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  • Des congés payés pour les minorités religieuses, une pratique d’administration publique déraisonnable de la CSDM

     

    Comme en faisait état un article paru dans le journal La Presse du 29 août 2013, la commission scolaire de Montréal  (CSDM) octroie des congés religieux rémunérés à ses employés en plus des congés fériés prévus dans la Loi sur les normes du travail.  Ce texte critique cette pratique de gestion.  L’argumentaire de la discussion s’appuiera sur trois grands principes d’administration publique dans un état parlementaire de droit.  La conclusion proposera une avenue de solution pour assurer l’équité entre les travailleurs et le respect de la Charte canadienne des droits et libertés.

     

     Quel est le problème?

     La problématique des demandes pour des congés religieux n’est pas nouvelle  et en 2007 la CSDM a accordé 369 congés payés supplémentaires pour motifs religieux (1). À la suite d’une demande écrite, les employés pratiquant une religion non chrétienne peuvent obtenir un congé s’il figure dans une liste de 8 fêtes religieuses.  La situation prévaut encore à l’été 2013, car 489 jours de  congés religieux en plus des congés fériés ont été permis, occasionnant des coûts de 164 000$ (2).

     

    Des principes d’administration publique mis à mal

     

    1. CSDM une institution administrative du secteur parapublic avec une instance politique délibérante

     La commission scolaire détient une mission, une structure globale et des pouvoirs qui sont édictés par la Loi sur l’instruction publique et œuvre au bien d’intérêt public. Toutefois, comme le rappelle Dufour (3),  une commission scolaire est une forme de gouvernement décentralisé, car elles possèdent un pouvoir de taxation et sont gouvernées  par des commissaires élus par la population résidante d’une ville lors d’élections scolaires tous les 4 ans. C’est un organisme avec une structure politique et une structure administrative, qui gère de façon autonome ses effectifs et ses ressources, de même que la production des services éducatifs selon ses  propres modalités. Néanmoins, ces derniers sont fortement  orientés et  contrôlés par des exigences, programmes et le 2/3 du financement provenant du Ministère de l’éducation, des loisirs et des sports (4).

     

    Les décisions prises par les gestionnaires de la CSDM doivent être approuvées selon d’autres modalités qu’une entreprise privée.  Dans un cas comme celui d’une pratique de congés payés pour motif religieux, l’instance politique doit en débattre et les commissaires scolaires adopter une motion ou voter un règlement ou une politique encadrant cette pratique. Ce rôle délibératif est une obligation dans notre système politique représentatif. Bien que cela soit une responsabilité pour les parlementaires, il apparaît nécessaire d’étendre ce devoir aux élus des commissions scolaires. Il ne s’agit pas de débattre de chaque cas personnel, ce qui relève plutôt de la gestion, mais des principes, politiques et normes  qui encadrent cette gérance et qui doivent être clarifiés.

     

    2. Une iniquité entre les travailleurs de l’administration publique

     Dans la société québécoise, il existe des congés fériés qui ont leur origine dans l’histoire politico-religieuse catholique  du Québec. Ces congés sont maintenant des jours de congés pour tous, autant pour les pratiquants chrétiens que pour les autres travailleurs, qu’ils soient non croyant ou fervents de d’autres religions. C’est un fait enchâssé dans une loi sur les normes du travail. La Loi sur les normes du travail encadre les jours fériés pour tous les résidents du Québec. Des exemptions sont prévues pour les services essentiels (services incendies) ou selon les besoins spécifiques des entreprises (ex. : restauration), mais des indemnités doivent être données à ses travailleurs qui doivent œuvrer lors des congés fériés. Les conventions collectives adoptées par vote majoritaire des travailleurs membres des syndicats précisent les modalités de travail régissant les différents corps de métiers et professions de la CSDM. L’ensemble du personnel syndiqué de la CSDM est donc soumis à ces conventions collectives. Conséquemment, il existe une législation acceptée par la majorité de la population et qui profite à tous. Il y a des conventions collectives adoptées démocratiquement qui les appuient.

