#2-Sébastien Turgeon - Apprendre de son passé pour enseigner aux autres leur avenir souhaité.
Pour tout un chacun il est facile de juger l’autre, de se qualifier et se quantifier par rapport à lui, et surtout, de se valoriser à travers ces processus. La société à laquelle nous appartenons en est une de droits et il nous plaît de croire que ceux-ci sont justes et bons et nous sommes fiers de là où nous nous trouvons. Force est d’admettre que dans multiples domaines nous avons bien raison de l’être alors que dans d’autres, si nous n’avons atteint le résultat, nous avons l’assurance que notre société nous donne le droit de défendre nos idées et nos valeurs.
Le Québec est à mes yeux le plus beau pays du monde, je suis blanc, homme et adulte. En ce sens, il a toujours été légitime de croire ainsi, puisqu’à toutes époques, ou presque, mon groupe a été bien servi. Effectivement, je me souviens des histoires de ma grand-mère à qui, bien que le Canada ai reconnu le droit de suffrage aux femmes en 1918, le Québec n’a pas octroyé cette reconnaissance de citoyenne avant 1940 , alors qu’elle était suffisamment femme et adulte pour être mariée, 6 enfants ayant vécu le deuil d’un d’entre eux et atteint 26 ans d’âge. Je me souviens aussi du choc que j’ai vécu lorsque j’ai appris que ce n’est qu’en 1983 que le projet de loi C-127 reconnaissait le droit aux femmes de propriété sur son propre corps au détriment de son mari qui devait maintenant obtenir son consentement pour avoir une relation sexuelle puisque celle-ci avait maintenant le droit légal de dire non.
Je passe volontairement sous silence les écarts salariaux basés sur le sexe, la difficulté d’accès aux postes supérieurs pour les femmes et autres vestiges de notre société « évoluée » puisque nous avons, dans ces deux cas des programmes en place pour corriger la situation. Effectivement, depuis 1996 , le Québec s’est doté d’une loi proactive en équité salariale (active depuis 1997) et que les femmes font partie des groupes visés pour la préséance des nominations dans les processus de dotation de la fonction publique fédérale.
Bref, notre histoire récente et actuelle nous démontre l’immense chemin que nous avons parcouru en un laps de temps record. Les oreilles tendues, nous avons entendu ce que disaient nos gens, les yeux ouverts, nous avons regardé ce que les modèles mondiaux avaient à offrir, l’esprit déterminé, nous nous sommes engagés dans les changements auxquels nous croyions en tant que société. Ici est relatée la condition féminine, mais il est de même pour le multiculturalisme, l’homosexualité, les croyances religieuses… Le Québec est aujourd’hui un modèle de société, un modèle de réussite, de respect et d’intégration. Le piège cependant, est celui de regarder le reste du monde d’en haut, d’être pédant et condamnant envers ces pays et cultures qui n’ont pas encore adopté nos pratiques. Bref, d’oublier notre propre cheminement pour ne voir que le résultat et condamner ceux qui sont encore en plein parcours.
Le changement doit être opéré graduellement, idéalement volontairement tant chez les individus que dans les sociétés entières. Nous avons le devoir de demeurer critiques faces aux abus et injustices d’ici et d’ailleurs, tout comme nous devons soutenir ceux qui en sont victimes et intervenir auprès de ceux qui les perpétuent. Cependant, je suis convaincu que de démontrer à ceux-ci nos richesses, notre évolution et l’ampleur de nos résultats grâce à l’adoption de ces changements est plus efficace que de juger, critiquer et repousser les « fautifs » internationaux. L’appât du gain est certainement plus alléchant que ne l’est la crainte du jugement et de la réprimande qui, souvent, ne nous pousse que plus profondément vers la fermeture et la justification inébranlables de nos croyances et pratiques.
Certes, je ne me mets pas la tête dans le sable, les actions musclées sont parfois des recours nécessaires. Cependant, je demeure un fervent apôtre de l’enseignement et de l’apprentissage bien au-delà du domptage et de l’imposition et suis convaincu que le Québec et sa population peuvent et doivent adopter la même attitude envers les changements des autres que celle qu’ils se sont imposée eux-mêmes envers eux et leurs institutions.
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[1] Historica Dominion, Encyclopédie Canadienne, Droit de Vote, page consultée le 2 avril 2012, http://pages.infinit.net/histoire/femindex.html
[1] Adoption de la loi sur les agressions sexuelles, Bilan du siècle, Université de Sherbrooke, page consultée le 31 mars 2012, http://pages.infinit.net/histoire/femindex.html
Chronologie historique des femmes, consultée le 1 avril 2012, http://pages.infinit.net/histoire/femindex.html
[1] Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail, page consultée le 2 avril 2012, http://www.femmesautravail.qc.ca/equite_salariale.php
Publications du Québec, L.R.Q. Chapitre E.12 .001, Loi sur l’équité salarial, page consultée le 2 avril 2012, http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/E_12_001/E12_001.html
Commentaires
Bien recu Sébastien. Je donne le suivi. Bonne suite pour toi. Prof