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Blog#2 D.N.HIEN -L'« obamacare» et la complexité du secteur public

 


 

Le journal  Metro du lundi 2 avril 2012 titrait à la page 14,  « santé, brocoli et démagogie» un article de monsieur Antoine Char, journaliste et professeur à l'université du Québec à Montréal       ( UQAM).

L'auteur dans cet écrit, analyse les propos du juge conservateur Antonin Scalia de la cour suprême des États- Unis sur la réforme du système de couverture de la santé appelée Protection and Affordable Care Act , l'une des réformes phare de l'administration Obama.

Oui!  s'il ya un sujet qui défraie la chronique aux USA, c'est bien la réforme du système de couverture de santé qualifiée d' « obamacare» par ses détracteurs comme le souligne Char. cette réforme qui a pour objectifs d'amener  tous les américains d'ici à 2014 à souscrire une assurance maladie ne fait pas cependant l'unanimité au sein la classe politique américaine.

Dans cet ordre d'idées, Antonin Scalia  dira que « forcer chaque Américain à avoir une assurance maladie, c'est un peu comme le contraindre à acheter du brocoli, où  à acheter une voiture» .

Les raisons principales de telles oppositions s'articulent autour de certaines valeurs et idéologies basées sur une liberté individuelle hostile à toute intervention de l'État dans la vie privée de chaque américain. Ils estiment que toute intervention de l'État favoriserait les classes moyennes. Ce faisant, le chacun pour soi doit prévaloir et les régimes publics d'assurance maladie tels qu'ils existent en ce moment, doivent rester en l'état car seul l'individu est responsable et non le groupe; par conséquent, aucun américain ne devrait payer plus de primes que d'autres. 

Cet article fort intéressant traduit pour nous tout l'intérêt des choix politiques sur la définition du secteur public.

 En effet,aux États-unis, la production du bien « santé» est confiée pour l'essentiel aux facteurs de production  ( médecins ,hôpitaux, compagnies d'assurance privées)[i] .

Dans un contexte où passer une nuit aux urgences pourrait coûter  10 000$ en moyenne selon Char ,  nous comprenons que le projet de réforme du système de couverture en assurance santé puisse se défendre car, traduit- elle une volonté politique d'atténuation des conséquences des inégalités qui existent entre les américains. Au moment où 32 millions d'entre eux sont dépourvus d'une assurance maladie une intervention gouvernementale permettra de leur offrir une couverture sanitaire si le projet venait à voir le jour.

Or, l'idéologie qui a dominé  cette démocratie pendant longtemps, semble privilégier la liberté individuelle conditionnant ainsi les décisions du secteur publique par les intérêts individuels.

l'individu étant responsable et non le groupe, l' «obamacare» peut être considéré comme étant une  intervention gouvernementale qui remet en cause certaines valeurs libérales  de type américaine  notamment celles défendues par les auteurs du public choice qui assimilent d'ailleurs  selon Mercier le politicien à un entrepreneur dont le but principal est sa réélection; Dans cette veine, Il devra s'assurer de la production des biens publics et sera désireux d'augmenter ses chances d'être réélu[ii]

Dans cette même logique,  la promesse de Mitt Romney de se débarrasser de l'« obamacare» se comprend  s'il était élu à la présidence des USA en novembre prochain; une manière pour lui donc d'annoncer sa préférence à  une définition extensive du secteur public afin de dénoncer plus facilement les innombrables interventions des autorités dans les activités des êtres humains et aboutir ainsi à une déréglementation des activités des entreprises et des agents économiques[iii] alors qu'il a gouverné le Massachusetts avec un système de santé semblable.

Ainsi, malgré les tentatives de séduction pour construire un consensus social autour de  cet historique et ambitieux projet de réforme , les regards sont pour le moment tournés vers la Cour suprême qui, devrait se prononcer sur son caractère constitutionnel ou non au mois de juin à la demande de 27 États républicains comme pour nous rappeler qu'en Administration publique, tout doit être approuvé.

Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire avec Tremblay qu' «en proposant sa propre définition du secteur public, une personne exprime sa vision du monde et son idéal» . Autrement dit, la définition du secteur public reste fortement tributaire des choix politiques et dans le contexte de l'«obamacare»,nous pourrons paraphraser Joseph facal pour  affirmer que le décideur public jongle avec des symboles, des valeurs et des espoirs qui ne font pas consensus, afin de traduire  la complexité du secteur publique .[iv]



[i]  Mercier, J.(2002) ,l'Administration Publique. De l'École classique au nouveau management public,.Les Presses de l'Université Laval, p.303

 

[ii] Mercier, J.(2002) ,l'Administration Publique. De l'École classique au nouveau management public,.Les Presses de l'Université Laval, p.303

 

 

[iii] Tremblay,P.P. (dir),(1997). L'État administrateur, Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec, P.10

 

[iv] notes de cours ENP7505-Trudel séance n°1 coupure de presse, 19 septembre 2005 . Jacqueline Cardinal et Laurent Lapierre.

Commentaires

  • La reforme du système de couverture de santé aux Etats-Unis ne finira pas de sitôt de faire couler de l'encre et de la salive. Le contraire nous aurait plutôt étonné. Obama et son administration ne sont pas les premiers a avoir tenté le coup, mais il faut dire qu'ils ont plus ou moins réussi comparativement à leur devanciers. Obama a sans doute tiré profit des leçons de l'échec de Hilary Clinton qui avait été chargée par son époux et Président Bill Clinton de préparer un avant projet de reforme du système de couverture, lequel s'est soldé par un échec. A vrai dire, il n'est pas aisé de rester indifférent face à la vulnérabilité de tant de concitoyens face à la maladie. Cependant, le problème est que la situation actuelle profite à certains groupes d'intérêts très puissants. Je pense à l'American Medical Association qui bloque toute tentative de reforme du système. Le problème s'est que leur pouvoir d'influence sur le pouvoir politique est inestimable, et de ce fait "impacte" sérieusement le processus de décision politique. Il est par ailleurs vrai que le secteur public reflète les artéfacts et les prémisses de base de la société et varie, par conséquent, d'une société à une autre et au sein d'une même société d'une période à une autre. Il a un caractère dynamique et non statique. D'où la complexité. Administration publique, quant tu nous tiens!!!!! Belle analyse Daniel.

  • Sujet très intéressant. C’est très dommage de voir à quel point
    cette liberté individuelle peut rendre les gens aveugles, voire inhumains. Comme l’a dit Joseph Facal dans le journal LA PRESSE du 19 septembre 2005, il est vrai que les décideurs en administration publique font face à un dilemme moral. Il a dit, je cite : « La gestion publique comporte un dilemme moral quotidien. Faut-il faire ce qu’on pense être bon même si c’est impopulaire, et risquer de perdre ses élections, ou se soucier uniquement du court terme, et dire et faire seulement ce que les gens veulent entendre et vous voir faire? » Très compliquée l’administration publique !! Quoi qu’il en soit, tout le mérite revient à Obama puisqu’il a réussi à porter la reforme jusqu’a son niveau actuel, c’est-à-dire à faire passer le projet de cette réforme, comparativement à tous ses prédécesseurs démocrates. Ce n’est pas de la démagogie si on regarde toute l’énergie qu’il a dépensée sur ce dossier et à quel point il tient à son aboutissement. C’est sûr qu’il va réussir mais si jamais il ne réussit pas, les partisans du « public choice system » auront raison là où ils affirment que « Le secteur public est le lieu par excellence des distorsions, autant dans les discours que dans l’allocation des ressources de la collectivité» (voir Mercier, J.(2002) ,l'Administration Publique. De l'École classique au nouveau management public, Les Presses de l'Université Laval, p.316).

  • Bien reçu Daniel. Au banc des corrections déjà!

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