     

    Mercier (5) stipule que les fonctionnaires doivent « agir de façon impartiale et équitable et le faire selon des procédures établi par la législation et les règlements ». Cet énoncé peut aussi baliser le traitement des employés, qui doit être équitable. Pourquoi créer deux catégories de travailleurs, donc une aurait des accommodements qui s’avèrent aussi être des privilèges rémunérés? Et les critères pour octroyer ces privilèges ne sont basés  sur le mérite ou des compétences pertinentes ou des habiletés reliées à l’emploi. Ils sont essentiellement un critère qui s’inscrit dans un choix religieux. Des avantages  offerts à certains membres de la fonction publique sur la base de leur choix personnel religieux n’est pas cohérent avec une vision wébérienne (6) concernant  une administration publique compétente, spécialisée et non politique.

     

     La Commission Bouchard-Taylor (9) a évoqué différents jugements des tribunaux statuant sur l’aspect discriminatoire des congés pour motifs religieux dans un calendrier scolaire rigide. Les professeurs demandant des congés religieux peuvent difficilement  reprendre ces journées en dehors du calendrier scolaire, car les écoles sont fermées l’été et dans le temps des fêtes. Conséquemment, les congés pour motifs religieux devaient être payés. Toutefois, au principe de non-discrimination doit être accolé celui du traitement équitable dans une même catégorie professionnelle. À cet effet, la  Commission scolaire Marguerite Bourgeois a réglé le problème en enlevant cette possibilité  dans la convention collective. En attendant que les parlementaires adoptent des législations en ce sens, cette question doit être traitée dans les conventions collectives. Toutefois, cette avenue est bien imparfaite à long terme en raison de la variabilité dans les résultats des négociations des conventions collectives. 

     

    3. Une institution publique non confessionnelle et neutre

     Depuis 2000, grâce à la Loi 118 qui prescrit le statut non-confessionnel des écoles  publiques, la CSDM est un réseau scolaire linguistique plutôt que religieux. Cette loi québécoise a même requis  une modification de l’article 93 de la Constitution canadienne en 1998 (7).


    Les employés de cette institution doivent  manifester un devoir de réserve quant à leurs opinions politiques et religieuses lors de l’exercice de leurs fonctions, particulièrement lorsqu’ils sont en présence de la clientèle. Comme le rappellent Rocher et Baril (8),  la laïcité des administrations publiques doit « être réelle et apparente » et les symboles religieux ostensibles constituent la manifestation d’une pratique religieuse que la personne veut afficher. Ceci est d’autant plus important pour l’apparence de justice et de neutralité que doivent afficher les employés détenant un pouvoir de sanction comme les juges et procureurs, les policiers et les agents correctionnels (pouvoir judiciaire et pénal). D’ailleurs, le projet de Charte des valeurs québécoise (10) reprend ce principe énoncé quelques années auparavant dans le rapport de la Commission Bouchard-Taylor (9).

     

    Néanmoins, le port de signes religieux n’entrave pas forcément la qualité de la prestation de travail d’un employé d’une commission scolaire, et les interdire constituerait fort possiblement une entrave à la liberté d’expression tel que stipulée dans la Charte canadienne des droits et libertés qui a force de loi constitutionnelle (11). Par contre, en raison de nos valeurs collectives et des principes d’équité dans les lois du travail et de la fonction publique, il faut préciser ces accommodements. À cet effet, les congés rémunérés pour motifs religieux constituent une question importante à régler. C’est un sujet un peu moins sensible du point de vue de la liberté d’expression, mais qui concourt à la justice sociale et au vivre ensemble dans la diversité.

     

     

     

     

    En conclusion, une solution raisonnable et équitable existe

     

     Il ne s’agit pas d’empêcher les  employés de la commission scolaire de pratiquer leur religion en dehors des murs de l’institution scolaire. Il ne s’agit pas non plus d’avoir une pratique de gestion rigide qui interdit tout accommodement pour motif personnel et religieux. Les congés religieux devraient être accordés sur demande, selon des procédures et critères clairs. Dans tous les cas, ces congés pour motif religieux devraient être pris à même la banque de congé de l’employé. Si cette banque de congé (vacance et congé personnel) est épuisée, cela devrait être considéré comme un congé exceptionnel et sans solde. Nos élus de l’Assemblée nationale se doit de légiférer pour encadrer la problématique, évitant ainsi au pouvoir judiciaire de se substituer à leurs responsabilités.

