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Le système de santé au Québec, est-il victime de son succès?

Personne ne peut ignorer les efforts du Canada et du Québec dans le maintien et l’amélioration de la santé et du bien-être des citoyens. Ces efforts sont d’abord inspirés des cinq principes fondamentaux de la Loi canadienne sur la santé : l’universalité, la gestion publique, la transférabilité, l’intégralité et l’accessibilité.

L’essence du premier principe, l’universalité, accorde à tous les résidents le droit à recevoir des services de santé assurés, prévus par le régime universel, selon des modalités uniformes. La gestion publique signifie que le régime d’assurance-maladie d’une province ou d’un territoire doit être géré sans but lucratif par une autorité publique. La transférablilité, comme condition, doit prévoir le paiement du montant pour des frais de services de santé lorsqu’une personne assurée déménage ou voyage au canada ou à l’extérieur du pays. L’intégralité exige que tous les services médicaux requis et offerts par les hôpitaux et les médecins doivent être assurés. Finalement, le principe d’accessibilité consiste à l’accès raisonnable aux services hospitaliers et médicaux nécessaires pour les personnes assurées, sans obstacles, tels que la discrimination selon l’âge, l’état de santé ou la situation financière. Dans le contexte de la disponibilité physique des services médicalement nécessaires, l’accès raisonnable signifie, en vertu de la Loi canadienne sur la santé, avoir un accès aux services de santé de qualité identique pour tous les citoyens.

La mise en application de ces principes nécessite d’importantes dépenses publiques. À cet effet, le secteur de la santé bénéficie du plus grand budget parmi ceux alloués aux différents ministères. Cependant, les honoraires des médecins constituent une très grande part de ces dépenses. En fait, le montant des  rémunérations versé aux médecins en 2012 a été supérieur aux dépenses totales des ministères de l’Agriculture, de l’Environnement, de la Famille et des Aînés, de la Justice et des Transports réunis. L’an dernier, selon le journal Métro du 31 janvier 2013, le Québec comptait un peu moins de 20000 médecins qui se sont partagés  5,4 G$.

En considération des données précédentes, et en comparaison avec d’autres systèmes de santé dans les pays industrialisés, nous pouvons voir très clairement que le gouvernement a mis en place tous les éléments juridiqueset financiers qui favorisent le succès de son système de santé.

Par contre sur le terrain, au Québec, plusieurs citoyens n’ont toujours pas accès à un médecin de famille. En effet, en 2007, environ 26 % des Québécois de 12 ans et plus ont déclaré ne pas avoir de médecin de famille selon l’enquête sur la santé dans les collectivités canadienne (ESCC). Cependant, un patient qui n’a pas de médecin de famille est souvent contraint à se rendre à l’urgence; ce qui explique que plus de la moitié des consultations à l’urgence ne sont pas urgentes. Par conséquent, le temps d'attente moyen dans les urgences des hôpitaux est de 17 heures. Selon le journal La Presse du 31 août 2012, les autorités maintiennent qu'il est possible de le réduire à moins de 12 heures.

En France, où les principes d’organisation de la santé publique sont assez semblables à ceux du Québec (gratuité des services, par exemple), sur les 17 millions de personnes qui ont fréquenté les urgences en 2010, en moyenne, 45 % des patients sont pris en charge en moins de deux heures d'attente et 77 % des patients sont pris en charge en moins de 4 heures. Selon la troisième édition du baromètre de la qualité des services publics, publié le 27 février 2012, et selon le dictionnaire Larousse, le mot urgence est définit comme une situation pathologique, dans laquelle un diagnostic d’un traitement doit être réalisé très rapidement. Ceci dit, même avec 12 heures d’attente nous sommes toujours très loin de la situation urgente.

Les explications relatives à cette situation sont connues de tout le monde. D’un côté, le manque de médecins. De l’autre, celui de l’insuffisance des lits d’hôpitaux. Elle se justifie également par un problème majeur, celui du vieillissement de la population et de l’augmentation des besoins en services de santé pour ces catégories.

Alors, existe-t-il des solutions possibles pour faire face à cette situation? Sommes-nous moins bien soignés par des médecins qui gagnent plus, parce qu’ils sont peu nombreux? Pourrons-nous justifies les longues heures d’attente aux urgences? Est-ce que le fait que les gens vivent plus longtemps est un indice de l’efficacité de système de santé québécois?

Je propose une mesure qui me semble efficace pour faire face à la pénurie de médecins. Organiser et assurer une pleine intégration des médecins diplômés à l'étranger, par la mise en place d’un système d'évaluation des compétences et l’organisation de stages de mise à niveau de courte durée. Par ailleurs, le coût de formation de ces médecins, mise à part la mise à niveau proposée, est nul pour les Québec. Cette procédure nous permet d’avoir plus de médecins de famille, sachant que les visites aux urgences coûtent 5 à 10 fois plus à l’État que les mêmes consultations auprès d’un médecin de famille en cabinet. De plus, les patients qui sont suivis par un médecin de famille sont moins souvent hospitalisés et consomment, forcément, moins de médicaments que les autres patients. Cette mesure pourrait certainement alléger la pression sur les finances publiques de la santé.

Face à l’ampleur des changements démographiques et l’augmentation des besoins en  santé des personnes âgées, on doit favoriser leur prise en charge à domicile. Cette solution pourrait aider à résoudre le problème du manque de lits dans les hôpitaux et réduirait, par conséquent, les dépenses; sachant que le maintien à domicile coute beaucoup moins cher que l’hospitalisation.

Selon les données provisoires de 2011 établit par l’Institut de la statistique du Québec, l’espérance de vie moyenne à la naissance des Québécois s’établit à 81,8 ans. Pour cette même année de référence, selon le site internet statistiques-mondiales, la durée de vie moyenne au Québec est inférieure à celles observées aux Japon (82,25), à Singapour (82,14), en Australie (81,81) et, pas loin, à celle de la France (81,19), qui compte une population de 65,5 millions pour l’année 2011. Ces données donnent l’idée que le système de santé de ces pays, incluant le Québec, est efficace, mais ces pays ne connaissent pas les mêmes enjeux que ceux du Québec. Alors, le fait de voire des gens attendre des heures durant dans les salles d’urgence ne justifie pas, pour autant, un plein succès du modèle de santé québécois.

Pour conclure, le système de santé au Québec, a tout fait pour assurer son succès, par rapport au volume des dépenses annuelles et aux valeurs des principes fondamentaux de la Loi canadienne sur la santé. Néanmoins, ces principes connaissent des insuffisances dans leur opérationnalisation, en raison d’une mauvaise allocation des ressources et d’inefficacité des pratiques organisationnelles.

Mebarek Moumen

 

 

Référence:

 

 

http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2012/201208/12/01-4564439-sante-comment-diminuer-le-temps-dattente-aux-urgences.php

 

http://journalmetro.com/opinions/repenser-le-quebec/231141

 

www.stat.gouv.qc.ca

 

http://www.statistiques-mondiales.com/esperance_de_vie.htm

 

http://www.med.uottawa.ca/sim/data/Canada_Health_Act_f.htm

http://www.cfp.ca/content/53/11/1871.full

 

 

 

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