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Blogue 2-Doucet, Christine.Partenariat en FPT: l'école doit rester intègre!

 

Le partenariat est, en éducation, utilisé à toutes les sauces. Les commissions scolaires sont actuellement en partenariat avec le MELS, l’entreprise privée,  les universités,  les organismes communautaires, le réseau de la santé et des services sociaux, et j’en passe! Il est parfois difficile de s’y retrouver. À quoi rime tout cela? Sommes-nous tout simplement témoin d’un désengagement de l’État en matière d’éducation? Personnellement, je crois fermement à la nécessité et au  dynamisme du partenariat en éducation. J’émets toutefois certaines réserves car il peut parfois, à mon avis, contrevenir à la mission première assignée à l’école par la Loi de l’instruction publique, soit instruire, qualifier et socialiser l’élève.

 

Il convient d’abord de définir la notion de partenariat. Selon Bourque, dans son ouvrage Concertation et partenariat, paru en 2008, le partenariat « implique un engagement contractuel à partager des responsabilités, à mettre en commun des ressources et à se diviser des tâches suite à une entente négociée. (…) Le partenariat comporte donc une obligation de résultats. »

 

Les partenariats observés entre les différents acteurs de la communauté permettent souvent l’unification des forces de façon à répondre à des besoins grandissants. D’ailleurs, Boutin et Le Cren, dans leur ouvrage Le partenariat : Entre utopie et réalité, formulent cette réalité ainsi :

 

« À vrai dire, décideurs, aussi bien que praticiens se rendent compte que les modes de fonctionnement anciens qui privilégiaient la compétition entre les organismes ne conviennent plus, pour la simple raison que les exigences sociales et économiques ne permettent plus de croire en un avenir assuré pour tous. Les nouvelles réalités, celles qui ont trait notamment avec le néolibéralisme incitent les institutions et les entreprises à s’unir les unes aux autres afin d’affronter les exigences extrêmes, voire exacerbées, du marché. »

 

Dans plusieurs situations, cette unification des forces est bénéfique pour l’ensemble des acteurs impliqués. Cependant, le facteur économique peut dans certains cas conduire à des problématiques  comme ce qui a été observé à maintes reprises en formation professionnelle et technique (FPT) dans les dernières années.

 

La formation professionnelle et technique (FPT) offerte par le réseau des commissions scolaires et le réseau collégial est très alléchante pour les entreprises en quête de main-d’œuvre qualifiée. Cela est d’autant plus vrai dans un contexte de mondialisation et de libre-échange, où les entreprises ressentent une pression constante à améliorer leur productivité. Pour l’entreprise, l’avantage à conclure un partenariat en FPT est clair; plus les diplômés des programmes de FPT sont profilés à ses exigences, plus la productivité augmente. Pour les établissements scolaires, le partenariat est également très attirant; plus les diplômés sont profilés aux exigences de l’entreprise, plus les taux de placement sont élevés à la fin de la formation. Situation gagnante pour tous? Qu’arrive-t-il alors lorsque l’entreprise ne peut fournir un emploi à l’ensemble des travailleurs profilés en raison d’une diminution des contrats ou pire encore, lorsque cette entreprise ferme ses portes?

 

Le problème majeur ici est que l’école ne doit pas être au service de l’entreprise privée et qu’elle se doit de rester fidèle à sa triple mission d’instruire, socialiser et qualifier l’élève. Prenons un exemple concret qui démontre qu’il  faut demeurer très vigilant face aux besoins de l’entreprise privée. En 2004, la compagnie Bombardier se déclare incapable de respecter l’entente prise avec l’École des métiers de l’aérospatiale (Commission scolaire de Montréal). Ce sont 268 élèves inscrits dans un programme d’alternance école-travail visant  un emploi en aéronautique qui se retrouvent le bec à l’eau. Qu’arrive t’il de ces travailleurs profilés, qui ont reçu une formation provenant du système public d’éducation, qui je le rappelle a pour mission d’instruire, socialiser et qualifier l’élève? Est-ce que l'obligation de résultats est possible dans ce type de partenariat? Selon Antoine Baby, sociologue à l’UQTR, deux avenues sont possibles pour l'école afin de s'adapter aux réalités compétitives d'aujourd'hui : « Ou l’école force un nouveau partage des responsabilités en matière de FPT entre elle et les entreprises en quête de main-d’œuvre, ou elle assujettit les ententes de partenariats de clauses plus rigoureuses et plus contraignantes. ». Les commissions scolaires ainsi que les cégeps ont certainement avantage à travailler en collaboration avec l'entreprise privée en matière de FPT, il faudra cependant que des bases solides soient établies afin d’empêcher les dérapages!

 

BABY, Antoine (2012). « Les partenariats de l’école, un autre son de cloche », Le Point en administration de l’éducation, Volume 14, numéro 3, p.32-36.

BOURQUE, Denis (2008). Concertation et partenariat, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. Initiatives, 127 p.

BOUTIN, Gérald et Frédéric  LE CREN (2004). Le partenariat : Entre utopie et réalité, Montréal, Les Éditions Nouvelles, 127 p.

Commentaires

  • Bien reçu Christine. Au banc des coreection déjà!

  • Bien que dans certains cas l'Alternence Travail-Étude puisse avoir ses failles, il est toutefois riche pour notre système d'éducation de pouvoir se coller sur la réalité du marché technique et professionnel afin d'offrir aux étudiants une formation ciblée et dirigée sur les dernières tendances et évolutions des disciplines. Toutefois, il est impératif comme le souligne brillamment votre ouvrage, que le ministère de l'éducation et les commissions scolaires imposent une formation de base riche et généraliste permettant aux étudiants d'élargir les crénaux professionnels ou technique évitant ainsi d'être dépendant d'une seule entreprise pour terminer leur formation ou assurer leur progression professionnelle.

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