     

     

     

    Zorro urbain

     

     

     

    Références :

     

    (1)          CSDM (octobre 2007). La diversité culturelle, linguistique et religieuse à la Commission scolaire de Montréal Pour un accommodement raisonnable réciproque.  Mémoire déposé à la Commission Taylor Bouchard sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles.

     

     (2)          Gagnon, K. ( 29 août 2013). « Congés religieux en milieu scolaire: tous ne sont pas égaux ». Journal LaPresse.

     

     (3)          Dufour, C. (2011 : 33). «  Les différents types d’états ». Dans Nelson Michaud (dir.). Secrets d’états. Presses de l’université Laval, pp21-40.

     

     (4)          CSDM. Budget 2012-2013. Sommaire des revenus par activités.  [en ligne] http://www.csdm.qc.ca/CSDM/CSDMChiffres/Budget.aspx

     

     (5) (6)   Mercier, J. (2002, 2011:7). L’administration publique.  Presses de l’Université Laval.

     

     (7)          Constitution canadienne (1999). (Page consultée le 26 septembre 2013) [en ligne] http://www.canlii.org/fr/ca/const/const1867.html

     

     (8)          Baril, D. Rocher, G. au nom des Intellectuels pour la laïcité. (2010 : 7). La laïcité: Une valeur fondatrice essentielle de la société québécoise. Mémoire présentée lors de la consultation sur le Projet de loi no 94 (Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement dans l’Administration gouvernementale et dans certains établissements). Page consultée le 27 septembre 2013. [en ligne] http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/CI/mandats/Mandat-12329/memoires-deposes.html.

     

     (9)          Commission Bouchard-Taylor (2008) FONDER L’AVENIR. Le temps de la conciliation. Rapport. (Page consultée le 27 septembre 2013). [en ligne] http://www.accommodements-quebec.ca/documentation/rapports/rapport-final-integral-fr.pdf.

     

     (10)        Gouvernement du Québec (septembre 2013). Proposition gouvernementales Charte des valeurs québécoises.[en ligne] http://www.nosvaleurs.gouv.qc.ca/fr

     

     (11)        Professeur Trudel (2013) Notes de cours ENP7505.

     

     

     

     

     

     

     

  • Montréal, recherche familles ?

     

     

    En lisant La Presse du 10 septembre dernier, l’article de Karim Benessaieh sur le nouveau rôle d’évaluation foncière à être déposé à la Ville de Montréal m’a interpellée. Particulièrement le passage relatant les propos d’un chercheur de l’Institut national de recherche scientifique, M. Pierre J. Hamel. Celui-ci émettait sont opinion sur les nouveaux rôles d’évaluation foncière, que tout annonçait à la hausse.

    ‘’N’en déplaise aux citoyens mécontents, l’impôt foncier est pourtant une méthode  plutôt juste pour répartir le fardeau fiscal…plus ta maison a de la valeur, plus tu paies’’[i]

    Plusieurs aspects de cette déclaration me  questionnent ;

    Qui décide de la valeur des immeubles ; les élus municipaux se basant sur la loi du marché ? Marché qui est fort probablement appuyé sur une bulle immobilière qui risque à tout moment de se dégonfler (voir effondrement immobilier de 2008[ii])!  Si un tel effondrement se reproduit, la valeur des rôles d’évaluation foncière va-t-elle chuter aussi? Les Montréalais vont-ils se retrouver à porter un fardeau fiscal démesuré comparativement aux autres citoyens de la province ? Ou tout bêtement rembourser leur hypothèque en 140 ans comme les citoyens de Suède[iii].

    Comme travailleuse sociale, ayant œuvré auprès des familles du centre-ville,  je me sens particulièrement concernée par l’impact qu’aura la hausse sur la population plus vulnérable et plus particulièrement sur les jeunes ménages.

    En effet, être une jeune famille vivant en milieu urbain s’avère souvent difficile, engendrant une situation financière précaire. Deviennent-elles victimes de l’économie, des besoins grandissants de l’État, de sa croissance continue (loi de Wagner[iv]) et de sa soif insatiable de revenus en provenance de la classe moyenne ?

