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Montréal, recherche familles ?

 

 

En lisant La Presse du 10 septembre dernier, l’article de Karim Benessaieh sur le nouveau rôle d’évaluation foncière à être déposé à la Ville de Montréal m’a interpellée. Particulièrement le passage relatant les propos d’un chercheur de l’Institut national de recherche scientifique, M. Pierre J. Hamel. Celui-ci émettait sont opinion sur les nouveaux rôles d’évaluation foncière, que tout annonçait à la hausse.

‘’N’en déplaise aux citoyens mécontents, l’impôt foncier est pourtant une méthode  plutôt juste pour répartir le fardeau fiscal…plus ta maison a de la valeur, plus tu paies’’[i]

Plusieurs aspects de cette déclaration me  questionnent ;

Qui décide de la valeur des immeubles ; les élus municipaux se basant sur la loi du marché ? Marché qui est fort probablement appuyé sur une bulle immobilière qui risque à tout moment de se dégonfler (voir effondrement immobilier de 2008[ii])!  Si un tel effondrement se reproduit, la valeur des rôles d’évaluation foncière va-t-elle chuter aussi? Les Montréalais vont-ils se retrouver à porter un fardeau fiscal démesuré comparativement aux autres citoyens de la province ? Ou tout bêtement rembourser leur hypothèque en 140 ans comme les citoyens de Suède[iii].

Comme travailleuse sociale, ayant œuvré auprès des familles du centre-ville,  je me sens particulièrement concernée par l’impact qu’aura la hausse sur la population plus vulnérable et plus particulièrement sur les jeunes ménages.

En effet, être une jeune famille vivant en milieu urbain s’avère souvent difficile, engendrant une situation financière précaire. Deviennent-elles victimes de l’économie, des besoins grandissants de l’État, de sa croissance continue (loi de Wagner[iv]) et de sa soif insatiable de revenus en provenance de la classe moyenne ?

 De par la hausse moyenne de 21% finalement annoncée[v], rare seront les jeunes ménages qui pourront y acquérir une première maison, vendre et racheter à Montréal ou même s’installer dans un premier logement. Pourtant c’est bien au centre-ville; le Plateau-Mont-Royal, dans le Sud-ouest ou dans Rosemont-la-Petite-Patrie (tous victimes des hausses depuis 2010[vi]), que sont concentrées une majorité des services offerts à la population, aux jeunes familles et à leurs enfants. Pistes cyclables, parcs aménagés, garderies à 7$, aménagement de mégas hôpitaux, services spécialisés de professionnels dans les écoles, maisons de la culture, Place des festivals et autres lieux de spectacles  etc.

Le centre-ville, avec tous ses services et son offre culturelle, est conçu et accessibles à quels citoyens ? Aux familles ? Lesquelles ?

Pour certaines, quitter Montréal était la seule façon de pouvoir avoir accès à la propriété et s’offrir une certaine qualité de vie. On a alors assisté à une migration de celles-ci vers les banlieues. Ces familles sont alors confrontés à une autre réalité; l’éloignement et la rareté des services. En effet, vivre en banlieue veut aussi dire utiliser une voiture dans la majorité de ses déplacements, des services trop peu nombreux et un accès restreint à la culture etc.… et pour leurs enfants; trop peu de services à l’enfance et offerts à la carte ($), garderies à 25$, des écoles souffrant d’un manque de professionnels spécialisés, pas même un trottoir pour faire du vélo ! Bref un appauvrissement à postériori.

J’entends souvent le commentaire, ils n’ont qu’à ne pas vivre dans le 450 ! Qu’à revenir à Montréal !

Eh bien, expliquez-moi comment faire !

En effet, la Ville de Montréal, dans son Plan d’Action famille de Montréal 2008-2012[vii] disait vouloir retenir les familles. Mais qu’en est-il de celles qui sont déjà parties ?

La ville offre dans son programme ‘’Plan de fidélisation des familles 2014- 2017 ‘’[viii] des subventions visant à soutenir les jeunes familles désireuses de demeurer à Montréal ou d’acquérir ou rénover une propriété. De prime abord c’est toute une galère que de s’y retrouver et ensuite de s’y conformer, bref pas très ‘’user friendly’’(facilitant pour les utilisateurs).  Illustration de la complexité du secteur public[ix] qui aurait intérêt à simplifier l’accès aux programmes pour leurs citoyens.

De plus, le programme est offert aux nouveaux acheteurs…adieu retour des exilés ayant acquis une première propriété en banlieue. Toutefois, le plan dit vouloir ‘’élargir la clientèle ciblée’’[x]. Ce sera donc à suivre, si les mesures proposées pour 2014-2017 sont mise en œuvre par la prochaine équipe d’élus municipaux.

Toutefois, dans son programme de subvention ‘’Habiter Montréal’’[xi] révisé en avril 2013,  le montant maximum du coût de revient des propriétés proposés varie entre 280 000 à 360 000$ pour une unifamiliale sont en deçà de la réalité de la valeur moyenne des propriétés dont voici quelques exemples cités dans La Presse : unifamiliale(…) 484 600$ dans l’île de Montréal’’[xii], dans ‘’Rosemont 446 200$, Ahuntsic 488 900$ ou Verdun 633 000$’’[xiii]. De plus, expliquez moi comment, avec une subvention maximale de 12 500$[xiv] cela va permettre à une jeune famille d’acheter une maison dans un des quartiers centraux ou le prix moyen pour une unifamiliale est de 484 600$[xv]. L’accès aux subventions devient donc restreint aux quartiers périphériques tel que; Montréal-Nord, Pointe-aux-Trembles etc.

