscamingue, dans un axe est-ouest.

    [2] Le ministère du Développement durable, de l’Environnement de la Lutte contre les changements climatiques indique que « La Loi sur le développement durable reconnaît le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. » (Démarche de développement durable : Des outils d'aide à la décision et à la conception de projets, page consultée le 30 septembre 2014).

    [3] Le ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire (2011, p.48) précise que : « Parmi les secteurs prometteurs […] [présentant] des possibilités à saisir pour les entreprises et les acteurs économiques du Québec, mentionnons […] l’industrie touristique ».

    [4] La population vivant sur ces territoires est peu nombreuse (1,6% environ), la nature a une grande place dans la détermination et la transformation du paysage.

    [5] Raymond Chabot Grant Thornton partage son expertise sur le Plan Nord, page consultée le 4 octobre 2014

  • Réorganisation prévue en santé, des enjeux importants pour le système actuel.

    Mise en situation

    En date du 25 septembre dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur  Gaétan Barrette a présenté à l’Assemblée nationale, son projet de loi no 10 laissant ainsi entrevoir une réorganisation majeure dans le réseau de la santé et des services sociaux québécois. En effet, ce projet de loi prévoit une réorganisation notamment au niveau des établissements. D’abord, il vise l’abolition des 18 agences régionales de la santé. Ensuite, il envisage la fusion de centres de santé et de services sociaux afin de les regrouper et s’assurer que chacun d’entre eux soient rattachés à un centre hospitalier. De ces changements résulterait la diminution du nombre d’établissements de 182 à 28 et la création de centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) qui relèveraient directement du Ministère. Ceux-ci auraient pour mission d’assurer la prestation des soins et des services à la population de leur territoire. Il est a noté que le réseau de la santé fait face à des coupures de l’ordre de 500 millions de dollars pour cette année et d’autres coupures seraient à venir pour la prochaine année. Ces changements et réorganisation s’inscriraient ainsi dans l’objectif du gouvernement d’assainir les finances publiques et retrouver l’équilibre budgétaire.

    Analyse des enjeux

    Ce projet de loi, soulève actuellement diverses réflexions sur les enjeux et les résultats que celui-ci aura sur le système de santé et des services sociaux. D’abord, un des questionnements est de savoir quels seront les impacts des coupures sur la santé sociale et physique de la population. En effet, considérant l’importance des mesures financières prévues, quels moyens se donnera le ministre afin de s’assurer que les soins directs à la population ne soient pas touchés? N'oublions pas que dans un état de droit avec  un système de santé universel, le gouvernement a une responsabilité de s’assurer que les soins donnés à la population le soient, et ce avec la plus grande accessibilité possible. 

    Dans le projet de loi, il est aussi envisagé de revoir le mode de financement du réseau afin qu’il vise davantage le financement axé sur le patient. D’importantes inquiétudes me viennent quant aux économies qui seront réellement faites lorsqu’on aborde ceci. En résumé, cette méthode établit un coût pour chaque acte posé. Le gouvernement à quant à lui le devoir au sein de l’administration public de s’assurer de porter un regard sur les soins qu’il paye. N'y a t'il pas alors un risque, avec ce type de financement, que les coûts administratifs et la bureaucratie soient augmentés afin de permettre un contrôle par le gouvernement de la saisie et de la gestion des données? Conséquemment, ceci ne pourrait-il pas plutôt, s'avérer contre productif aux économies recherchées?

    Dans son projet de loi, le ministre souligne également que l’essence de cette réorganisation, outre le fait de faire des économies financières, est de pouvoir placer le patient au cœur des décisions. On y parle de centralisation des établissements, de réductions importantes du nombre de conseil d’administration et on envisage une diminution du nombre de membres dans ceux-ci à 13 personnes, nommés par le ministre. Personnellement, je considère que dans un contexte où les décisions sont prises à un niveau éloigné de la sphère des services, il y a un risque important que ces dernières soient prises unilatéralement et axées uniquement sur des bases financières. De plus, il m’apparaît que lorsqu’on centralise le pouvoir, on enlève la particularité et la place du citoyen dans la structure de décision. Considérant ces éléments, je m’interroge donc à savoir comment le ministre pourra t-il s’assurer que les décisions soient évaluées selon l’organisation du territoire et de sa population afin de réellement permettre aux établissements de santé de répondre à leur mission populationnelle et garder le patient au centre des préoccupations?

    Un enjeu de consultation et de communication est également présent, à mon sens, dans cette réorganisation vue la vitesse à laquelle les choses évoluent dans ce dossier. En effet, je considère qu’il serait fort pertinent de s’assurer de mobiliser les intervenants et les professionnels en santé dans cette démarche. Il serait aussi tout à l'honneur du gouvernement de favoriser des espaces de consultation afin de les impliquer réellement dans le processus de changement. Parallèlement, puisque le réseau se remet à peine des dernières vagues de fusion de 2004-2005, je me questionne sur les économies qui seront réellement faites relativement aux conséquences que peut engendrer une autre réorganisation. N’oublions pas que pendant que les gens se réorganisent et travaillent à définir les rôles de chacun dans un nouvelle structure, ceux-ci ne sont pas mobilisés à fournir leur travail initialement demandé. De surcroît, ils sont encore moins disponibles à développer les soins directs à la population, ce qui est actuellement un élément majeur qui devrait plutôt avoir toute l’attention.