     De par la hausse moyenne de 21% finalement annoncée[v], rare seront les jeunes ménages qui pourront y acquérir une première maison, vendre et racheter à Montréal ou même s’installer dans un premier logement. Pourtant c’est bien au centre-ville; le Plateau-Mont-Royal, dans le Sud-ouest ou dans Rosemont-la-Petite-Patrie (tous victimes des hausses depuis 2010[vi]), que sont concentrées une majorité des services offerts à la population, aux jeunes familles et à leurs enfants. Pistes cyclables, parcs aménagés, garderies à 7$, aménagement de mégas hôpitaux, services spécialisés de professionnels dans les écoles, maisons de la culture, Place des festivals et autres lieux de spectacles  etc.

    Le centre-ville, avec tous ses services et son offre culturelle, est conçu et accessibles à quels citoyens ? Aux familles ? Lesquelles ?

    Pour certaines, quitter Montréal était la seule façon de pouvoir avoir accès à la propriété et s’offrir une certaine qualité de vie. On a alors assisté à une migration de celles-ci vers les banlieues. Ces familles sont alors confrontés à une autre réalité; l’éloignement et la rareté des services. En effet, vivre en banlieue veut aussi dire utiliser une voiture dans la majorité de ses déplacements, des services trop peu nombreux et un accès restreint à la culture etc.… et pour leurs enfants; trop peu de services à l’enfance et offerts à la carte ($), garderies à 25$, des écoles souffrant d’un manque de professionnels spécialisés, pas même un trottoir pour faire du vélo ! Bref un appauvrissement à postériori.

    J’entends souvent le commentaire, ils n’ont qu’à ne pas vivre dans le 450 ! Qu’à revenir à Montréal !

    Eh bien, expliquez-moi comment faire !

    En effet, la Ville de Montréal, dans son Plan d’Action famille de Montréal 2008-2012[vii] disait vouloir retenir les familles. Mais qu’en est-il de celles qui sont déjà parties ?

    La ville offre dans son programme ‘’Plan de fidélisation des familles 2014- 2017 ‘’[viii] des subventions visant à soutenir les jeunes familles désireuses de demeurer à Montréal ou d’acquérir ou rénover une propriété. De prime abord c’est toute une galère que de s’y retrouver et ensuite de s’y conformer, bref pas très ‘’user friendly’’(facilitant pour les utilisateurs).  Illustration de la complexité du secteur public[ix] qui aurait intérêt à simplifier l’accès aux programmes pour leurs citoyens.

    De plus, le programme est offert aux nouveaux acheteurs…adieu retour des exilés ayant acquis une première propriété en banlieue. Toutefois, le plan dit vouloir ‘’élargir la clientèle ciblée’’[x]. Ce sera donc à suivre, si les mesures proposées pour 2014-2017 sont mise en œuvre par la prochaine équipe d’élus municipaux.

    Toutefois, dans son programme de subvention ‘’Habiter Montréal’’[xi] révisé en avril 2013,  le montant maximum du coût de revient des propriétés proposés varie entre 280 000 à 360 000$ pour une unifamiliale sont en deçà de la réalité de la valeur moyenne des propriétés dont voici quelques exemples cités dans La Presse : unifamiliale(…) 484 600$ dans l’île de Montréal’’[xii], dans ‘’Rosemont 446 200$, Ahuntsic 488 900$ ou Verdun 633 000$’’[xiii]. De plus, expliquez moi comment, avec une subvention maximale de 12 500$[xiv] cela va permettre à une jeune famille d’acheter une maison dans un des quartiers centraux ou le prix moyen pour une unifamiliale est de 484 600$[xv]. L’accès aux subventions devient donc restreint aux quartiers périphériques tel que; Montréal-Nord, Pointe-aux-Trembles etc.

