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Le Québec, toujours un comptoir commercial ?

Comme plusieurs régions du monde ayant été colonisées par les puissances européennes, le Québec s’est d’abord développé comme comptoir commercial ou il a permis d’approvisionner la France de ses ressources naturelles. L’image du coureur des bois qui parcoure de longues distances afin de participer au commerce de la fourrure nous rappel bien ce passage de notre histoire. Les choses ont bien changées depuis, et l’exploitation de nos abondantes ressources est devenu un enjeux accaparant à une époque ou l’on aurait grand besoin des fruits de cette activité au service des finances de l’état québécois.

 

Le Plan Nord propose aux québécois un projet de grande envergure où l’on planifie et organise, par une série de cadres et de politiques, un développement économique, social et touristique pour la grande région au nord du 49e parallèle. Cette mise en valeur du nord québécois n’est pas à sa première mouture dans l’histoire de notre province, mais a pris une place toute spéciale dans la période libérale de l’ex premier ministre Jean Charest. Dans la foulé d’une politique de cette importance, de nombreuses critiques ont bien sur vu le jour. Celle que j’adresserai aujourd’hui se rapporte à l’absence d’une vision plus large sur le développement du secteur de la transformation.

 

Dans son objectif de mise en valeur du nord québécois, le Plan Nord prévoit des investissements de 80G$ dans le secteur minier, hydro-électrique et sur les infrastructures dont les répartitions respectives sont de 35,5%, 58,8% et 5,7%. La firme d'évaluation SÉCOR, qui a été une des premières à chiffrer les prévisions économiques du projet, prévoit que ces supers investissements permettraient de soutenir une moyenne de 37 000 emplois annuellement pour 25 ans. De ce chiffre, 21 500 emplois sont attribués à l'exploitation et le maintient des nouvelles installations. Cependant, un maigre 15% des emplois en exploitation, soit 3 225, est attribué au secteur de la transformation. À la vue de ces chiffres, on peut sans problème affirmer que le Plan Nord se limite à l'extraction des ressources du sol québécois. Malheureusement, on sait que c’est au niveau des secteurs secondaires et tertiaires que la création d’une plus-value sur la ressource est la plus élevée. Certains métaux présents au Québec sont à la base d'alliage ultra-résistant, de piles longue durée, de semi-conducteurs et même de nombreux diamants pour ne nommer que quelques exemples. Cet aspect échappe actuellement complètement aux politiques du Plan Nord. Cette lacune est non seulement économique, mais aussi sociale puisque l'on rate l’occasion de créer des emplois de meilleurs qualité pour les population des régions visés.

« Ainsi, on se retrouve dans des situations où l’exploitation d’une mine est la seule activité économique dont peut bénéficier la population locale. Une stratégie intégrée de développement économique devrait permettre l’augmentation de la qualité de vie des habitants des régions minières en cherchant à y créer une industrie secondaire et tertiaire. » (IRIS, 2012)

Une autre raison qui me porte à croire que le Plan Nord devrait davantage s’intéresser au secteur de la transformation est l’influence de la demande internationale pour certains métaux. Lorsque cette demande chute, comme ce fût le cas dans les dernières années, certains projets miniers sont soit ralentis, soit complètement stoppés. De plus, la capacité de l’état québécois à tirer des redevances d’exploitation est freinée. Dans cette perspective, une plus grande présence des acteurs du secteur de la transformation pourrait limiter les impacts des cours du minerai à l’international.

« Le prix de plusieurs métaux, comme le minerai de fer et l'or, ont atteint un creux en cinq ans, notamment en raison d'une baisse de la demande dans certains pays émergents ainsi que la Chine. » (Les Affaires, 2014)

Bien qu’il soit difficile de contrôler certaines réalités, tel la localisation des grandes entreprises de transformations aux abord des grands centres urbain, et souvent dans des pays ou le coût de la main d’œuvre est moindre qu’au Québec, il n’en demeure pas moins qu’un effort d’attraction sur cette industrie me parait nécessaire. Pour l’instant, le Québec peut s’accrocher sur ses quelques piliers tel les usines de Rio Tinto, Alcoa et Cascades qui représentent à eux seuls une part importante de l’industrie. Avec son abondance d’énergie hydro-électrique, ses centres de formations et sa stabilité politique, le Québec a plusieurs atouts pour augmenter sa participation a la transformation de ses ressources naturelles. Il faut se rappeler qu’il s’agit de matières, pour la plupart, non renouvelables et dont les fruits doivent revenir aux québécois d'aujourd’hui et du futur.

 

Bien que je demeure enthousiaste à cette grande politique qu’est celle du Plan Nord, car oui, il faut développer nos ressources, je m’inquiète de constater que celles-ci nous quittent le plus souvent par train ou par bateau afin de nous revenir sous la forme transformée que nous payons à gros prix. La présence d’une industrie de la transformation plus forte, porterait ses fruits, tant pour la qualité d’emploi que pour la balance commerciale du Québec, en plus d’aider à une moins grande dépendance de la demande internationale.


Gabriel Sanche

 

Références:

LA PRESSE CANADIENNE. (2014, 30 septembre). Le prix des métaux ne freinera pas relance du Plan Nord, affirme Couillard. Les Affaires.

Schepper, Bertrand. (2012, mars). Note socio-économique "
À qui profite le Plan Nord ?". IRIS. Récupéré de http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2012/04/Note-Plan-Nord-web-3.pdf

Apffel, Thomas, Guillaume Caudron, Jean-Pierre Lessard et Raphael Mongeau-Gauthier. (2012, févier). Évaluation des retombées économiques du plan nord. SECOR. Récupéré de http://www.groupesecor.com/files/pdf/Retombees_PlanNord.pdf

Commentaires

  • Super intéressant à lire ...Gabriel
    Une belle interrogation
    Prof

  • J'abonde dans le même sens que l'auteur ce texte. S'approprier le secteur de la transformation de notre matière première serait très salvateur pour notre économie mais aussi pour la fierté de nation. Par contre, il faut réfléchir à une solution pour contourner tous ces obstacles mentionnés; la distance importante des lieux urbains, la main d'oeuvre dispendieuse, etc.. Il y a aussi les lobbys très forts de ces transformateurs mondiaux très puissants. Afin de surmonter ces difficultés, on peut imaginer que les infrastructures seraient très importantes à fournir, dans la mesure de grands projets de sociétés. Comme la Plan Nord??? Pourtant, mise à part l'électricité, nous avons rarement vu une telle implication de nos gouvernements. En ces temps d'austérité économique, on se surprend à se retenir de faire de tels rêves et c'est malheureux. En conclusion, je ne vois pas cet élan prendre forme dans les prochaines années. Je me dis que cet esprit entrepreneurial affirmé doit peut-être attendre la prochaine génération de décideurs. Alors, Gabriel, t'as quelques années pour trouver la solution!

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