    Conclusion

    En terminant je crois qu’il est impératif que le gouvernement puisse s'assurer que cet exercice de réforme ne soit pas fait au détriment de la solidarité sociale durement gagnée au Québec et au frais de la population plus vulnérable. À travers sa démarche, je considère qu’il en va de la responsabilité de l’État de s’assurer que ses coupures dans les finances publiques soient atteintes en respectant les plus démunis et en évitant d’augmenter les injustices et les iniquités sociales. Reste à voir au fils des prochains mois comment le gouvernement assurera son rôle de leadership afin d’éviter les erreurs des dernières grandes réorganisations et ne pas repousser un fardeau de dette à des années futures.

     Katherine G.

     

    RÉFÉRENCES

    DAOUS-BOISVER, Amélie (page consultée le 20 septrembre 2004). «Le spectre d’une réingénierie inquiète l’AQESSS», dans le Devoir, [en ligne],http://m.ledevoir.com/%20societe/sante/417808/etablissements-de-sante-le-spectre-d-une-reingenierie-inquiete-l-aqesss

    JOCELYNE, Richer (page consultée le 24 septembre 2014). «Compressions: la protectrice du citoyen craint les injustices », dans la Presse, [en ligne], http//www.lapresse. ca/actualites/national/201409/18/01-4801394-compressions-la-protectrice-du-citoyen-craint-les-injustices.php

     

    RADIO CANADA (page consultée  le 18 septembre 2014). Abolition des agences de santé : méfiance en région,  [en ligne],  http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/09/19/007-est-sante-reax.shtml

    SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX QUÉBEC (page consultée le 25 septembre 2014). «D’un réseau d’établissements à un réseau de services aux patients», dans Ministère de la Santé et des services sociaux, [en ligne],http://www.msss.gouv.qc.ca/documentation/salle-de-presse/medias/Fiches-techniques-PL10.pdf

     

     

     

     

  • Un imbroglio nommé « Système de santé du Québec » !

     

    Tout le monde s’entend et s’accorde  à dire que le système de santé du Québec, en termes d’accessibilité, de continuité des soins et des services de santé, est mal en point.

    Les résultats des différentes études et enquêtes menées, notamment, par le Commonwealth Fund[1], et l’Institut canadien d’information sur la santé[2] ont démontré clairement que la performance du système de santé du Québec n’est pas des plus enviables.

    Effectivement, l’enquête du Commonwealth Fund de 2013 qui a comparé les systèmes de santé de plusieurs pays (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, France, Norvège, Suisse) ainsi que ceux des provinces canadiennes (Québec, Ontario, Alberta, reste du Canada) nous a fait un topo très éloquent de la perception du système de santé du Québec par les québécois.

    Tous les indicateurs nous mènent à dire que le système est très mal perçu et ne donne pas l’impression de remplir correctement sa mission. À titre d’exemple ;  64 % des québécois pensent que leur système de santé requière des changements fondamentaux (comparativement à 45 % en Ontario et à 33 % au Royaume-Uni).

    Paradoxalement, une autre étude[3], démontre que le Québec figure parmi les provinces où les ressources pour la sante par habitant sont les plus importantes, mais il décroche une mauvaise note dans la catégorie du rendement. Contrairement à l’Ontario qui consacre le moins de ressources par tranches de 1000 habitants que dans la majorité des autres provinces, mais le rendement de son régime lui vaut une excellente note. 

    Personnellement, je considère cette situation comme une «exception québécoise», car elle dure et perdure depuis, quasiment, un demi-siècle malgré de multiples tentatives de réforme.

     Mais quoi faire ?

    Plusieurs pistes de solutions nous ont été offertes depuis le rapport de la commission Castonguay-Nepveu 1970. Sans rentrer dans les détails, toutes les recommandations convergent vers un large consensus sur le bien-fondé des soins de première ligne.

    Les recommandations de la commission Castonguay-Nepveu qui visaient à modifier en profondeur l’organisation et la dynamique du système de soins n’ont pas été implantées. L’hôpital occupe toujours le centre du système et les médecins demeurent toujours payés à l’acte. La réforme de la première ligne ne s’est pas effectuée. Le travail en équipe interdisciplinaire ne s’est jamais généralisé. Le secteur du médicament malgré son importance croissante dans la prise en charge des maladies, n’est toujours pas véritablement intégré aux autres composantes du système de soins et sa régulation échappe en grande partie à l’État. Finalement, la décentralisation reste loin d’être achevée et l’on assiste, même aujourd’hui, à un mouvement de recentralisation des décisions vers le ministère de la sante[4]

     

    Ce constat de M. Contandriopoulos, s’avère être, plus que jamais, d’actualité, je dirais même prémonitoire.  On assiste aujourd’hui  à une tout autre vision du système de santé de la part du gouvernement. Le projet de loi de réforme du réseau de la santé et des services sociaux de l’actuel gouvernement ne fait que renforcer cette tendance de recentralisation accrue des pouvoirs.

    D’autre part, il faut admettre que dans un contexte de tensions grandissantes entre les pressions financières qui s’exercent sur le gouvernement pour la réduction des dépenses publiques  et l’accroissement des besoins de la population en matière de santé (vieillissement de la population, …), l’enjeu est de taille et la marge de manœuvre est assez réduite.  

     «Le secret du changement consiste à ne pas concentrer toute ton énergie pour lutter contre le passé, mais pour construire le futur» – Socrate

     

     Yacine Foudil


    [1] Enquête internationale sur les politiques de santé du Commonwealth Fund de 2013 chez les adultes

    [2] Source : A.P.Contandriopoulos (2014). Administration de la santé. Les soins de santé primaires : Du    savoir à l’action. 31e Colloque J.Y. Rivard-13 fev.2014

    [3] Evaluation conference board of Canada 2013

    [4] A.P.Contandriopoulos (2003). Inertie et changement. Rupture. Revue transdisciplinaire en sante, vol.9,

    n˚2, 2003, pp4-31.