    Comme citoyenne, montréalaise de naissance, ayant vécu sur le ‘’Plateau’’ et ayant bénéficié de tous les services gratuits offerts au ‘’centre-ville’’, je considère la situation alarmante voire catastrophique à long terme de par l’impact qu’elle aura sur le visage de Montréal, sa vitalité voire même sa pérennité. Le titre de l’article de Stéphanie Grammond dans la Presse du 14 du même mois, le dépeint bien : ‘’ Familles + Montréal = SOS’’[xvi]

    En cette période de course à la mairie, je crois que l’un des candidats pourrait profiter de l’alignement des planètes et faire de son cheval de bataille la nouvelle augmentation des rôles d’évaluation foncière qui mène directement à une hausse des taxes auxquelles elles sont liées.

    En plus de permettre aux candidats de se faire du capital politique et de réussir à ‘’proposer quelque chose de concret pour les montréalais’’[xvii], il aurait pu être un ‘’instrument d’action politique’’[xviii]. Nous savons bien que ‘’les recettes fiscales … provoquent…. des réactions politiques chez les contribuables’’[xix]. Or, en cette période de révélations de collusion et de corruption, qui a coûté une fortune aux montréalais (et aux autres…c’est à suivre), le ‘’timing’’ aurait été excellent.

    Occasion manquées…peut-être pas encore ! La candidate Mélanie Joly mentionne dans sa plateforme électorale avec l’action ‘’Opération 30 000 familles’’,  quelle veut s’attaquer à l’exode des familles et leur offrir ‘’ davantage de logements dans les secteurs de la ville propices aux familles ‘’[xx]

    Je croise les doigts !

    Lucie Goyer

    Étudiante au programme court de 2e cycle en Management public, ÉNAP



    [i] Benessaieh, Karim, ‘’ Autre choc en vue pour les proprios’’, La Presse, mardi 10 septembre 2013, p. A7

    [ii] Dupaul, Richard, ‘’140 ans pour rembourser son hypothèque’’, La Presse, ‘’La Presse affaires’’, lundi 16 septembre  2013, p.4

    [iii] Idem

    [iv] GAUDEMET, Paul Marie et Joël MOLINIER (1996). ‘’L’extension des opérations sur deniers publics de lois de Wagner’’, Finances publiques, Tome 1, 7e éd., Paris, Montchrestien, chap. 1, p.95.

    [v] Benessaieh, Karim, ‘’Un bond de 21%’’, La Presse, jeudi 12 septembre 2013, p. A6

    [vi] Benessaieh, Karim, ‘’ Autre choc en vue pour les proprios’’, La Presse, mardi 10 septembre 2013, p. A7

    [vii]PLAN D’ACTION FAMILLE DE MONTRÉAL 2008-2012 (page consultée le 15 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (En ligne),

    http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/SECT_FAMILLE_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PLAN_ACTION_2008_2012.PDF

    [viii]  PLAN DE FIDÉLISATION DES FAMILLES 2014-2017, (document pdf consulté le 18 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (en ligne),Plan_Habitation-2.pdf-Adobe Reader

    [ix] Cardinal, Jacqueline et Laurent, Lapierre, ‘’Simplement en toute complexité’’, La Presse, le 19 septembre 2005, Notes de cours ENP 7505, scéance #1

    [x] idem

    [xi] HABITER MONTRÉAL (Page consultée le 15 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (en ligne),http://www.habitermontreal.com/

    [xii] Grammond, Stéphanie, ‘’Familles + Montréal= SOS’’, La Presse, La Presse affaires, samedi 14 septembre 2013, p. 4

    [xiii] idem

    [xiv]ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ (Formulaire consulté le 16 septembre 2013), Site de la Ville de Montréal, (en ligne),  http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/habitation_fr/media/documents/programme_accession_propriete_info_generale.pdf

    [xv] Benessaieh, Karim, ‘’Un bond de 21%’’, La Presse, leudi 12 septembre 2013, p. A6

    [xvi] Grammond, Stéphanie, ‘’Familles + Montréal= SOS’’, La Presse, La Presse affaires, samedi 14 septembre 2013, p. 4

    [xvii] RDI WEEK-END, ICI Radio-Canada, entrevue télévisée à RDI de M. Rémy Trudel [xvii]09-09-2013

    [xviii] GAUDEMET, Paul Marie et Joel MOLINIER (1996). Finances publiques, Tome 1, 7e éd., Paris, Montchrestien, p. 18