Comme citoyenne, montréalaise de naissance, ayant vécu sur le ‘’Plateau’’ et ayant bénéficié de tous les services gratuits offerts au ‘’centre-ville’’, je considère la situation alarmante voire catastrophique à long terme de par l’impact qu’elle aura sur le visage de Montréal, sa vitalité voire même sa pérennité. Le titre de l’article de Stéphanie Grammond dans la Presse du 14 du même mois, le dépeint bien : ‘’ Familles + Montréal = SOS’’[xvi]

En cette période de course à la mairie, je crois que l’un des candidats pourrait profiter de l’alignement des planètes et faire de son cheval de bataille la nouvelle augmentation des rôles d’évaluation foncière qui mène directement à une hausse des taxes auxquelles elles sont liées.

En plus de permettre aux candidats de se faire du capital politique et de réussir à ‘’proposer quelque chose de concret pour les montréalais’’[xvii], il aurait pu être un ‘’instrument d’action politique’’[xviii]. Nous savons bien que ‘’les recettes fiscales … provoquent…. des réactions politiques chez les contribuables’’[xix]. Or, en cette période de révélations de collusion et de corruption, qui a coûté une fortune aux montréalais (et aux autres…c’est à suivre), le ‘’timing’’ aurait été excellent.

Occasion manquées…peut-être pas encore ! La candidate Mélanie Joly mentionne dans sa plateforme électorale avec l’action ‘’Opération 30 000 familles’’,  quelle veut s’attaquer à l’exode des familles et leur offrir ‘’ davantage de logements dans les secteurs de la ville propices aux familles ‘’[xx]

Je croise les doigts !

Lucie Goyer

Étudiante au programme court de 2e cycle en Management public, ÉNAP



[i] Benessaieh, Karim, ‘’ Autre choc en vue pour les proprios’’, La Presse, mardi 10 septembre 2013, p. A7

[ii] Dupaul, Richard, ‘’140 ans pour rembourser son hypothèque’’, La Presse, ‘’La Presse affaires’’, lundi 16 septembre  2013, p.4

[iii] Idem

[iv] GAUDEMET, Paul Marie et Joël MOLINIER (1996). ‘’L’extension des opérations sur deniers publics de lois de Wagner’’, Finances publiques, Tome 1, 7e éd., Paris, Montchrestien, chap. 1, p.95.

[v] Benessaieh, Karim, ‘’Un bond de 21%’’, La Presse, jeudi 12 septembre 2013, p. A6

[vi] Benessaieh, Karim, ‘’ Autre choc en vue pour les proprios’’, La Presse, mardi 10 septembre 2013, p. A7

[vii]PLAN D’ACTION FAMILLE DE MONTRÉAL 2008-2012 (page consultée le 15 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (En ligne),

http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/SECT_FAMILLE_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PLAN_ACTION_2008_2012.PDF

[viii]  PLAN DE FIDÉLISATION DES FAMILLES 2014-2017, (document pdf consulté le 18 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (en ligne),Plan_Habitation-2.pdf-Adobe Reader

[ix] Cardinal, Jacqueline et Laurent, Lapierre, ‘’Simplement en toute complexité’’, La Presse, le 19 septembre 2005, Notes de cours ENP 7505, scéance #1

[x] idem

[xi] HABITER MONTRÉAL (Page consultée le 15 septembre 2013). Site de la Ville de Montréal, (en ligne),http://www.habitermontreal.com/

[xii] Grammond, Stéphanie, ‘’Familles + Montréal= SOS’’, La Presse, La Presse affaires, samedi 14 septembre 2013, p. 4

[xiii] idem

[xiv]ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ (Formulaire consulté le 16 septembre 2013), Site de la Ville de Montréal, (en ligne),  http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/habitation_fr/media/documents/programme_accession_propriete_info_generale.pdf

[xv] Benessaieh, Karim, ‘’Un bond de 21%’’, La Presse, leudi 12 septembre 2013, p. A6

[xvi] Grammond, Stéphanie, ‘’Familles + Montréal= SOS’’, La Presse, La Presse affaires, samedi 14 septembre 2013, p. 4

[xvii] RDI WEEK-END, ICI Radio-Canada, entrevue télévisée à RDI de M. Rémy Trudel [xvii]09-09-2013

[xviii] GAUDEMET, Paul Marie et Joel MOLINIER (1996). Finances publiques, Tome 1, 7e éd., Paris, Montchrestien, p. 18

[xix] idem

[xx]RADIO-CANADA, (page consultée le 22 septembre 2013), site de Radio-Canada, (en ligne) http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/09/18/002-programme-electoral-melanie-joly-montreal-mairie.shtml

Commentaires

  • Pleinement d'actualité et au coeur des décisions de l'administration publique pour les familles et le renouvellement des population.
    À lire....

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