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Responsabilité partagée !

Si  depuis Napoléon l'état de droit se modernise avec la notion de "responsabilité", de la distinction entre les niveaux législatifs, exécutifs et judiciaires ainsi qu'avec la constitution canadienne, qu'en est-il de la reddition de compte aujourd'hui en administration publique.

Reddition de compte certes, mais plus précisément, qu'elle est la perception sociale, l'image véhiculée dans le contexte d'administration publique, des liens qui se doivent d'unir les obligations, les responsabilités et la transparence de ces gestionnaires. Si l'adage d'un vieux sage fort connu dit qu'en administration publique tout doit être approuvé et faire l'objet de reddition de compte, nous sommes à une époque où l'intégrité des gestionnaires qui fait régulièrement l'objet des fils de presse et par le fait même des frais de l'opinion publique. Quel en est l’impact sur la satisfaction de la clientèle du réseau de la santé.

Dans l’actualité, ces temps-ci le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), plus précisément, de l'ancien directeur général le Docteur Arthur Porter fait figure de style. Suite à une enquête de l'Unité permanente anticorruption du Québec, un mandat d'arrestation a été émis par ces derniers, qui l'accuse d'avoir accepté des millions en pots-de-vin afin de favoriser une compagnie privée dans l'octroi de contrats suite aux appels d'offres pour la construction et la gestion du nouvel hôpital anglophone de Montréal. Loin de moi l'idée de faire le procès de cet homme, mais continuons plus loin la réflexion.

 

Quand le budget provincial du secteur de la santé représente environ 50% des dépenses publiques, la population québécoise est en droit de s'attendre à une gestion responsable et efficace de l'argent qui y est "investie". C'est par l'imputabilité et la reddition de compte et ce, dans une démarche transparente, que les gestionnaires et conseils d'administrations du réseau se doivent d'agir. Dans l'éventualité d'un "dérapage", comme bon nombre de médias nous le rappel quotidiennement, le gouvernement se retrouve donc en crise et doit être en mesure de justifier et de corriger la situation.

Effectivement, l'autonomie de fonctionnement du réseau de la santé, par ses modes de gestions, son mode de financement unique en provenance du gouvernement provincial et de la marge de manœuvre dans les processus décisionnels des organismes publiques, donc des conseils d'administration, rend l'équilibre fragile entre les paliers gouvernementaux quand aux décisions organisationnelles (légitime ou non) et la justification de ces dernières. L'incohérence entre les deux parties nous amène directement dans le genre de conflit que vivent actuellement le gouvernement et les instances administratives du CUSM.

 

L'opinion publique ou plutôt le niveau de satisfaction de l'ensemble des québécois envers le système de santé est une notion particulièrement labile. Bon nombre d'individus considère l'efficacité du système de santé en fonction du délai d'attente dans une salle d'urgence. Plus on attend, moins le système est efficace ! Même feu de broussailles lors d'une sortie publique sur un évènement malheureux, qui bien ficelé par l'appareil médiatique fait réagir l'ensemble de la population !! Fondamentalement, la population québécoise demeure satisfaite à 90% de son système de santé, mais je constate un élément principal : tant et aussi longtemps que l'offre de service directe à la clientèle n'est pas affectée par quelconque principe administratif, logistique, financier ou en lien avec la performance, on en demeure satisfait tant et aussi longtemps que le volet clinique reste et demeure satisfaisant pour la clientèle.

Force est de constater que  la majorité silencieuse (Sic!), donc le québécois qui a eu accès au réseau de la santé et qui est entré à l'intérieur pour investigations ou traitements plus spécialisés, manifeste une expérience positive dans son ensemble.

 

Ce portrait global des taux de satisfaction ou la perception de son réseau de santé par la population québécoise, la gestion de ce dernier et la responsabilité / imputabilité de  ses administrateurs, me ramène directement en 2007 ou Henry Mintzberg, dans une entrevue dans La Presse mentionnait : "Les systèmes de santé ne sont pas en crise. Une grande partie de leurs problèmes viennent de leur succès. C'est leur administration qui est malade."

 

Si dans l'ensemble,  le taux de satisfaction de la population Québécoise est directement relié à l'offre de service clinique offerte par le réseau, qu'en est-il de l'imputabilité des administrateurs en lien avec les décisions, les choix qui ont été pris par ces derniers. Qu'en est-il des impacts directs de ces choix sur l'offre de soins et de rendement dans notre système de santé, à quel niveau acceptons nous ces modes de gestions, repris et critiqués par une masse non significative de ces membres et à plus grande échelle, par les médias. Quand assisterons à une réelle mobilisation populationnelle quand à la légitimité et la crédibilité des gestionnaires nommés. Mais une grande question demeure, quand débuterons-nous une véritable réorganisation de notre réseau.

L’accessibilité est souvent remise en cause dans l’opinion publique et justifierait la performance de notre système, mais ses modes de gestion, ses gestionnaires, outre leur nombre supposément nombre trop élevé dans l’administration publique québécoise, sont-il réellement responsables et imputable de leurs décisions ? Quels liens la population est-elle en mesure de faire entre les processus administratifs et la performance de notre réseau ?

 

 - Paul Bienvenue - Blog 1

[1] MICHAUD, N. et coll. (2011). Secrets d’États ?, chap.21, p.486-509

[2] L'Institut de la statistique du Québec, Enquête sur la satisfaction des usagers à l'égard des SSSS du Québec

[3] Notes de cours ENP7505-Proftrudel, hiver 2013

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