    [xix] idem

    [xx]RADIO-CANADA, (page consultée le 22 septembre 2013), site de Radio-Canada, (en ligne) http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/09/18/002-programme-electoral-melanie-joly-montreal-mairie.shtml

  • Ma circonscription ne compte pas

    Ma circonscription ne compte pas

     

    Ma circonscription ne compte pas. En mai dernier, la ministre de l'éducation, Mme Marie Malavoy nous annonçait, tout sourire, la construction de 5 nouvelles écoles neuves en Montérégie (1). On comprend le Parti Québécois(PQ), c'est là qu'il retrouve sa base électorale. A tout le moins, le profil de l'électorat de banlieue commande que les politiques du PQ, ou même du Parti Libéral (PLQ), soient alignées de façon très serrée sur les préoccupations locales. Les luttes électorales y sont souvent serrées. Dans ma circonscription du centre-ville de Montréal, c'est l'inverse. Les écoles primaires sont dans un état lamentable. On trouve de l'amiante dans les plafonds, la peinture tombe des murs, les cours d'école en asphalte et j'en passe. Mieux encore, on apprenait cette semaine que le collège Laurier fermera ses portes en juin 2014 pour déménager à Laval. Là où se trouve l'avenir du Québec tout entier.

     

    Une part importante des jeunes quittent les régions pour venir étudier/s'amuser à Montréal mais quand vient le moment de fonder une famille, ils déménagent à Laval, ou en Montérégie. Pas moins de 20 000 ménages quittent Montréal chaque année. C'est leur droit. Mais cette exode a des effets négatifs concrets sur Montréal et surtout, il est rendu possible grâce à la gestion clientéliste du développement de la région de Montréal par le gouvernement du Québec.

     

    Traitons d'abord l'aspect écologique de ce type de développement. Ces exilés adoptent rapidement un mode de vie très peu compatible avec les urgences environnementales qui nous guettent. Leur empreinte écologique monte en flèche. Cet exode se fait surtout en fonction des autoroutes, des méga-centres de consommation, des écoles neuves et d'une recherche du meilleur des deux mondes. Les avantages de la ville, sans ses inconvénients. C'est ce que les gens demandent, alors on leur donne. On veux du gazon, de l'espace et des écoles neuves, pas trop de pauvres et pas trop d'immigrants. On veut aussi des autoroutes pour pouvoir revenir en ville chaque matin pour y tirer un salaire intéressant. Parce que dans notre banlieue, y'en a pas d'ouvrage ! Ou si peu. Et si d'aventure les autoroutes sont congestionnées, on pourra toujours se faufiler dans les petites rues locales pour accéder au centre-ville de Montréal. Et par électoralisme, tous les gouvernements laissent aller ce développement coûteux et anarchique.

     

    Les autorités gouvernementales vous diront: Plusieurs ministères ont investi des sommes colossales à Montréal ! Après avoir laissé les infrastructures à l'abandon pendant des décennies, on rénove à l'identique les carrefours autoroutiers sans y intégrer de véritables systèmes de transport en commun modernes. Parce que ça coûte trop cher et dans les circonscriptions de la couronne de Montréal, ce n'est pas une priorité. À l'extérieur de Montréal la part du lion des investissements va dans le même sens. On investit des centaines de millions pour étirer et élargir les autoroutes de la périphérie de Montréal. Le Parachèvement de l'autoroute 19 au nord de Laval(4), illustre bien cette volonté de servir et d'entretenir cet interminable étalement urbain.

     

    Ma circonscription ne compte pas. Il faut se battre pour obtenir un financement adéquat des transports en commun. Et quand ça aboutis, c'est de l'entretien (nouvelles rames de métro) ou alors des voies réservées pour autobus. Les autoroutes pour les banlieues et les autobus bondés pour Montréal. Pire encore, la dernière fois qu'on a allongé une ligne de métro, au coût de 200 millions $ du km, c'était pour plaire à l'électorat de Laval. Ça ne peut s'expliquer autrement. La ligne de métro aboutis dans un champ ! Alors que des centaines de milliers de montréalais, habitant des quartiers denses dans le nord-est, sont dépourvus en matière de transport en commun efficace, on construit des infrastructures neuves dans les champs de Laval. Mais rassurez-vous, on a promis aux habitants de l'Est de Montréal une voie réservée pour bus sur Pie-IX vers 2020. Le métro en banlieue et les autobus dans les quartiers denses. Pincez-moi quelqu'un ! Y a-t-il un urbaniste dans ce gouvernement ?

     

    Ma circonscription ne compte pas. Vers la fin de l'été on apprenait que les quartiers centraux de Montréal sont les pires endroits au Québec où trouver un médecin de famille (2). En vérité, on a du mal à voir un médecin tout court ! 54% des habitants des quartiers centraux n'ont pas accès à un médecin de famille. La moyenne au Québec se situe à 75% alors qu'en Montérégie 76% des gens ont accès à un médecin de famille. Les mieux nantis en médecins de famille étant plutôt en banlieue de Québec, où 88% des citoyens ont accès à un médecin de famille. Il est difficile de passer sous silence le fait que les deux pires circonscription pour l'accès aux médecins de famille ont envoyé à Québec des députés de Québec Solidaire aux dernières élections.

     

    Il est sans doute très difficile d'offrir des services publics de façon équitable, partout, et pour tout le monde. Mais on remarque que certaines circonscriptions, souvent les mêmes, comptent moins que d'autres dans plusieurs champs d'activités du gouvernement. La clientèle de banlieue en définitive, détient un réel pouvoir au Québec. Pour un stratège politique à Québec, la dynamique électorale à Montréal est quantité négligeable. Environ 60% de la population appuie massivement le PLQ, quelques-uns appuient QS et les autres à l'Est vont voter pour le PQ quoi qu'il arrive. Ce qui fait que les promesses électorales ne sont jamais respectées, et on fini par appliquer une gestion clientéliste dans plusieurs champs d'action du gouvernement.

     

    Dernièrement le Parti québécois a trouvé ce qui selon lui constitue la grande urgence de notre société. Les signes religieux ostentatoires (3). Misère ! Les signes religieux. Mais qui a demandé l'intervention de l'état dans des choix individuels qui sont après tout, des droits reconnus ? La supposée invasion de signes religieux n'est certainement pas un problème hors de Montréal, il n'y a que peu d'immigrants. Elle n'est même pas un problème à Montréal où habitent l'essentiel de ces communautés religieuses. À Montréal ça se passe très bien. Curieusement plus les gens sont en contact avec des minorités affichant un signe religieux, plus ils s'opposent à cette Charte des valeurs. Et de quelles valeurs parle-t-on ? On ne peut pas prétendre défendre un État laic si on maintien le crucifix au Salon de l'Assemblée Nationale. Bref, on préférerait que l'État se préoccupe des problèmes réels d'accès aux services publics et qu'il s'assure d'orchestrer un développement responsable du territoire.

     

    En démocratie, les gens n'acceptent pas très longtemps d'être mal représentés. On connaissait le clientélisme du PLQ, mais actuellement le PQ leur fait une belle concurrence sur ce terrain. Et Montréal n'est plus traitée équitablement. Quelques bons mots pour Montréal en campagne électorale, puis on gouverne pour s'arracher l'appui des banlieues par la suite. Le PQ fait à Montréal ce que le Canada fait au Québec depuis des décennies. Il pourrait donc se produire la même dynamique qui a conduit à l'émergence d'un mouvement souverainiste au Québec. A quand un parti montréalais qui réclamera le statut de province canadienne pour Montréal ? C'est à Montréal que la création de richesse par habitant est la plus élevée au Québec. Mais aujourd'hui, cette richesse sert trop à alimenter la croissance anarchique des banlieues. 

     

    L'opération, un brin utopique, serait probablement viable et payante pour les montréalais. De plus, quelques chose me dit que les anglophones et les immigrants écouteraient attentivement... et surtout, chaque circonscription de Montréal compterait.

     

    François Gosselin

    Montréal

     

     

    1. La Presse, 7 mai 2013

    2. La Presse, 13 aout 2013

    3. Le Devoir, 5 septembre 2013

    4. Radio-Canada, 24 mai 2013